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Un roi a un intérêt si doux, si puissant à être bon et juste, que ce n'est jamais de lui-même qu'il peut devenir méchant et injuste; les corrupteurs sont seuls coupables des iniquités, des oppressions d'un mònarque!!!

La révolution française doit être l'éternelle leçon des monarques et des peuples: elle a tout dit. Ah! que les rois seraient heureux, et bénis par leurs sujets, si la vérité pouvait parvenir librement jusqu'à eux; s'ils voulaient asseoir leur tutélaire puissance sur les libertés publiques; s'ils écartaient les courtisans qui s'interposent entre le prince et le peuple pour tromper l'un et pour opprimer l'autre !

Certes, Cazalès était un royaliste profondément dévoué au trône des Bourbons; c'était de plus un homme très-éclairé et d'une loyauté généralement reconnue : qu'on lise le magnifique discours qu'il prononça (mars 1791), qu'on pèse les expressions dont il se servit, expressions recueillies par le Logographe, et qu'on l'accuse ensuite, si on l'ose, d'être un des fauteurs de la souveraineté du peuple, ou, en d'autres termes, un ennemi du trône!.... Cazalès, également incapable de pallier une vérité comme de s'en effrayer, ne croit pas énerver son argumentation, et nuire à la cause dont il est le plus digne défenseur, en adoptant le principe de la souveraineté du peuple: il lui suffit de l'expliet il l'explique très-heureusement dans le sens de l'opinion qu'il professe. Sans doute, Cazalès, sous le rapport de l'éloquencé naturelle, est le premier orateur du côté droit de l'assemblée constituante: si l'on envisage sa conduite, ses procédés, sa marche, et aussi les principes qu'il suit, et que ne devraient jamais perdre de vue les législateurs d'une grande nation dont le passé se rejette dans l'obscurité des siècles, Cazalès

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mérite d'être cité comme le modèle des sujets fidèles, et encore plus, s'il est possible, comme le modèle des orateurs. Sa cause, il la défend, parce que de trèsbonne foi il la croit la plus juste et la moins susceptible de nuire à la France : ce ne sont pas ses talens politiques, créés par de longues études, ou ses grands mouvemens oratoires qui le mettent au-dessus de ses collègues assis sur les mêmes bancs; mais c'est qu'aucun autre défenseur de cette cause n'obtient comme lui la confiance de son parti et l'estime de ses adversaires, ne réunit autant de modestie et de désintéressement à ces qualités si rares que Cicéron exige dans l'orateur! Si Mirabeau, dont les mouvemens d'inspiration sont sublimes, dont les accens sont des traits de feu, dont la véhémence nerveuse terrasse, en un clin d'œil, les athlètes les plus vigoureux, a été très-bien surnommé le Michel-Ange de l'éloquence, on doit reconnaître que Cazalès en est le Corrège. L'histoire remarquera, et non sans utilité, que ces deux illustres orateurs défendaient la liberté constitutionnelle, la royauté constitutionnelle; elle remarquera également qu'un des plus grands orateurs qui aient paru à la tribune nationale, depuis 1814 jusqu'à ce jour (1824) le général Foy, défend les mêmes principes de royauté et de liberté, et les défend avec un si rare talent, que son nom s'est placé à côté de ceux de Mirabeau, de Cazalès : Noble général Foy, illustre citoyen, continue à défendre les libertés publiques, tonne contre les violateurs de la charte, lance sur eux toutes les foudres de ton éloquence! Et ton nom sera béni des Français, et il sera inscrit dans les annales des siècles. La royauté constitutionnelle et les libertés nationales voient aussi un autre membre de la chambre des députés, M. Casimir Perrier, promettre de grands et nobles services à la France, par

les rares talens qu'il déploie à la tribune. Ces deux célèbres orateurs honorent notre tribune nationale, et sont chers à la France qui ne désespérera pas de ses libertés constitutionnelles, aussi long-temps qu'elles seront défendues par des mandataires si éloquens, si courageux et incorruptibles. Sous ce rapport, la nation portera également une éternelle reconnaissance à M. Royer-Gollard, homme de la plus haute vertu politique, esprit méditatif et profond, qui fait entendre à la tribune nationale les sentences de Pascal et de Montesquieu; à M. Benjamin Constant, dont la logique supérieure et la vaste science de droit public éclairent d'une si vive lumière toutes les discussions constitutionnelles : la nation contemple avec orgueil ces défenseurs de la charte constitutionnelle, ainsi que leurs généreux collègues, Stanislas Girardin, A. Lameth, Dupont-de-l'Eure, Labbey-Pompières, etc.; tant que des citoyens aussi probes, aussi éclairés et aussi courageux élèveront la voix en faveur des libertés publiques, la nation française n'aura pas perdu l'espoir de les conserver!

Ce n'est plus aujourd'hui le droit divin, le pouvoir absolu qu'il s'agit de proclamer, de professer, si Fon veut rendre le trône des Bourbons aussi inébranlable qu'il est légitime. Avec quelle malheureuse dextérité Napoléon n'a-t-il pas réveillé ces doctrines de droit divin, de pouvoir absolu, assoupies seulement durant quelques années? Qu'on voie (27 mai et 2 décembre 1804, 23 septembre, 3, 31 décembre 1805, 29 juillet, 16 août 1807, 20 décembre 1812), avec quelle ardeur les oracles du sanctuaire, les organes des lois, les interprètes de la justice préconisent le nouveau Josaphat, le moderne Cyrus, cet autre Charlemagne, l'élu du Tout-Puissant, l'homme aux cent mille merveilles !

Après tout cela, doit-on s'étonner de la longue patience des Français? Leur dégradation morale vient de loin; elle s'est achevée il y a plus d'un siècle; c'est alors que s'allumèrent la soif de la faveur, le désir effréné des distinctions, la passion des puérils honneurs de cour; alors s'éteignit l'amour d'une noble indépendance dans la vie privée depuis lors, on assiége l'autorité, dans l'espoir de recueillir de ses dons l'aisance ou la fortune qu'on n'a plus le bon sens de rechercher par d'honorables efforts dans les champs divers de l'industrie. Napoléon arrive après cent cinquante ans, il rajeunit toutes ces funestes traditions, et enchaîne surtout les Français par le prestige de la gloire militaire, prestige qui, dans tous les siècles, fascina leur vue et aveugla leur esprit. Les désastres des deux dernières campagnes n'ont même pu désabuser qu'un petit nombre d'observateurs assidus; la nation aime à se persuader que d'aussi terribles échecs ne sont qu'accidentels, et que l'étoile de la victoire, passagèrement obscurcie, reluira bientôt plus brillante qu'en 1800, 1805, 1807; les noms de Marengo, d'Austerlitz, de léna, de Friedland sortent encore de toutes les bouches, et la présomptueuse espérance d'un triomphe définitif sur les hords du Rhin remplit à cette heure l'âme du Parisien, du Normand, du Bourguignon, du Provençal ! Les Français s'indignent de voir ces armées qui ont voulu, en 1792, démembrer la France, armées vaincues pendant vingt ans sur tous les champs de bataille; de voir ces mêmes alliés qui ont excité les troubles et fomenté les dissensions depuis les premiers jours de 1789 jusqu'à cette heure, accourir de tous les points de l'Europe pour asservir la France et lui imposer l'ancien régime! Car ce qui valut au nouveau monarque la soumission

générale, c'est la persuasion qu'il ne reproduirait point les classifications de l'ancien régime, et qu'il aurait assez de moyens et d'énergie pour empêcher leur retour. Les Français aimèrent d'abord le gouvernement de Bonaparte par haine des inégalités sociales : s'ils lui restent attachés depuis qu'il les a recréées, c'est parce qu'elles sont à l'avantage de plébéiens, et surtout de militaires parvenus presque tous par un mérite positif ou de beaux faits d'armes, et parce qu'elles sont dépouillées de tout privilége féodal; de même, si la foule s'est empressée d'accourir dans les temples rouverts, c'est parce qu'il a privé les prêtres de tout moyen extérieur de domination, et qu'il les a refoulés dans le sanctuaire d'où jamais ils ne de

vraient sortir.

A la veille de voir la chute de plusieurs puissances créées sous l'influence de la révolution de France, et par l'effet des guerres que cette révolution a déterminées, ou qui en ont été les suites plus ou moins indirectes; près de voir aussi le rétablissement de plusieurs princes qui paraissent à jamais déchus de leur rang, il peut ne pas être sans intérêt de jeter les yeux sur le tableau des anciens souverains morts en régnant, ou descendus du trône depuis 1787.

Charles III, roi d'Espagne, mort de maladie (13 décembre 1788). - Achmet IV, empereur des Turcs, mort de mort subite (7 avril 1789). -Joseph II, empereur d'Allemagne, mort de maladie (20 février 1790).

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Léopold II, empereur d'Allemagne, mort empoisonné (1er. mars 1792). Gustave III, roi de Suède, assassiné (29 mars 1792). Louis XVI, roi de France, déposé et exécuté (18 août 1792, 21 janvier 1793). Louis XVII, roi de France, mort en prison. (8 juin 1795). Stanislas-Auguste, roi de Pologne,

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