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plus tôt possible, ou que vous envoyiez quelqu'un pour me voir ici devant Acre, afin de prendre tous les arrangemens nécessaires pour nous délivrer de nos ennemis communs. Vous pourrez faire proclamer dans tous les villages de la nation druse que ceux qui viendront apporter des vivres au camp, et surtout du vin et de l'eau-de-vie, seront exactement payés1». Mustapha-Bekir vint trouver Bonaparte qui le revêtit d'une pelisse, lui donna le commandement du fort de Saffet et du pont de Jacoup, sur le Jourdain, et lui recommanda de repousser avec courage tous ceux qui prétendraient entrer dans le pachalic d'Acre avec des vues hostiles contre les Français 2.

Les Druses et les habitans de la Tibériade paraissaient faire des voeux pour le succès des armes françaises; ils donnaient des renseignemens sur ce qui se passait derrière les montagnes, et dans l'intérieur de la Syrie. C'est ainsi que Bonaparte apprit que le pacha de Damas, nommé au commandement d'une nouvelle armée, réunis. sait ses forces derrière le lac de Tabarieh et aux sources du Jourdain et de l'Oronte, appelant à son secours les pachas de l'Asie-Mineure.

Le général en chef envoya des protestations pacifiques au mollah de Damas, Mourad-Radeh, avec lequel il avait fait connaissance au Kaire. « J'ai traversé le désert pour repousser les aggressions de Djezzar, lui écrivait-il. Dieu qui a décidé que

'Lettre du 28 ventôse.

Lettre du 1. germinal.

le règne des tyrans, tant en Égypte qu'en Syrie, devait être terminé, m'a donné la victoire. Je me suis emparé de Gaza, Jaffa et Caïffa, et je suis devant Acre qui, d'ici à peu de jours, sera en mon pouvoir. » Il le priait de faire connaître aux cheyks et aux agas des janissaires de Damas que, loin de porter atteinte à la religion des musulmans il accorderait sa protection à la caravane de la Mekke, et d'engager les habitans de Damas à se conduire, dans ces circonstances, avec la même prudence et la même sagesse que ceux du Kaire 1.

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La prise de Jaffa avait donné une grande confiance à l'armée française; elle se flattait que le siége d'Acre ne serait pas plus long, et qu'il se terminerait d'une manière aussi heureuse. Cependant il y avait une nombreuse garnison dans cette place; sa situation, dans une presqu'île, permettait aux assiégés de réunir tous leurs moyens de défense sur le seul front d'attaque. Mais elle tirait sa principale force de deux hommes, ennemis acharnés de Bonaparte, Sidney Smith et Phélippeaux.

Sidney Smith avait été arrêté au Havre, comme espion, conduit à Paris et emprisonné au Temple. Il en avait été tiré, le 5 floréal an vi, sur un faux ordre du ministre de la police, par Phélippeaux, officier d'artillerie, émigré et vendéen. Dès lors ils ne s'étaient plus quittés. Sidney Smith ayant été nommé par son gouvernement au commande

• Lettre du 7 germinal.

à

ment des forces navales anglaises dans le Levant, son ami l'y avait suivi avec le grade de colonel qu'il avait reçu de l'Angleterre. Phélippeaux et Milier, capitaine du Theseus, travaillèrent avec une grande activité à mettre la place en état de défense. La présence des vaisseaux anglais dont Djezzar n'avait désiré l'arrivée que pour évacuer Acre avec ses femmes et ses trésors, l'encouragea y rester. Tout y prit dès lors un nouvel aspect. La défense allait être dirigée d'après les mêmes principes et les mêmes moyens que l'attaque tandis que la croisière anglaise fournirait aux besoin des assiégés, inquiéterait les assiégeans, et intercepterait leurs communications par mer. Déjà elle avait pris la flottille de Stanglet qui portait l'artillerie de siége destinée à faire tomber les murs de Saint-Jean-d'Acre. Cette capture eut une grande influence sur le sort de cette place. Les pièces et les munitions françaises furent sur-le-champ débarquées et réparties dans les différens postes de la ville. Les bâtimens de transport furent armés et envoyés en croisières devant les côtes de la Palestine, pour intercepter les convois de l'armée. C'étaient des Européens qui venaient combattre dans une place de l'Asie, pour se disputer une partie de l'Afrique, et ceux qui dirigeaient les efforts opposés étaient de la même nation, à peu près du même âge, de la même école et de la même arme; Phélippeaux avait étudié avec Bonaparte.

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Le général en chef ne pouvait pas connaître encore tous les obstacles qu'il aurait à surmonter.

Il ignorait la perte de son artillerie de siége, et arrivait devant Saint-Jean-d'Acre, plein de confiance dans le succès du siége qu'il allait entreprendre. Accompagné des généraux Dommartin et Caffarelli, il fit, le 29 ventôse, une reconnaissance plus exacte de la place. On résolut d'attaquer le front de l'angle saillant à l'extrémité la plus orientale de la ville. Le chef de brigade du génie, Samson, fut chargé de reconnaître, pendant la nuit, la contrescarpe. Il eut la main traversée par une balle; il n'en continua pas moins sa mission. Mais, obligé de marcher sur les pieds et les mains, la gêne de cette posture et l'obscurité ne lui permirent pas de reconnaître avec exactitude les fortifications. Il parvint à toucher le pied d'un mur qu'il crut être celui de la ville, et revint au camp, persuadé qu'elle n'avait ni fossés ni contrescarpe. Cette fausse indication compromit l'armée.

Le 30 ventôse, on ouvrit la tranchée à environ 150 toises de la place, en profitant des jardins, d'un aqueduc qui traversait le glacis, et des fossés de l'ancienne Ptolémaïs. On travailla aux batteries de brèche et aux contre-batteries. Caffarelli-Dufalga, pressé par l'impatience de Bonaparte, communiquait aux travailleurs le feu et l'activité de son caractère. Cet excès de zèle devint même funeste aux assiégeans; car les chemins couverts ne furent point perfectionnés, et les soldats de tranchée étaient obligés de marcher courbés pour n'être pas vus des assiégés.

L'armée n'avait vécu que de biscuit et n'avait point eu de pain depuis son départ du Kaire; les

TOME II. Guerre d'Égypte.

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provisions trouvées dans les magasins de Caïffa et dans le village de Chefamer, et celles qu'apportèrent les habitans suffirent à sa subsistance. Les moulins de Tanous et de Kerdanneh furent enployés à moudre lè blé qui venait de Caïffa. Un grand établissement de boulangerie fut fait au camp, près de la tente du général en chef. On s'occupa des hôpitaux; la principale ambulance fut établie dans les étables de Djezzar, seul local existant aux environs d'Acre. Les blessés et les malades y étaient fort mal; on manquait de fournitures et de médicamens.

Il se présenta une situation très-favorable pour un hôpital, le beau village de Chefamer, sur une hauteur bien exposée, entourée et couverte de végétation, avec de bonnes eaux, à trois lieues sud de Saint-Jean-d'Acre; là sont les sources de la Kerdanneh. Il y avait un vaste palais, bâti par le cheyk Omar-Daher, réunissant à la hardiesse et au grandiose, qui constituent l'architecture arabe, la solidité d'une forteresse. Cet édifice pouvait réunir 600 malades. Le général en chef ordonna qu'il y fût établi deux hôpitaux, un pour les fiévreux et l'autre pour les blessés. Un com. missaire des guerres, le médecin et le chirurgien en chef et le directeur des hôpitaux furent chargés de les organiser, et un bataillon y fut envoyé en garnison. On établit ensuite un nouvel hôpital dans un couvent situé sur le sommet du MontCarmel, et un troisième d'évacuation fut placé à Caïffa. Le général en chef en surveillait lui-même la tenue. « Je viens de faire la visite de l'hôpital,

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