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sieurs centaines de chameaux; les Houahytáh · et les Haydeh étaient au contraire en guerre. On les avait poursuivis jusqu'au fond du désert; on avait brûlé leurs tentes et détruit leurs troupeaux; mais comme ils étaient assez hardis pour venir encore exercer leurs brigandages jusqu'aux portes du Kaire, le général en chef recommanda à Dugua d'observer leurs mouvemens, et, s'ils approchaient de trop près, de faire tirer sur eux le canon des forts Camin, Sulkowsky et Dupuy; d'envoyer de temps en temps une colonne de 100 hommes dans la province de Qélioubeh, pour investir et surprendre le camp de ces Arabes, s'ils y revenaient, et d'embosser un bâtiment armé sur le Nil, au-dessous du Kaire, de manière à pouvoir tirer dans la plaine. Il lui recommandait de traiter avec beaucoup d'égards le divan du Kaire, composé d'hommes bien intentionnés, et d'avoir une confiance particulière dans le commissaire Julfukiar et dans le cheyk El-Mohdy; de consulter l'intendant-général cophte et le chef des marchands de Damas, Michaël-Kébil, lorsqu'il aurait besoin de renseignemens sur la situation et la conduite des habitans du Kaire. S'il survenait des troubles, Dugua devait s'adresser. au petit divan et même réunir le divan général, qui réussiraient à tout concilier, si on leur témoignait de la confiance. Bonaparte ordonnait à ce' général de prendre toutes les mesures de sûreté possibles, telles que consigner la troupe, redoubler les gardes du quartier français, y placer du canon, appeler de Menouf le général Lanusse,

y

qui, arrivant à la fois sur l'une et l'autre rive, en imposerait au peuple; mais de n'en venir à faire bombarder la ville par le fort Dupuy et la citadelle qu'à la dernière extrémité; car cette mesure ne pouvait produire qu'un mauvais effet sur l'Égypte et dans tout l'Orient. Enfin, le général

en chef terminait ses instructions en recommandant à Dugua de l'instruire de tous les événeniens, en lui écrivant, soit par des Arabes, soit par des convois de troupes, et de faire marcher les généraux Lanusse et Fugières sur les provinces de Rosette et d'Alexandrie, si des circonstances imprévues y exigeaient des renforts'.

Après la capitale de l'Égypte, le poste d'Alexandrie était le plus important. C'était à la fois la place de dépôt, le point de retraite de l'armée en cas de revers, et celui sur lequel devaient se porter les premiers efforts des armées européennes qui tenteraient un débarquement. Les Anglais étaient en présence et bloquaient ses ports; des symptômes de peste s'y étaient manifestés. Ce commandement exigeait donc un officier actif et instruit dans toutes les parties de l'art militaire. C'est pourquoi Bonaparte y laissa le général Marmont, qui déjà y commandait. « Je ne puis, lui écrivait-il, vous donner une plus grande marque de confiance, qu'en vous laissant le commandement du poste le plus essentiel à l'armée". »>

'Lettre de Bonaparte à Dugua, du 21 pluviôsė. • Lettre du 21 pluviôse.

Le général en chef lui donna le commandement des provinces d'Alexandrie, Rosette et Bahyreh. Les contributions de cet arrondissement devaient suffire pour faire face aux différens services de l'armée dans ces trois provinces. Quant à Menou, il devait rester à Rosette à la disposition du général en chef; il lui réservait de hautes fonctions qui ne pouvaient être déterminées qu'après l'expédition de Syrie.

Bonaparte ordonnait à Marmont d'envoyer une bataillon à Damanhour, pour parcourir cette province, y lever les contributions, punir les malveillans, et si quelque événement appelait ce corps dans le Delta, il pourrait de là s'y porter et être d'un grand secours. Cette mesure avait aussi pour objet de soustraire à l'épidémie dont la ville d'Alexandrie était menacée, un détachement de troupes d'élite que Marmont pouvait y faire rentrer promptement, si un besoin impérieux l'exigeait. Le général en chef lui ordonnait de se mettre en correspondance avec Lanusse, à Menouf, et avec Fugières qui commandait à Mehalleh-Kébir. «Ne vous laissez point insulter par les Arabes, lui écrivait-il. Le bon moyen de faire finir votre épidémie est peut-être de faire marcher vos troupes. Saisissez l'occasion, et calculez une opération de 4 à 500 hommes sur le village. de Marïout; cela sera d'autant plus essentiel, que partant pour me rendre en Syrie, l'idée de mon absence pourrait enhardir les Arabes du Bahyreh. >> Pour servir de retraite au commandant de Rosette, dans le cas d'une descente, il recomman

dait de faire armer et approvisionner pour cinq ou six mois le fort Julien, avec lequel il serait toujours maître de la bouche du Nil, et il empêcherait l'ennemi d'entreprendre quoique ce fût de grand contre l'Égypte; de mettre le fort d'Abouqyr dans le meilleur état possible; enfin, d'approvisionner Alexandrie pour 15 ou 20 jours de siége, afin qu'elle pût résister à l'ennemi jusqu'à l'arrivée du général en chef, qui n'en serait pas éloigné de 10 jours de marche. Il lui demandait aussi de faire lever exactement la carte des provinces de Bahyreh, Rosette et Alexandrie, et de la lui envoyer dès qu'elle serait faite, pour qu'il pût s'en servir, si ces provinces devenaient le théâtre de plus grands événemens '.

presser

Le général en chef ordonna à l'adjudant-général Almeyras, commandant à Damiette, de les travaux des fortifications, de faire embarquer des vivres et des munitions pour l'armée de Syrie, et de les envoyer, par le lac Menzaleh, dans le fort de Tineh, d'où ils devaient être transportés dans les magasins établis à Qatieh.

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Bonaparte, voulant emmener le contre-amiral Gantheaume en Syrie, lui avait écrit qu'il avait besoin de ses lumières pour une expédition lointaine; de quitter Suez et de se rendre au Kaire avant le 15 pluviôse; de lui ramener ses 25 guides qu'il avait pris avec lui; de faire compléter son escorte jusqu'à 50 hommes, et de donner ses instructions à l'officier qui commanderait à sa

Lettre du 21 pluyiôse.

place l'expédition maritime projetée sur Cos

seïr'.

Le fort de Qatieh, occupé par l'avant-garde de, la division Reynier, était le premier rendez-vous indiqué à l'armée: cette station était remarquable, au milieu du désert, par un beau bois de dattiers, des puits et une bonne citerne. Reynier partit de Belbeïs avec le reste de sa division, et y arriva le 16 pluviôse. Kléber, qui avait reçu, à Damiette, l'ordre de s'embarquer avec sa division sur le lac Menzaleh, où l'on avait construit plusieurs bar.. ques canonnières, pour se rendre à Tineh, et se trouver à Qatieh le 16, n'y arriva que le 18.

Tandis qu'il faisait mouvoir ses légions pour combattre les forces de la Porte-Ottomane, Bonaparte, fidèle à la politique qu'il avait adoptée, ne perdait pas une occasion de lui montrer des intentions pacifiques. Il avait écrit à Kléber de dire aux gens du pays qu'il pourrait rencontrer, qu'il n'avait ordre d'occuper que El-Arych et Kan-lounes, et qu'il n'en voulait qu'au seul Ibrahim-Bey; qu'arrivé à Kan-lounes, frontière de la Syrie, il pouvait écrire à Djezzar - Pacha, que s'il avait été réellement nommé pacha d'Égypte par le grand-seigneur, comme l'annonçait la renommée, on avait lieu d'être surpris qu'il ne fût pas venu prendre possession de son pachalic; que les Français étant les amis du grand-seigneur, ils n'avaient aucune intention hostile contre lui; que s'il faisait connaître au général en chef l'ordre

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