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djerme pour se rendre à Damiette; que, pour répondre du consul et des Français, il laisserait à Alexandrie un officier et dix hommes, lesquels seraient envoyés à Damiette et embarqués sur le même bâtiment qui y aurait amené les Français de Chypre.

3°. Qu'il sortirait du port d'Alexandrie de nuit, et qu'il éviterait Rhodes, afin d'échapper aux An:glais,

4°. Qu'après que le citoyen Beauchamp aurait causé avec le grand-visir, à Constantinople, le commandant se chargerait de le faire revenir à Damiette, et que, sur le même bâtiment qui le ramènerait, on embarquerait les enfans du commandant et l'officier laissés en otages.

Pour faire cette communication au commandant de la caravelle, Marmont était chargé de l'inviter à une conférence où il amènerait ses enfans et les otages désignés, de dresser de leurs conventions un procès-verbal en turc et en français, qu'ils signeraient tous les deux, dont ils garderaient chacun une copie, et d'en envoyer l'original au général en chef; de tenir cet entretien et la mission de Beauchamp parfaitement secrets; d'empêcher que le commandant n'eût, le reste de la journée, aucune espèce de communication avec personne, et de le faire partir dans la nuit, de manière que le lendemain, à la pointe du jour, les gens du pays fussent tout étonnés de ne plus voir la caravelle . Telles étaient les instructions de Beauchamp:

'Lettre à Marmont, du 21 frimaire.

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d'aborder à Chypre, de demander au pacha, de concert avec le commandant de la caravelle, qu'on envoyât à Damiette le consul et les Français arrêtés dans cette île; d'y prendre tous les renseignemens possibles sur la situation actuelle de la Syrie, sur une escadre russe que l'on disait être dans la Méditerranée, sur les bâtimens anglais qui y auraient paru ou qui y seraient constamment en croisière, sur Corfou, sur Constantinople, sur Passwan-Oglou, sur l'escadre turque, sur la flottille de Rhodes, commandée par HassanBey, qui avait été pendant un mois devant Abouqyr, sur les raisons qui empêchaient qu'on n'apportât du vin à Damiette, enfin sur les bruits qui seraient parvenus jusqu'à ce pays-là relativement à l'Europe;

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D'expédier toutes ces nouvelles avec les Français, si on les relâchait, sur un petit bâtiment qui viendrait à Damiette, ou s'il ne voyait pas de possibilité à obtenir leur liberté, d'expédier un petit bateau avec un homme de la caravelle pour porter ses lettres au général en chef, et sous le prétexte de lui mander que le capitaine de la caravelle ayant fait tout ce qu'il avait pu, on relâchât les matelots de la caravelle ;

A toutes les stations que le temps ou les circonstances feraient faire dans les différentes échelles

du Levant, d'expédier des nouvelles par de petits bâtimens envoyés exprès à Damiette, et qui seraient largement récompensés;

Arrivé à Constantinople, de faire connaître au ministre de France la situation de l'armée en

Égypte, de demander, d'accord avec lui, que les Français arrêtés en Syrie fussent mis en liberté leur arrestation formant un contraste avec la conduite de la France;

De faire savoir à la Porte que les Français voulaient être ses amis; que leur expédition d'Égypte avait eu pour but de punir les Mamlouks, les Anglais, et d'empêcher le partage de l'empire ottoman que les deux empereurs avaient arrêté; qu'on lui prêterait secours contre eux, si elle le croyait nécessaire, et de demander impérieusement et avec beaucoup de fierté qu'on relâchât tous les Français qu'on avait arrêtés; qu'autrement cela serait regardé comme une déclaration de guerre ; que le général en chef avait écrit plusieurs fois au grand-visir sans en avoir reçu de réponse; et qu'enfin la Porte pouvait choisir et voir en lui, ou un ami capable de la faire triompher de tous ses ennemis, ou un ennemi aussi redoutable qu'elle.

Si le ministre de France était arrêté, de faire tous ses efforts pour pouvoir causer avec des Européens; de revenir en apportant toutes les nouvelles qu'il pourrait recueillir sur la position actuelle de la politique de cet empire;

D'avoir soin de se procurer tous les journaux, depuis messidor, en quelque langue qu'ils fussent.

Si jamais on lui faisait la question : les Français consentiront-ils à quitter l'Égypte? de répondre : pourquoi pas? pourvu que les deux empereurs fissent finir la révolte de Passwan-Oglou, et abandonnassent le projet de partager la Turquie européenne; que, quant à la France, elle ferait

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tout ce qui pourrait être favorable à l'empire ottoman, et le mettre à l'abri de ses ennemis ; mais que le préliminaire à toute négociation, comme à tout accommodement, était un firman qui fit relâcher les Français, partout où on les avait arrêtés, surtout en Syrie;

De dire et de faire tout ce qui pourrait convenir pour obtenir cet élargissement; de déclarer que, dans le cas contraire, il ne répondait pas que le général en chef n'envahît la Syrie; et dans le cas où on voudrait le retenir, que, si sous tant de jours, le général en chef ne le voyait pas revenir, il pourrait se porter à une invasion.

Enfin, le but de sa mission était d'arriver à Constantinople, d'y demeurer, de voir le ministre de France sept à huit jours, et de retourner avec des notions exactes sur la position actuelle de la politique et de la guerre de l'empire ottoman. Il lui était recommandé d'expédier de Constantinople une estafette à Paris, par Vienne, avec tous les renseignemens qui pourraient être nécessaires au gouvernement, et de lui faire passer des relations et imprimés de l'armée d'Égypte ;

Si la Porte n'avait point déclaré la guerre, de paraître à Constantinople comme pour demander qu'on relâchât le consul français, et qu'on laissât libre le commerce entre l'Égypte et l'empire ot

toman;

Si la porte avait déclaré la guerre et fait arrêter le ministre, de lui dire que le général en chef lui renvoyait sa caravelle, comme une preuve du désir qu'avait le gouvernement français de voir se

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renouveler la bonne intelligence entre les deux États ;

De faire enfin plusieurs notes pour détruire ce que l'Angleterre et la Russie pourraient avoir imaginé contre la France, et de revenir 1.

Le général en chef remit à Beauchamp les deux lettres suivantes :

Au grand-visir,

« J'ai écrit plusieurs fois à votre excellence pour lui faire connaître les intentions du gouvernement français, de continuer à vivre en bonne intelligence avec la Sublime-Porte. Je prends aujourd'hui le parti de vous en donner une nouvelle preuve, en vous expédiant la caravelle du grandseigneur, et le citoyen Beauchamp, consul de la République, homme d'un grand mérite et qui a entièrement ma confiance.

Il fera connaître à votre excellence que la Porte n'a point de plus véritable amie que la République Française, comme elle n'aurait point d'ennemi plus redoutable, si les intrigues des ennemis de la France parvenaient à avoir le dessus à Constan➡ tinople, ce que je ne pense pas, connaissant la sagesse et les lumières de votre excellence.

Je désire que votre excellence retienne le citoyen Beauchamp à Constantinople le moins de temps possible, et me le renvoye, pour me faire connaître les intentions de la Porte.

Je prie votre excellence de croire aux sentimens

'Instruction de Bonaparte, du 21 frimaire.

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