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rassemblèrent sur la place Esbekieh, au son des musiques égyptienne et française. Le cortège avait en tête les généraux Dugua et Destaing et les principaux membres des administrations. Il était composé du grand-divan, des descendans d'Aboubecker et de Fatime, des docteurs de la mosquée de Jémil - Azar, de tous les muphtis montés sur des mules, parce que le prophète montait de préférence ces animaux, des chefs des marchands du patriarche cophte et des principaux de sa nation. Venaient ensuite les odjaklys, les agas de la police de jour et de nuit, et tous les corps des janissaires; la marche était fermée par les troupes auxiliaires grecques.

Ce pompeux cortége sortit du Kaire à 5 heures du matin par la porte de Boulaq, tourna la ville par le fort Sulkowsky et se dirigea sur le faubourg de la Koubeh, où l'on aperçut l'armée de Syrie rangée en bataille. Dugua disposa dans le même ordre la garnison du Kaire. Les chefs français et égyptiens se portèrent au-devant du général en chef et le complimentèrent. Le cheyk ElBekry lui offrit en présent un jeune Mamlouk nommé Roustan ' et un magnifique cheval arabe noir, couvert d'une selle à la française avec une housse brodée en or, en perles et en pierreries. L'intendant-général 'cophte, Guerguès-Geoary, lui donna deux beaux dromadaires, richement harnachés.

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fusions du coeur. Les Français restés au Kaire et ceux qui revenaient de Syrie se mêlèrent, heureux de se revoir après une absence de plus de trois mois. Ils s'entretenaient des dangers qu'ils avaient bravés, de leurs vœux et de leurs espérances. L'Égypte était devenue pour eux une nouvelle patrie; ils ne composaient tous qu'une même famille. Après les privations et les fatigues qu'avait éprouvées l'armée de Syrie, le Kaire lui semblait un séjour de délices.

Bonaparte, à la tête du cortége, et monté sur le cheval dont on venait de lui faire présent, fit son entrée triomphante par la porte de Bab-elNasr, ou de la Victoire. Il fut accueilli par les acclamations d'un peuple immense, et accompagné jusqu'à son palais, sur la place Esbekich, où de nombreuses salves d'artillerie annoncèrent son

retour.

Le lendemain, la garnison du Kaire donna une fête brillante à l'armée de Syrie. De nombreux pelotons de prisonniers turcs furent promenés dans les divers quartiers de la ville, et tous les drapeaux conquis pendant la campagne furent suspendus aux voûtes de la mosquée de JémilAzar. Le grand-divan adressa une proclamation aux habitans de la Basse-Égypte pour leur annoncer le retour de Bonaparte au Grand-Kaire '.

« Les cheyks El-Bekry, El-Cherqaouy, El-Sadat, El-Mohdy, El-Saouy, se sont comportés aussi bien que je le pouvais désirer, écrivit le général

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Voyez cette proclamation, pièces justicatives, no. v.

en chef au Directoire. Ils prêchent tous les jours dans les mosquées pour nous. Leurs firmans font la plus grande impression dans les provinces. Ils descendent pour la plupart des premiers califes et sont dans une singulière vénération parmi le peuple '. »

Par un ordre du jour du 27 prairial, le général en chef témoigna sa satisfaction au général Dugua, pour la tranquillité qu'il avait su maintenir en Égypte pendant la campagne de Syrie ; à l'ordonnateur en chef et au commissaire des guerres Sartelon, pour le zèle et l'activité qu'ils avaient montré dans les approvisionnemens de vivres pendant la traversée du désert; aux bataillons de la 61°. et de la 88°., et au 15. régiment de dragons, pour les fatigues qu'ils avaient endurées dans la Haute - Égypte et les victoires qu'ils y avaient constamment remportées.

Il ordonna d'arrêter et de poursuivre, selon la rigueur des lois militaires, les commissaires des guerres et gardes-magasins qui avaient été chargés du service à Jaffa et à Gaza, et dont l'administration avait failli faire mourir de faim l'armée de Syrie.

On a vu que le général en chef, mécontent de la 69. demi-brigade, au dernier assaut de SaintJean-d'Acre, avait ordonné qu'elle traverserait le désert en escortant les convois et la crosse en l'air. Les officiers de ce corps réclamèrent contre cet ordre sévère; le général en chef écrivit au

'Lettre du 1er. messidor.

chef de brigade « J'ai reçu votre mémoire historique sur vos compagnies de grenadiers. Votre tort est de ne vous être pas donné les sollicitudes nécessaires pour purger ces compagnies de 15 à 20 mauvais sujets qui s'y trouvaient. Aujourd'hui, il ne faut penser qu'à organiser ce corps et le mettre en état de soutenir, aux premiers événemens, la réputation qu'il s'était acquise en Italie ».

I

« J'ai reçu les notes que vous m'avez remises écrivit-il au capitaine des grenadiers Baille de la même demi-brigade; elles me prouvent que votre compagnie n'était pas avec les deux autres au moment où je fus mécontent d'elles, ce qui m'a porté à leur défendre de porter des palmes à leur entrée au Kaire, et qu'elle venait au contraire d'être envoyée par le général Rampon à l'attaque d'un poste où elle a montré le courage, l'impétuosité et la bravoure qui doivent distinguer les grenadiers 2. >>

L'expédition maritime que Bonaparte avait ordonnée, pendant son voyage à Suez, pour occuper Qosseïr, n'avait pu être commandée par le contre-amiral Gantheaume, puisque le général en chef l'avait appelé à lui avant son départ pour la Syrie. Le lieutenant de vaisseau Collot en fut chargé. Il avait ordre de s'emparer des richesses que les Mamlouks faisaient embarquer tous les jours dans ce port; d'y créer un établissement de défense, d'y laisser une croisière, et d'écrire partout pour

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attirer le commerce. Il lui était recommandé, aussitôt après son débarquement, d'en prévenir Desaix en lui envoyant des Arabes dans la HauteÉgypte; ce général devait, de son côté, expédier d'Esné des émissaires à Qosseïr, pour être instruit de l'arrivée de Collot, correspondre avec lui, et envoyer des vivres s'il en avait besoin *.

lui

La flottille partit de Suez, le 12 pluviôse, avec un très-bon vent; elle était composée de quatre chaloupes canonnières, et portait 80 hommes de débarquement. Elle arriva devant Qosseïr le 19; mais il était trop tard. Une troupe nombreuse d'Arabes de Gedda et d'Yambo, commandée par le schérif Hassan, y avait débarqué, pour aller au secours de Mourad-Bey. Voyant la côte couverte d'une grande quantité de gens armés, Collot fit approcher ses chaloupes pour reconnaître si cette troupe était amie ou ennemie. Reçue par une vive décharge d'artillerie, la flottille répondit par une bordée de toute la sienne. Les courans et les vents portaient les bâtimens à terre; ils durent s'embosser; mais la chaloupe le Tagliamento, que montait Collot, prit feu presque aus+ sitôt et sauta en l'air. Cinquante-sept hommes pé rirent dans cette explosion. Quelques-uns, parvenus à se sauver sur le rivage, y furent massacrés. Les trois autres bâtimens coupèrent alors leurs câbles et retournèrent à Suez.

Ce revers inattendu aigrit le général en chef contre la marine; elle avait encore en ce point

Lettre de Bonaparte à Desaix, du 15 pluviôse.

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