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et la victoire de Sédiman fut un des faits d'armes les plus glorieux de l'armée d'Orient pendant son séjour en Égypte. Le surlendemain de la bataille, le général Desaix fit partir les malades et les blessés pour le camp, sous la conduite du capitaine Rapp et du commissaire des guerres d'Aure: plusieurs Mamlouks de Mourad-Bey blessés étaient dans le convoi.

Dès que le général en chef eut reçu la nouvelle de cette bataille, il en publia une relation et l'adressa à tous les généraux pour la faire connaître à leurs troupes Il témoignait sa satisfaction du courage et de la valeur qu'avaient montrés les citoyens Gizard, Petitjean, Chatelain, Claude Tissot, Claude Desmoules et Julien Marchand, simples soldats de l'intrépide 21o. demi-brigade. Il ordonna que l'ordre du jour et la relation de la bataille seraient envoyés en France, et publiés dans les communes où ils étaient nés '.

Le 17 vendémiaire, Desaix se rendit avec sa flottille à El-Lahoun, à l'endroit où le canal Joseph perce la chaîne libyque pour entrer dans le Fayoum et y répandre les eaux du Nil par une multitude de petits canaux. Ce point est pour ainsi dire la porte de cette province. On y voit une énorme pyramide en brique, que l'on croit avoir été construite par le roi Asychis. Desáix y trouva plusieurs barques de Mamlouks chargées de vivres. Il entra ensuite dans le Fayoum. Excepté du côté d'El-Lahoun, cette contrée est partout ceinte

'Ordre du jour du 28 vendémiaire an vII.

par des montagnes, et forme un bassin entièrement séparé de celui du Nil. Là, dit-on, se trouvait autrefois le lac Moeris, dont plusieurs savans ont cru reconnaître les vestiges dans le BerketQeroun, vaste lac situé dans la partie septentrionale du Fayoum. Cette province occupe l'emplacement de l'ancien nome arsinoïte; sa capitale est Medineh-Fayoum, située non loin des ruines d'Ar

sinoë.

L'inondation des campagnes ne permettant pas de poursuivre Mourad-Bey, Desaix résolut d'attendre dans le Fayoum la retraite des eaux. Pendant ce temps-là, il organisait la province, parcourait le pays pour lever des impositions et des chevaux; il éprouva beaucoup d'obstacles, car Mourad avait défendu avec menaces aux habitans de payer les Français et de se soumettre à leur autorité.

Tandis que Desaix se reposait avec sa division dans le Fayoum, Mourad-Bey soufflait la révolte. parmi les pacifiques habitans de cette province. Il répandait le bruit qu'Alexandrie était tombée. au pouvoir des Anglais, et qu'il fallait exterminer tous les Français. Il avait envoyé 150 Mamlouks et des Arabes pour soulever les villages. Desaix partit de Medineh-Fayoum, le 16 brumaire, pour. réprimer l'insurrection. Il laissa dans cette ville. une garnison de 350 hommes, la plupart atteints d'ophtalmie. Tous les villages rentrèrent dans l'obéissance, excepté celui de Cheruneh, dont les habitans, excités par le kachef Ali et ses Mamlouks, attaquèrent l'avant-garde de Desaix. L'en

nemi perdit 15 hommes; le village fut pris, livré au pillage et brûlé.

Pendant l'excursion de ce général, Mourad-Bey avait envoyé environ 1000 Mamlouks sur Medineh-Fayoum ; ils traînaient avec eux des Arabes et des fellâh. Ils s'y présentèrent le 18, au nombre de plusieurs milliers. La place était commandée par le chef de bataillon Eppler; Robin, nommé général de brigade depuis la bataille de Sédiman, s'y trouvait malade de l'ophtalmie. La ville, ouverte de tous côtés, fut envahie par cette multitude. Les Français se réunirent et se retranchèrent à la hâte dans la maison de l'hôpital, où il y avait 150 malades. Dès que l'ennemi fut à portée, tandis qu'une réserve le fusillait par les fenêtres, deux colonnes, commandées par les chefs de bataillon Eppler et Sacro, se jetèrent sur lui à la baïonnette, le culbutèrent, le frapperent d'épouvante, en firent un carnage affreux, et le poursuivirent jusqu'à une lieue de la ville.

Desaix, instruit pendant sa tournée des dangers qui menaçaient Medineh-Fayoum, s'était mis en marche pour venir au secours de cette ville. Il y arriva le 20 brumaire et apprit la victoire aussi glorieuse qu'inespérée de la brave garnison. Il en profita pour quitter le Fayoum et faire de nouvelles courses dans la province de Beny-Soueyf et le territoire de Minieh, et y disputer la levée des contributions à Mourad-Bey qui y faisait de son côté des incursions pour les percevoir. La ville de Beny-Soueyf devint la principale place d'armes des Français dans la Moyenne - Égypte,

Ils y construisirent une redoute point à l'abri d'un coup de main.

pour mettre ce

Dans les premiers jours de brumaire (fin d'octobre), la croisière anglaise avait été renforcée de quelques bâtimens légers. Le 3, à 2 heures aprèsmidi, 18 ou 20 chaloupes, soutenues par quelques avisos, se présentèrent devant le fort d'Abouqyr. Il s'engagea de part et d'autre une canonnade qui se termina avec le jour. Le 4, à la même heure, l'ennemi recommença la même manoeuvre, et perdit une chaloupe qui fut coulée bas. Le 5, à 10 heures du matin, 150 Arabes des villages d'Edkoû et Atfeïneh, voisins de la côte, se présentèrent à pied et à cheval derrière Abouqyr, et placèrent sur un monticule de sable un turban rouge, signal dont ils paraissaient être convenus avec les Anglais; mais un détachement de la 4°. ayant marché sur eux, ils se dispersèrent après avoir eu 7 hommes tués. Le 6, à 9 heures du matin, le nombre des chaloupes ennemies fut porté jusqu'à 30. La canonnade s'engagea, et une heure après elles s'approchèrent si près que la fusillade devint très-vive. L'ennemi n'osa pas arriver jusqu'à terre; il fila sur la droite et débarqua une soixantaine d'hommes sur la digue. Quelques soldats qui étaient cachés derrière marchèrent à eux battant la charge; les Anglais se rembarquèrent avec précipitation; il y en eut plusieurs de tués. La flottille, ayant eu plusieurs chaloupes coulées bas, prit le large. Le 7, à 3 heures après-midi, considérablement diminuée, elle s'approcha encore du fort et de la plage, et fut reçue comme

les jours précédens. Les 8, 9 et 10, les Anglais mouillèrent à 4 lieues au large, occupés à se radouber. Ces chaloupes portaient 7 à 800 hommes. Martinet, commandant la légion nautique, se comporta dans ces affaires avec beaucoup de distinction.

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Au premier avis de ces mouvemens, le général en chef expédia Murat à Rahmanieh avec une partie de la 75. pour se rendre de là à Rosette, à Abouqyr ou à Alexandrie. Il fit disposer des bâtimens pour envoyer d'autres troupes et s'y transporter lui-même si les nouvelles qu'il recevrait le lui faisaient juger nécessaire. Elles furent rassurantes; les renforts devinrent inutiles.

Il était évident que les Anglais n'avaient tenté ce débarquement que par suite de quelque projet concerté avec Mourad-Bey, des Arabes ou des habitans; mais puisque ces alliés ne s'étaient pas montrés en force, il fallait laisser les Anglais débarquer et tomber sur eux. C'était du moins ce qu'écrivait le général en chef à Marmont, en ajoutant : « Vous nous auriez envoyé quelque colonel anglais prisonnier qui nous aurait donné des nouvelles du continent >>.

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Les exemples de sévérité faits sur plusieurs villages, entre autres sur celui de Berket-Gitâs, mirent enfin à la raison les habitans et les Arabes. Grâce à l'activité des troupes et notamment de la 4°. d'infanterie légère, les eaux du Nil arrivèrent le 14 brumaire à Alexandrie en si grande

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