Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

n'êtes pas mon ennemi; mais il est temps que vous vous expliquiez. Si vous continuez à donner refuge à Ibrahim-Bey et à le garder sur les frontières de l'Égypte, je regarderai cela comme une hostilité et j'irai à Acre. Si vous voulez vivre en paix avec moi, vous éloignerez Ibrahim-Bey à 40 lieues des frontières, et vous laisserez libre le commerce de Damiette et de la Syrie. Alors je vous promets de lui laisser liberté entière, soit par terre, soit par mer 1».

I

)).

Cette lettre fut portée par le jeune Mailly de Châteaurenaud, à Djezzar, qui, pour toute réponse, le fit prisonnier et se prépara à la guerre. Ce pacha écrivit à la Porte3:

<< Bonaparte (que Dieu veuille le précipiter dans l'abîme) m'a adressé une lettre dans laquelle il dit qu'il a appris que je faisais de grands préparatifs, et me demande si cet armement est destiné contre lui; que dans ce cas, il veut venir me chercher lui-même dans mon gouvernement, et me traiter comme je le mérite. Je lui ai aussitôt répondu comme il convenait, savoir: que ces prépa

'Lettre du 29 brumaire.

· A l'arrivée des Français devant Acre, Djezzar lui fit couper la tête, la fit mettre avec son corps dans un sac et jeter à la mer. Minerve Mailly de Châteaurenaud, son frère aîné, ignorait cet événement; il avait demandé à monter le premier à l'assaut. « C'est un brevet de chef-d'escadron, lui dit d'Aure, extrait mortuaire, répondit Mailly. » En effet, il fut tué à l'as

saut.

ou un

3 Du moins cette lettre fut publiée dans les journaux. V. Moniteur, 6 germinal an vii.

3.

ratifs étaient entièrement dirigés contre les infidèles, et qu'il pouvait, sans s'incommoder, m'attendre au Kaire où je devais arriver sous peu, et où Dieu déciderait entre lui et le grand-seigneur, dont le Tout-Puissant veuille aiguiser le glaive et.. le fasse tomber sur la tête de ses ennemis. >>

Le général Manscourt, que Bonaparte avait envoyé à Alexandrie, à la fin de thermidor, pour étudier le pays, afin de remplacer Kléber, lui avait succédé dans le commandement d'Alexandrie; mais il n'y resta pas longtemps. On a imputé à Marmont d'avoir, de concert avec Menou, desservi ce général pour avoir sa place1; cependant Bonaparte écrivit à Marmont : « Je fais venir le général Manscourt au Kaire, parce que j'ai appris que, le 24 brumaire, il avait envoyé un parlementaire aux Anglais, sans m'en rendre compte, et d'ailleurs sa lettre à l'amiral anglais n'était pas digne de la nation'».

que

Marmont remplaça Manscourt; en le lui annonçant, Bonaparte lui mandait : « Je vous répète ici l'ordre que j'ai donné de ne pas envoyer de parlementaire aux Anglais sans mon autorisation. Qu'on ne leur demande rien! J'ai accoutumé les officiers que je commande à accorder des grâces et non à

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]
[ocr errors]

prisonniers à la 4. d'infanterie légère; il est extrêmement surprenant que je n'en n'aye rien su. Secouez les administrations, mettez de l'ordre dans cette grande garnison d'Alexandrie, et faites qu'on s'aperçoive du changement de commandant.

Écrivez-moi souvent et dans le plus grand détail. Je savais depuis trois jours la nouvelle que vous m'avez écrite des lettres venues de SaintJean-d'Acre.

Renvoyez d'Alexandrie tous les hommes isolés. Ayez soin que personne ne s'en aille sans avoir un passeport en règle; que ceux qui s'en vont n'emmènent point de domestiques avec eux, surtout d'hommes ayant moins de trente ans, et qu'ils n'emportent point de fusils ».

I

Le général en chef avait enfin réglé les comptes avec les bâtimens du convoi et consenti à leur départ; mais il ordonna d'envoyer au Kaire tous les matelots âgés de moins de 25 ans qui étaient à bord, de quelque nation qu'ils fussent. Cette mesure avait deux motifs : le premier, de réparer en partie les pertes qu'avait faites l'armée; le second, d'intéresser à l'expédition un grand nombre de marins de nations différentes, lesquelles parlà se trouveraient portées à donner des nouvelles et ce qui était nécessaire à l'armée. Bonaparte avait calculé qu'il obtiendrait ainsi au moins cinq six cents hommes; mais ses ordres avaient été mal exécutés. Il s'en plaignit à Marmont, et lui or

Lettre du 9 frimaire.

donna de se concerter avec le chef de division Dumanoir, pour que, dans le plus court délai, tous les jeunes matelots italiens, français, espagnols, etc., fussent envoyés à Boulaq. Il lui fallait 800 hommes. Si on ne trouvait pas ce nombre au- . dessous de vingt-cinq ans, on le compléterait avec les matelots qui s'en éloignaient le moins '.

Bonaparte transmit à Marmont l'ordre de faire arrêter un individu appartenant à l'administration de la marine, de convoquer ensuite les administrateurs, de leur dire que le général en chef recevait, de toutes parts, des plaintes sur leur conduite; qu'ils ne secondaient en rien l'ordonnateur Leroy; qu'il punirait les lâches avec d'autant plus de sévérité, qu'un homme qui manquait de courage n'était pas Français.

Marmont chercha à se justifier relativement aux soldats de la 4°. demi-grade faits prisonniers par les Anglais. Mais Bonaparte lui répondit : « Il est toujours plus important de rendre compte d'une mauvaise nouvelle que d'une bonne, et c'est vraiment une faute que vous avez faite ».

Il donna l'ordre d'envoyer au Kaire la légion nautique pour l'habiller et l'organiser, afin qu'elle pût retourner à Alexandrie, si les circonstances l'exigeaient et servir utilement, de désarmer une galère sur laquelle 4 ou 500 hommes mangeaient beaucoup et n'étaient pas en état de se rendre utiles les armes à la main; d'envoyer au Kaire tous

'Lettres des 15 et 18 frimaire.

2 Lettre du 15,

les hommes inutiles; de débarrasser, au plutôt, Alexandrie des pélerins, par terre ou par mer; d'envoyer à Rosette les djermes, chaloupes et petits bâtimens qui pourraient passer la barre, afin d'y charger, pour Alexandrie, du riz, de l'orge et autres grains, cent mille quintaux de blé, deux mille quintaux de farine, et cent mille rations de biscuit qu'il expédiait du Kaire; de prendre toutes les mesures pour que ces objets ne fussent pas dilapidés '.

Certain que la Porte avait déclaré la guerre à la France, et ne pouvant réussir à ouvrir une négociation avec le commandant turc qui était devant Alexandrie, Bonaparte continua de faire des tentatives directes à Constantinople, et profita de la caravelle turque qui était à Alexandrie depuis plus d'un mois. Il avait écrit au commandant de se tenir prêt à partir, et qu'il lui donnerait des dépêches pour la Porte. Il mit à son départ ces conditions:

1°. Qu'il laisserait en otages ses deux enfans et l'officier de la caravelle, son plus proche parent, pour répondre du citoyen Beauchamp qui allait s'embarquer à son bord, pour se rendre à Constantinople.

2°. Qu'il passerait devant l'île de Chypre, et ferait entendre au pacha que Bonaparte n'était pas en guerre avec la Porte, et qu'il envoyât en Égypte le consul et les Français qui étaient dans l'ile; qu'il les ferait embarquer devant lui sur une

1

1 Lettres à Marmont, des 22 et 28 frimaire:

« ZurückWeiter »