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nemis pour y réunir des forces. Déjà même le bruit courait qu'il s'y formait des rassemblemens. Le général en chef, pour les prévenir, envoya à Naplous des paroles de paix et des menaces, dans les mêmes termes que celles qu'il avait adressées aux cheyks de Jérusalem.

Kléber écrivait de Miski à Bonaparte, pour l'instruire de sa situation et du dessein où il était de marcher contre les Naplousains, lorsqu'il reçut une lettre du général en chef, qui lui annonçait la prise de Jaffa et le sort de la garnison, le chargeait de faire parvenir sa proclamation aux cheyks de Naplous, et lui recommandait de bien accueillir les envoyés de Djezzar, s'il s'en présentait à ses avant-postes

« Vous avez fait, lui répondit Kléber, une forte brèche aux remparts d'Acre, par la manière brillante dont vous venez d'emporter la place de Jaffa; recevez-en mes félicitations sincères *. »

Bonaparte instruisit ses lieutenans en Égypte, de la prise de Jaffa et de la conquête de la Palestine. Il écrivit à Marmont et à Poussielgue d'envoyer à Jaffa des bâtimens chargés de blé et de riz qui seraient frétés, en échange avec du savon et de l'huile dont manquait l'Égypte; d'activer, autant que possible, le commerce de Damiette et

'Lettre du 19 ventôse.

• On voit par cette lettre de Kléber, qui n'était pas au siége de Jaffa, le cas qu'il faut faire de l'assertion de Robert Wilson que ce général s'opposa de la manière la plus énergique à ce que les prisonniers fussent passés par les armes.

de Rosette avec la Syrie, et d'assurer les négoçians, que loin d'essuyer des avanies, ils seraient protégés. Il leur envoya la proclamation en arabe qu'il avait adressée aux habitans de la Palestine, pour la faire imprimer à Alexandrie ou au Kaire, et la répandre dans le Levant et la Barbarie '.

Bonaparte, craignant que l'équipage de siége que devait lui apporter la flottille du capitaine Stanglet ne fût pris par les Anglais, dans la traversée, jugea convenable d'en demander un autre. Il écrivit au contre-amiral Gantheaume d'ordonner au contre-amiral Perrée de former une escadre avec les trois frégates la Junon, l'Alceste et la Courageuse, et deux bons briks, tels que le Salamine et l'Alerte; d'embarquer sur chacune de ses frégates une pièce de 24, un mortier, approvisionnés de 300 coups, et une forge à rougir les boulets; de sortir d'Alexandrie, s'il pou vait le faire sans être vu des Anglais, de se rendre à Jaffa pour y prendre de nouveaux ordres. En même temps, le général en chef, instruit que l'on n'avait encore rien fait pour réparer le fort d'El-Arich, écrivit à Caffarelli de donner promptement des ordres pour le mettre en état. « Vous sentez, lui mandait-il, qu'il peut arriver des événemens tels qu'El-Arich devienne notre tête de ligne, laquelle, pouvant tenir quinze jours ou un mois, donnerait des résultats incalculables 3. »

3

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Le général en chef pourvut à l'organisation civile et militaire du pays; il nomma Menou commandant de la Palestine, et écrivit à Dugua d'envoyer à ce général, à Rosette, l'ordre de se rendre à Jaffa '.

Cette place était naturellement le port et l'entrepôt de tout ce qu'on devait recevoir de Damiette et d'Alexandrie, et pouvait être exposée à des descentes, soit de la part des Turcs de Rhodes, soit de la part des Anglais. En attendant l'arrivée de Menou, le général en chef donna, à l'adjudant-général Grézieux, le commandement des provinces de Jaffa et Ramleh; lui recommanda de s'occuper, avant tout, de faire réparer les brèches, de placer du canon sur les tours; de veiller sur les hôpitaux, dont le service devait être fait par des chrétiens, des Grecs et des Arméniens; de former un divan de sept individus chrétiens et mahométans; de seconder toutes les opérations de Gloutier, tendant à établir les finances et à procurer de l'argent à la caisse; d'envoyer des proclamations dans les villages; d'encourager de tout son possible le commerce de la Syrie avec l'Égypte ; de veiller à ce que les magasins de l'armée ne fussent point gaspillés, et de faire parvenir , par toutes les occasions qui partiraient pour l'Égypte, des nouvelles de l'armée à l'adjudantgénéral Almeyras, à Damiette, et au général Dugua, au Kaire 2.

'Lettre à Dugua, du 21 ventôse.
'Lettre à Grézieux, du 23 ventûse.

Le 24 ventôse, les divisions Bon et Lannes et le quartier-général sortirent de Jaffa, et se mirent en mouvement sur la route d'Acre. Ce même jour, Kléber, avant de quitter la position qu'il occupait à Miski, fit pousser, ainsi qu'il l'avait annoncé au général en chef, une forte reconnaissance à sa droite, vers les montagnes de Naplous; mais à peine les troupes furent-elles engagées dans les défilés, qu'elles furent assaillies par les Naplousains embusqués derrière leurs rochers. Le général Damas, qui commandait l'expédition, fut blessé, et ramenait son détachement au camp de Miski, au moment où le général en chef y arrivait avec les divisions Bon et Lannes.

Le 25, l'armée, renforcée de la division Kléber, se mit en marche sur Zeta. A dix heures, elle aperçut, au-delà du village de Qaqoun, l'armée ennemie appuyée à des hauteurs sur le flanc des Français. La droite, forte de 10,000 hommes, était composée de Naplousains; Abdallah, à la tête de 2,000 chevaux, tenait la droite. L'intention de ce pacha était de refuser la bataille et de céder le terrain aux Français, afin de retarder leur marche sur Acre et de les attirer dans les montagnes de Naplous.

Le général Kléber forma sa division en carré et se porta sur la cavalerie d'Abdallah qui ́chercha, en rétrogradant, à éviter le combat. Le général Murat déploya sa cavalerie au centre, et Lannes eut ordre de tourner la droite, de lui couper la route de Naplous, afin de contraindre

l'ennemi à se retirer sous Acre ou sous Damas. Le général en chef recommanda à Lannes de ne point trop s'engager dans les montagnes; mais emportée par son ardeur, sa division y suivit imprudemment l'ennemi dans sa retraite, et fit deux lieues sur un sol inégal, à travers des rochers d'un difficile accès. Alors les Turs reprirent l'offensive, attaquèrent audacieusement les Français, les forcèrent de rétrograder, et les poursuivirent vivement jusqu'au débouché des montagnes. Pendant ce temps là, Kléber, qui serrait de près la cavalerie, l'avait rejetée sur la route d'Acre. Elle fit deux journées de marche en quatre heures de temps, et arriva le même jour dans cette ville, où elle répandit la consternation et l'effroi. Le pacha de Damas, après s'être abouché avec Djezzar, regagna précipitamment sa résidence. Ce combat coûta aux Turcs environ 400 hommes; les Français en perdirent une quinzaine et eurent 30 blessés.

Le 25 au soir, l'armée alla camper à la tour de Zeta, à une lieue de Qaqoun. Le 26, elle s'établit à Nabatha, au débouché des gorges du MontCarmel, sur la plaine d'Acre.

Le Mont-Carmel est un promontoire escarpé qui couvre la partie méridionale du golfe qui porte son nom, à trois lieues de Saint-Jean-d'Acre. Ce mont domine toute la côte, et les marins vont le reconnaître quand ils abordent en Syrie. A son pied, est située la ville de Caïffa, peuplée d'environ 3,000 ames. Elle a un petit port, une en

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