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avait battu les Mamlouks, mais il n'en avait point de nouvelles directes; il était très-impatient d'en recevoir. «Ne leur donnez pas de relâche, lui écrivit-il, détruisez-les par tous les moyens possibles. Faites construire un petit fort, capable de contenir 2 à 300 hommes, et un plus grand nombre dans l'occasion, à l'endroit le plus favorable que vous pourrez, et près d'un pays fertile.

Le but de ce fort serait de pouvoir réunir là tous nos magasins et nos bâtimens armés, afin que, dans le mois de mai ou de juin, votre division, devenant nécessaire ailleurs, on pût laisser un général avec 4 ou 5 djermes armés qui, de là, tiendrait en respect toute la Haute-Égypte. Il y aurait des fours et des magasins, de sorte que quelques bataillons de renfort le mettraient dans le cas de soumettre les villages qui se seraient révoltés, ou de chasser les Mamlouks qui seraient revenus. Sans cela, vous sentez que, si votre division est nécessaire ailleurs, 100 Mamlouks peuvent revenir et s'emparer de la Haute-Égypte, ce qui n'arrivera pas si les habitans voient toujours des troupes françaises, et, dès lors, peuvent penser que votre division n'est absente que momentanément. Je désirerais, si cela est possible, que ce fort fût à même de correspondre facilement avec Qosseïr.

Je fais construire, dans ce moment, 2 corvettes à Suez qui porteront chacune 12 pièces de canon de 6. Mettez la main, le plus tôt possible, à la construction de votre fort; prenez là vos larges.

Assurez le nombre de pièces nécessaire pour l'armer. Je désire, si cela est possible, qu'il soit en pierre 1. »

Desaix partit le 27 d'Esné, arriva le 29 à Qous, et ordonna que l'on s'occupât partout avec activité de la levée des chevaux et de la perception des impôts en argent dont on avait le plus grand besoin.

Le schérif Hassan, fanatique exalté et entreprenant, entretenait chez les Arabes d'Yambo, dans les déserts d'Aboumanah, l'espoir d'exterminer les infidèles. A sa voix, les têtes s'échauffèrent, on prit les armes ; une multitude d'Arabes accourut à Aboumanah, renforcée par quelques Mamlouks fugitifs et sans asile. Le 29 pluviôse, le général Friant les attaqua près de ce village; ils furent défaits, taillés en pièces, eurent 400 morts et beaucoup de blessés. Une colonne poursuivit les fuyards pendant 5 heures dans le désert, et s'empara du camp des Arabes,

Après l'expédition de Belliard pour rejeter Mourad-Bey dans le pays des Barabras et s'emparer de Philoe, plusieurs kachefs et une centaine de Mamlouks s'étaient jetés dans les déserts de la rive droite pour éviter Syène et étaient allés rejoindre Osman-Bey-Hassan au puits de la Gytah. Elfy-Bey, après avoir passé quelque temps dans les oasis, au-dessus d'Ackmin, s'était rendu à Syout où il levait de l'argent et des chevaux. Des

Lettre du 22 pluviôse.

tribus arabes l'aidaient dans ses opérations. Les beys Mourad, Hassan et plusieurs autres, à la tête de 7 à 800 chevaux et de beaucoup de Nubiens, ayant fait un long détour et une marche extraordinairement rapide pour éviter le général Belliard, y parvinrent enfin, quoiqu'il fût sur ses gardes; et, le 7 ventôse, à la pointe du jour, parurent tout à coup sur la rive droite du Nil, visà-vis Esné, pour passer le fleuve. Clément, aidede-camp de Desaix, sortit de cette ville, avec son détachement de 60 hommes de la 21., pour s'opposer au passage de ce rassemblement. Mourad n'osa attaquer cette poignée de braves; il se dirigea sur Erment, y passa le Nil, se sépara des Mamlouks, et, avec 5 beys et très-peu de suite, se dirigea du côté de Syout.

L'ensemble de tous ces mouvemens et le bruit général du pays firent juger à Desaix que cette ville était le point de ralliement des ennemis. Il rassembla ses troupes, ordonna à Belliard, qui était venu de Syène à la suite des Mamlouks, de laisser une garnison de 400 hommes à Esné et de continuer à descendre, en observant bien les mouvemens des Arabes d'Yambo qu'il devait combattre partout où ils les rencontrerait.

Le 12, Desaix passa le Nil et se porta sur Farchout, où il arriva le 13, laissant un peu derrière lui la djerme armée l'Italie et plusieurs barques chargées de munitions et de beaucoup d'objets d'artillerie. L'Italie portait des blessés, des malades, des munitions et quelques hommes armés.

Il marcha rapidement sur Syout avec Friant pour ne pas donner le temps à Mourad de se réunir à Elfy - Bey, ou pour les combattre s'ils étaient déjà réunis. Il apprit en route que. Mourad-Bey était parvenu à soulever un grand nombre de paysans. On se trouva en présence à Souhama, le 14. Friant divisa aussitôt sa troupe en trois détachemens pour envelopper l'ennemi et l'empêcher de gagner le désert. Cette manoeuvre eut un succès complet; en un instant, 1,000 de ces paysans furent tués ou noyés. Le reste eut beaucoup de peine à s'échapper, et abandonna 50 chevaux. Les Français ne perdirent pas un homme.

Le lendemain, les Mamlouks furent poursuivis de si près que Mourad-Bey, accompagné seulement de 150 hommes, se décida à se retirer vers les oasis. Les autres firent mine de s'enfoncer dans le désert, et marchèrent vers Syout où Desaix arriva peu de temps après eux. A son approche, Elfy-Bey repassa le Nil et retourna dans la petite oasis d'Achmin ; quelques kachefs et Mamlouks de Mourad-Bey l'y suivirent, ainsi qu'Osman-Bey-Jeddaoui; les autres se jetèrent dans les déserts au-dessus de Beny-Adyn, où ils éprouvèrent les horreurs de la faim; beaucoup désertèrent et vinrent à Syout; d'autres se cachèrent dans les villages, vendant leurs armes pour vivre : ils se réunirent ensuite aux Français.

Le schérif Hassan venait de recevoir un second convoi qui le renforçait de 1,500 hommes. Les débris du premier le rejoignirent. A peine furent

ils réunis qu'il vint attaquer sur le Nil, à la hauteur de Benout, les barques que Desaix avait laissées en arrière, et qu'un vent du nord trèsviolent empêchaient de descendre. L'Italie répondit par une canonnade terrible et tua 100 Arabes d'Yambo. Les ennemis parvinrent à s'emparer. des petites barques, mirent à terre les munitions

de guerre et les objets d'artillerie, les remplirent. de monde, et coururent à l'abordage sur l'Italie. Le commandant de cette djerme, le courageux Morandi, redoubla ses décharges à mitraille, mais ayant déjà beaucoup de blessés à son bord, et voyant un grand nombre de paysans qui allaient l'attaquer par la rive gauche, il crut trouver son salut dans la fuite; il mit à la voile; il avait peu de monde pour servir ses manœuvres ; le vent était très - fort, la djerme échoua. Alors les ennemis abordèrent de tous côtés; l'intrépide Morandi refusa de se rendre; n'ayant plus d'espoir, il mit le feu aux poudres de son bâtiment, et se jeta à la nage. Il fut aussitôt assailli par une grêle de balles et de pierres et périt dans les tourmens. Tous les Français qui échappèrent aux flammes de l'Italie furent massacrés par les Arabes d'Yambo. Cet avantage reboubla leur audace.

Après avoir dépassé la ville de Qeft, l'ancienne. Coptos, Belliard apprit le funeste sort de la flottille; il vit déboucher trois colonnes nombreuses d'infanterie et plus de 3 à 400 Mamlouks, et forma sa petite troupe en carré. Il n'avait qu'une

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