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Bonaparte, que ce bey fuyait dans le Bahyreh. Le général en chef donna l'ordre à Desaix de faire partir tout de suite, pour le Kaire, tous les escadrons ou hommes montés des 9°. de hussards, 3., 14°. et 15. de dragons. « Il me paraît, lui écrivit-il, qu'il se trame quelque chose dans le Bahyreh; plusieurs tribus d'Arabes et quelques centaines de Maugrabins s'y sont rendus de l'intérieur de l'Afrique. Mourad-Bey s'y rend aussi. Si ce rassemblement prenait de la consistance, il pourrait se faire que les Anglais et les Turcs y joignissent plusieurs milliers d'hommes. Nous n'avons encore devant Damiette, ni Alexandrie aueune croisière ennemie. J'attache une importance majeure à la prompte exécution de ce mouvement de cavalerie '. »

Depuis trente-neuf jours, Friant harcelait Mourad-Bey sans quitter ses traces d'un seul instant, et sans lui laisser le moindre repos.

«La rapidité et la précision de votre marche, lui écrivit Bonaparte, vous ont mérité la gloire de détruire Mourad-Bey. Le général Murat, qui est depuis cinq à six jours dans le Bahyreh, et que j'ai prévenu de l'intention où était MouradBey de s'y rendre, vous le renverra probablement. Je désire que vous ajoutiez aux services que vous n'avez cessé de nous rendre, celui bien majeur de tuer ou de faire mourir de fatigue

Lettre du 14 messidor.

Mourad-Bey. Qu'il meure d'une manière ou de l'autre, je vous en tiendrai compte 1. »

Ce bey, alors malade, se tenait à la fontaine de Rayan, à 12 lieues de Médineh-Fayoum et à quatre journées des lacs Natron. Friant se disposait à le poursuivre. Bonaparte lançait aussi contre lui le général Lanusse, commandant du Menoufyeh. « Je désire fort, lui mandait-il, que vous ayez la gloire de prendre Mourad-Bey; elle serait due à votre activité et aux services que vous avez rendus pendant notre absence (en Syrie).

Le général en chef lui annonçait que sous peu de jours il se rendrait à Menouf, pour de là reconnaître l'emplacement d'un fort à bâtir au Ventre de la Vache 2.

Friant se mit en marche, le 18, sur la fontaine de Rayan. Mourad-Bey ne l'y attendit pas. Après avoir feint de retourner dans la Haute-Égypte, il fit une contre-marche dans la nuit, coucha, le 22, à Zaoë, et passa, le 23, à 4 heures après midi, à Abousir, à 3 lieues de Gizeh, pour se porter aux lacs Natron. Il n'avait avec lui que 200 Mamlouks, moitié à cheval, moitié sur des chameaux, et 50 à Go Arabes; il était dans un grand délabrement, et vivement poursuivi par Friant qui lui avait enlevé quelques chameaux 3.

En apprenant cette nouvelle, Bonaparte en

Lettres des 15 et 17 messidor.

'Lettre du 17 messidor.

5 Lettre de Bonaparte à Lanusse, du 24 messidor.

voya Junot aux Pyramides, et des hommes de toutes parts pour être instruit de la marche de Mourad-Bey. Le général Murat, après être allé aux lacs Natron, le 23, où il n'avait trouvé personne, en partait lorsque le bey se dirigeait de ce côté, et arrivait à Terraneh. Bonaparte lui écrivit : « Si le bonheur eût voulu que vous fussiez resté 24 heures de plus aux lacs Natron, il est très-probable que vous nous apportiez sa tête. Vous vous conduirez selon les nouvelles que vous recevrez; vous vous rendrez aux lacs Natron, ou sur tout autre point du Bahyreh où vous penserez devoir vous porter pour nous débarrasser de cet ennemi si redoutable et aujourd'hui en si mauvais état. Le général qui aura le bonheur de détruire Mourad-Bey, aura mis le sceau à la conquête de l'Égypte. Je désire bien que le sort vous ait réservé cette gloire 1».

En même temps Bonaparte donna l'ordre au général Menou de partir aussi à la poursuite de Mourad-Bey, de passer par les couvens des Syriens, de remonter la vallée du Fleuve-Sans-Eau, de rejoindre les troupes de Desaix postées dans le Fayoum, et de revenir au Kaire par les ругаmides de Saqarah et de Gizeh.

Mais Mourad-Bey, apprenant près des lacs Natron que les Français l'y avaient précédé, n'y trouvant aucun rassemblement, ne recevant aucune nouvelle de débarquement, et jugeant bien

'Lettre du 24 messidor.

les périls dont il était environné, revint sur ses pas, et coucha, dans la nuit du 25 au 26, aux Pyramides de Gizeh, du côté du désert, où le cheyk arabe Bertram pourvut à ses besoins. Il monta, dit-on, sur la plus haute pyramide, et considéra la ville du Kaire et sa belle maison de campagne.

Instruit de ce mouvement, Bonaparte partit du Kaire, le 26, avec ses guides à pied et à cheval, les grenadiers des 18. et 32., les éclaireurs, deux pièces de canon, et alla coucher aux Pyramides, où Murat vint le joindre. Mourad-Bey était parti le matin, remontant dans le Fayoum. Bonaparte courut toute la journée les déserts pour lui donner la chasse '. On lui tua quelques hommes et on lui prit plusieurs chameaux; mais malgré son état de détresse, Mourad-Bey parvint à s'échapper. Il connaissait depuis long-temps tous les débouchés des déserts; il les avait souvent parcourus dans les diverses vicissitudes qu'il avait éprouvées avant de s'élever au pouvoir; et alors même qu'il tenait le sceptre de l'Égypte, il s'était vu plusieurs fois contraint d'y chercher momentanément un asyle avec ses Mamlouks, pour se soustraire aux armées que la Porte envoyait contre lui, s'il ne se croyait pas assez fort pour les braver.

Le 16 messidor, Murat qui faisait éclairer sa marche par un parti d'Arabes, enveloppa, à Dirseh, près de Terraneh, une quarantaine de Mam

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louks, en tua 15 et en blessa plusieurs; 16 se renfermèrent dans un santon et entreprirent de s'y défendre. Murat arriva; 25 dragons mirent pied à terre pour prendre d'assaut le santon. Sélim-Kachef, qui commandait les Mamluks, ne voulant pas se rendre aux Arabes, demanda à être conduit au général français et embrassa ses genoux. Murat le releva et le rassura. Les autres prisonniers furent conduits au Kaire. Sélim-Kachef conserva son cheval et ses armes et resta avec Murat qui lui permettait d'aller à la découverte en avant de la colonne; il revenait fidèlement rendre compte.

Bonaparte lui écrivit : « On m'assure que Sélim-. Kachef est un grand coquin; méfiez vous-en, et envoyez-le moi sous bonne escorte. Ne donnez pas un moment de relâche aux Mamlouks, si MouradBey descend dans le Bahyreh, ce qui ne paraît pas probable actuellement; il n'a pas avec lui plus de 2 ou 300 hommes mal armés et écloppés. D'ailleurs, je le ferai suivre par une bonne colonne ». Il désirait que Murat marchât sur Marïout, et que Marmont, de son côté, y envoyât une forte colonne d'Alexandrie 1.

Elfy-Bey et Osman-Bey, avec 300 Mamlouks, un millier d'Arabes et autant de chameaux, étaient descendus par le désert, entre la rive droite du Nil et la Mer-Rouge. Repoussés par le général Davoust, ils étaient allés camper à l'oasis de SabaByar, et y attendaient Ibrahim-Bey qui devait

'Lettre du 19 messidor.

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