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Le général en chef instruisit de cette victoire l'adjudant-général Almeyras, à Damiette, et le chargea d'en faire passer la nouvelle au général Dugua. «Ne perdez pas de vue, ajoutait-il, les fortifications et les approvisionnemens du fort de Lesbeh; car, après avoir combattu en Syrie, pendant l'hiver et le printemps, il serait possible que cet été une armée de débarquement nous mît à même d'acquérir de la gloire à Damiette'. >>

Il écrivit à Marmont : « Le général Junot s'est couvert de gloire, le 19, au combat de Nazareth. Avec 500 hommes, il a battu 4,000 hommes de cavalerie, pris 5 drapeaux, tué ou blessé plus de 600 hommes; c'est une des affaires brillantes de la guerre.

Notre siége avance. Nous avons une galerie de mine qui déjà dépasse la contreescarpe, chemine sous le fossé à 30 pieds sous terre, et n'est plus qu'à 18 pieds du rempart. Il y a, dans la place, beaucoup d'Anglais et d'émigrés français ; vous sentez que nous brûlons d'y entrer. Il y a à parier que ce sera le 1. floréal. Ce siége, à défaut d'artillerie, et vu l'immense quantité de celle de l'ennemi, est une des opérations qui caractérisent le plus la constance et la bravoure de nos troupes. L'ennemi tire ses bombes avec une grande précision. Nous avons eu jusqu'à présent 60 tués et 30 blessés. Mailly, Lescale et Laugier sont morts. Le général Caffarelli, mon aide-de

1 Lettre du 22 germinal.

camp Duroc, Eugène, l'adjudant-général Valentin, les officiers du génie Samson, Say et Souhait sont blessés.

Damas n'attend que la nouvelle de la prise d'Acre pour se soumettre. Je serai dans le courant de mai de retour en Égypte. Expédiez de nos nou

velles en France.

Approvisionnez-vous, et que vos soins ne se bornent pas à Alexandrie. Songez que cela n'est rien, si le fort Julien n'est pas en état de faire une bonne résistance. Après avoir fortifié votre arrondissement, vous aurez la gloire de le défendre cet été. Je vous répète ce que je vous ai dit dans ma lettre du 21 pluviâse, de me faire faire une bonne carte de votre arrondissement, en y comprenant une partie du lac Burlos. Vous savez combien cela est nécessaire dans les opérations militaires '. »

En visitant la tranchée, le 20 germinal, le général Caffarelli avait reçu une balle au bras droit, seule partie de son corps qui fut visible pour l'ennemi. Il eut l'articulation du coude tellement fracassée, que l'amputation fut jugée néces→ saire. Il la demanda lui-même; Larrey la fit. Ce général, déjà mutilé, la supporta avec un grand courage et sans proférer un seul mot. Quoique extrêmement brave, Caffarelli ne se battait que par nécessité, Il aimait la gloire, mais encore plus les hommes; la guerre n'était pour lui qu'un moyen d'arriver à la paix 2. Il portait une sorte Lettre du 25 germinal.

'Antommarchi, tome II, page 4.

de culte à son général en chef, qui, de son côté, l'aimait beaucoup, et avait pour lui la plus grande

estime.

Le général en chef jugea que Junot, malgré l'avantage qu'il avait remporté au combat de Nazareth, ne pourrait longtemps faire face à un ennemi aussi nombreux. Il fit partir Kléber avec 1,500 hommes. Ce général se mit en marche le 20 germinal, et rejoignit Junot à Nazareth. Le fils du pacha de Damas, avec 4,000 chevaux, était resté à Loubi, et occupait le village de SeidJarra avec 600 hommes d'infanterie. Kléber marcha à sa rencontre, et se trouva en sa présence le 22 germinal. Il détacha deux bataillons pour attaquer le village qui fut enlevé à la baïonnette, niarcha au pas de charge sur la cavalerie qui cherchait à l'envelopper. On se fusilla de part et d'autre pendant une partie de la journée, et l'ennemi se retira en désordre.

Kléber, malgré ce succès, ne se sentant pas assez fort pour poursuivre l'ennemi dans sa déroute, et manquant de munitions, regagna les hauteurs de Saffarieh, et s'y retrancha pour attendre des renforts. Il apprit bientôt que le capitaine Simon, commandant de Saffet, avait été attaqué par un fort détachement ennemi; qu'il s'était retiré dans le fort avec sa troupe; que les Turcs en avait vainement tenté plusieurs fois l'escalade; qu'ils avaient ravagé le pays et brûlé la ville, et que le fort était étroitement bloqué. Des émissaires chrétiens, expédiés pour espionner les mouvemens de l'ennemi, rapportèrent à Kléber

qu'une grande armée débordait avec fracas par tous les points de la Tibériade; que ses principaux débouchés étaient les ponts de Jacoub et de Medjameh, et le lieu de ralliement Tabarich, où elle avait réuni ses magasins. Les habitans du pays disaient qu'elle était aussi nombreuse que les étoiles du ciel et les sables du désert. Kléber la fit reconnaître de nouveau; il fut instruit par des rapports exacts, qu'elle était composée des Naplousains, des janissaires de Damas et d'Alep, des Arabes des différentes tribus de la Syrie, et qu'elle s'élevait au moins à 30,000 hommes, dont plus de 20,000 cavaliers. La renommée la portait à 40 ou 50,000 hommes. Il reçut aussi la confirmation d'un bruit qui avait déjà circulé dans l'armée française. Une dissention avait éclaté entre les Mamlouks d'Ibrahim et les janissaires. Après plusieurs démêlés, où le sang avait coulé de part et d'autre, ce bey avait séparé son camp de celui du pacha de Damas, et refusait de prendre part à ses opérations.

En envoyant ces nouvelles au géneral en chef, Kléber lui annonçait son dessein de marcher à l'ennemi, et le priait de lui faire passer des renforts et des munitions pour le mettre en état d'opérer avec succès. Bonaparte fit partir Murat à la la tête de 1,000 hommes d'infanterie et d'un corps de dragons, avec ordre de se porter à marches. forcées sur le pont de Jacoub et de s'en emparer; de débloquer le fort de Saffet, et d'opérer, s'il était possible, sa jonction avec Kléber, aux ordres

duquel il se trouverait. Voulant tirer parti de la division qui régnait dans le camp ennemi, Bonaparte envoya un chargé de pouvoirs pour faire des offres à Ibrahim-Bey, et l'attirer dans son parti; mais la cavalerie ennemie qui bloquait Saffet, l'empêcha de passer. Le général en chef l'envoya près de Kléber, d'où il se trouvait plus à portée de remplir sa mission.

Les Naplousains avaient pour cheyk un homme hardi et entreprenant, nommé Ghérar. El jouissait d'un grand crédit dans la contrée; il parcourait les villages environnans, soulevait les populations contre les Français, entretenait des intelligences avec Djezzar, par l'intermédiaire des Anglais, et, à l'aide de l'or du pacha d'Acre, il recrutait des soldats pour marcher à son secours. Bonaparte manda à Kléber: « Écrivez à Ghérar qu'il a tort de se mêler d'une querelle qui le conduira à sa perte. Comment, lui qui a eu tant à se plaindre d'un homme aussi féroce que Djezzar, peut-il exposer la fortune et la vie de ses paysans pour un homme aussi peu fait pour avoir des amis? Faiteslui connaître que sous peu de jours Acre sera pris, et Djezzar puni de tous ses forfaits. Alors il regrettera, peut-être trop tard, de ne s'être pas conduit avec plus de sagesse et de politique. Si cette lettre est inutile, elle ne peut, dans aucun faire un mauvais effet,

cas,

Est-il bien sûr, ajoutait Bonaparte, que le pont de Medjameh soit détruit? Les habitans du pays, dans les différens renseignemens qu'ils me don

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