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lieux avaient été habités par des chrétiens solitaires.

A une lieue de Philoe, au milieu du désert dans une petite vallée entourée de roches décrépites et de sables produits par leur décomposition, s'élevait un ancien couvent de cénobites. Il n'était plus habité. De hautes murailles crénelées, des chemins couverts et des meurtrières, annonçaient que les moines s'y étaient fortifiés, ou que cet édifice, enlevé à sa destination, avait servi de forteresse. Les constructions qui remon→ taient aux premiers temps de la chrétienté avaient de la grandeur et de la solidité. Ce que la guerre y avait ajouté, paraissait fait à la hâte et était moins bien conservé. Dans de longs corridors, des cellules ressemblaient à des cases de ménagerie; un carré de sept pieds n'était éclairé que par une lucarne; un enfoncement dans la muraille servait d'armoire; un tour, placé à côté de la porte, annonçait que c'était par là que les solitaires recevaient leur manger. Quelques sentences tronquées étaient inscrites sur les murs.

Plus loin, à deux journées de marche, au bord du désert, on trouvait deux établissemens cophtes: l'un, appelé le couvent Blanc, à cause de la couleur des pierres dont il était bâti ; l'autre, nommé le couvent Rouge, parce qu'il était construit en briques, et dont on attribuait l'érection à SainteHélène. Des vestiges anciens annonçaient qu'ils avaient été plusieurs fois incendiés. Au couvent Rouge, probablement à la suite d'un incendie les moines s'étaient logés dans la galerie latérale

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d'une assez grande église où ils avaient pratiqué quelques huttes ; ils étaient couverts de haillons.

Non loin de Minieh était le monastère de la Poulie, posé à pic sur les rochers de la chaîne arabique. Les moines venaient à la nage demander l'aumône aux passans, et les dévalisaient même, dit-on, lorsqu'ils pouvaient le faire impunément. Ils étaient très-habiles nageurs, et remontaient le courant du fleuve comme des poissohs. Séparés de toute culture par un désert, ils étaient dévorés de l'air qui le traversait, et brûlés de l'ardeur du soleil qui frappait sur le rocher nu qu'ils habitaient. Ils ne vivaient que d'aumônes, et ne s'approvisionnaient que par une poulie de l'eau et des autres objets nécessaires à leur misérable existence.

Telle était la vie monastique en Égypte.

Aboucheïr, fermier de Mourad-Bey, était dans le Menoufyeh un des hommes les plus influens et les plus prononcés contre les Français. Il avait trempé dans la révolte du village de Remerieh contre le général Fugières. Zayonschek lui avait envoyé un pardon et l'avait engagé à se rendre à Menouf; il n'en fit rien. Ce général employa tous les moyens pour s'en emparer, et n'y réussit pas. Lanusse partit de Menouf dans la nuit du 29 vendémiaire avec 130 hommes de la 25°., se rendit à Qasr-Kaïr où demeurait Aboucheïr, et cerna ce village. Sa maison était une petite forteresse garnie de quelques pièces de canon et d'une trentaine de fusils de rempart. Aboucheïr, déjà à cheval avec plusieurs de ses gens, répondit par une fu

sillade aux propositions que lui faisait faire le général Lanusse. Alors il ordonna l'escalade de la maison; Aboucheïr voulut fuir, et fut tué en traversant le canal qui en baignait les murailles. On trouva chez lui 3 pièces de canon, 40 fusils, 50 chevaux, 12,000 livres en espèces enterrées quelques habits militaires français et des boutons d'état-major. La mort d'Aboucheïr rétablit la tranquillité dans la contrée. Il laissait un fils qui marchait sur les traces de son père. Le général en chef ordonna à Lanusse de le faire arrêter et de l'envoyer sous bonne escorte à la citadelle du Kaire, comme un otage qu'il était bon d'avoir, et de confisquer ses biens '.

Deux tribus arabes, ennemies des Français, nommées Haydeh et Mâseh, étaient établies au village de Gemmazeh, dans la province d'Atfyh. Le général en chef ordonna à Murat de sortir du Kaire comme pour aller à Belbeis, de gagner le Moqattam, de s'enfoncer deux lieues dans le désert, de se diriger sur Gemmazeh, de combiner sa marche de manière à se reposer pendant la nuit à 2 ou 3 lieues de ces Arabes, et à pouvoir, à la pointe du jour, tomber sur leur camp, prendre tous leurs chameaux, bestiaux, les femmes les enfans, les vieillards et la partie de ces Arabes qui étaient à pied, de tuer les hommes qu'on ne pourrait pas prendre, et d'embarquer sa capture sur le Nil pour l'envoyer sous escorte au Kaire. Comme le point de retraite des fuyards était né

Lettres de Bonaparte, des 26 brumaire et 23 nivôsc.

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cessairement le puits de Gandeli, dans la vallée de l'Égarement, et El-Touâreq sur la Mer-Rouge, à 3 lieues de Suez, Murat devait, en les poursuivant, aller jusqu'à ces deux positions, et écrire un mot au commandant de ce port. Il lui était recommandé, pendant sa marche dans le désert de pousser toujours, à une lieue sur sa droite et sur sa gauche, un officier avec 15 cavaliers, et de marcher sur tous les convois de chameaux qu'il rencontrerait le général en chef comptait que cette course, qui devait durer 6 jours, en produirait plusieurs centaines 1.

Rampon occupait Berket-el-Haggi; Bonaparte le chargea d'aller reconnaître la position de Geziret-Billys, ou camp des Arabes de ce nom, situé à 4 lieues de là, entre Belbeis et la branche de Damiette, et, quand il en serait à une demi-lieue, de faire connaître à cette tribu qu'elle n'avait rien à craindre, qu'elle pouvait rester dans son camp, parce que le cheyk était venu voir le général en chef et en avait obtenu gråce; Rampon devait tenir note des villages par où il passerait, et observer les différentes positions qu'occupaient les Arabes, afin que, si les circonstances exigeaient qu'il marchât contre eux, il sût comment s'y prendre; veiller à ce que ses troupes ne fissent aucun mal; recommander à tous les villages de payer exactement le miry, de ne pas cacher de Mamlouks, et de les déclarer s'il y en avait".

'Lettre du 22 nivôse.
2 Lettre du 18 frimaire.

Le général Leclerc remplaça Murat dans le commandement du Qélioubeh. Bonaparte avait fait arrêter et détenir au secret dans la citadelle du Kaire, Cheraïbi, chef de cette province, pour avoir, malgré son serment de fidélité, correspondu avec les Mamlouks, et, le jour de la révolte du Kaire, appelé les habitans des villages environnans à se joindre aux révoltés. Il chargea Leclerc de mettre à Qélioub le séquestre sur ses biens et d'en prévenir le divan de la province et les cheyks des Arabes, qui devaient d'autant plus sentir la justice de ces mesures qu'ils avaient été témoins de ses crimes et qu'on l'avait comblé de bienfaits.

On ne pouvait venir à bout des Arabes de Darne; battus d'un côté, ils se représentaient de l'autre. Ils parurent à Mit-Asem, dans la province de Mansourah. Le général Verdier marcha sur ce village, dispersa les Arabes, y découvrit quelques Mamluks et trois pièces de canon dont il s'empara. Le cheyk était d'intelligence avec eux, Le général en chef écrivit à Verdier de le menacer de coups de bâtons s'il ne désignait pas les endroits où il y aurait encore des Mamlouks et des canons cachés; de se faire donner tous les renseignemens possibles sur les bestiaux appartenant aux Arabes de Darne, qui pourraient être dans le village, après quoi de lui faire couper la tête et de la faire exposer avec une inscription qui désignerait que c'était avoir caché des canons; pour

"Lettre de Bonaparte, du 23 frimaire..

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