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en personne. Mais après avoir sauvé la vie à ce général, à la bataille du Mont-Thabor, Bonaparte ne voulant point risquer de perdre, dans un assaut incertain, une tête qui lui était si chère, envoya dire à Kléber, de revenir près de lui. Le chef de brigade Venoux eut ordre de le remplacer. Avant de partir pour ce poste honorable, il dit au général Murat, son ami : « Si ce soir Acre n'est pas prise, sois assuré que Venoux est mort ». Il mena les troupes à la brèche. Cet assaut, où l'on fit de part et d'autre des prodiges de valeur, fut aussi infructueux que les précédens pour les Français. La nouvelle enceinte de Saint-Jean-d'Acre ne pût être forcée; mais quand les soldats rentrè rent au camp, Venoux n'était plus fidèle à sa promesse, il avait péri de la mort des bråves en combattant sur les remparts.

Dans les trois derniers assauts, les Français eurent environ 500 blessés et plus de 300 tués parmi lesquels l'adjudant-général Fouler, les of ficiers d'état-major Netherwood, Pinault, Monpatris, Gerbaud et Croisier, aide-de-camp de Bonaparte. Dans les sorties que tenta l'ennemi, et même dans les assauts, les Français firent un grand nombre de prisonniers.

les

« J'ai été parfaitement content de l'armée, écrivit Bonaparte au Directoire : dans ces événemens, et dans un genre de guerre si nouveau pour Européens, elle fait voir que le vrai courage et les talens guerriers ne s'étonnent de rien et ne se rebutent d'aucun genre de privation. Le résultat sera, nous l'espérons, une paix avantageuse, un

accroissement de gloire et de prospérité pour la République'. »

Les cadavres des soldats tués en combattant sur les murs, répandus dans les fossés et en avant de la tranchée, exhalaient une infection dangereuse. Le feu de l'ennemi ne permettant pas d'y pénétrer pour les nettoyer, Bonaparte voulut ouvrir une négociation avec Djezzar pour leur donner la sépulture et pour échanger les prisonniers faits de part et d'autre. Parmi ceux que le général en chef proposait de restituer était Abdallah - Aga, pris par les Français dans le sac de Jaffa . Il envoya dans la ville un Turc arrêté la veille comme espion; il était porteur d'une lettre de Berthier qui invitait le pacha à nommer un chargé de pouvoir pour s'aboucher sur ces objets avec un officier français. Les Turcs ne voulurent point laisser entrer le parlementaire et tirèrent sur lui; l'artillerie continua de jouer de part et d'autre. Le 24, Bonaparte envoya de nouveau son parlementaire aux Turcs; on le laissa entrer dans la ville, et on l'y retint prisonnier. Le soir, au signal d'un coup de canon, l'ennemi fit une sortie générale; mais Bonaparte qui l'avait prévue, avait ordonné au commandant de l'artillerie Dommartin de se tenir prêt à faire une vive décharge à bombes et à mitraille dès que les Turcs se réuniraient pour sortir des murs 3. Le feu des batteries fut dirigé avec

'Lettre de Bonaparte, du 22 floréal (11 mai). Lettre de Berthier à Djézzar, du 22 floréal.

3 Lettre de Bonaparte à Dommartin, du 22 floréal.

tant d'habilité, que l'ennemi fut repoussé sur-lechamp dans la place.

Dans la nuit du 25 au 26 floréal, Sidney Smith mit à la voile et s'éloigna de Saint-Jean-d'Acre. Il avait appris que le contre-amiral Perrée, en croisant devant Jaffa, s'était emparé de deux avisos anglais et de deux gros bâtimens séparés par les vents de la flotte turque, sur lesquels se trouvaient six pièces d'artillerie de campagne, une quantité considérable de harnois et de provisions de bouche, 400 hommes de troupes, l'intendant de la flotte et 150,000 francs en numéraire. Inquiet sur le sort d'une flottille qu'il avait envoyée devant le port d'Abou-Zaboura pour embarquer des Naplousains que Djezzar croyait avoir de nouveau déterminés à se soulever, le commodore anglais se dirigea sur ce point et arriva assez tôt pour dégager cette flottille à qui Perrée donnait la chasse. Les frégates françaises prirent le large et ne furent point poursuivies par les Anglais qui s'empressèrent de retourner à Saint-Jean-d'Acre.

Le 27, au point du jour, l'ennemi fit une nouvelle sortie et fut repoussé avec une grande perte derrière ses murs. A sept heures du matin, il en tenta une autre. Un corps de l'armée de Rhodes, exercé à l'européenne et armé de baïonnettes, dé boucha des places d'armes en colonnes serrées et se dirigea sur la tranchée où le général Verdier, qui y commandait, l'accueillit par une vive fusillade. Le général en chef fit replier les postes avancés, et fit jouer les batteries de campagne qui, chargées à mitraille, balayaient les rangs enne

mis, à 80 toises de distance. Le combat dura trois heures, et les Turcs perdirent près de la moitié de leur monde. Alors les Français battirent la charge dans les tranchées; l'ennemi fut poursuivi dans la ville, la baïonnette dans les reins, et on lui prit 18 drapeaux.

TROISIÈME PÉRIODE.

Situation intérieure de l'Égypte pendant la campagne de Syrie. - Bonaparte se décide à rentrer en Égypte. Tentatives de Sidney Smith pour corrompre l'armée française.-Sortie générale des assiégés. — Bonaparte lève le siége d'Acre. — Retraite de l'armée. -Son entrée triomphale au Kaire. — Expédition de Cosseïr. Ce qu'on pense en Europe de l'expédition d'Égypte.

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Bonaparte, avec un corps avec un corps de 12,000 hommes, combattait en Asie les armées de la Porte-Ottomane, et promenait ses armes triomphantes depuis les ruines de Gaza jusqu'à celles de l'ancienne Tyr, des bords de la Méditerranée aux rives du Jourdain. Desaix, après avoir vaincu Mourad-Bey et ses Mamluks dans 18 combats, et les avoir expulsés de la Haute-Égypte, posait sous la zone torride les bornes de l'empire français. Du quar¬ tier-général de Bonaparte devant Saint-Jean-d'A, cre à celui de Desaix dans le Sayd, il y avait 300 lieues ; le centre de l'armée d'Orient était réparti au Kaire et sur le Delta. Mais l'expédition de Bonaparte dans le nord et celle de Desaix dans le

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sud, avaient enlevé à l'Égypte plus de la moitié des troupes nécessaires à sa défense, et la tranquillité intérieure de cette contrée se trouva momentanément compromise.

Le général Dugua ayant appris qu'une tribu d'Africains, sortie du désert de Saharah, se dirigeait sur le Kaire, dans l'intention d'exterminer les Français, fit marcher à sa rencontre le général Lanusse qui l'atteignit le 15 ventôse (5 mars) sur les confins de la province de Gizeh, surprit son camp, tua plusieurs centaines d'hommes, et prit une grande quantité de chameaux.

A peine cette expédition était-elle terminée qu'une révolte éclata dans le village de Bordeïn, dans la province de Charqyeh. Dugua y envoya le chef de bataillon Duranteau qui prit le village le 24 ventóse (14 mars), le brûla, et passa les habitans au fil de l'épée.

Dans le mois de germinal (avril), cette province fut le théâtre d'un événement plus sérieux. Mustapha-Bey, que Bonaparte avait nommé émirhaggi, était parti avec lui du Kaire le 22 pluviôse (10 février) pour l'accompagner en Syrie; mais, arrivé à Belbeïs, il avait demandé et obtenu du général en chef la permission de rester dans le Charqyeh pour y recruter des soldats et compléter l'organisation de sa maison. Il avait déjà 300 hommes armés ; il lui en fallait environ 1,000 pour s; escorter la caravane de la Mekke. Il fut fidèle à Bonaparte jusqu'au milieu du mois de germinal; mais des émissaires de Djezzar lui ayant dit que le général en chef et son armée étaient cernés

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