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pièce de canon. Une des colonnes ennemies s'approcha audacieusement; un combat corps à corps s'engagea entre les tirailleurs français et 100 Arabes d'élite; le succès était incertain; 15 dragons du 20. chargèrent à bride abattue et le décidèrent. Plus de 50 Arabes restèrent sur la place. Le gros de l'ennemi se retira sur Benout. Belliard les poursuivit et arriva près de ce village. Les ennemis avaient établi, derrière un large canal, les canons qu'ils avaient pris sur la flotille de Morandi. Leur feu jeta d'abord quelque hésitation parmi les Français; mais les carabiniers de la 21. légère enlevèrent ces pièces malgré une charge exécutée par les Mamlouks pour en empêcher; elles furent dirigées sur les ennemis qui se jetèrent dans une grande barque, dans une mosquée, dans les maisons du village, et dans une maison crénelée de Mamlouks, où étaient leurs munitions.

Belliard dirigea deux colonnes contre la barque, la maison et le village; l'ennemi se défendit avec rage. Cependant, rien ne put résister à la bravoure des Français. Tout ce qui était dans la bar5 que fut mis à mort; la mosquée et 20 maisons furent incendiées; les Arabes d'Yambo périrent dans les flammes ou sous les coups du soldat; le village ne présenta que ruines et carnage.

Eppler, excellent et intrépide officier, attaqua la grande maison crénelée; des sapeurs en brisèrent la porte à coups de hache, tandis que d'autres faisaient crouler la muraille, et que les chasseurs mettaient le feu à une petite mosquée

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y attenante où étaient les munitions. Les poudres prirent feu; 25 Arabes sautèrent avec le bâtiment. Eppler réunit ses forces sur ce point; et, malgré les prodiges de valeur des Arabes qui, le fusil à la main, le sabre dans les dents, et tous nuds, en défendaient l'entrée, il parvint à s'emparer de la grande cour; ils allèrent se cacher dans des réduits où ils furent tués.

Les Arabes perdirent dans cette journée. 1200 hommes, parmi lesquels était le schérif Hassan, et eurent un grand nombre de blessés. C'est le combat où ils montrèrent le plus d'opiniâtreté. Les barques françaises, 9 pièces de canon et deux troupeaux furent les fruits de cette victoire . Cette journée, une des plus glorieuses de la campagne de la Haute-Égypte, coûta cher aux Français, une trentaine de morts et plus de roo blessés.

Sans communication avec Desaix, Belliard avait usé presque toutes ses munitions; ses chasseurs n'avaient plus chacun que 25 cartouches; il ne lui restait plus qu'un boulet et 12 coups de canon à mitraille. Le 21, il se mit en marche sur Qéné, pour savoir s'il y restait des magasins, et où pouvait être Desaix, y arriva le 22 et y trouva des lettres de ce général. Il n'y avait pas d'ennemis ; les habitans vinrent au devant des Français.

On compta 150 hommes hors de combat. Après un combat aussi acharné que sanglant, on vit, dans les postes qui occupaient le village, toutes les femmes s'installer avec une gaîté et une aisance qui faisaient illusion: chacune avait fait librement son choix, et en paraissait très-satisfaite. (Denon, tome II, page 137.)

Les Mamlouks et les Arabes d'Yambo étaient descendus à Byr-el-Bar. On craignait de nouveaux débarquemens des gens de l'Yénien. Desaix, instruit des besoins de Belliard, rassembla tout ce qu'il put de munitions de guerre sur des barques, laissa une garnison à Syout, passa le Nil le 28 ventôse, et se mit en marche pour accompagner le convoi et se réunir à ce général.

Ici le genre de guerre changea. On avait partout battu les ennemis, mais ils n'étaient pas dé~ truits. Pour atteindre ce but, Desaix adopta le système de colonnes successives, de manière à forcer les ennemis à rester dans les déserts, ou au moins à faire de très-grandes marches pour venir dans le pays cultivé. Pour cela, il fallait occuper les débouchés de la vallée qui conduit de Qosseïr au Nil, les puits qui s'y trouvent et notamment celui de la Gytah.

Le 10 germinal, Desaix arriva à Qéné, et ravitailla les troupes de Belliard; ils partirent le 11, pour aller combattre l'ennemi qui, depuis deux jours, était posté à Qous. A leur approche, il rentra dans les déserts et se divisa. Hassan-Bey et Osman-Bey allèrent à la Gytah, et le chef des Arabes d'Yambo descendit vers Aboumanah, où était déjà Osman-Bey-Jeddaoui; mais 6 à 700 habitans d'Yambo et de Jedda l'avaient abandonné et retournaient à Cosseïr. Desaix envoya Belliard avec la 21°. et le 20°. de dragons au village d'Adjazi, principal débouché de la Gytah, et avec les deux bataillons de la 61., le 7. de hussards et

le 18°. de dragons vint à Byr-el-Bar. Au moyen de ces dispositions, les ennemis ne pouvaient plus sortir des déserts sans faire quatre jours de marche extrêmement pénible. Desaix ordonna à Belliard de rassembler des chameaux pour porter de "'eau, et de marcher sur la Gytah, laissant un ort détachement à Adjazi. Hassan et Osman, informés de ce mouvement, partirent et arrivèrent, le 12, à la hauteur de Desaix, dans les déserts, avec l'intention de rejoindre les Arabes d'Yambo. Ce général se fit relever à Byr-el-Bar par un détachement de Belliard, et le 13, se porta à travers les déserts, sur Qéné, où il avait laissé 300 hommes.

A Adjazi, gros et triste village assis sur le désert, on trouva quelques marchands qui avaient eu le bonheur d'échapper aux Mamlouks. Ils offrirent des présens pour éviter d'être pillés par les Français, qui les refusèrent, achetèrent quelques marchandises dont ils avaient besoin, et les payèrent. Les marchands, étonnés de ce procédé fournirent, auquel ils étaient peu accoutumés, par reconnaissance; des confitures de l'Inde et de l'Arabie, des cocos et d'excellent café.

Après une heure de marche, au point du jour, les hussards du corps de Desaix, qui étaient en éclaireurs, annoncèrent les Mamlouks. L'adjudant-général Rabasse, qui commandait l'avantgarde, en prévint le général Davoust, s'avança pour mieux reconnaître l'ennemi, et soutenir ses éclaireurs qui étaient déjà chargés. Il le fut bien

tôt lui-même, soutint bravement le choc; mais, accablé par le nombre, il se retira sans perte sur le corps de bataille où Desaix venait d'arriver. Il envoya de suite chercher son infanterie; et ordonna à la cavalerie de prendre position sur un monticule extrêmement escarpé, où il voulait qu'elle attendît et reçût la charge. Mais le chef de brigade Duplessis, impatient et emporté par son ardeur, attaqua à la tête du 7o. de hussards, fit des prodiges de valeur, eut son cheval tué, et le fut bientôt lui-même. Un peu de désordre occasioné par sa mort et la supériorité des ennemis obligèrent le 7°. à se replier; 40 dragons du 18°., commandés par le chef d'escadron Beauvatier, s'élancèrent sur les Mamlouks qui poursuivaient le 7o. et les forcèrent d'abandonner le champ de bataille. Beauvatier y perdit la vie. Le combat de Byr-el-Bar coûta aux Français 24 morts et 20 blessés; aux Mamlouks, plus de 20 morts et beaucoup de blessés, parmi lesquels Osman et Hassan. L'infanterie et l'artillerie n'avançant que lentement et péniblement dans les sables, tout était fini quand elles arrivèrent.

Après ce combat, les Mamlouks firent un crochet et retournèrent à la Gytah, laissant des blessés et des chevaux dans le désert. Desaix ordonna à Belliard d'aller les chercher et de les suivre, revint lui-même à Qéné, donna une colonne mobile à Davoust, pour aller détruire les Arabes d'Yambo qui étaient toujours à Aboumanah, et prescrivit au commandant de Girgeh de prendre une position par laquelle ils seraient forcés de

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