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pas donner du pain à tes soldats, ils méritent d'étre nourris avec du sucre.

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Mais si le héros qui commande cette armée sait la faire aimer des peuples qu'elle a soumis il ne la rend pas moins redoutable à ceux qui osent se déclarer contre elle. Des malheureux, que l'or de l'Angleterre avait soulevés au Kaire et dans quelques villages, ont fait la triste expérience que le bras tout-puissaut de la République Français, qui élève et soutient ceux qui s'appuient sur lui, écrase ceux sur qui il pèse. »

La situation de l'armée d'Égypte était assez belle pour n'avoir pas besoin de ces exagérations que n'autorisait point la correspondance du général en chef, dans laquelle, au contraire, la vérité était fidèlement représentée.

Bonaparte écrivit à Tippo-Saib:

« Vous avez déjà été instruit de mon arrivée sur les bords de la Mer-Rouge, avec une armée innombrable et invincible, remplie du désir de vous délivrer du joug de fer de l'Angleterre. Je m'empresse de vous faire connaître le désir que j'ai, que vous me donniez, par la voie de Mascate et de Mokka, des nouvelles sur la situation politique dans laquelle vous vous trouvez. Je désirerais même que vous pussiez envoyer à Suez ou au grand Kaire, quelque homme adroit qui eût votre confiance, avec lequel je pusse conférer '..» Il écrivit à l'iman de Mascate:

« Je vous écris cette lettre

pour vous faire con

'Lettre du 6 pluviôse.

naître ce que vous avez déjà appris sans doute, l'arrivée de l'armée française en Égypte.

Comme vous avez été de tout temps notre ami, vous devez être convaincu du désir que j'ai de protéger tous les bâtimens de votre nation, et que vous les engagiez à venir à Suez, où ils trouveront protection pour leur commerce.

Je vous prie aussi de faire parvenir cette lettre à Tippo-Saïb, par la première occasion qui se trouvera pour les Indes. »

Il paraît que les frégates de l'Ile-de-France recurent trop tard les ordres du Directoire; elles ne vinrent donc point dans la Mer-Rouge. D'ailleurs, la déclaration de guerre de la Porte ne permettait plus à Bonaparte d'envoyer des secours à Tippo-Saïb, et les événemens ultérieurs enlevèrent tout moyen de correspondance entre eux.

Aussitôt que l'expédition d'Égypte était sortie de Toulon, le ministère anglais avait envoyé des renforts dans l'Inde, et avait poussé vivement la guerre contre Tippo-Saïb, qui, trahi par ses alliés et par la fortune, battu, repoussé, renfermé dans sa capitale, trois mois après la lettre de Bonaparte, perdit la vie en combattant aux portes de son palais, le 14 floréal an VII ( 3 mai 1799).

Des trois buts qu'avait eus l'expédition d'Égypte, le troisième, celui d'attaquer la puissance anglaise dans l'Inde, paraissait, sinon manqué. du moins loin de s'accomplir; mais les deux premiers semblaient faciles à remplir; l'établisse

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ment d'une colonie française, et l'ouverture d'un grand débouché à son commerce.

En vain les Anglais et les ennemis de la France affectaient alors de tourner en ridicule l'expédition d'Égypte, et de prédire avec un air d'assurance la ruine de l'armée française. Des aveux un peu plus tardifs ont révélé les terreurs dont fut agité le cabinet britannique. M. Dundas dit, dans la séance du 8 juillet 1800, à la chambre des communes: «<Lorsque les Français envahirent l'Égypte, l'effroi fut général; l'Europe et l'Orient tremblèrent; nos possessions dans l'Inde ne couraient pas moins de dangers que l'empire Ottoman ». Bonaparte écrivit au sultan de la Mekke:

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<«< J'ai reçu la lettre que vous m'avez écrite, et j'en ai compris le contenu. Je vous envoie le réglement que j'ai fait pour la douane de Suez, et mon intention est de le faire exécuter ponctuellement. Je ne doute pas que les négocians de l'Hedjas ne voient avec gratitude la diminution des droits que j'ai faite pour le plus grand avantage du commerce, et vous pouvez les assurer qu'ils jouiront ici de la plus ample protection.

Toutes les fois que vous aurez besoin de quelque chose en Égypte, vous n'avez qu'à me le faire savoir, et je me ferai un plaisir de vous donner des marques de mon estime . »

'.

A leur arrivée en Égypte, les Français avaient été frappés d'un grand étonnement, en trouvant le peuple privé des choses utiles ou agréables à la

'Moniteur du 5 pluviôse an IX. ⚫ Lettre du 6 pluviôse.

vie, et luttant, faute des instrumens les plus simples, contre des difficultés de toute espèce.

Les Français, eux-mêmes, étaient loin d'avoir réuni, avant leur départ, tout ce qui était nécessaire pour transporter les arts de l'Europe en Égypte. La précipitation avec laquelle fut faite l'expédition, le voile politique qui en cachait le but, le désastre de la flotte à Abouqyr, concoururent à les priver d'une foule d'objets.

Heureusement, l'expédition avait des hommes dont le génie inventif et l'habileté étaient capables de réparer les pertes et de suppléer à tout. Une compagnie d'aérostiers, attachée à l'expédition, était composée, presque toute entière, d'habiles artistes et d'ouvriers intelligens; on les utilisa et on organisa, dès le 5o. jour complémentaire de VI, différens ateliers, savoir :

l'an

Chefs: ADNEZ.

AIMÉ.

- Des travaux de forges, du tour en fer et des fortes machines de ce genre. -De la charpente, de la menuiserie et des mécaniques en bois.

HÉRAULT. Des machines de précision, de géométrie, d'horlogerie et d'orfévrerie.

COUVREUR:-Des armes précieuses et autres objets

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On rassembla dans l'enceinte même des grands édifices destinés aux sciences, tous les élémens qui pouvaient favoriser le développement de l'industrie. L'application des théories mécaniques et chimiques fit de grands progrès. Les ateliers étaient dirigés par Conté. Il joignait au zèle le plus désintéressé un talent ingénieux et fécond qui lui suggérait des ressources inattendues. Il avait déjà enrichi la France de plusieurs inventions, et donna bientôt à l'Égypte quelques-uns des arts les plus importans de l'Europe. Obligé de tout créer, jusqu'aux outils, il établit des moulins à vent, des machines pour la fabrication de la poudre, d'autres pour la monnaie du Kaire, l'imprimerie orientale, des fonderies pour les canons et mortiers; il fit fabriquer dans ses ateliers, l'acier, le carton, les toiles vernissées, des draps, des armes pour les troupes, des ustensiles pour les hôpitaux, des instrumens pour les ingénieurs, des lunettes pour les astronomes, des loupes pour les naturalistes, des crayons pour les dessinateurs, jusqu'à des tambours et des trompettes. Enfin, ces grands ateliers fournirent, pendant le cours de l'expédition, une multitude d'objets propres à contribuer au succès de la guerre et aux jouissances de la paix. Les indigènes ne tardèrent point à participer aux avantages qui résultaient de ces travaux. Conté observa leurs manufactures, dessina leurs métiers, leurs machines, leurs instrumens, et perfectionna les procédés dont ils faisaient usage. Ils considéraient attentivement les productions de l'industrie fran

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