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saccagent l'Italie, fuiraient précipitamment de cette malheureuse contrée, pour aller défendre leurs maîtres. Nos phalanges républicaines, fondant sur ces barbares, du haut des Apennins, les immoleraient à l'humanité qu'ils ont outragée, et Vienne verrait peut-être Macdonald et Moreau embrasser dans ses murs le héros dont ils sont les

émules. Ces idées paraîtraient gigantesques si Bonaparte n'était point à la tête d'une armée française. >>

Ainsi, dès cette époque, en France, on croyait qu'il n'était rien de grand et de hardi que Bonaparte ne pût entreprendre en Orient. Déjà on reconnaissait dans son caractère et dans son génie ces traits qui indiquent un homme extraordinaire et appelé à opérer une grande révolution dans la politique européenne. On annonçait même que l'empereur de Maroc et les puissances barbaresques s'étaient rangés sous ses drapeaux et avaient conclu avec lui une alliance offensive contre la Porte-Ottomane. L'illusion produite par ces romans sur l'imagination confiante des Français fut de courte durée; on ne tarda point à apprendre que l'armée de Syrie avait levé le siége d'Acre et repassé le désert.

Mais il paraît certain que Bonaparte avait eu le projet ou du moins l'espoir de marcher, en cas de succès, sur Constantinople ou vers l'Inde. Devant Saint-Jean-d'Acre, dans ses entretiens et dans sa correspondance avec ses généraux, on voit percer ce dessein. S'il fût parvenu à soumettre à ses armes la Syrie jusqu'à l'Euphrate, il

eût levé des tributs dans les principales villes de ces contrées, et tous les chrétiens de l'Asie se seraient rangés sous sa bannière. Que pouvait alors l'Angleterre avec ses vaisseaux? Tels furent, du moins, les brillans rêves auxquels s'abandonna le chef de l'armée d'Orient, telles furent les hardies conceptions auxquelles osa s'élever son génie. Napoléon lui-même a révélé ces projets dans une note où il expose les motifs de l'expédition de Syrie.

« Les Mamlouks de Mourad et d'Ibrahim-Bey, dit-il, les Arabes du désert de l'Égypte, les Druses, les Mutualis, les chrétiens et tout le parti du cheyk Daher en Syrie pouvaient se réunir à l'armée maîtresse de cette contrée, et la commotion pouvait se communiquer à toute l'Arabie. Les provinces de l'empire ottoman qui parlent arabe appelaient de tous leurs vœux un grand changement et attendaient un homme. Avec des chances heureuses on pouvait se trouver sur l'Euphrate au milieu de l'été, avec 100,000 auxiliaires, qui auraient eu pour réserve 25,000 vétérans français des meilleures troupes du monde et des équipages d'artillerie nombreux. Constantinople alors se trouvait menacée, et, si l'on parvenait à rétablir des relations amicales avec la Porte, on pouvait traverser le désert et marcher sur l'Indus à la fin de l'automne 1. »

Mémoires de Napolécon, Gourgaud, tome 11, page 301.

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Campagne de Desaix dans la Haute-Égypte, depuis la bataille de Sédiman jusqu'à l'établissement des Français à Qosseïr.

Quoique battu à Sédiman et à Medineh-Fayoum, Mourad-Bey, à la faveur de sa cavalerie que l'infanterie française ne pouvait atteindre, était toujours resté maître des provinces de la HauteÉgypte, et avait conservé une attitude menaçante.

Il avait, de ce côté, rallié à son parti presque toutes les tribus arabes du Sayd, et s'était mis en correspondance avec les croisières anglaises devant Alexandrie et les provinces de la BasseÉgypte. Par la crainte d'une invasion des Français en Nubie, il entraînait les peuples de ce pays dans sa querelle; les Arabes d'Yambo débarquaient à Qosseïr pour le rejoindre.

Desaix était venu au Kaire pour demander à Bonaparte des renforts et se concerter avec lui. Il avait obtenu 1,000 hommes de cavalerie et 3 pièces d'artillerie légère, commandés le gépar néral Davoust. Il fut convenu que Desaix poursuivrait vivement Mourad-Bey jusqu'aux cataractes du Nil, et détruirait les Mamlouks, ou les chasserait entièrement de l'Égypte.

Il partit de Beny-Soueyf, le 26 frimaire, à la

tête de sa petite armée. Le 27, il rencontra l'avant-garde de Mourad, campée sur la rive gauche du canal Joseph, au bord dù désert, et la chassa du village de Fehn, Mourad s'enfuit vers le Nil et le remonta; il avait une marche d'avance. Desaix bivouaqua le 27 à Zafetesaïm, le 28. à Birmin, le 30 à Zagny, où il quitta les montagnes pour se rapprocher du fleuve. Il s'empara de. 4 'djernes portant l'artillerie des Mambouks. Ils se retirèrent avec précipitation vers le Sayd. De-. saix les poursuivit à grandes journées. Il coucha le 1o, nivôse, près d'Achmounin, le 4 à Syout, et arriva le 9 à Girgeh.

Il avait déjà parcouru cette contrée avec sa division, mais à cette fois, un savant, ami des arts et de l'antiquité, marchait à ses côtés : les membres de la commission des sciences affrontaient journellement, pour leurs travaux, les fatigues et les dangers de la guerre. Denon fut le. premier qui alla explorer la Haute-Égypte, cette terre si riche en monumens, si fertile en grands souvenirs, couverte de tout temps, et encore plus dans ses ruines que dans sa splendeur, des voiles du mystère.

Contrariée par les vents, les vents, la flottille, portant les vivres, les munitions et tous les approvisionnemens, n'avait mis dans ses mouvemens la même célérité que l'armée. Desaix fut donc obligé de perdre à Girgeh 20 jours d'un temps précieux.

pas

Forte de 3,000 hommes d'infanterie, 1,200 de cavalerie, $ pièces d'artillerie légère.

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En attendant, il fit reposer ses troupes, construire des fours et préparer une caserne pour 500 hommes. Les vivres y étaient à très-bas prix; le pain à un sou la livre, la douzaine d'oeufs à 2 sous, la couple de pigeons à 3, une oie de 15 livres à 12. Mais Mourad-Bey profitait de cette inaction pour susciter de toutes parts des ennemis, les Arabes de Jedda, d'Yambo, de la Nubie, et pour faire insurger les fellâh sur les derrières des Français, afin d'attaquer et de détruire leur flottille.

Le 12 nivôse, Desaix fut informé qu'un rassemblément considérable se formait près de Souaqyeh, à quelques lieues en avant de Girgeh. Il avait désiré de voir éclater promptement les projets des insurgés, afin d'avoir le temps d'en faire un vigoureux exemple, et d'être le maître dans le pays, pour y lever l'argent dont il avait besoin. Il fit partir Davoust avec sa cavalerie. Ce général rencontra, le 14, une troupe de 7 à 800 hommes à cheval et de 3,000 hommes à pied; ils furent aussitôt battus qu'attaqués, il en resta 800 sur le champ de bataille.

La cavalerie rentrait à Girgeh lorsque Desaix apprit qu'il se formait à quelques lieues de Syout un rassemblement beaucoup plus considérable et composé de paysans à pied et à cheval, venus la plupart des provinces de Minieh et de BenySoueyf. Le retard de la flottille donnait de vives inquiétudes. Desaix fit repartir Davoust pour aller à sa découverte. Arrivé, le 19, au village de Tahtah, il fut attaqué par plus de 2,000 chevaux

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