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Le général Lannes eut l'ordre de former ses troupes en colonnes, de couvrir de tirailleurs les retranchemens de la gauche des ennemis, et, sous la protection de toute son artillerie, de longer le lac, de tourner les retranchemens et de se jeter dans le village. Murat, avec toute sa cavalerie, se plaça en colonne serrée derrière Lannes pour répéter la même manoeuvre qu'à la première ligne, et dès que Lannes 'aurait forcé les retranchemens, se porter sur les derrières de la redoute de la droite des Turcs. Crétin, qui connaissait parfaitement les localités, lui fut donné pour diriger sa marche. Destaing fut destiné à faire de fausses attaques pour attirer l'attention de la droite de l'ennemi.

Toutes ces dispositions furent d'abord couronnées par les plus heureux succès. Lannes força les retranchemens au point où ils joignaient le lac, et se logea dans les premières maisons du village. L'ennemi fut poursuivi jusqu'à la redoute, centre de sa seconde ligne. Cette position était très-forte; la redoute était flanquée par un boyau qui fermait à droite la presqu'île jusqu'à la mer; un autre boyau se prolongeait sur la gauche, mais à peu de distance; le reste de l'espace était occupé par l'ennemi qui était sur des mamelons de sable et sous des palmiers.

On mit des canons en position au village et le long de la mer pour battre la droite de l'ennemi et la redoute. Les bataillons de Destaing et Fugières, avec la 18., attaquèrent à la droite et au

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centre; la cavalerie attaqua à la gauche, chargea à plusieurs reprises avec impétuosité, sabra les Turcs qui se trouvaient devant elle, et les força de se jeter à la mer. Le chef de brigade Duvivier fut tué dans une de ces charges poussées au-delà même des fossés de la redoute.

Le général en chef envoyait ou conduisait luimême des renforts d'infanterie pour appuyer et renouveler les attaques.

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La 18. marcha aux retranchemens; l'ennemi sortit en même temps par sa droite; les têtes de colonnes se battaient corps à corps. Les Turcs cherchaient à arracher les baïonnettes; le fusil en bandoulière, ils ne se servaient plus que du sabre et du pistolet. La 18°. arriva enfin jusqu'aux retranchemens; mais elle fut arrêtée par le feu de la redoute. Généraux, officiers et soldats faisaient des prodiges de valeur. Fugières, blessé à la tête, continua de combattre et eut le bras gauche emporté par un boulet. Le chef de brigade du génie Crétin fut tué; l'adjudant-général Leturcq le fut aussi dans les retranchemens, au mo ment où il s'y précipitait pour y entraîner les soldats. Le chef de brigade Morangiez fut blessé. La 18. fut obligée de se retirer sur le village, laissant sur le terrain une vingtaine de braves.

Les Turcs s'élancèrent alors de leurs retranchernens pour couper la tête aux inórts et aux blessés. Lannes saisit cet instant et fit attaquer la redoute de vive force par sa gauche. La 22°., la 69. et un bataillon de la 75°. sautèrent dans le

fossé et furent bientôt sur le parapet et dans la redoute; le chef de bataillon Bernard de la 69. et le capitaine de grenadiers Baille y entrèrent les premiers, tandis que la 18. s'était élancée de nouveau au pas de charge sur la droite de l'ennemi.

Murat, qui suivait tous les mouvemens, et qui était constamment aux tirailleurs, profita de ce moment pour ordonner à un escadron de charger et de traverser toutes les positions de l'ennemi jusque sur les fossés du fort. Par ce mouvement, exécuté avec autant d'impétuosité que d'à-propos, toute retraite fut coupée à l'ennemi à l'instant où la redoute était forcée. Sa déroute fut complète; la cavalerie le sabrà de toutes parts; cependant, à l'aide du village, un certain nombre de Turcs parvinte à se jeter dans le fort; tout le reste, frappé de terreur, se précipita dans la mer, se noya, ou fut fusillé et mitraillé. Le rivage où. un an auparavant, les courans avaient apporté les cadavres anglais et français, était en entier couvert de cadavres turcs sur lesquels, les, soldats firent un grand butin en argent et en choses de prix. Murat pénétra dans la tente de Musta

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Laing

On lit dans Gourgaud, tome II, page 336, que 3 ou 4,000 Turcs furent jetés à la mer; suivant la relation de Berthier, ils étaient 10,000. Un moment auparavant, il dit qu'il n'y en avait dans cette seconde ligne qu'à peu près 7,000. Il est certain que c'est dans cette seconde ligne que se trouvait le gros de l'armée turque, et que c'est là par conséquent qu'elle éprouva la plus grande perte.

*Lettre de Bonaparte au Directoire, du 9 thermidor. Lanb

pha-Pacha pour le faire prisonnier. Le pacha alla fièrement à sa rencontre et lui tira un coup de pistolet dont la balle l'atteignit au-dessous de la mâchoire inférieure. Murat, d'un coup de sabre lui abattit deux doigts de la main droite et le fit saisir par ses soldats. Deux cents Turcs furent faits prisonniers avec lui; il en resta 2,000 sur le champ de bataille; les tentes, les bagages, 200 drapeaux, les 3 queues du pacha, 30 ou 40 pièces de canon, dont 2 anglaises données par la cour de Londres au grand-seigneur, restèrent au pou→ voir des Français. Sidney Smith, qui faisait les fonctions de major-général du pacha, et qui avait choisi les positions de l'armée turque, faillit être pris; il eut beaucoup de peine à rejoindre sa chaloupe. L'armée turque fut anéantie, excepté ce qui s'était réfugié dans le fort, il ne se sauva grosset ob Cagma pas un seul homme.

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Rampon, avec les 600 hommes qu'il amenait d'Atfyh, ne put prendre part à la bataille, malgré la rapidité de sa marehe. Le 8, Reynier n'était encore qu'à Rahmanieh. La division Kléber n'arriva que trois heures après l'entière destruc→ tion des Turcs. Mais Kléber ayant de sa personne pris les devants, rejoignit Bonaparte au moment où l'enlèvement de la redoute et la prise de Mustapha-Pacha venaient d'assurer la victoire. Ce général, entraîné par l'enthousiasme que lui inspiraient un aussi beau succès et le spectacle des débris de l'armée turque, cherchant leur salut dans la mer et n'y trouvant que la mort, se jeta

au cou de Bonaparte, en s'écriant: «Venez, mon général, que je vous embrasse! Vous êtes grand comme le monde ! »

Bessières, à la tête des guides, l'adjudant-général de cavalerie Roize et le général Junot se distinguèrent; mais le gain de la bataille fut dû principalement au général Murat. Il en fut récompensé par le grade de général de division'.

Cette glorieuse journée, « une des plus belles que Bonaparte eût vues, coûta à l'armée d'O» rient 150 hommes tués et 750 blessés 3; mais parmi les morts se trouvaient l'adjudant-général Leturcq et le chef de brigade Duvivier, deux excellens officiers de cavalerie, d'une bravouré à toute épreuve, que le sort de la guerre avait longtemps respectés 4; le chef de brigade du génie Crétin, l'officier qui possédait le mieux

*Lettre de Bonaparte au Directoire, du 9 thermidor. *Lettre de Bonaparte à Dugua, du 9 thermidor.

* Bonaparte dit, dans sa lettre au Directoire, too hommes tués et 500 blessés; dans ses lettres à Desaix et à Reynier, 100 tués et 400 blessés.

D'après le rapport fait par le chirurgien en chef Larrey au gé néral en chef:

La bataille seule avait donné, blessés environ
Reçus depuis...

De ce nombre, blessés mortellement.

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500

230

$230

2019 &

Estropiés et incapables de servir, dont 27 amputés 442

sur le champ de bataille, environ

Propres à un service sédentaire..

Pouvant reprendre le service actif, environ...

100

170

·447

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(Rapport de Larrey, corresp. inéd., t. vir, p. 116,

Lettre de Bonaparte au Directoire, du 9 thermidor.

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