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» voyez pas. Si nous renonçons à la limite du » Rhin, ce n'est pas seulement la France qui >> recule, c'est l'Autriche et la Prusse qui s'a» vancent!... La France a besoin de la paix; mais celle qu'on veut lui imposer entraînera plus de >> malheurs que la guerre la plus acharnée! Son» gez-y. Que serai-je pour les Français quand j'au» rai signé leur humiliation? Que pourrai-je ré»pondre aux républicains du sénat, quand ils » viendront me redemander leurs barrières du » Rhin!... Dieu me préserve de tels affronts!... >> Répondez à Caulaincourt, puisque vous le vou»lez; mais dites-lui que je rejette ce traité. Je » préfère courir les chances les plus rigoureuses » de la guerre!

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Après ce premier mouvement, Napoléon se jette sur un lit de camp, le duc de Bassano reste auprès de lui, il passe une partie de la nuit debout, à son chevet; et, profitant d'un moment plus calme, il obtient enfin la permission d'écrire au duc de Vicence dans des termes qui lui mettent de continuer la négociation'.

I

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Napoléon était à Nogent-sur-Seine: le grand maréchal Bertrand et le duc de Bassano, qui se trouvaient près de lui, le pressèrent d'accéder à la demande du duc de Vicence, en le laissant toutefois libre de s'écarter de ses instructions,

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Au surplus, Napoléon veut que les conditions. de l'ennemi soient envoyées à Paris; que tous les membres du conseil privé se réunissent pour en prendre communication; que chacun donne son avis motivé, et qu'un procès verbal recueille avec soin toutes les opinions.

et d'user de la carte blanche qui lui avait été donnée. Napoléon, rentré dans son cabinet, eut, avec son ministre, une conférence qui dura fort avant dans la nuit. Il fut décidé qu'on ne devait pas hésiter à abandonner la Belgique, et même la rive gauche du Rhin, si l'on ne pouvait avoir la paix qu'à ce prix; mais que, s'il était possible de traiter au moyen d'une seule de ces concessions, il fallait commencer par l'abandon de la Belgique, quelque désir qu'eût Napoléon de conserver cette belle province, parceque les ministres anglais, dont le but principal aurait été atteint, pourraient craindre d'exposer un résultat aussi national pour eux, en soutenant les autres concessions qui seraient demandées, et que, d'un autre côté, dans des temps plus prospères, on pourrait reprendre la Belgique, en ne s'exposant qu'à une guerre maritime qui ne compromettrait pas le sort de l'empire, tandis qu'on ne tenterait pas de reconquérir la rive gauche du Rhin sans exciter une guerre continentale. Les instructions du plénipotentiaire furent rédigées dans ce sens : offrir d'abord l'abandon de la Belgique, ensuite celui de la rive gauche du Rhin, s'il était reconnu indispensable. L'Italie, le Piémont, Gênes, l'état de possession à établir en Allemagne, même les colonies, étaient des sacrifices faits d'avance.

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La marche de Blucher à travers la Champagne avait jeté l'alarme dans la capitale. D'heure en heure, les estafettes les plus inquiétantes arrivaient de Paris. Blücher était entré dans la Brie champenoise; il s'avançait à marches forcées; le duc de Tarente se retirait sur la Ferté-sousJouarre; les fuyards arrivaient à Meaux.

Cette audacieuse incursion de l'ennemi ranime Napoléon ; il veut du moins faire payer cher aux Prussiens leur témérité, et il prend la résolution de tomber sur leurs flancs à l'improviste. Napoléon était encore étendu sur ses cartes, les parcourant le compas à la main, lorsque le duc de Bassano se présente avec les dépêches qu'il a passé le reste de la nuit à préparer pour Châtillon.

"Ah! vous voilà, lui dit Napoléon. Il s'agit main>> tenant de bien d'autres choses! Je battais Blü> cher de l'œil; et je le tiens s'il avance par la route » de Montmirail : je pars; je le battrai demain, »je le battrai après-demain; si ce mouvement a » le succès qu'il doit avoir, l'état des affaires va » entièrement changer, et nous verrons alors! En >> attendant, laissez Caulaincourt avec les pouvoirs » qu'il a. >>

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Aucune route de poste n'établit de communication entre la grande route de Troyes, où se trouve l'armée française, et celle de Châlons, que les troupes du maréchal Blücher parcourent avec tant d'assurance. Les vastes plaines de la Brie champenoise séparent ces deux avenues de la capitale; et de Nogent à Montmirail, par Sezanne, on ne compte pas moins de douze grandes lieues de traverse, que les gens du pays s'accordent à regarder comme très difficiles en cette saison. Un tel obstacle n'est pas suffisant pour arrêter Napoléon. Il laisse à Nogent le général Bourmont, sous les ordres du duc de Bellune; il laisse au pont de Bray-sur-Seine le duc de Reggio; il leur recommande de retenir les Autrichiens le plus long-temps qu'ils pourront au passage de la Seine; et aussitôt se dérobant, avec l'élite de l'armée, derrière le rideau que forme notre ar

rière-garde, il entreprend sa seconde expédition contre l'armée prussienne. Dès le 8 au soir, la garde impériale avait fait une marche vers Villenoxe; le 9; Napoléon part de Nogent, et va coucher, avec le gros de ses troupes, ses troupes, à Sezanne.

Ce soir même, nos coureurs rencontrent quelques cavaliers prussiens sur les bords de la rivière du Petit-Morin, entre Sezanne et Champaubert.

Les nouvelles des habitants sont que le duc de Tarente est en retraite sur Meaux; que les Prussiens couvrent les routes depuis Châlons jusqu'à la Ferté et au-delà; qu'ils marchent dans une sécurité parfaite.

Nous n'avons plus que quatre lieues à faire pour les surprendre! mais les coups de sabre qu'on vient de se donner aux avant-postes peuvent avoir averti l'ennemi; l'escarpement de la vallée du Petit-Morin, les marais de Saint-Gond les bois et les défilés qui s'y trouvent, vont peutêtre offrir de grands obstacles à une armée embourbée, que l'artillerie ne peut rejoindre... La vivacité et la hardiesse de notre mouvement maîtrisent les hasards qui nous auraient été défavorables. Nous ne trouvons devant nous qu'un petit corps de troupes, qui se garde mal, et qui a pris nos sabreurs de la veille pour des maraudeurs égarés.

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