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de leurs fatigues et de leurs pertes; il donna ordre au capitaine Renaud, qu'il avait envoyé quelques jours auparavant à Edfoù, avec 200 hommes, de marcher sur Syène, et de chasser les Mamlouks au-dessus des cataractes.

Le 27, à deux heures après midi, arrivé à une demi-lieue de Syène, le capitaine Renaud avait à peine fait quelques dispositions, que les ennemis accoururent sur lui à bride abattue; ils furent attendus et reçus avec le plus grand sang-froid. La charge fut fournie avec impétuosité, et 15 Mamlouks tombèrent morts au milieu des rangs; Hassan - Bey - Jeddaoui fut blessé d'un coup de baïonnette, et eut son cheval tué; Osman-Bey reçut deux coups de feu; 10 Mamlouks expirèrent à une portée de canon du champ de bataille; 25 autres furent trouvés, à Syène, morts de leurs blessures. L'ennemi eut 50 blessés, et fut rejeté pour la troisième fois au-delà des cataractes. Le capitaine Renaud eut 4 hommes tués et 15 blessés. Ce combat acheva de détruire le parti des Mamlouks. Les Arabes de la tribu des Ababdeh s'en détachèrent et firent la paix.

Nous avons dit comment échoua, au mois de pluviôse, l'expédition commandée par le lieutenant de vaisseau Collot, pour occuper Qosseïr. C'était à Desaix à réparer ce malheur de la marine; il en sentait la nécessité autant que le général en chef qui, de son camp d'Acre, lui accusant réception de ses lettres, depuis le 8 pluviôse jusqu'au 28 ventôse, qu'il avait lues avec tout l'inté

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rêt qu'elles inspiraient, lui mandait « Je vois surtout avec plaisir que vous vous disposez à vous emparer de Qosseïr; sans ce point là, vous ne serez jamais tranquille. La marine a encore, dans ce point, déçu mes espérances ».

Desaix donna donc l'ordre à Belliard de faire construire un fort à Qéné; de hâter les préparatifs de l'expédition sur Qosseïr, et le nomnia commandant de la province de Thèbes, dont l'administration venait d'être organisée.

Desaix, à Syout, faisait chercher partout des chameaux et confectionner des outres, pour aller lui-même trouver Mourad-Bey dans la grande Oasis. Apprenant que des bâtimens anglais avaient paru, le 20 floréal, devant Qosseïr, il crut devoir abandonner momentanément son projet, et diriger toute son attention sur ce port, pour empêcher les Anglais de s'y établir; mais ils s'étaient bornés à s'aboucher avec quelques habitans du pays pour y entretenir des intelli

gences.

Belliard se trouvant attaqué d'un grand mal d'yeux, Desaix lui envoya l'adjudant – général Donzelot, pour le seconder ou le remplacer dans l'expédition de Qosseïr; ils partirent l'un et l'autre de Qéné, le 7 prairial.

La caravane se composait d'environ 500 Français, montés sur des chameaux qui portaient en outre le bagage et l'eau. Les Arabes qui venaient de faire alliance servaient de guides et d'escorte. On arriva à Byr-el-Bar, le puits des puits, où l'on

but de l'eau soufrée, mais douce et rafraîchissante. A deux heures de nuit, on fit halte, on soupa et on dormit dans le désert. A deux heures du matin, au bruit du tambour, on se remit en marche au clair de la lune; au point du jour, on était à la Gytah; c'est une fontaine inépuisable, située sur un plateau plus élevé que tout ce qui l'entoure. Elle consiste en trois puits de 6 pieds de profondeur. Il y a une petite mosquée ou espèce de caravansérail pour abriter les voyageurs; on s'y arrêta. Le soir, on bivouaqua plus loin dans le désert. Le 3o. jour, la vallée s'était rétrécie. Les formes et les couleurs variées des rochers ôtaient déjà au désert son aspect triste et monotone. Le pays était devenu sonore, et le soldat qui avait marché silencieux, commença à parler et chanta. On but et on fit de l'eau aux puits d'El-More et d'El-Adout pour le reste de la route. Après avoir dormi quelques heures, on se mit en marche le 4. jour. La vallée s'était élargie. On rafraîchissait les chameaux à la fontaine d'Ambagy, où les hommes ne boivent pas, parce que son eau est très-minérale. On s'aperçut, à la légèreté de l'air, que l'on approchait de la mer. En effet, on l'eut bientôt aperçue. Des Arabes avaient pris les devans pour avertir les habitans de Qosseïr. Ils revinrent avec les cheyks, le 10 prairial, amenant un troupeau de moutons, comme présent de paix. La troupe se mit en bataille, et, après quelques minutes de conférences amicales, on alla prendre possession du château, sur lequel flottait un étendard blanc.

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Qosseïr a 250 mètres de longueur sur 150 de largeur; les maisons y sont basses; l'eau, dont les gens riches font usage, vient de q lieues. Les environs sont tout à fait déserts. La ville n'est habitée que par des marchands d'Égypte et d'Arabie, qui s'en vont lorsque leurs affaires sont terminées. Elle n'a point d'habitans proprement dits. Le port est entièrement ouvert au vent d'est; il est abrité à l'ouest par le rivage, et au nord par un banc de madrépores et de coraux qui forme un quai naturel. La position de Qosseïr, à l'entrée de plusieurs vallées qui débouchent en Égypte, l'a fait choisir pour l'entrepôt du commerce de la HauteÉgypte avec l'Arabie. L'Égypte y envoie du blé, de la farine, des fèves, de l'orge, de l'huile et d'autres denrées; et l'Arabie, du café, du poivre, des gommes, des mousselines et quelques étoffes de l'Inde. La côte est habitée par des tribus de pêcheurs; le poisson y est très-abondant; ils le font sécher au soleil; les soldats français le prenaient avec la main, après l'avoir tué à coups de sabre ou de bâton.

Les Ababdeh, tribu nomade, occupaient les montagnes situées à l'orient du Nil, au sud de la vallée de Qosseïr, pays autrefois connu sous le nom de Trogloditique. Les marchands qui faisaient le commerce de Qosseïr, leur payaient différens droits en nature, moyennant quoi les Ababdeh veillaient à la sûreté de la route et escortaient les caravanes. Ils étaient mahométans et guerriers. Ils différaient entièrement par leurs moeurs, leur langage, leur costume, leur constitution physi

tus,

que, des tribus arabes qui, comme eux, occupent les déserts. Les Arabes étaient blancs, se rasaient la tête, portaient le turban, étaient vêavaient des armes à feu. Les Ababded étaient noirs; mais leurs traits avaient beaucoup de rap-. port avec ceux des Européens; ils avaient les cheveux naturellement bouclés et point laineux; ils les portaient assez longs, et ne se couvraient jamais la tête; ils n'avaient, pour tout vêtement qu'un morceau de toile qu'ils attachaient au-dessus des hanches et qui ne dépassait pas le milieu des cuisses; ils n'avaient point d'armes à feu, et portaient la lance et le sabre.

Après être resté deux ou trois jours à Qosseïr, Belliard en partit, et y laissa une garnison et l'adjudant-général Donzelot. Débarrassée de l'artillerie et des bagages, sa marche fut plus rapide; dans moins de trois jours, il revint à Qéné.

Bonaparte demanda à Desaix une relation de tout ce qui s'était passé dans la Haute-Égypte depuis son départ du Kaire, travail que personne ne pouvait bien faire que lui-même, et lui témoigna sa satisfaction sur l'occupation de Qosseïr. Il lui annonça l'envoi de plusieurs officiers du génie, pour diriger les travaux de ce port, de Qéné et des autres points de la Haute-Égypte. Il finissait ses dépêches par des complimens, pour Friant, Belliard et Donzelot, et en assurant Desaix de son estime et de son amitié 1.

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'Lettres des 27 et 30 prairial (15 et 18 juin ).

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