Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

écrivit-il à l'ordonnateur d'Aure. On y manque de marmites et de vases pour laver les plaies. Il ne faut les blessés que pour de l'orge et du miel pour faire la tisanne, et il n'y en a point. Ces malheureux qui ont tant de droits à notre intérêt souffrent, et cependant l'on vend journellement dans le camp de l'orge et du miel. Je vous requiers de faire acheter le plus promptement possible de l'orge, du miel et des vases qu'il est aisé de se procurer dans la montagne. Le linge et la charpie sont sur le point de manquer. Ordonnez également qu'on prenne des précautions pour cet objet. »

Le 2 germinal, l'armée entendit une vive canonnade dans la direction de Caïffa. Les Anglais, pour s'emparer des dépôts que renfermait cette ville, y tentèrent un débarquement. Le chef d'escadron Lambert, avec sa garnison de 88 hommes, les laissa tranquillement débarquer, et, quand ils furent à une portée de fusil, il démasqua un obusier et un canon de 3. Il se porta au pas de course, à la tête de cette poignée d'hommes, sur les canots des Anglais, les força à se rembarquer, monta à l'abordage, leur tua ou blessa plus de 100 hommes et les obligea à gagner le large. Une chaloupe du Tigre fut obligée de se rendre; on y fit 17 prisonniers; on y trouva 8 blessés et une caronade de 32. Les prisonniers furent employés à la manutention des vivres.

Sidney Smith réclama la bienveillance du commandant de Caïffa envers les prisonniers. Lambert lui répondit :

« L'intérêt que vous prenez aux prisonniers tombés hier en notre pouvoir, est assurément bien louable et bien mérité, tant par leur conduite que par le courage et la bravoure qu'ils ont montrés. Soyez assuré que nous avons eu pour eux tous les égards que se doivent naturellement des peuples faits pour s'estimer et s'admirer.

Le général en chef Bonaparte a demandé ce matin les prisonniers à son quartier-général; il envoya la nuit dernière son chirurgien pour panser les huit blessés qui ne le sont pas dangereusement. Ce chirurgien les a accompagnés. Nous sommes très-sensibles aux bons traitemens qu'éprouvent nos camarades lorsqu'ils tombent entre vos mains. Je ne doute pas un instant que le général en chef ne réponde à vos désirs, en vous renvoyant les prisonniers que vous demandez'. >>

Sidney Smith, s'étant momentanément absenté de la rade d'Acre, ne put recevoir cette lettre qu'à son retour, et s'empressa de répondre à Lambert pour lui témoigner sa vive reconnaissance de ses bons procédés envers les prisonniers anglais et des soins qu'on avait pris d'eux. « Je me réserve, lui écrivit-il, d'exprimer seulement au général en chef Bonaparte, combien je suis sensible à son attention personnelle à envoyer les secours de l'art à nos prisonniers blessés 2. »

Le 14 germinal, Sidney Smith envoya son lieutenant et son secrétaire pour traiter de leur échange.

[blocks in formation]

On travaillait avec la plus grande activité à perfectionner les travaux du siége de Saint-Jeand'Acre. L'artillerie des assiégeans consistait en 4 pièces de 12, approvisionnées chacune à 200 coups, et 8 obusiers. La caronade de 32 que Lambert avait prise à Caïffa fut un renfort précieux. On avait de la poudre, car le parc en avait apporté du Kaire, et on en avait trouvé à Gaza et à Jaffa; mais on manquait de boulets. On imagina une ruse ingénieuse pour s'en procurer. On faisait de temps en temps paraitre sur le bord de la mer quelques cavaliers ou des charrettes, ou bien on feignait d'y construire une redoute. Alors le commodore Sidney Smith faisait avancer ses vaisseaux le plus près possible de la côte, et faisait un feu roulant de toutes ses batteries. Les boulets ve

naient tomber jusque dans le camp, où ils tuèrent même quelques hommes. Les soldats couraient les ramasser et les apportaient au parc d'artillerie où, d'après un ordre du jour du général en chef, on les leur payait cinq sous pièce. De cette manière, on s'en procura une grande quantité du calibre de 12 et de 32.

[ocr errors]

Lorsque le chef de brigade du génie Samson revenu de sa reconnaissance nocturne, assura que l'enceinte d'Acre n'avait ni fossés ni contrescarpe, la chute de cette ville parut infaillible au général en chef et à l'armée. On espérait pouvoir, après trois jours de siége, planter l'étendard tricolore sur les tours de l'ancienne Ptolémaïs. Le 5 germinal (25 mars), on commença à battre en brèche. Le rempart s'écroula bientôt sous le feu de l'artille

[ocr errors]

rie française. L'adjudant général Laugier fut commandé pour monter à l'assaut. Il fut précédé par un corps de sapeurs escorté de 25 grenadiers, afin de déblayer le pied du rempart. Mais au moment où ils s'élançaient vers la brèche, arrêtés court par une contrescarpe de 15 pieds et un large fossé, ils rentrèrent dans la tranchée.

Le général en chef fit sur-le-champ pousser une mine pour faire sauter la contrescarpe. Le 7 germinal, les assiégés, conduits par Djezzar en personne, firent une sortie pour détruire les ouvrages commencés, et furent repoussés en désordre dans la place. Les batteries de brèche continuèrent leur feu contre la tour carrée. On fit jouer en même temps l'artillerie de campagne. Le 8 germinal, la mine sauta, et on assura que la contrescarpe était entamée. Les troupes demandèrent à grands cris l'assaut. Bonaparte se porta sur-lechamp dans la tranchée pour reconnaître l'état de la brèche. Le jeune Mailly de Châteaurenaud surnommé Minerve, adjoint aux adjudans-généraux, sollicita l'honneur d'y monter le premier. Il avait à coeur de venger les mâneș de son frère, envoyé par Bonaparte auprès d'Achmet-Djezzar', et à qui ce pacha avait fait trancher la tête. L'adjudant-commandant Laugier, avec un corps d'élite de 600 hommes, se tenait dans la place d'armes, à 100 toises des murs, prêt à se lancer sur la brèche, dès qu'on en aurait déblayé le pied. Six sapeurs y furent envoyés. Mailly, avec 25 gre

'Le 29 brumaire

nadiers, fut chargé de les soutenir. Il s'avança, l'échelle au bras, jusqu'à la contrescarpe, et reconnut que la moitié seulement avait sauté; il en restait encore 8 pieds. Néanmoins il descendit dans le fossé, et jugea plus facile de monter à la brèche que d'attendre que le pied en fût déblayé. On dit qu'en voyant ce jeune officier dresser son échelle contre le rempart la terreur s'empara des Turcs, et qu'un grand nombre s'enfuit précipitamment vers le port; on dit même que Djezzar se sauva sur ses vaisseaux. Mailly fut blessé au pied et renversé dans le fossé. Alors les assiégés reprirent courage, se rallièrent sur la tour carrée, et firent pleuvoir sur les assaillans des torrens de matières enflammées. Les grenadiers, après des efforts inouis, pénétrèrent dans la tour, et, ne trouvant aucune issue pour entrer dans la ville, ils revinrent sur leurs pas et rentrèrent dans le fossé; mais, ayant vu tomber leur chef, en butte eux-mêmes à une fusillade meurtrière, ils remontèrent la contrescarpe.

Les adjudans-généraux Lescale et Laugier, accourus au pas de course pour pour les soutenir, y ar

rivèrent en ce moment avec deux bataillons. Les grenadiers leur annoncèrent que Mailly était mort et que la brèche était impraticable. Cependant, on tenta de nouveau l'assaut. Une partie des troupes descendit dans le fossé; Lescale et Laugier y trouvèrent la mort. Les soldats qui étaient restés sur la contrescarpe, exposés au feu des remparts, n'ayant pas le moyen de descendre pour soutenir leurs frères, illèrent se mettre à l'abri dans la

« ZurückWeiter »