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rurgiens ne sont point censés prisonniers de guerre. Les prisonniers français détenus à Constantinople, et dans les différentes places de l'empire de Turquie, seront transportés dans les délais de trois mois, sur des bâtimens, devant le port d'Alexandrie, où il sera réuni à la même époque un même nombre de prisonniers turcs qui seront échangés contre les Français. Toutes les fois que des bâtimens turcs, ayant à bord des prisonniers français, viendront devant Alexandrie, ils feront connaître au commandant de cette place le nombre de prisonniers qu'ils auront à échanger. Le commandant français sera tenu de représenter un même nombre de prisonniers turcs, dans l'espace de 72 heures, afin qu'on puisse procéder sur-le-champ à l'échange.

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<< Pendant les 15 jours qu'a durée cette expédition, écrivit Bonaparte au Directoire, j'ai été très-satisfait de l'esprit des habitans d'Égypte ; personne n'a remué, et tout le monde a continué de vivre comme à l'ordinaire >>

I

Nous avons rapporté quelques perturbations. qui eurent lieu dans certaines localités, après le départ des troupes pour marcher sur Abouqyr, et lá suspension subite du paiement des impositions. au Kaire comme dans les provinces. Ce n'étaient pas des hostilités graves et éclatantes; mais on y voyait des symptômes d'une mauvaise disposition des esprits qui aurait pu faire explosion, si la

Lettre du 23 thermidor.

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victoire d'Abouqyr n'était pas venue rassurer les amis des Français, réduire au silence et frapper de terreur leurs ennemis.

Que Bonaparte parût croire et écrivit que la population de l'Égypte était soumise et fidèle, c'était d'une bonne et sage politique. Mais les faits prouvaient qu'elle avait besoin d'être incessamment contenue dans la soumission par un bras de fer et la plus rigoureuse surveillance.

En rentrant dans le Charqyeh, Reynier trouva les habitans dans de mauvaises dispositions; ils ne croyaient pas à la victoire d'Abouqyr et se persuadaient que les Français avaient été battus. En traversant la province de Mansourah, les paysans du village de Deramtour s'armèrent pour lui refuser le passage; il fut obligé de l'attaquer, et de leur tuer une centaine d'hommes !..

Au Kaire, la nouvelle de la victoire d'Abouqyr fut reçue avec enthousiasme par tous les Français. On se félicitait, on s'embrassait, la joie était sincère et unanime. Toutes les passions, tous les intérêts se turent devant l'éclat d'un triomphe qui venait de venger sur cette même plage l'aft front que la marine y avait reçu. Mais cette victoire ne fit aucune sensation sur les habitansi; le divan en reçut très-froidement la nouvelle et mit beaucoup de tiédeur à la publier. Le 15ileyleut quelque mouvement dans la ville; on ferma des boutiques; un homme criait hautement dans des rues : « Aux armes, Musulmans, le moment est

Lettre de Reynier à Bonaparte, du 17 thermidor.pois

venu de vous débarrasser de ces chiens de Français; il nous est arrivé du renfort à Abouqyr, et il nous en vient de Syrie ». L'aga des janissaires accourut, arrêta cet honime et une douzaine de mauvais sujets qui excitaient de la fermentation. Le divan envoya chercher l'aga, et lui reprocha publiquement d'arrêter les Turcs sur le moindre prétexte, et de n'être pas un bon Musulman. L'aga fut obligé de se justifier; il fit couper la tête aux deux plus coupables, et, par condescendance pour le divan, mit les autres détenus en liberté. Le divan se mêlait de tout; il écoutait les plaintes des cheyks des villages qui ne voulaient pas payer les impositions ou qui demandaient des dégrèvemens; il plaidait leur cause avec chaleur. Il mandait les Cophtes et exigeait qu'ils missent en liberté tous les cheyks tenus en otages pour le paiement du miry. Il écrivit à Bonaparte pour lui demander de faire retirer de la citadelle et placer chez ses membres 13 otages de Syrie, parmi lesquels était Seïd-Ychieh, muphty de Jaffa. Enfin il mettait beaucoup d'empressement à demander la liberté des prisonniers de toute espèce, beaucoup de lenteur à expédier les affaires administratives les plus importantes, et de l'affectation à se plaindre, dans ses assemblées, des chrétiens ét des agens de la police. 600 livres de poudre furent trouvées dans les magasins de Hadji-Mustapha à Boulaq. On intercepta une lettre écrite de Syrie à un schérif, lui annonçant qu'il y avait plus de marchandises que jamais, toutes bien conditionnées, et qu'elles ne tarderaient pas à partir

pour l'Égypte. Ces marchandises étaient des troupes '.

Poussielgue concluait de ces faits qu'il était temps de déterminer bien précisément les fonctions du divan et d'en fixer les limites; il avait une tendance excessive à acquérir du pouvoir, et pour s'en servir contre les intérêts de l'armée. Tous ces gens-là conspiraient secrètement; il n'y avait aucun compte à faire sur les habitans, quels qu'ils fussent. Poussielgue était content du cheyk ElSadat; Seïd-Omar se conduisait assez bien; le cheyk El-Bekry avait peur; tous les autres cheyks étaient des traîtres ou des fanatiques. Le muphty était un ambitieux qui visait à la popularité et à la célébrité, et qui sacrifierait tous les Français plutôt que de perdre la moindre partie de son crédit. Il n'y avait pourtant rien à craindre dans le moment; mais il ne fallait pas de revers.

I

Lettres de Poussielgue et de Dugua à Bonaparte, des 19 et 24 thermidor.

• Lettre de Poussielgue à Bonaparte, du 19 thermidor.

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CHAPITRE XV.

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Retour de Bonaparte au Kaire. -Expédition de Destaing contre les Arabes du Bahyreh. -Bonaparte adresse des reproches à Desaix. — Mourad-Bey aux abois. Bonaparte prend des mesures pour mettre la côte à l'abri d'une descente.-Pénurie des finances.-Fête du prophète.-Habillement de l'armée.—Travaux scientifiques en Égypte. -Bonaparte tente d'ouvrir des négociations avec le grand-visir.-L'expédition d'Égypte devient un chef d'accusation contre le Directoire et Talleyrand -Effet de la victoire d'Abouqyr à Paris.

Bonaparte partit d'Alexandrie le 17 thermidor (4 août) pour se rendre au Kaire. Il envoya le général Destaing dans le Bahyreh pour reconnaître et surveiller les tribus d'Arabes qui y étaient réunies, et qui, au mépris de leurs promesses, n'avaient cessé de commettre des hostilités. Le projet de Bonaparte était de diriger successivement d'autres troupes contre eux, de les amuser par des propositions de traités, de les envelopper, et de tomber en force sur eux. Le général Destaing ne jugea pas à propos d'attendre cette réunion, et marcha dans la nuit du 18 au 19 thermidor pour surprendre le camp des Arabes; mais, instruits de son mouvement, ils évacuèrent leurs troupeaux et leurs équipages, et, en arrivant au point du jour entre Zemran et Delingah, Destaing vit les Arabes levant leur camp, déjà à cheval, et

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