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150 chameaux de dents d'éléphant. Mais son principal commerce consistait en esclaves noirs; elle en amenait annuellement de 4 à 5,000, dont les quatre cinquièmes étaient du sexe féminin. Elle payait de fort droits. Immédiatement après son entrée en Égypte, où les marchandises pouvaient s'embarquer sur le Nil, la caravane vendait les chameaux dont elle n'avait plus besoin, c'est-àdire les quatre cinquièmes de ceux qu'elle avait amenés, et qui avaient servi au transport de l'eau et des provisions nécessaires à la nourriture des esclaves pendant le voyage. Les affaires de comles caravanes de Darfour traitaient en Égypte, les obligeaient ordinairement d'y prolonger leur séjour pendant six à huit mois, de sorte qu'il n'était pas rare d'en voir arriver une au Kaire avant le départ de celle qui l'avait précédée. Ces caravanes achetaient, en retour de leurs importations, des productions du pays et des marchandises d'Europe.

merce que

La caravane de Sennar importait en Égypte et en exportait les mêmes objets que celle de Darfour; elle était moins considérable; mais il en venait plusieurs dans l'année.

Pour recruter son armée, Bonaparte résolut d'acheter 2 ou 3,000 nègres ayant plus de 16 ans; son projet était d'en incorporer une centaine par bataillon. Il fit sentir à Desaix toute l'importance de cette mesure, et le chargea de commencer les achats. Mais la caravane n'était pas assez bien

Lettre du 4 messidor.

pourvue pour fournir à ce recrutement. Bonaparte écrivit donc au sultan de Darfour pour le prier de lui envoyer, par la première caravane, 2,000 esclaves noirs ayant plus de 16 ans forts et vigoureux, qu'il acheterait pour son compte 1.

Bonaparte transmit au Directoire des détails intéressans sur la situation de l'armée, ses pertes, sa force, ses besoins, etc.

« La peste, écrivit-il, a commencé à Alexandrie, il y a six mois, avec des symptômes trèsprononcés ; à Damiette, elle a été plus bénigne ; à Gaza et à Jaffa, elle a fait plus de ravages. Il n'y en a point eu au Kaire, à Suez, ni dans la HauteÉgypte.

Il résulte de l'état que je vous envoie que je vous envoie que l'armée française, depuis son arrivée en Egypte jusqu'au 10 messidor an vII, a perdu 5,344 hommes.

Vous voyez qu'il nous faudrait 500 hommes pour la cavalerie, 5,000 pour l'infanterie, 500 pour l'artillerie, pour mettre l'armée dans l'état où elle était lors du débarquement.

La campagne de Syrie a eu un grand résultat. Nous sommes maîtres de tout le désert, et nous avons déconcerté, pour cette année, les projets de nos ennemis. Nous avons perdu des hommes distingués les généraux Bon et Caffarelli, mon aidede-camp Croisier; il y a eu beaucoup de blessés.

:

Notre situation est très-rassurante. Alexandrie, Rosette, Damiette, El-Arych, Qatieh, Salhieh,

'Lettres des 12 et 24 messidor.

se fortifient; mais si vous voulez que nous nous soutenions, il nous faut, d'ici en pluviôse, 6,000 hommes de renfort. Si vous nous en faites passer en outre quinze mille, nous pourrons aller tout, même à Constantinople.

par

Il nous faudrait alors 2,000 hommes de cavalerie pour incorporer dans nos régimens, avec des carabines, selles à la hussarde et sabres; 600 hussards ou chasseurs, 6,000 hommes de troupes pour incorporer dans nos corps et les recruter; 500 canonniers de ligne; 500 ouvriers, maçons, armuriers, charpentiers, mineurs, sapeurs; cinq demi-brigades à 2,000 hommes chacune; 20,000 fusils, 40,000 baïonettes, 3,000 sabres, 6,000 paires de pistolets, 10,000 outils de pionniers.

S'il vous était impossible de nous faire passer tous ces secours, il faudrait faire la paix ; car il faut calculer que d'ici au mois de messidor (an 8), nous perdrons encore 6,000 hommes. Nous serons, à la saison prochaine, réduits à 15,000 hommes effectifs, desquels, ôtant 2,000 hommes aux hôpitaux, 500 vétérans, 500 ouvriers qui ne se battent pas, il nous restera 12,000 hommes, compris cavalerie, artillerie, sapeurs, officiers d'état-major, et nous ne pourrons pas résister à un débarquement combiné avec une attaque par le désert.

Si vous nous faisiez passer 4 ou 5,000 Napolitains, ce serait bon pour recruter nos troupes.

Il nous faudrait 18 à 20 médecins, et 60 ou 80 chirurgiens; il en est mort beaucoup. Toutes les maladies de ce pays-ci ont des caractères qui de

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mandent à être étudiés. Par-là on peut les regarder toutes comme inconnues; mais toutes les années elles seront plus connues et moins dange

reuses.

Je n'ai point reçu de lettres de France depuis l'arrivée de Moureau, qui m'a apporté des nouvelles du 5 nivôse, et de Belleville, du 20 plu

viôse '.

J'espère que nous ne tarderons pas à en avoir.

Nos sollicitudes sont toutes en France. Si les rois l'attaquaient, vous trouveriez dans nos bonnes frontières, dans le génie guerrier de la nation, et dans vos généraux, des moyens pour leur rendre funeste leur audace. Le plus beau jour pour nous sera celui où nous apprendrons la formation de la première république en Allemagne.

Je vous enverrai incessamment le nivellement du canal du Suez, les cartes de toute l'Égypte, de ses canaux, et de la Syrie.

Nous avons de fréquentes relations avec la Mekke et Mokka. J'ai écrit plusieurs fois aux Indes, aux Iles-de-France. J'en attends les réponses sous peu de jours. C'est le schérif de la Mekke qui est l'entremetteur de notre correspondance. Le contre-amiral Perrée est sorti d'Alexandrie,

Il écrivait deux jours après, le 12, au commandant des Ilesde-France et de la Réunion, que ses dernières nouvelles de France étaient du mois de ventôse; que les Français s'étaient emparés du royaume de Naples, qui s'était déclaré pour l'Angleterre, et que la République était dans l'état le plus florissant.

TOME II. - GUERRE D'Égypte.

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le 19 germinal, avec trois frégates et deux bricks; il est arrivé devant Jaffa le 24, s'est mis en croisière, a pris deux bâtimens du convoi turc, chargés de 300 hommes, 100 mineurs et bombardiers, est revenu devant Tentoura pour prendre nos blessés; mais il a été chassé par la croisière anglaise, et a disparu; il sera arrivé en Europe.

Je lui avais remis des instructions pour son retour; personne n'est plus à même que cet officier de nous faire passer des nouvelles et des secours; depuis la bouche d'Omfàreg, Damiette, Bourlos, Rosette, Alexandrie, il peut choisir dans ce moment-ci; et, depuis le 15 ventôse, il n'y a point de croisière devant Alexandrie ni Damiette; cela nous a été utile pour l'approvisionnement d'Alexandrie.

J'ai été très-satisfait de la conduite du contreamiral Perrée dans toute cette croisière. Je vous prie de le lui faire connaître1».

Par sa lettre du 29 germinal, au contre-amiral Gantheaume, Bonaparte avait laissé Perrée maître de se réfugier dans un port d'Europe, pour peu qu'il fût poursuivi par l'ennemi, dans l'espoir que cet officier ne tarderait pas à ramener en à ramener en Égypte des fusils, des sabres et quelques renforts, ne fût-ce que quelques centaines d'hommes. Après avoir croisé plus de six semaines sur la côte de Syrie, Perrée crut donc devoir revenir en France. Il allait entrer dans le port de Toulon avec sa di

'Lettre du 10 messidor.

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