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cette science difficile et dans laquelle les moindres fautes ont tant d'influence sur le résultat des campagnes et les destinées des états; Guibert, neveu de l'officier-général de ce nom, si connu par ses ouvrages de tactique, que nous. avons déjà honorablement caractérisé, et pour lequel Bonaparte avait beaucoup d'amitié. Ce fut auprès de lui que cet aide-de- camp fut frappé d'un biscayen qui lui perça la poitrine et dilacéra le poumon. Il vivait encore; le général en chef lui adressa quelques paroles de consolation et ne put tenir à ce spectacle déchirant. Le: général Fugières, lorsqu'il eut le bras emporté par un boulet de canon, crut mourir et dit à Bonaparte: «< Général, vous envierez un jour mon sort, je meurs sur le champ d'honneur 3!». Mais: le calme et le sang-froid, premières qualités d'un véritable soldat, concoururent à le sauver; il fut amputé à l'épaule.

Sur le champ de bataille d'Abouqyr, Bonaparte, par l'ordre du jour suivant, décerna à Murat et à sa cavalerie une récompense digne de leur valeur :

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Lettre de Bonaparte au Directoire, du g thermidor...

Idem..

3 Idem.

Quelle prophétie! Il l'envia sans doute plus d'une fois dans ses grands revers et dans les angoisses de sa captivité. Il l'enviait, lorsqu'il s'écriait dans sa longue agonie et un mois avant sa mort : << Puisque je devais perdre la vie d'une manière aussi déplorable, pourquoi les boulets l'ont-ils épargnée? (Antommarchi, tome II, page 78.)........

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« Le général en chef, voulant donner une marque de satisfaction à la brigade de cavalerie du général Murat, qui s'est couverte de gloire à la bataille d'Abouqyr, ordonne au commandant d'artillerie de remettre à cette brigade les deux pièces anglaises qui avaient été envoyées par la cour de Londres en présent à Constantinople, et qui ont été prises à la bataille. Sur chaque canon, sera gravé le nom des trois régimens qui composaient cette brigade, le 7o. de hussards, le 3o. et le 14. de dragons, ainsi que le nom du général Murat et celui de l'adjudant-général Roize; il sera écrit sur la volée Bataille d'Abouqyr 1. »

I

Bonaparte honora la mémoire des braves qui avaient péri glorieusement à Abouqyr et sur d'autres champs de bataille. Il avait déjà donné à un' fort du Kaire le nom de son aide-de-camp Sulkowsky; au fort de Qéné le nom du chef de brigade Pinon. Il donna à Alexandrie, au fort de l'Observation, le nom du chef de brigade du génie Crétin; au fort triangulaire celui du chef de brigade Duvivier; au fort des Bains, celui de l'adjudant-général Leturcq; à un nouveau fort à construire à Abouqyr celui de son aide-de-camp Guibert; au fort du Général à Alexandrie le nom de Caffarelli.

Le général en chef annonça à l'armée les résultats de la bataille d'Abouqyr par cet ordre du jour :

« Le nom d'Abouqyr était funeste à tout Fran

'Ordre du jour du 9 thermidor.

TOME II. - GUERRE D'ÉGYPTE.

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çais; la journée du 7 thermidor l'a rendu glorieux; la victoire que l'armée vient de remporter accélère son retour en Europe.

Nous avons conquis Mayence et la limite du Rhin, en envahissant une partie de l'Allemagne. Nous venons de reconquérir nos établissemens aux Indes et ceux de nos alliés. Par une seule opération, nous avons remis dans les mains du gouvernement le pouvoir d'obliger l'Angleterre, malgré ses triomphes maritimes, à une paix glorieuse pour la République.

Nous avons beaucoup souffert; nous avons eu à combattre des ennemis de toute espèce; nous en aurons encore à vaincre ; mais enfin, le résultat sera digne de nous et nous méritera la reconnaissance de la patrie '. »

Le jour même où il venait de détruire l'armée turque, Bonaparte, portant ses regards vers les frontières de la Syrie, la Haute-Égypte et l'intérieur de la Basse-Égypte, donnait des ordres pour faire retourner dans leur station la plupart de ses troupes. Il mandait à Desaix, s'il était descendu au Kaire, de retourner le plus tôt possible dans la Haute - Égypte pour y achever la levée des impositions et de 600 dromadaires; à Reynier, de retourner dans le Charqyeh, le prévenant qu'on disait le grand-visir à Damas avec 8,000 hommes, et de ne pas perdre un instant pour lever les impôts avant l'inondation qui s'approchait;

'Ordre du jour du 14 thermidor.

au général Lanusse, de se rendre à Menouf, et à Kléber de s'en aller à Damiette. Il mandait à Dugua, en l'informant de ces dispositions : « Je reste à Alexandrie quelques jours pour débrouiller ce chaos. Au moindre événement, je puis être au Kaire dans trois jours 1. »

Plus de 4,000 Turcs s'étaient jetés dans le fort d'Abouqyr; ils n'avaient presque pas de vivres. On les somma de se rendre; le fils du pacha, son kiaya, les officiers voulaient capituler; mais les soldats s'y refusèrent; il fallait donc les assiéger. « La moitié de la garnison, écrivait Bonaparte à Menou, en lui mandant de rester dans sa position jusqu'à ce que le fort fût pris, veut se rendre, l'autre moitié aime mieux se noyer. Ce sont des animaux avec lesquels il faut beaucoup de patience. Au reste, la reddition ne nous coûtera que des boulets 2. » Malheureusement elle coûta aussi des hommes. Lannes fut chargé du siége.

Les batteries françaises tirèrent sur le fort; mais leur feu ne suffisant pas pour le réduire, Bonaparte envoya à Alexandrie un renfort de 12 pièces de siége, ordónna de raser les maisons attenant au fort, de tirer 120 bombes par mortier dans 24 heures, et d'éloigner les chaloupes canonnières de l'ennemi 3.

D'autres batteries furent placées sur la droite et la gauche de l'isthme, quelques chaloupes

Lettres du 9 thermidor.

Lettre du 9.

3 Lettre à Faultrier, du 10 thermidor.

ca

nonnières furent coulées bas; une frégate fut démâtée et forcée de prendre le large.

L'ennemi, commençant à manquer de vivres, fit une sortie et s'introduisit dans quelques maisons du village. Lannes y courut et fut blessé à la jambe; Menou le remplaça dans la conduite du siége; un aide-de-camp de Rampon fut tué; la 32. eut 60 hommes hors de combat, parmi lesquels 9 tués; la 13. perdit aussi 13 hommes. Les officiers généraux disaient que les Turcs entendaient mieux la guerre des maisons que les Français; qu'elle faisait perdre beaucoup de monde en détail; que la troupe se décourageait. Menou défendit donc les attaques partielles et les bravades des tirailleurs jusqu'à ce que toutes les batteries fussent prêtes. C'était l'intention de Bonaparte. Le 11, l'ennemi avait fait de grands progrès et s'était emparé de presque tout le village. Les assiégeans en reprirent une partie, et, à mesure qu'ils avançaient, faisaient des retranchemens et crénelaient les murs. L'ennemi était audacieux et les troupes de siége manquaient d'énergie. Il avait débouché à la poterne qui donnait sur la mer, et reçu de l'eau et quelques vivres. Il s'empara des équipages du général Menou, tua son meilleur cheval, et ne lui laissa pas une chemise 1.

I

L'attaque du fort était donc devenue une affaire beaucoup plus sérieuse qu'on ne se l'était imaginé. Persuadé qu'il se rendrait aux premiers coups de canon, on avait négligé de resserrer

'Lettre de Menou à Bonaparte, du 12 thermidor.

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