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La Guadeloupe se rend aux Anglais. Le général 6 février. Ernouf, capitaine-général, accusé d'abus de pouvoir de concussions et de trahison, sera mis en jugement : diverses circonstances en ayant suspendu les informations et la poursuite, il demandera et obtiendra une ordonnance de Louis XVIII, le 25 juillet 1814, laquelle, exprimant « la volonté d'user d'indulgence » envers un officier-général qui a rendu d'utiles ser» vices à la patrie, » enjoint « de ne donner aucune » suite à la procédure. » (V. 1816.)

Une convention de mariage est signée entre l'empe- 7 février. reur Napoléon et l'archiduchesse Marie-Louise, fille de François Ier., empereur d'Autriche.

La nécessité de sauver ce qui survit de la puissance autrichienne, mutilée par des guerres et des traités également funestes, a conduit le chef d'une maison altière à proposer et à conclure un mariage qui n'est pas même morganatique; le faible monarque ne saurait garantir ses frontières, ouvertes de toutes parts, qu'au moyen d'une étroite union avec son formidable voisin: il ne peut rétablir ses forces intérieures; car, tant que la sécurité de ses états restera menacée de la sorte, il lui sera impossible de relever ses finances abîmées (V. 14 octobre 1809). Il se soumet, et l'orgueil autrichien se résigne à donner à un soldat couronné la fille des Césars! Il espère, il attend de son abaissement, de son humilité, de sa condescendance envers le grand empereur d'Occident, quelques reflets de gloire et de bonheur, ou du moins la restitution de quelques lambeaux de ses anciennes possessions en Pologne, en Allemagne, en Italie, en Illyrie. Cette monarchie maladive, mais fidèle à ses traditions, espère beaucoup du temps et de cette froide dissimula

tion, de ces perfidies matrimoniales dont le cabinet de Vienne possède tout le secret; il compte beaucoup sur ces flatteries, sur ces bassesses diplomatiques et royales dont, par exemple, le prince de Kaunitz fit un si profitable usage, en déterminant l'auguste MarieThérèse à flatter la courtisane Pompadour. L'intimité des nouvelles relations déguisera les mystères de la politique, jusqu'à ce que la fortune, ayant pitié de l'Autriche, lui jette un dé favorable qu'elle n'ait que la peine de relever (V. 9 septembre, 3 octobre 1813)!

Napoléon est parvenu à ce point de sa carrière, où l'affermissement de ce qu'on possède devient plus à propos qu'une continuité des mêmes efforts pour acquérir encore. Le lien qu'il forme avec la première maison de la chrétienté donne, aux yeux de la nation française et du monde entier, un tel degré de solidité et de perfection à l'édifice de sa grandeur, que de nouveaux projets d'agrandissement ne peuvent que l'affaiblir et l'ébranler. Ce que la France l'Europe, tant de nations foulées et réduites au désespoir, demandent au ciel, une saine politique le prescrit, comme loi de sa propre conservation, au monarque tant de fois couronné par la victoire! Mais cette grande alliance ne fera qu'irriter son ambition: il fatiguera son génie en cherchant toujours à dépasser la hauteur de la plus haute destinée depuis Charlemagne; et cet événement, qui semble consolider son rang, comptera infiniment parmi les causes de sa perte! Pensant n'avoir désormais rien à redouter du côté de l'Allemagne, persuadé que ses intérêts ne sauraient plus éprouver d'opposition de la maison d'Autriche, Napoléon ne mettra plus de bornes à ses projets d'agrandissement !!!

Son divorce et son second mariage peuvent même

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être assignés comme la grande époque de sa merveilleuse histoire, la péripétie de sa fortune jusqu'ici toujours ascendante; car, dès cette heure commence la chaîne des malheurs qui conduisent à la décadence de l'empire. Un écrivain anonyme exprime très-bien que « le scandale du divorce fit perdre à Napoléon le respect qu'imposaient ses hauts exploits on lui » avait pardonné comme une erreur de l'esprit sa faiblesse pour certaines chimères; alors on accusa » son cœur. L'opinion n'accueillit aucune des raisons » données pour justifier cette union. Les Français » avaient encore trop présens à la pensée les principes proclamés pendant leur révolution, pour se » reposer entièrement de leur avenir dans l'attente » d'un héritier du trône qui le serait aussi du génie » de son père. D'ailleurs, les lois dites constitution»> nelles avaient réglé la succession de la couronne, sans laisser craindre les troubles d'une élection. » D'un autre côté, pouvait-on admettre que celte » alliance fût le garant d'une paix éternelle avec un » gouvernement tel que celui d'Autriche ? Loin de là, » elle ne rappela que de douloureux souvenirs, pré» curseurs d'une défection qui attristera l'humanité. » Les hommes sages n'ont vu dans le mariage de Napoléon que l'ambition, pour lui si puérile, de pos» séder une fille des Césars, et ils ont gémi..... Dès son mariage il cesse d'être le même. Inquiet et » sombre quoique encore prospère, préoccupé de » faibles intérêts, soupçonneux sans objet et acces»sible à l'astuce, impérieux sans dignité, il n'eut plus dans son intérieur cette apparente franchise, » cet abandon qui lui avait gagné tant de cœurs; » ses actes et ses démarches politiques n'eurent plus » ce caractère si fortement imprimé de pénétration,

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» de justesse, de grandeur qui avait signalé les pre»mières périodes de sa glorieuse vie. Aussi, le peu

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ple, juge suprême qui semble inspiré d'en haut, >> cessa-t-il de le saluer comme un être surnaturel : >> il pouvait cnfin, si l'on peut ainsi s'exprimer, >> mesurer sa stature morale. »

En épousant une archiduchesse d'Autriche, Napoléon fit une faute irréparable: il plaça la robe de Nessus sous son manteau impérial! Par ce mariage d'orgueil, absolument contraire à tous les intérêts politiques, Napoléon se lia les mains : loin d'acquérir un allié, il se donna un ennemi, et un ennemi d'autant plus dangereux qu'il était profondément humilié de l'union domestique à laquelle il se voyait contraint par une suite non interrompue de désastres militaires. Mais, en épousant la fille de François Ier., Napoléon se croyait le gendre de l'empereur d'Autriche, oubliant que les rois n'ont pas de parens ; maxime proclamée par Frédéric, et dont ce grand roi se servit avec habileté dans ses relations politiques. Plus la cession de l'archiduchesse Marie-Louise paraissait honorer Napoléon aux yeux de l'Europe, plus l'Autriche devait s'en prévaloir pour pratiquer sans danger les intrigues et les perfidies qui devaient abîmer Napoléon dans ses propres grandeurs. Ah! qu'il eût plus sagement fait pour sa gloire, pour sa sûreté, pour l'honneur du nom français, en plaçant sur son trône la fille de l'un de ces soldats qui avaient illustré leur nom sur tous les champs de bataille, de ces soldats dont le nom brillait de plus de gloire que le nom d'aucun des princes de la maison de Lorraine depuis son apparition dans l'histoire; la fille de l'un de ces citoyens recommandables par leur probité politique et leurs vertus civiques et la France n'en était pas

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dépourvue! Un mariage national eût été et plus honorable et plus profitable pour Napoléon; mais il voulait entrer, avec armes et bagages, dans la famille des rois, et cette ivresse de vanité entraîna sa ruine.

Quels respects, quel amour, quels honneurs ne seront pas prodigués à Marie-Louise, lorsqu'elle entrera dans la capitale de l'empire français! Et, avant trois années, on pourra faire l'application des vers suivans à cette jeune princesse :

Au bonheur des mortels esclaves immolées,
Sur un trône étranger avec pompe exilées,
De la paix des états si nous sommes les nœuds,
Souvent nous payons cher cet honneur dangereux ;
Et, quand sur notre hymen le bien public se fonde,
Nous perdons le repos que nous donnons au monde.
(LEMIERRE.)

On aurait aussi pu mettre cette maxime dans la bouche de sa tante infortunée, de Marie-Antoinette, accourue des mêmes lieux pour recevoir les adorations des Français; lorsqu'ayant perdu leur affection, elle descendit si vite du faîte des grandeurs dans les abîmes des révolutions, prête à tomber dans la profondeur des cachots, devenant l'exemple à jamais mémorable de la plus cruelle adversité qui ait frappé une reine!

Un sénatus-consulte organique sanctionne le décret 17 février. du 17 mai 1809, ordonnant la réunion à l'empire français de Rome et des états du pape, lesquels formeront deux départemens. Il est déclaré, que toute souveraineté étrangère est incompatible avec l'exercice de toute autorité spirituelle dans l'intérieur de l'empire: lors de leur exaltation, les papes prêteront serment de ne jamais rien faire contre les quatre propositions de

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