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çaise, et s'exerçaient à les imiter. Reconnaissant dans le vainqueur, tous les genres de supériorité, ils se soumettaient avec plus de confiance à l'influence protectrice du nouveau gouverne

ment.

La fabrication de la poudre fut l'objet d'une administration particulière. Le citoyen Champy, à qui elle fut confiée, justifia, par des services très-importans, toutes les espérances que ses lumières et sa longue expérience avaient fait concevoir.

Dutertre et Rigo, dessinateurs, faisaient les portraits des hommes du pays qui s'étaient dévoués à la cause de la France. Cette distinction les flattait beaucoup.

La plupart des peuples orientaux n'ont aucune idée de la peinture. On en fit l'expérience. Le peintre Rigo voulut peindre le nubien Abd-elKerim, conducteur d'une caravane; il parut content de l'esquisse au crayon; mais quand il fut peint et qu'il vit son portrait, il recula, poussa des hurlemens, et s'enfuit en disant qu'on lui avait pris sa tête.

Tous les instrumens nécessaires à l'imprimerie furent réunis dans un établissement considérable que le citoyen Marcel dirigea avec un zèle actif et éclairé. Cet art, presque entièrement inconnu aux Orientaux, excitait toute l'attention des Égyptiens. Il servait à multiplier les communications, soit entre les Français eux-mêmes, soit entre les habitans, et favorisait à la fois le succès de l'expédition et le progrès des sciences.

Les principaux membres du divan du Kaire, entre autres les scheyks El-Mohdy, El-Fayoumy, El-Saouy, etc., allèrent plusieurs fois visiter l'imprimerie nationale. Les différens procédés employés pour l'impression des différentes langues leur causaient, disaient-ils, un plaisir mêlé de surprise. Le cheyk Mohammed-el-Fahsy, qui avait vu l'imprimerie de Constantinople, et plusieurs Syriens qui connaissaient celle du couvent maronite de Kiesrouen, sur l'Anti-Liban, furent étonnés de la dextérité et de la promptitude des imprimeurs français. D'après leur témoignage, on ne procédait qu'avec beaucoup de maladresse et de lenteur dans les deux imprimeries dont nous venons de parler, seuls établissemens typographiques de l'Orient.

Le cheyk El-Bekry alla aussi visiter l'imprimerie nationale dont il était très-curieux d'examiner les ateliers. Après les avoir parcourus, il fit diverses questions sur l'art de l'imprimerie. Il demanda si la France possédait beaucoup de ces établissemens, s'il en existait un grand nombre dans les autres contrées de l'Europe, en quels pays ils étaient le plus multipliés, etc. Il demanda encore s'il y avait beaucoup d'imprimeries dans l'empire russe, et parut fort étonné lorsqu'on lui répondit que cet État n'avait commencé à se policer réellement et à se civiliser que lorsque l'imprimerie y avait été introduite. Il se fit expliquer l'influence que pouvait avoir cet art sur la civilisation d'un peuple, et parut goûter les raisons qu'on lui en donna, surtout celles qui étaient

tirées, 1o. de la facilité de multiplier et répandre à un très-grand nombre d'exemplaires de bons ouvrages qui, manuscrits, ne pourraient être connus que d'un petit nombre de personnes; 2o. de l'impossibilité que tous les exemplaires pussent se perdre ou être supprimés totalement par aucune espèce d'événement, chose qui pouvait arriver aux meilleurs manuscrits. Il dit alors qu'il existait une grande quantité de bons livres arabes dont la publication serait infiniment utile à l'Égypte où ils étaient ignorés du plus grand nombre, et qu'il désirait sincèrement qu'ils pussent être répandus par la voie de l'imprimerie. Il ajouta, en se retirant, que toutes les sciences venaient de Dieu, et qu'avec sa volonté, il n'y avait aucune chose que les hommes ne pussent entreprendre, et dans laquelle ils ne pussent

réussir.

Le général en chef fixa, ainsi qu'il suit, les traitemens des membres de la commission des sciences et arts, à dater du 1er. floréal an vi, et par mois.

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Ce traitement fut acquitté par le payeur-général de l'armée, de la même manière que celui des officiers 1.

Le général en chef ordonna qu'il y aurait, le 15 vendémiaire, en présence des généraux d'artillerie et du génie, un examen public pour les jeunes gens de l'école polytechnique qui voudraient entrer dans ces deux armes, et qui seraient porteurs d'un ordre de l'état-major. Monge, examinateur de la marine, fut chargé de cet exa

men 2.

Les récits des anciens écrivains et de quelques voyageurs modernes portaient à croire que le Nil, dans des temps très-reculés, avait pénétré dans les déserts de la Libye. On avait cru reconnaître des traces de son cours dans une grande vallée située à l'ouest de la Basse-Égypte, désignée par les géographes sous le nom de Bahr-Belá-má, ou le Fleuve-sans-Eau, et par les Égyptiens, sous celui de Bahr-el-Fárigh, ou Fleuve-Vide. On savait que cette vallée n'était pas éloignée des lacs Natron, et qu'il y avait dans le voisinage quelques couvens de religieux cophtes. Le général en chef jugeant qu'il était utile d'explorer cette partie de l'Égypte, y envoya une commission composée de Berthollet, Fourrier, Redouté jeune, Duchanoy et Regnault, et chargea le général Andréossi de les protéger contre les Arabes avec un détachement de troupes. Ils partirent de Terra

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neh le 4 pluviôse, et, après quatorze heures de marche sur un vaste plateau désert, ils aperçurent la vallée des lacs Natron. En y descendant, ils trouvèrent, à mi-côte, les ruines d'un quasr ou fort bâti en natron, ce qui prouva que les pluies étaient extrêmement rares dans cette contrée. Les lacs furent visités par la commission; on fit l'analyse de leurs eaux, et ont leva la carte de la vallée. Ces lacs étaient au nombre de six; l'exploitation de leur se faisait partie de la ferme de Terraneh, dont le canton, renfermant six villages, était compris dans les nouvelles limites de la province de Gizeh. Les caravanes s'assemblaient à Terraneh; elles étaient ordinairement de cent cinquante chameaux et six cents ânes. Les hommes entraient nus dans l'eau, brisaient et arrachaient le natron avec une pince en fer, et négligeaient celui qui se trouvait en grande masse sur les bords des lacs. Chaque caravane transportait 600 qantar de natron de quarante-huit oqah. Terraneh en était l'entrepôt. Il était expédié par le Nil à Rosette, d'où on l'envoyait à Alexandrie et de là en Europe. La ferme du natron était une véritable gabelle. Les villages qui avaient des établissemens où on l'employait, étaient obligés d'en acheter tous les ans, au fermier, une quantité déterminée. La tribu des sammálou, Arabes pasteurs et hospitaliers, faisait la contrebande du natron, et allait, par le désert, le vendre à Alexandrie.

L'oqâh est de 2 livres et demie, poids de marc (720 quintaux).

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