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abondance, qu'on estimait la provision suffisante pour deux ans. On profita de leur présence dans le canal pour approvisionner de blés la place, et pour transporter à Gizeh les équipages d'artil

lerie '.

Le cheyk El-Messiri, à qui Bonaparte avait déjà témoigné sa satisfaction de ce qu'il avait révélé à Kléber une intrigue des Anglais pour se faire livrer Alexandrie, était retourné dans cette ville après avoir assisté au grand divan extraordinaire convoqué au Kaire; le général en chef lui écrivit « J'ai vu avec plaisir votre arrivée à Alexandrie, cela contribuera à y maintenir la tranquillité et le bon ordre. Il serait essentiel que vous et les notables de cette ville prissiez des moyens pour détruire les Arabes, ou les forcer à vivre d'une manière plus conforme à la vertu. Je vous prie aussi de faire veiller les malintentionnés qui débarquent à deux ou trois lieues d'Alexandrie, se glissent dans la ville, et y répandent de faux bruits qui ne tendent qu'à troubler la tranquillité. Sous peu, je ferai travailler au canal d'Alexandrie, et j'espère qu'avant six mois l'eau y viendra en tout temps. Quant à la mer, persuadez-vous bien qu'elle ne sera pas longtemps à la disposition de nos ennemis. Alexandrie réacquerra son ancienne splendeur, et deviendra le centre du commerce de tout l'Orient; mais vous savez qu'il faut quelque temps. Dieu même n'a pas fait le monde en un seul jour ? ».

'Lettre de Bonaparte au Directoire, du 26 brumaire.

Lettre du 3 frimaire. ▸

Rendre le canal d'Alexandrie propre en tout temps à y conduire l'eau du Nil et à la navigation, était un des grands travaux que, dans les premiers mois de sa conquête, au témoignage de l'ingénieur Lepère, Bonaparte avait projeté 1.

Ignorant toujours la situation dans laquelle la France se trouvait vis-à-vis de la Porte, et ne recevant aucune réponse de Constantinople, Bonaparte apprit qu'une flottille turque était avec la croisière anglaise devant Alexandrie et résolut de leur envoyer à l'une et à l'autre des parlementaires pour avoir des nouvelles et entamer quelque négociation.

Bracewich, chancelier interprète de France, habillé en musulman, et le Turc Ibrahim-Aga devaient s'embarquer avec pavillon turc sur le canot de la caravelle qui était dans le port, etaborder l'amiral turc. Un officier de terre, sur un canot portant pavillon tricolore, devait se rendre à bord de l'amiral anglais. Il fallait que ce canot fût commandé par un officier intelligent qui pût tout observer sans se mêler de rien.

Le parlementaire turc était chargé de prendre tous les renseignemens possibles sur la situation de la France avec la Porte, et sur celles de l'ambassadeur français à Constantinople et de l'ambassadeur ottoman à Paris; de faire connaître à l'officier commandant la flottille turque le désir qu'avait le général en chef qu'il envoyât au Kaire

'Le pacha d'Égypte, Mehemet-Aly, a réalisé ce projet. Le canal a été fait; 300,000 Égyptiens y ont travaillé; 40,000 y sont

morts.

un officier distingué pour conférer avec lui d'objets importans; que si les Anglais ne le laissaient pas entrer à Alexandrie ni à Rosette, il pouvait envoyer une frégate à Damiette; que le général en chef en profiterait pour écrire à Constantinople des choses également avantageuses aux deux puissances.

La mission du parlementaire français était de porter à l'amiral anglais une lettre du général commandant à Alexandrie, dans laquelle il lui dirait qu'il s'était empressé d'envoyer au Kaire la lettre qu'il en avait reçue le 19 octobre; que la caravelle qui était dans le port était à la disposition du pacha d'Égypte et suivrait ses ordres; que ce pacha ayant jugé devoir, avant de les donner, envoyer un de ses officiers à bord de l'amiral turc, lui, commandant d'Alexandrie, avait autorisé la sortie du parlementaire sur le canot de la caravelle.

Il était ordonné à ce commandant d'avoir soin qu'aucun individu de ce bâtiment ne s'embarquât sur le canot, excepté les matelots rameurs; de prescrire à l'officier de terre parlementaire de se conduire à bord de l'amiral anglais avec la plus grande honnêteté, de lui remettre, comme par hasard, quelques journaux d'Égypte, de chercher à tirer toutes les nouvelles possibles du continent, de lui offrir de la part du général en chef tous les rafraîchissemens dont il pourrait avoir besoin '.

Il paraît que Marmont, Marmont, dans ce moment, commandait temporairement à Alexandrie; il choisit

'Lettres de Bonaparte à Bracewich et au général commandant à Alexandrie, du 9 brumaire an VII.

TOME II. -GUERRE D'Égypte.

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pour parlementaire français l'adjudant-commandant Fouler', et Martin, officier de l'Alceste, pour commander le canot.

Le 15 brumaire, les canots sortirent du PortVieux et allèrent à bord du vaisseau anglais le Swiftshure, qui croisait devant la ville et les envoya au vaisseau le Zealous, monté par le commodore Hood, près d'Abouqyr.

Les parlementaires furent reçus avec tous les égards imaginables. Fouler fit les offres de rafraîchissemens; les Anglais y parurent sensibles mais ne les acceptèrent pas. La conversation s'engagea; le commodore Hood parla constamment à Fouler avec beaucoup de modération, de retenue, d'égards et d'estime, pour la nation, pour l'armée et celui qui la commandait; il donna la nouvelle d'une insurrection arrivée à Malte, où tout était rentré dans l'ordre après quelque effusion de sang. Il dit ensuite que la Porte avait déclaré guerre à la France; qu'une escadre de onze caravelles, suivie d'un convoi, était, dans ce moment, sortie des Dardanelles, et une escadre russe, forte de seize bâtimens, devant Corfou.

la

Il avait à son bord une très-grande quantité de lettres appartenant aux officiers de l'armée; il offrit de les rendre, si on le désirait, et, de luimême, il promit d'envoyer toutes celles qui viendraient dorénavant à l'adresse du général en chef et à celle des officiers généraux, et qui seraient étrangères au gouvernement; il ajouta qu'il at

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Ancien officier d'artillerie, de la plus grande distinction, tué devant Acre.

tendait sous peu de jours des gazettes, et que, lorsqu'il les aurait lues, il les ferait passer par le premier parlementaire.

Bracewich et Ibrahim-Aga trouvèrent le commandant turc à bord de l'amiral anglais, où il était toujours ; c'était Hassan-Bey de Rhodes, vieillard très-âgé, sans esprit et sans moyens, et qui, probablement, était le jouet des Anglais.

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Les caravelles et les deux frégates turques, qui étaient à Abouqyr, venaient de Rhodes, et n'avaient point reçu d'ordres de Constantinople. Les petits bâtimens paraissaient être, pour la plupart, des vaisseaux marchands que l'on avait rasés et armés en guerre."

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Bracewich reconnut à bord l'interprète Pisani, drogman du commodore Hood, qui lui raconta qu'à la prise de possession de l'Égypte par les Français, il y avait eu un mouvement à Constantinople, et qu'après une assemblée des grands de l'empire, on avait déclaré, le 10 septembre, la guerre à la France; qué le chargé d'affaires Ruffin avait été mis au château des Sept-Tours; que les Français avaient été renfermés au palais de la République, et leurs biens séquestrés ; que le capitan-pacha, le grand-visir et le reis-effendi, comme amis des Français, avaient été déposés ; que Passwan-Oglou avait fait sa paix, etc., etc.›

Bracewich et Ibrahim-Aga n'osèrent pas faire au commandant ture, à bord de l'amiral anglais, la proposition dont ils étaient chargés; ce commandant ne leur inspira aucune confiance. Le but principal de la mission fut donc manqué. Cepen

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