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passer en cas de retraite, pour les y arrêter et les combattre. Les Arabes n'attendirent pas, et traversèrent le Nil au-dessus de Bardis. Le chef de brigade Morand, commandant de Girgeh, alla à leur rencontre avec 250 hommes de sa gar nison. Le 16, après midi, 'il arriva en vue de Bardis. Des Arabes, des paysans, des Mamlouks, sortirent du village, et l'attaquèrent deux fois en poussant de grands cris. Ils furent à chaque fois repoussés, et s'enfuirent à la faveur de la nuit, laissant beaucoup de morts sur la place. Morand revint à Girgeh couvrir ses établissemens. Le lendemain, les Arabes marchèrent sur cette ville et y pénétrèrent. Morand les attaqua; tout ce qui y était entré fut tué; le reste s'enfuit dans le désert. Dans ces deux journées, ils eurent 200 hommes tués. Le général Davoust ne put arriver qu'après le combat.

Les Arabes d'Yambo, après avoir été battus à Girgeh, étaient venus dévaster Tahtah, et leur chef cherchait encore à soulever le pays. Le chef de brigade Lasalle, ayant sous ses ordres un bataillon de la 88°., le 22°. de chasseurs et une pièce de canon, arriva, le 21, à une heure après midi, près de Themeh, grand village où étaient les Arabes. Il le fit cerner par sa cavalerie, et marcha droit à eux avec son infanterie. Ils résistèrent pendant plusieurs heures dans un enclos à doubles murailles crénelées; ils furent enfin enfoncés et taillés en pièces. Ils laissèrent 300 morts, parmi lesquels le schérif successeur d'Hassan.

Après cette affaire, les Arabes d'Yambo sem

blaient détruits. Le général Davoust, qui n'avait pas cessé de les poursuivre, vint à Syout. Il y était depuis plusieurs jours, lorsqu'il fut prévenu qu'il se formait au grand village de Beny-Adyn, dont les habitans passaient pour les plus braves, de l'Égypte, un rassemblement de Mamlouks, d'Arabes et de Darfouriens caravanistes, venus de l'intérieur de l'Afrique, et que Mourad-Bey devait quitter les Oasis pour se mettre à la tête de cette troupe.

Davoust partit de Syout, le 29 germinal, avec 3 pièces de canon, 500 hommes d'infanterie de la 61. et de la 88., et 250 chevaux du 7°. de hussards, des 14o. et 15o. de dragons.

Près de Beny-Adyn, son avant-garde fut attaquée par quelques centaines de cavaliers suivis d'hommes à pied. Le chef du 15., Pinon, les repoussa jusqu'au village, dont tous les murs des jardins et des maisons étaient crénelés. Une vive fusillade partit du village contre les Français. Pinon, officier du plus rare mérite, y reçut la mort. Le village fut attaqué avec beaucoup d'ordre et défendu avec la plus grande opiniâtreté. Le combat dura depuis 8 heures du matin jusqu'à 6 heures du soir. Alors seulement tout le village fut au pouvoir des Français, qui n'eurent que 9 hommes tués et 33 blessés. 2,000 hommes presque tous armés de fusils, payèrent de leur vie leur révolte . Ce village s'était toujours main

1 Le capitaine du génie Garbié dit dans son rapport que l'on GUERRE D'ÉGYPTE.

TOME II.

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tenu indépendant des Mamlouks, et était dans l'usage de donner asile à leurs ennemis. La valeur française fit dans un jour ce que les Mamlouks n'avaient pu faire pendant tout le temps qu'ils avaient dominé l'Égypte. Dans le butin fait à Beny-Adyn, il se trouva beaucoup de femmes et de filles du pays, et d'esclaves d'une caravane de Darfour qui venait d'y arriver. Les soldats en firent le commerce entre eux, et finirent et finirent par les vendre aux pères, aux maris et aux maîtres. Instruit du sort de ce village, Mourad-Bey n'eut plus envie de quitter la grande Oasis. Pendant ce temps-là, les Arabes de Geama et d'El-Batoutchi menaçaient Minieh; les villages s'insurgeaient, les débris de Beny-Adyn y couraient. La garnison française, dans cette ville, était très-faible. Le chef de brigade Destrée, instruit de l'arrivée des ennemis, alla les reconnaître, le 4 floréal, avec 150 hommes d'infanterie ; il se battit pendant plusieurs heures, et se retira la nuit à Minich. Il y fut attaqué de nouveau le lendemain. L'ennemi s'était renforcé de quelques milliers de paysans, Destrée et sa troupe se défendirent avec la plus grande valeur. Ils n'avaient presque plus de cartouches. Un secours leur devenait nécessaire. Dans ce moment de crise, Davoust arriva, ou du moins son avant-garde trouva Destrée encore aux prises. Les révoltés prirent la fuite; les paysans retour

tua plus de 2,000 hommes, et que la perte des Français fut trèspeu de chose.

nèrent dans leurs villages; les Arabes d'Yambo et les Mamlouks se retirèrent sur Beny-Soueyf, laissant une centaine d'hommes tués. Destrée eut une cinquantaine de blessés et 7 à 8 tués. Les habitans de Minieh se conduisirent bien; ceux qui avaient des armes à feu s'en servirent contre l'ennemi.

Davoust laissa à Destrée des cartouches et le 7. de hussards, et descendit à la poursuite des ennemis. Arrivé près d'Abou-Girgeh, il y envoya commander des vivres, le 10 floréal. Cette ville, insurgée, refusa d'en fournir et de se soumettre après la sommation qui lui en fut faite. Davoust la fit cerner, attaquer et forcer. Mille fellâh, presque tous armés, furent passés au fil de l'épée. Les Arabes d'Yambo et les Mamlouks qui étaient dans le voisinage, ayant appris cet événement, se séparèrent. Les Arabes passèrent sur la rive droite du Nil; les Mamlouks continuèrent à descendre.

Appelé par le général Dugua, Davoust se rendit au Kaire avec sa colonne, pour dissiper un rassemblement à la tête duquel était Elfy-Bey.

Les beys Hassan-Jeddaoui et Osman-Bey-Hassan, à la poursuite desquels Belliard avait été envoyé par Desaix, étaient partis de la Gytah pour remonter vers Syène. Belliard les suivit. Il repassa sur les ruines de Thèbes, à Esné, à Chanabieh. Il arriva à la gorge de Redesieh, quatrième débouché de la Gytah qui n'est pas pratiqué par le commerce. Il n'avait pas pu atteindre les Mam

louks; mais cette route leur avait été fatale. Ils y avaient perdu presque tous leurs chevaux, une partie de leurs chameaux, nombre de serviteurs et 26 femmes dont on trouvait les cadavres. Ils remontèrent vers les cataractes, dans la plus grande détresse. Belliard regagna le Nil, et descendit à Esné, où il laissa le chef de brigade Eppler avec 500 hommes, pour contenir le pays, lever les contributions, et veiller à ce que les Mamluks ne revinssent pas faire de nouvelles incursions. Belliard alla à Qéné et y fit quelque séjour. La physionomie du pays était bien changée. Les succès obtenus sur l'ennemi, la dispersion des Mamlouks et des Arabes avaient fait rentrer les habitans dans la soumission. Ils payaient volontairement les impositions; ils venaient au-devant des vainqueurs.

Le sultan de la Mekke avait envoyé protester à Desaix contre les expéditions de ses sujets, et assurer de ses intentions amicales. Les villes de Gedda et de Tor demandaient aussi la paix. Qosseir offrait de se soumettre. Les chefs arabes se rapprochaient; les Mamlouks apportaient leurs armes et prenaient du service. Desaix fit annoncer que les terres dévastées par la guerre ne paieraient pas de contributions. Les relations se rétablirent, et les magasins se remplirent des provisions nécessaires à la troupe, sans avoir recours aux baïonnettes.

Vers le 20 floréal, Eppler eut avis que les Mamlouks étaient revenus à Syène, où ils se reposaient

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