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DES

TRAITÉS DE PAIX,

ENTRE

LES PUISSANCES DE L'EUROPE

DEPUIS LA PAIX DE WESTPHALIE.

SUITE DE LA TROISIÈME PÉRIODE.

CHAPITRE XVII.

Traités de paix de Paris et de Hubertsbourg, en 1763.

guerre d'Améri

D EUX fois, dans l'espace de vingt ans, la Origine de la politique donna à l'Europe le spectacle d'une que de 1756. double guerre, ensanglantant le même théâtre. La paix d'Aix-la-Chapelle avoit plutôt terminé qu'arrangé le différend que le commerce de l'Amérique avoit fait naître entre la GrandeBretagne et l'Espagne; elle avoit jugé le grand procès entre les prétendans à la succession de la maison de Habsbourg. A peine les nations commençoient-elles à réparer les maux de cette

guerre longue et violente, que deux nouvelles guerres s'élevèrent, l'une dans les mers qui séparent les deux hémisphères, et l'autre dans le sein de l'Allemagne. La jalousie quela renaissance de la marine françoise inspiroit à l'Angleterre, fut la cause de la première; deux provinces désertes du nord de l'Amérique lui servirent de prétexte. La haine implacable dont deux souveraines poursuivoient un monarque qui avoit offensé l'orgueil de l'une et la vanité de l'autre, et les inquiétudes que l'activité de leur vengeance inspira à celui-ci pour sa sûreté, firent éclater l'autre guerre. Les alliances compliquées sur lesquelles se fondoient les systèmes politiques des divers états, confondirent bientôt deux querelles dont les objets n'avoient rien de commun. Les armées de l'Europe entière se rencontrèrent en Allemagne, et le sort du Canada fut décidé dans les plaines de la Saxe. Ce ne fut qu'après sept années de carnage que chaque puissance fixant de nouveau le but qu'elles s'étoient originairement proposé, et qui depuis long - temps s'étoit dérobé à leur vue, s'aperçut que tout ce sang avoit été versé inutilement. Deux traités, négociés à la fois à une grande distance l'un de l'autre, rendirent la paix à l'Europe, en remettant les choses sur le pied où elles avoient été, dans cette partie du monde, avant la guerre.

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La paix d'Aix-la-Chapelle, en arrachant les armes des mains des François et des Anglois, n'avoit pu détruire la rivalité qui divisoit ces

nations. La France avoit eu une supériorité marquée sur terre; la Grande-Bretagne s'en consoloit, parce qu'elle avoit ruiné la marine de sa rivale; mais, lorsqu'elle vit l'activité extraordinaire avec laquelle le cabinet de Versailles travailla, après la paix, à la rétablir1, elle commença à craindre que le sceptre de l'océan ne lui échappât un jour. Il existoit d'ail leurs, entre les deux nations, des différends sur leurs possessions respectives en Amérique, que la paix d'Aix-la-Chapelle n'avoit pas décidés,' comme si elle avoit voulu perpétuer un germe de discorde, assez insignifiant pour qu'on pût le laisser subsister, assez important pour ralsi l'une des deux puissances y

lumer la

guerre,

trouvoit son avantage.

L'île de Tabago, la plus orientale des Antilles, fut un des points contestés entre les deux puissances rivales. Cette île avoit été occupée tour à tour par les diverses nations, que le commerce porta dans ces parages. Les Courlandois s'y établirent les premiers. Jacques, troisième duc de Courlande, mort en 1682, étoit un prince riche et puissant. Il entretenoit 30 à 40 vaisseaux bien équipés; la moitié de ce nombre consistoit en vaisseaux de ligne et frégates, complétement armés et montés ; il y

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D'après le plan de M. de ROUILLÉ, ministre de la marine, il devoit être fabriqué, dans l'espace de dix ans, 111 vaisseaux de ligne, 54 frégates, et un nombre proportionné de petits bâtimens.

en avoit de 80, de 50, de 40 et de 30 canons. Ils étoient employés à faire des découvertes en Afrique et en Amérique, et un gros commerce. Jacques fit construire en Afrique différens forts où il entretint des garnisons nombreuses, comme à Gambie, dont les Anglois s'emparèrent par la suite. Les Courlandois ayant trouvé l'île de Tabago déserte, s'y établirent et y bâtirent un fort. Ils cultivèrent l'île et en restèrent en possession pendant plusieurs années. L'état florissant de cette colonie ayant excité l'avidité des Hollandois, deux habitans de la Zélande, les frères Lambsten, concurent le projet de s'en emparer. Pour se ménager une puissante protection, ils offrirent de tenir l'île comme un fief de la couronne de France: leur proposition fut acceptée, et Louis XIV créa un des deux frères baron de Tabago. Ils se mirent en possession, par ruse et par violence, du fort courlandois, dont le gouverneur le leur remit, à condition qu'ils restitueroient l'île au duc Jacques lorsqu'il reviendroit de Suède où il étoit prisonnier de guerre.

Les Hollandois s'étant mis ainsi en possession de cette colonie, le duc, après d'inutiles négociations avec les frères Lambsten et avec les États- généraux, réclama la protection de Charles II, au père duquel il avoit rendu maints services, en l'aidant, dans la guerre civile, de

1

An account of Livonia. London, 1701 in-8°.

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