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Bonaparte trouva à Qatieh le général Menou qui y était arrivé depuis quelques jours pour se rendre dans son gouvernement de Palestine. L'armée sẽ reposa à ce poste pendant deux jours. Accompagné de Menou et de Monge, Bonaparte alla visiter les ruines de Peluse, situées à quatre lieues sur le bord de la mer. Dans le désert, le soldat aurait à peine cédé sa place à son général pour s'approcher d'un source fangeuse; à Peluse, Bonaparte se trouva suffoqué par la chaleur. On lui céda un débris de porte où il put pendant quelques instans se mettre à l'ombre, et on lui faisait là, disait-il, une immense concession. Il alla ensuite reconnaître le fort de Tineh, et l'ancienne bouche tanitique du Nil, nommée par les Arabes Omfàreg, située à trois lieues nord-ouest de Pelase. Il ordonna des travaux pour augmenter les fortifications de Tineh, et revint à Qatieh. Il laissa une garnison de 600 hommes dans le fort et en réunit le commandement à celui d'El-Arych. Le général en chef se mit en marche avec les troupes, excepté la division Kléber qui alla s'embarquer à Tineh pour se rendre à Damiette, par le lac Menzaleh. Arrivé dans la plaine de sable, située entre le Pont-du-Trésor et Salhieh, l'armée éprouva les effets terribles du Kamsin. Ce vent empoisonné et brûlant incommoda tellement les soldats, qu'ils furent contraints de se mettre la face dans le sable, à l'exemple des chameaux jusqu'à la fin de la tempête qui dura plus de deux heures; le chirurgien en chef Larrey, fortement

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suffoqué, perdit connaissance et fut sur le point de périr. Quelques soldats, convalescens de la peste, succombèrent dans cette tourmente.

L'armée arriva à Salhieh le 20 prairial (8 juin); le général en chef prit des mesures sanitaires pour empêcher que la contagion qui avait régné dans l'armée de Syrie, ne se répandît en Égypte. Il fit soumettre à une quarantaine tous les individus attaqués de la fièvre à bubons, et ordonna aux officiers de santé de faire des visites dans les différens corps pour s'assurer de la salubrité de

l'armée '.

En rentrant sur le territoire égyptien, Bonaparte apprit avec indignation que Sidney Smith, après avoir échoué dans ses tentatives pour corrompre l'armée de Syrie, les avait renouvelées quelques jours après en Égypte. Non content d'avoir essayé par ses intrigues de séduire les troupes et de soulever les habitans, ce commodore avait ouvertement fait sommer Almeyras, commandant à Damiette, de se rendre, annonçant que le général en chef avait péri devant Acre avec son armée. Il avait écrit au commandant des troupes françaises au Kaire, accompagnant sa lettre de la proclamation de la Porte 3. Dugua avait dédaigné d'y répondre.

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Le général en chef, considérant que,

'Arrêté du 21 prairial.

dans cette

Voyez la lettre de Sidney Smith, du 25 mai (6 prairial), pièces justificatives, no. IV.

3 Voyez cette proclamation, pièces justificatives, no. III.

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circonstance, l'ennemi avait fait l'abus le plus condamnable du caractère sacré de parlementaire, ordonna que tout parlementaire qui serait porteur d'écrits, lettres ou imprimés de la nature des propositions faites au général Dugua par le commandant de l'escadre anglaise, serait arrêté, détenu pendant six heures, et renvoyé pour toute réponse avec les cheveux coupés. Il écrivit de Salhich à Dugua: «Le commandant anglais qui a sommé Damiette est un extravagant. Comme il a été toute sa vie capitaine de brûlots, il ne connaît ni les égards, ni le style que l'on doit prendre quand on est à la tête de quelques forces. L'armée combinée dont il parle a été détruite devant Acre où elle est arrivée 15 jours avant notre départ, comme je vous en ai instruit par ma lettre du 27 floréal. Je partirai d'ici demain et je serai probablement le 26 ou le 27 à Matarieh, où je désire que vous veniez à la rencontre de l'armée, avec toutes les troupes qui se trouvent au Kaire, hormis ce qui est nécessaire pour garder les forts. Vous mènerez avec vous le divan et les principaux du Kaire, et vous ferez porter les drapeaux que je vous ai envoyés, en différentes occasions, par autant de Turcs à cheval. Il faut que ce soit des odjaklys; après quoi nous rentrerons ensemble dans la ville. Quand vous serez à 100 toises devant nous, vous vous mettrez en bataille, la cavalerie au centre et l'infanterie sur les ailes; nous en ferons autant.

Il me tarde beaucoup d'être au Kaire pour pou

voir de vive voix vous témoigner ma satisfaction des services que vous avez rendus pendant mon absence».

« L'armée qui devait débarquer à Alexandrie, mandait Bonaparte à Marmont, a été détruite sous Acre. Si cependant cet extravagant commandant anglais en faisait embarquer les restes pour se présenter à Abouqyr, je ne compte pas que cela puisse faire plus de 2,000 hommes. Dans ce cas, faites en sorte de leur donner une bonne leçon. Le commandant anglais prendra toute espèce de moyens pour se mettre en communication avec la garnison. Prenez les mesures les plus sévères pour l'en empêcher. Ne recevez que trèspéu de parlementaires et très au large. Ils ne font que répandre des nouvelles ridicules pour les gens sensés et qu'il vaut tout autant que l'on ne donne pas. Surtout, quelque chose qui arrive, ne répondez pas par écrit. Vous aurez vu, par mon ordre du jour, que l'on ne doit à ce capitaine de brûlots que du mépris ". >>

On avait appris au Kaire, le 17 prairial, qu'un détachement de l'armée de Syrie, commandé par l'adjudant-général Boyer, était arrivé à Salhieh, amenant des prisonniers turcs de distinction, des blessés, et les drapeaux conquis dans la campagne. Il arriva à la Koubeh le 19 prairial. Les généraux Dugua, Destaing, le divan, l'aga des janissaires allèrent, le 24, recevoir ce corps de

'Lettre du 21 prairial (9 juin).

" Idem.

troupes qui, conduit avec pompe jusqu'à la place Esbekich, alla déposer ses prisonniers à la citadelle.

L'armée campa le 22 au Santon, le 23 à Belbeïs, y séjourna le 24, et arriva le 25 au village d'ElMerg, situé à l'extrémité du lac des pélerins, à trois lieues du Kaire. Là, le général en chef manda près de lui le citoyen Blanc, ordonnateur des lazarets, le médecin en chef, les officiers de santé des différens corps, et ordonna de passer en revue toute l'armée, depuis le général en chef jusqu'au dernier tambour, afin de s'assurer s'il n'y avait point de maladie contagieuse. Le chef de l'état-major-général, l'ordonnateur en chef, les généraux de division eurent ordre de visiter tous les effets turcs et de fabrique de Syrie; de les laisser en quarantaine au faubourg de la Koubeh, avec les hommes qui seraient atteints de la maladie, et d'obliger les soldats à laver leur linge et leurs habits dans le lac des Pélerins. Desgenettes fut chargé d'inspecter l'état-major, et, quand la visite de toute l'armée fut faite, ce médecin déclara, de concert avec l'ordonnateur Blanc et les autres officiers de santé, qu'il n'existait aucune épidémie parmi les troupes, et qu'elles pouvaient entrer au Kaire le 26 prairial.

Le général Dugua, de son côté, fit toutes ses dispositions pour fêter avec pompe l'entrée triomphale de l'armée de Syrie dans la capitale de l'Égypte. Le 26 prairial (14 juin), dès trois heures du matin, on battit la générale dans toutes les rues. Les Français et les principaux habitans se

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