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terceptée, il lui réitéra cet ordre en lui expédiant un nouveau courrier trois jours après. Il lui demandait toutes les cartouches d'infanterie et toute l'artillerie au-dessus du calibre du 8, dont il pour rait disposer sans compromettre Damiette. « L'ar mée est abondamment pourvue de tout, ajoutaitil, et tout va fort bien. Les peuples se soumettent. Les Mutualis, les Maronites et les Druses sont avec nous. Damas n'attend plus que la nouvelle de la prise de Saint-Jean-d'Acre pour nous envoyer ses clefs; les Maugrabins, les Mamlouks et les troupes de Djezzar se sont battues entre elles; il ya eu beaucoup de sang répandu. Par les dernières nouvelles que j'ai reçues d'Europe, les rois de Sardaigne et des Deux-Siciles n'existent plus. L'empereur a désavoué la conduite du roi de Naples, la paix de Rastadt étant sur le point d'être conclue; ainsi, la paix générale n'était pas encore troublée '. »

Bonaparte expédia un bateau à l'adjudant-général Grézieux, à Jaffa, pour lui faire connaître ses besoins en artillerie et en munitions. Il lui demandait les obusiers turcs pris à Jaffa, et lui ordonnait de faire filer à Acre l'artillerie et les munitions qui arriveraient, notamment l'équipage de siége que le capitaine Stanglet avait reçu orde débarquer dans ce port 2.

Ainsi, Bonaparte ignorait encore, le 16 germinal, que son artillerie était tombée au pouvoir des Anglais; mais il apprit bientôt qu'elle était 'Lettre du 16 germinal.

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Idem.

perdue et employée à défendre contre ses attaques les tours de la ville assiégée. Alors il ne put espérer de la réduire que lorsque le second convoi, conduit par le contre-amiral Perrée, serait

arrivé.

Du reste, Grézieux ne reçut point cette lettre. Attaqué de la peste et frappé de terreur, cet officier s'était renfermé dans une chambre, d'où il ne communiquait que par un trou. Ces précautions avaient été inutiles; son moral était si affecté qu'il mourut le lendemain.

En donnant des nouvelles de l'armée à Marmont, le général en chef lui écrivait : « J'espère que vous n'aurez pas perdu un instant pour l'approvisionnement d'Alexandrie, et que vous serez en mesure pour recevoir les ennemis, s'ils se présentent de ce côté. Je compte, dans le mois prochain, être en Égypte, et avoir fini toute mon opération de Syrie'. »

Malgré leurs faibles ressources en artillerie et en munitions, les assiégeans battaient toujours en brèche. Ils parvinrent à faire sauter une partie de la contrescarpe. Le général en chef essaya de faire loger quelques grenadiers dans la grosse tour carrée; mais les assiégés l'avait tellement encombrée qu'on ne pût y parvenir. On attendit des renforts d'artillerie et de munitions, et on poussa une mine sous la tour pour la faire sauter.

Djezzar avait souvent essayé des sorties pour troubler les travaux des assiégeans; toutes avaient

• Lettre du 19 germinal.

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échoué. Le 18, à la pointe du jour, il ordonna une sortie sur trois colonnes. En tête se trouvait un détachement anglais tiré des équipages de Sidney Smith. L'ennemi s'avança sous la protection de l'artillerie des remparts servie des canonniers anglais. Les trois colonnes attaquèrent avec vigueur les premiers postes et les travaux avancés. Les détachemens qui gardaient ces ouvrages, trop inférieurs pour soutenir leur choc se replièrent; mais l'artillerie française dirigea des places d'armes et des parallèles un feu si bien nourri sur les Musulmans, que leurs premiers rangs furent renversés Les deux colonnes de droite et de gauche regagnèrent les remparts. Celle du centre s'obstina seule à marcher en avant. Elle était conduite par le capitaine anglais Thomas Asfield, et devait s'emparer de l'entrée du rameau de mine. Asfield s'avançait rapidement, à la tête de quelques soldats de sa nation. à travers une grèle de balles et de mitraille; il touchait l'entrée de la mine, lorsqu'il tomba mort aux pieds des siens. Ce fut le signal d'une déroute complète. Les soldats anglais et musulmans perdirent toute audace et rentrèrent précipitamment dans la ville, laissant le terrain couvert de leurs morts et de leurs blessés.

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On a accusé Bonaparte de s'être réjoui en voyant tomber cet officier sur le champ de bataille, et de s'être fait apporter son corps, croyant que c'était celui de Phélippeaux. Cette assertion est fausse, et ne peut être la matière d'un reproche.

On connaissait les talens, la bravoure de Phé

lippeaux, et il devenait très-important de savoir. s'il avait été tué. Le seul sentiment de Bonaparte. fut celui de la curiosité. Les soldats apportèrent d'eux-mêmes le corps du capitaine Asfield, expirant, qu'ils avaient reconnu pour être un officier. anglais. Lorsqu'il fut arrivé au quartier-général, il avait cessé de vivre. On trouva sur lui son brevet, où étaient mentionnées des actions d'éclat qu'il avait faites à la prise du cap de Bonne-Espérance. Bonaparte ordonna qu'il fût inhumé avec tous les honneurs de la guerre. Son épée, honorée par lui pendant sa vie, le fut encore après sa mort, en passant entre les mains du plus vieux grenadier de l'armée.

par

Cependant le général en chef apprit par les émissaires de Daher, et par les commandans de Saffet et de Nazareth, qu'une armée nombreuse, conduite par les pachas de Syrie et de l'AsieMineure, commandée en chef Abdallah, pacha de Damas, était en mouvement pour attaquer les Français devant Saint-Jean-d'Acre. On lui donna avis qu'une forte avant-garde, sous les ordres du fils d'Abdallah, avait passé le Jourdain sur les ponts de Jacoub et de Medjameh, et pris position en avant de Tabarieh, où elle rassemblait de grands approvisionnemens. C'était pour empêcher Bonaparte de marcher à sa rencontre, que Djezzar, informé de la marche de ses alliés, avait tenté sa sortie du 18 germinal. Il redoublait d'efforts pour occuper les Français sous les murs d'Acre, espérant que l'armée d'Abdallah viendrait les y surprendre et les détruire.

En annonçant à Bonaparte la présence de l'ennemi dans le pays environnant, Junot partit de Nazareth, et sans calculer la faiblesse de sa troupe, marcha au-devant de lui avec 400 hommes d'infanterie et 100 cavaliers. Le 19 germinal, il arriva au débouché de la vallée de Cana-surLoubi, et vit 2 ou 3,000 cavaliers caracolant dans la plaine, entre le village de Loubi et le MontThabor; c'étaient des Arabes. A neuf heures du matin, il rangea sa troupe en bataille, et au moment où il se disposait à marcher au combat, il aperçut derrière lui, venant de Loubi, un autre corps de cavalerie ennemie d'environ 2,000 hommes, Mamlouks, Osmanlis, Maugrabins, marchant au petit pas et en bon ordre. Junot jugea que l'attaque de ce corps pourrait seule être dangereuse, et fit, pour le recevoir, des changemens à ses premières dispositions. D'après les ordres de leur général, les soldats, silencieux, imunobiles, attendirent, jusqu'à portée de pistolet, l'ennemi qui s'avançait plein de confiance. Alors, accueilli tout à coup par une fusillade vive et meurtrière, il se retira à quelque distance, laissant plus de 300 hommes tués ou blessés sur le champ de bataille.

L'ennemi revint à la charge, fut reçu avec la même intrépidité, et fit sa retraite à trois heures du soir, après un grand nombre d'escarmouches et de combats singuliers où il perdit plus de 500 hommes, et dont les Français sortirent toujours vainqueurs. Ceux-ci ne perdirent que 12 hommes et eurent 40 blessés.

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