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nent, me parlent toujours de ce pont comme si les renforts de l'ennemi pouvaient venir par là, et dès lors comme s'il n'était pas détruit.

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Le Mont-Thabor est témoin de vos exploits. Sices gens-là tiennent, et que vous aycz une affaire un peu chaude, cela vous vaudra les clefs de Damas. Si, dans les mouvemens qui peuvent se présenter, vous trouvez le moyen de vous mettre entre eux et le Jourdain, il ne faudrait pas être retenu par l'idée que cela les ferait marcher sur nous. Nous nous tenons sur nos gardes. Nous serions bien vite prévenus de leur approche, et nous marcherions à leur rencontre. Alors il faudrait que vous les poursuiviez en queue assez vi

vement. »

Kléber reçut cette lettre avec un détachement de cavalerie et 4 pièces de canon dans son camp de Saffarieh, le 26 germinal. Sa division, complétéc par le corps de Junot, s'élevait tout au plus à 2,000 hommes. Conformément au plan que lui avait prescrit le général en chef, il partit sur-lechamp pour se placer entre le Jourdain et l'armée ennemie, la surprendre dans son camp, le 27, avant le jour, s'emparer de ses magasins, et la refouler sous les murs d'Acre. Il marcha pendant toute la journée et toute la nuit, et tourna le MontThabor. Égaré par ses guides, il n'arriva qu'à six heures du matin, le 27 (16 avril), en présence de l'ennemi, dans la plaine de Fouli, et ne put le surprendre. Loin de songer à l'attaquer, Kléber

' Lettre du 24 germinal.

eut tout au plus le temps de faire les dispositions nécessaires pour sa propre défense. Dans le premier moment de confusion qu'avait causé son arrivée, il s'empara d'un petit fort inaccessible à la cavalerie, le fit garder par 100 hommes, et y adossa sa division formée en deux carrés. Mais à peine avait-il rectifié ses alignemens, que déjà 4,000 cavaliers ennemis étaient rangés dans la plaine. Ils furent suivis de 3,000 autres, puis d'un troisième corps, et enfin la masse de l'armée ennemie y descendit tout entière. Jamais les Français n'avaient vu tant de cavalerie, assemblage bizarre d'hommes de toutes les nations et de toutes les couleurs, caracoler, charger, se mouvoir dans. tous les sens. Kléber recommanda à ses soldats de tenir ferme sur les devans, et de garder le terrain sans avancer ni reculer d'un pas. Il savait que le premier choc des Orientaux était seul redoutable, et que si on parvenait à le soutenir, l'ennemi, découragé par cet échec, ne donnerait plus que des charges partielles et agirait mollement pendant le reste de la journée. L'armée du pacha de Damas, formée en quatre corps, s'ébranla en poussant des cris épouvantables à la manière des barbares, et chargea les Français avec la plus grande impétuosité sur les quatre fronts. Immobiles à leur poste, ces braves opposèrent de toutes parts une trible haie de baïonnettes, contrẻ laquelle vinrent se briser les efforts des cavaliers mahométans. Accueillis à bout portant par la fusillade la plus meurtrière, ces superbes Orientaux tournèrent bride et se virent contraints de rétro

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grader. Ils donnèrent une nouvelle charge, repoussés avec autant d'intrépidité qu'à la première, ils se rabattirent avec fureur sur l'intervalle qui séparait les deux carrés, dans le dessein de les isoler l'un de l'autre ; mais ils reculèrent devant les feux de file et l'artillerie chargée à mitraille qui portaient dans leurs rangs le ravage et la mort. Kléber, sentant que le carré commandé par Junot n'était pas assez grand pour renfermer les chevaux, les caissons et les autres équipages, saisit ce moment pour réunir ses deux carrés en `un seul, malgré les efforts inouis que tenta l'ennemi pour l'en empêcher. Espérant que selon leur coutume religieuse, les Musulmans cesseraient de combattre au coucher du soleil, Kléber ordonna à ses soldats de ménager leurs munitions de manière à pouvoir prolonger le feu jusqu'à la nuit. Retranchés derrière un rempart de cadavres d'hommes et de chevaux, les Français repoussèrent avec le plus grand sang froid les charges. multipliées de leurs adversaires. Une confiance inaltérable dans leur chef et dans leur propre valeur les élevait au-dessus de tous les périls. Mais enveloppés par une armée quinze fois plus nombreuse, il était évident que cette troupe de héros, accablée par la fatigue et par le nombre, finirait par trouver, dans la plaine de Fouli, une mort glorieuse. Il était une heure après midi; on combattait avec acharnement sur tous les points. Tout à coup le bruit du canon se fit entendre dans le lointain: « C'est Bonaparte! s'écrièrent les soldats pleins d'ardeur et d'enthou

siasme; c'est lui qui vient à notre secours ! » En effet, fidèle à la promesse qu'il avait faite à son lieutenant, de marcher à la rencontre des Turcs, s'il parvenait à les tourner et à les pousser sous Acre, le général en chef en était parti le 25 germinal à midi, avec 400 chevaux, la division Bon, forte de 2,000 hommes et 8 pièces d'artillerie. Il s'était dirigé vers Nazareth, dans l'espoir d'y trouver l'armée des pachas, et était allé camper, le 26 au soir, sur les hauteurs de Saffarieh, d'où Kléber était parti le matin. Le 27, au point du jour, Bonaparte se mit en route sur les traces de la division Kléber. Arrivé sur une éminence, il découvrit la plaine de Foul et aperçut, à une distance de trois lieues, cette poignée d'hommes au pied du Mont-Thabor, luttant contre une armée innombrable. A deux lieues en arrière du champ de bataille, on distinguait le camp des Mamluks d'Ibrahim qui se tenait à l'écart au pied des montagnes de Naplous. A la vue des dangers que couraient leurs frères d'armes, les soldats de Bonaparte demandèrent à grands cris de marcher au combat pour les secourir. Il forma sa troupe en deux carrés, commandés par les généraux Vial et Rampon, leur ordonna de déborder le champ de bataille, de manière à former, avec la division Kléber, les trois angles d'un triangle équilatéral de 2,000 toises de côté, et à envelopper la masse de l'armée ennemie au centre de la figure.

'Lettre de Bonaparte au Directoire, du 22 floréal.

L'adjudant-général Leturq, avec la cavalerie, fut chargé de couvrir le village de Djenine, pour couper la retraite de l'ennemi sur ce point, et contenir les Mamlouks, s'ils faisaient mine de vouloir prendre part au combat.

Les deux corps, commandés par les généraux Vial et Rampon, s'avancèrent d'un pas rapide vers le champ de bataille, et, quand ils n'en furent plus éloignés que d'une-demi lieue, le général en chef, pour instruire Kléber de son approche, ordonna une décharge de toute son artillerie. Ce signal fut compris de tous les soldats ; la fatigue fut oubliée, et des cris de joie s'élevèrent de tous les rangs. Kléber mit à profit ce mouvement d'enthousiasme, et ordonna de redoubler le feu sur tous les points. Les règles de l'art prescrivaient à Abdallah de détacher sur-le-champ une partie de son armée pour marcher à la rencontre de Bonaparte, tandis que le reste de sa troupe aurait écrasé la division Kléber; mais frappé de stupeur, et ignorant les plus simples dispositions de la tactique militaire, il ne prit aucune mesure pour déjouer la manoeuvre du général en chef. Cependant, rassuré bientôt par la supériorité numérique de sa cavalerie, il voulut tenter un dernier effort et donna une nouvelle charge, lorsque tout à coup Bonaparte parut sur le champ de bataille. Le carré, commandé par l'intrépide général Rampon, s'avança dans la plaine, tambour battant, l'arme au bras, et attaqua les Turcs en flanc et à dos. Ceux-ci, pour lui faire face, ralentirent le combat acharné qu'ils livraient à la division Kléber. Ce

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