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ment. Vers quatre heures du soir, le caisson qui contenait ses poudres, prit feu et le priva de munitions. Les Turcs profitèrent de cette circonstance et montèrent à l'assaut. La redoute fut emportée, et tout ce qu'il y avait de Français égorgés.

Le fort capitula après un siége de deux jours, et la garnison fut faite prisonnière '.

Dès lors, Marmont, présumant, désirant même une attaque de l'ennemi, écrivit au général en chef, dans le cas où il aurait des craintes sur Alexandrie, de ne pas presser pour cela sa marche, attendu que tout était prêt pour la bien défendre '.

L'adjudant-général Jullien se félicitait de n'avoir pas pu s'y rendre, sa présence à Rosette, où il s'attendait à être attaqué, contenant dans le devoir cette ville et la province. « Si l'ennemi se porte sur moi, écrivait-il au général en chef, et qu'il m'arrive des secours à temps, la retraite pourra lui être difficile. Je suis sur mes gardes, et j'espère qu'il n'aura pas le fort Julien aussi facilement que celui d'Abouqyr 3. »

Cependant le départ des troupes et du général en chef avaient excité au Kaire une grande curiosité. Conformément à l'intention du général en

La reddition du fort a été traitée de lâcheté. (Gourgaud, tome II, page 326.) Ce jugement paraît plus que sévère. Que pouvait faire une garnison de 35 hommes contre l'armée turque toute entière ?

Lettre du 29 messidor,

3 Lettre du 30.

chef, on avait cru, dans le premier moment, devoir y cacher le débarquement des Turcs. Dugua et Poussielgue disaient que tout ce mouvement avait pour but de poursuivre Mourad-Bey. On ne prit pas longtemps le change. Tout était tranquille; mais un fait donnait à penser sur la disposition des esprits. Avant le départ de Bonaparte, on affluait chez l'effendi du miry et à l'administration de l'enregistrement; et les 29 et 30 messidor, il ne s'y était pas présenté un seul individu.

Bonaparte arriva, le 1°. thermidor, à Rahmanieh. Il y fut rejoint successivement par les généraux Lannes, Robin, Fugières, et par le général Menou revenant des lacs Natron, où il n'avait rien appris sur Mourad-Bey, ni rencontré un seul individu. Les 2 et 3, l'armée fut réunie.

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Marmont écrivit que les Turcs étaient occupés à débarquer leur artillerie, qu'ils avaient coupé les pontons construits par les Français pour la communication avec Rosette, sur le passage qui joint le lac Madieh à la rade d'Abouqyr; que, d'après les rapports de ses espions, l'ennemi était fort de 15,000 hommes; qu'il se proposait d'attaquer Alexandrie, et de sommer la garnison de se rendre, avec l'offre de la transporter en France 1.

I

Le 2 thermidor, Bonaparte fit son plan et donna ses ordres. Sa ligne d'opération était Alexandrie, Berket-Gitas et Rosette. Il comptait se tenir avec

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la masse de l'armée à Berket. Marmont, à Alexandrie, formait sa droite, et Kléber, qu'il supposait près de Rosette, sa gauche. Si l'ennemi était en force, Bonaparte se proposait de se battre dans un bon champ de bataille, ayant avec lui ou "sa droite ou sa gauche; il tâcherait que celle des deux qui ne pourrait pas être avec lui, arrivât à temps pour servir de réserve.

Berket est à une lieue de la hauteur d'El-Ouah et à une lieue de Becentoûaï, village assez considérable. Bonaparte mandait à Kléber de prendre tous les renseignemens nécessaires sur la situation d'Edkoût, village sur la route de Rosette à Abouqyr, par rapport à Berket, et de tâcher de s'organiser de manière à pouvoir, au premier ordre, se porter le plus promptement possible sur Edkoû ou Berket; et comme il serait possible que les communications fussent interceptées, d'avoir beaucoup de monde en campagne pour savoir ce que faisait et où était le général en chef, afin que, s'il arrivait des cas où il n'y eût pas d'inconvénient à un mouvement, et où des avis feraient penser à Kléber qu'on avait dû le lui ordonner, il le fît.

(( Quelque chose qui arrive, écrivait-il à ce général, je compte entièrement sur la bravoure de 16 à 18,000 hommes que vous avez avec vous; je ne pense pas que l'ennemi en aurait autant, quand même ses 100 bâtimens seraient chargés de troupes. »>

Lettre du 2 thermidor.

A cette époque, l'armée française en Égypte ne comptait qu'en

Murat, déjà posté à Berket avec la 69., la cavalerie, un escadron de dromadaires et de l'artillerie, eut l'ordre de se rendre, dans la nuit du 2 au 3, sur la hauteur d'El-Ouah, pour se mettre, par des détachemens, en communication avec Alexandrie, faire reconnaître l'ennemi à Abouqyr, et pousser des patrouilles sur Belcter et autour du lac Madieh.

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Si l'ennemi avait pris Abouqyr, Marmont devait envoyer la cavalerie et les dromadaires à Berket avec 2 pièces de 8 bien approvisionnées, l'intention du général en chef étant, avant d'agir, de réunir toute la cavalerie de l'armée. Si le fort d'Abouqyr tenait encore et qu'il y eût une nécessité imminente de le secourir, Marmont devait partir sur-le-champ, Murat ayant l'ordre de le seconder. Si Abouqyr pouvait attendre jusqu'à ce que le général en chef prit lui-même un parti, il était recommandé à Marmont de lui faire parvenir, le 3 au soir, des nouvelles positives de l'état des choses. Bonaparte n'attendait que ce rapport

viron 25,000 combattans. Il n'y en avait pas le quart à la bataillè d'Abouqyr. Kléber n'amena qu'un bataillon de la 2o., un de la 75o. et la 25o. demi-brigade qui ne prirent pas de part à la bataille. Il ne pouvait pas avoir dans sa division 16 à 18,000 hommes. Il est donc probable que Bonaparte voulait donner le change à l'ennemi, dans le cas où, comme il le prévoyait, une des copies de sa lettre tomberait entre ses mains. Il paraît que cette ruse de guerre réussit, puisque le bruit courait au camp des Turcs que Kléber avait 15,000 hommes; on y croyait aussi que Bonaparte en avait autant, ainsi qu'on le voit dans un rapport de Mustapha-Pacha au grand-visir.

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et le temps convenable au repos des troupes pour marcher. Du reste, il pensait que les rassemblemens du Bahyreh ayant été absolument détruits et Mourad-Bey ne sachant où donner de la tête, l'opération des ennemis était entièrement manquée '.

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Il se proposait, à mesure que la cavalerie arrivait, d'établir des postes en échelons jusqu'au débouché du lac Madieh pour couvrir Rosette; en attendant, il prescrivait à l'adjudant-général Jullien d'envoyer tous les jours des reconnaissances, de prévenir le général en chef si l'ennemi faisait un mouvement sur Rosette, et alors de rentrer dans son fort 2.

Il renvoya Menou dans cette ville. Aussitôt son arrivée, ce général devait débarrasser le fort de tout ce qui l'encombrait, vivres, artillerie, malades, et tout envoyer à Rahmanieh ; laisser une garnison respectable dans le fort, et avec le reste de ses troupes, se tenir toujours organisé pour pouvoir se porter sur Berket, point de toutes les opérations; faire partir, le 4 au soir, de Rosette pour Berket, avec 100 hommes d'escorte qui formeraient une première patrouille, 30 chameaux chargés de riz, 10 chargés de biscuit; ce serait, aux yeux du général en chef, un grand service, un service essentiel; entretenir une correspondance très-active avec le général Kléber, qui

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