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ne fût en son pouvoir, il annonçait déjà son prochain retour en Égypte *.

« Nous avons eu affaire, à la bataille du MontThabor, à près de 30,000 hommes, écrivit-il à Desaix. C'est à peu près un contre dix. Les janissaires de Damas se battent au moins aussi bien que les Mamlouks, et les Arnautes, Maugrabins, Naplousains, sont sans contredit les meilleures troupes de l'Orient. Au reste, je vois par vos lettres que nous n'avons rien à vous conter que vous n'ayez à nous répondre. Assurez les braves qui sont sous vos ordres de l'empressement que je mettrai à récompenser leurs services, et à les faire connaître à la France entière 2. »

Il écrivit à Fourier, membre de l'Institut d'Égypte et commissaire près le divan du Kaire :

« Je vous autorise à correspondre avec l'Institut national, pour lui témoigner, au nom de l'Institut d'Égypte, le désir qu'il a de recevoir promptement ses différentes commissions pour ce pays, et l'empressement que l'Institut d'Égypte mettra à y répondre.

Faites connaître au divan du Kaire les succès que nous avons eus contre nos ennemis, la protection que j'ai accordée à tous ceux qui se sont bien comportés, et les exemples sévères que j'ai faits des villes et des villages qui se sont mal conduits, entre autres celui de Djenine, habité par Ghérar, cheyk de Naplous.

Lettres du 30 germinal à Desaix, Dugua, Poussielgue.
Lettre de Bonaparte à Desaix, du 30 germinal.
TOME II. ➡ Guerre d'Égypte.

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Annoncez au divan que lorsqu'il recevra cette lettre, Acre sera pris, et que je serai en route pour me rendre au Kaire, où j'ai autant d'impatience d'arriver que l'on en a de m'y voir.

Un de mes premiers soins sera de réunir l'Institut, et de voir si nous pouvons parvenir à avancer d'un pas les connaissances humaines '. »>

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Le général en chef, instruit que plusieurs soldats vendaient la vaisselle d'argent trouvée dans les bagages pris à l'ennemi, après la bataille du Mont-Thabor, autorisa le payeur à la recevoir et à en solder la valeur au poids '.

Pour réparer les pertes que l'armée de Syrie avait faites dans les combats qu'elle avait livrés depuis son entrée en campagne, Bonaparte invita les généraux à recruter leurs corps parmi les habitans du pays, et spécialement parmi ceux de la montagne de Saffet et de Nazareth, qui avaient montré beaucoup d'attachement aux Français. Ils devaient choisir parmi les jeunes gens de 18 à

25 ans 3.

Des Turcs, faits prisonniers par les Français, lors des diverses sorties de l'ennemi, et des déserteurs, rapportèrent au général en chef qu'Achmet-Djezzar ayant tiré de ses prisons plus de 200 chrétiens, les avait fait étrangler après les avoir livrés aux supplices les plus horribles; qu'il leur avait ensuite fait couper la tête, et que, liés deux à deux et cousus dans des sacs, ils avaient été je

1 Lettre du 30 germinal.

Ordre du jour du 30 germinal.

3 Idem.

tés à la mer. En effet, quelques jours après l'assaut du 8 germinal, des soldats avaient remarqué sur le rivage une grande quantité de sacs, et, les ayant ouverts, ils y avaient trouvé des cadavres décapités.

Lorsqu'on apprit la fin déplorable du jeune Mailly et les traitemens odieux exercés sur ses frères d'armes morts à ses côtés, un cri général d'horreur avait retenti dans l'armée. Persistant dans l'usage barbare d'assouvir leur vengeance jusque sur les cadavres de leurs ennemis, les Turcs, à la vue des Français, coupèrent la tête à deux soldats tués dans la sortie du 18 germinal. Ayant fait un prisonnier, ils l'entraînèrent dans la ville et lui laissèrent la vie jusqu'à ce qu'il eût été questionné 1; mais, furieux de l'adresse qu'il mettait dans ses réponses, Djezzar l'avait fait décapiter. A cette nouvelle, Bonaparte ne put contenir son indignation, et, comme dans la sortie du 18, les colonnes de l'ennemi avaient été dirigées par des officiers anglais, il en porta des plaintes amères à Sidney Smith.

Quelques jours après, le général en chef reçut de ce commodore une lettre très-honnête dans les termes. Il le remerciait de la manière obligeante dont le commandant Lambert avait répondu dans le temps à sa demande sur le sort des Anglais faits prisonniers à Caïffa, et lui rendait compte de l'état d'un Français qu'il avait arraché des mains des Turcs, lors de la sortie du

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Rapport d'Achmet-Djezzar-Pacha à son gouvernement.

7 germinal'. Ce soldat, nommé Desbordes, couvert de blessures, condamné par là à ne pouvoir servir de longtemps, et désirant revoir sa patrie, avait demandé à Sidney Smith un sauf- conduit pour s'y rendre avec les prisonniers de sa nation 2.

Les procédés réciproques de Bonaparte et du commodore semblaient donc conformes à l'honneur et aux usages suivis entre les nations civilisées. Il paraissait hors de doute que les Anglais se conduisaient avec humanité envers les soldats français qui tombaient en leur pouvoir. Cependant, chose étrange! ces Anglais, qui contribuaient si puissamment à la défense de SaintJean-d'Acre, ne pouvaient obtenir, en retour de leurs services, que Djezzar-Pacha observât les mêmes usages qu'eux, à l'égard des Français tués ou faits prisonniers. Soil tolérance, soit impuissance de leur part, il est certain que sous leurs yeux les Turcs continuaient à se livrer à leurs excès habituels envers les prisonniers et les morts. Dans sa lettre à Bonaparte, Sidney Smith avouait du moins cette impuissance, en disant que Desbordes était le seul Français qu'il eût pu arracher de la main des Turcs 3. De plus, Sidney Smith faisait tous ses efforts pour débaucher l'armée. Dans les diverses sorties de la garnison, il avait répandu parmi les troupes des proclamations, des libelles et de fausses nouvelles d'Eu

2

Lettre de Sidney Smith, du 27 germinal.

2 Lettre de Desbordes à Sidney Smith, du 23 germinal. 3 Lettre de Sidney Smith, du 27 germinal.

rope; il faisait aux officiers et aux soldats les offres les plus séduisantes. Quelques-uns en furent ébranlés même, mais le plus grand nombre y resta sourd et les repoussa. Néanmoins, le général en chef jugea urgent de rompre avec la croisière anglaise des communications qui pouvaient produire un effet dangereux sur le moral de l'armée. Il écrivit au chef de l'état-major-général :

« Le commandant de la croisière anglaise devant Acre, ayant eu la barbarie de faire embarquer sur un bâtiment qui avait la peste les prisonniers faits sur les deux tartanes chargées de munitions qu'il a prises près de Caïffa; dans la sortie qui a eu lieu le 18, les Anglais ayant été remarqués à la tête des barbares, et le pavillon anglais ayant été au même instant arboré sur plusieurs tours de la place, la conduite féroce qu'ont tenue les assiégés en coupant la tête à deux volontaires qui avaient été tués, doit être attribuée au commandant anglais; conduite si opposée aux honneurs que l'on a rendus aux officiers et soldats anglais trouvés sur le champ de bataille, et aux soins que l'on a eu des blessés et des prisonniers.

Les Anglais étant ceux qui défendent et approvisionnent Acre, la conduite horrible de Djezzar, qui a fait étrangler et jeter à l'eau, les mains liées,, plus de 200 chrétiens, naturels du pays, parmi lesquels se trouvait le secrétaire du consul français, doit également être attribuée à cet officier, puisque, par les circonstances, le pacha se trouve entièrement sous. sa dépendance.

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