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qui le nommait pacha d'Égypte, il le recevrait avec les honneurs dus à son rang, et qu'étant officier de la Sublime-Porte, il n'avait rien de commun avec un tyran tel qu'Ibrahim, à la fois ennemi de la République Française et du grandseigneur. En même temps, Bonaparte faisait observer à Kléber qu'il était indispensable que chaque soldat portât sur lui pour trois jours de vivres, et qu'il fût accompagné d'un convoi qui assurât sa subsistance pendant 12 jours '.

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Les autres divisions se mirent successivement en marche. Celle du général Bon était à Salhieh et devait appuyer les opérations de Kléber, si des événemens pressans lui rendaient un secours nécessaire 2.

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Bonaparte, qui avait annoncé son départ à Kléber pour le 17, le retarda à cause de l'arrivée des citoyens Hamelin et Livron, négocians français, qui avaient apporté des nouvelles d'Europe. Il reçut en même temps un exprès d'Alexandrie, qui lui annonçait que, le 15, la croisière anglaise, renforcée de quelques bâtimens, bombardait le port et la ville. Il jugea aussitôt que ce bombardement ne pouvait avoir d'autre but que de détourner l'armée de l'expédition de Syrie, dont le mouvement commencé avait déjà alarmé les Anglais et le pacha d'Acre. Il laissa donc les Anglais continuer leur attaque, .qui n'eut d'autre effet que de couler bas quelques bâtimens de transport.

'Lettre du 12 pluviôse.

Lettre de Bonaparte à Kléber, du 17 pluviôse.

TOME II.

GUEERE D'ÉGYPTE.

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L'administrateur-général des finances, Poussielgue, devait rester au Kaire pendant la campagne de Syrie. Le général en chef lui écrivit, le 20 pluviôse, d'activer et de presser, de tous ses moyens, le recouvrement des contributions arriérées dans le Garbyeh, le Menoufyeh, la province de Gizeh, celles de Damiette et de Charqyeh, pour réunir au Kaire le plus d'argent possible, et de là le faire passer à l'armée, afin de subvenir aux dépenses extraordinaires de l'expédition.

Le 22 pluviôse, il écrivit à Desaix: « Les divisions Kléber et Reynier sont à El-Arych. Je pars à l'instant même pour m'y rendre. Mon projet est de pousser Ibrahim-Bey au-delà des confins de l'Égypte, et de dissiper les rassemblemens du pacha qui se font à Gaza. Écrivez-moi par le Kaire, en m'envoyant des Arabes droit à ElArych. >>

Bonaparte fit connaître au Directoire l'objet du mouvement qu'il faisait sur la Syrie, lui annonça que les Anglais avaient obtenu, pour DjezzarPacha, le pachalic de Damas, outre celui d'Acre; qu'Ibrahim - Bey, Abdallah et d'autres pachas étaient réunis à Gaza, menaçant l'Égypte d'une invasion. « Je pars dans une heure pour aller les trouver, écrivit-il. Il faut passer neuf jours d'un désert sans eau ni herbes. J'ai réuni une quantité assez considérable de chameaux; j'espère ne manquer de rien. Quand vous lirez cette lettre, il serait possible que je fusse sur les ruines de la ville de Salomon.

CHAP. XI. Djezzar-Pacha est un vieillard de soixante et dix ans, homme féroce, qui a une haine démesurée contre les Français; il a répondu avec dédain aux ouvertures amicales que je lui ai fait faire plusieurs fois. J'ai, dans l'opération que j'entreprends, trois buts :

1o. Assurer la conquête de l'Égypte en construisant une place forte au-delà du désert, et dès lors éloigner tellement de ce pays les armées de quelque nation que ce soit, qu'elles ne puissent rien combiner avec une armée européenne qui viendrait sur les côtes;

2. Obliger la Porte à s'expliquer, et par-là appuyer la négociation que vous avez sans doute entamée, et l'envoi que je fais à Constantinople du citoyen Beauchamp sur la caravelle turque;

3o. Enfin, ôter à la croisière anglaise les subsistances qu'elle tire de Syrie, en employant les deux mois d'hiver qui me restent, à me rendre, par la guerre et la diplomatie, toute cette côte

amie 1. >>

Après avoir donné ses instructions à ses lieutenans, prescrit les mesures nécessaires pour assurer la tranquillité de l'Égypte pendant son absence, et mettre à l'abri des attaques extérieures, et fait défiler sur le désert les colonnes de l'armée expéditionnaire, Bonaparte partit du Kaire, le 22 pluviôse (10 février 1799), avec la division Lannes, pour aller se mettre à leur tête. Il était accompagné du payeur-général Estève, de

• Lettre du 22 pluviôse ( 10 février).

Desgenettes, Larrey, Monge, du commissaire ordonnateur d'Aure, de l'émir-haggy, des quatre cheyks des principales sectes, et enfin du mollah, l'homme le plus révéré de l'empire musulman après le muphty de Constantinople. Il arriva à Belbeïs au milieu de la nuit.

Le lendemain, il informa Kléber de la marche des divisions Bon et Lannes, de l'arrivée du parc d'artillerie à Salhieh, et des mesures qu'il avait prises pour réunir les approvisionnemens nécessaires au passage du désert '. C'était là l'objet de toutes ses sollicitudes. On avait rassemblé plus de 8,000 ânes pour les transports; ils rendirent les plus grands services. Plusieurs convois de chameaux, portant des vivres, étaient en route pour Qatieh. Le général en chef écrivit au général Bon de donner des ordres pour les faire décharger dès leur arrivée; de les renvoyer à Tineh pour y prendre de nouvelles munitions venant de Damiette, et de les faire filer promptement sur ElArych '.

Le 23, Bonaparte partit de Belbeïs et coucha à Kâraïm, le 24 à Salhieh, le 25 au Pont-du-Trésor, et arriva le 26 à Qatieh. Il écrivit de ce lieu au contre-amiral Gantheaume de se rendre le 27 à Tineh et à la bouche d'Om-Fâreg; de faire partir de Damiette le capitaine de frégate Stanglet avec sa flottille chargée de vivres pour El-Arych; d'activer la navigation du lac Menzaleh, et de se rendre lui-même au quartier-général, par QaLettre du 23 pluviose, de Belbeïs.

⚫ Idem.

tieh, dès que sa présence ne serait plus nécessaire dans la province de Damiette 1.

Il écrivit le même jour à Kléber, pour lui annoncer l'arrivée de plusieurs convois. Le 27, il ordonna à l'adjudant-général Grézieux de partir pour Tineh avec des chameaux destinés à transporter des vivres à El-Arych. Il écrivait en même temps à l'ordonnateur en chef d'installer le commissaire Sartelon à Qatiel, pour faire filer sur El-Arych tous les objets de subsistance qui s'y trouveraient; de tirer le plus de son qu'il pourrait de Damiette, Menouf et Mehalleh-Kebir; de faire venir de Salhieh, Belbeïs et du Kaire, des convois de biscuit, orge, fèves, son et riz, et de diriger le tout sur Qatieh 3.

Enlever 12,000 hommes à l'Égypte, pour les porter en Syrie, c'était un peu compromettre la tranquillité d'une vaste contrée, dont la soumission exigeait une force imposante, et que les ennemis de la France cherchaient à soulever par tous les moyens. On pouvait craindre surtout qu'ils ne profitassent de l'absence du général en chef, car sa présence seule valait une armée. La promptitude de son coup-d'oeil prévoyait tout; la force de sa volonté maintenait l'ordre et triomphait de tous les obstacles. Sa grande renommée imposait au peuple, commandait au soldat le dévouement et le rendait invincible. A peine Bonaparte se fut-il enfoncé dans le désert, à peine son

'Lettre du 26 pluviôse.

'Lettre à l'adjudant-général Grézieux, du 27 pluviôse. Lettre à l'ordonnateur en chef, du 27 pluviôse.

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