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L'aversion de la France pour nos voisins d'Outre-Mer était chose reçue et passée en usage.

Quant à la Vendée, il est nécessaire que nous traçions ici, aussi succinctement que possible, pour ne pas frauchir les bornes de cet ouvrage, les guerres qui l'ont agitée depuis sa première insurrection armée. Nous savons quels succès elle obtint tout d'abord, et avec quel accord ses principaux généraux exécutaient leurs manoeuvres à travers le Bocage. La proscription des girondins, au 31 mai 1793, avait aidé à leurs soulèvements, car plusieurs départements, notamment la Bretagne et la Normandie, s'étaient révoltés, et forçaient la convention à disséminer ses forces, conséquemment à les affaiblir. Chaque revers, éprouvé par nos troupes aux frontières, avivait le courage des royalistes, et rallumait leur enthousiasme royaliste. Somme toute, néanmoins, leurs avantages étaient toujours contrebalancés par des défaites, et réciproquement. Il leur était arrivé de s'emparer de Fontenay et de Saumur, mais, en revanche, ils avaient, peu de temps après, complétement échoué devant Nantes.

Lorsque les divisions se mirent dans le parti de la montagne, lorsque la faction des indulgents était menacée de mort, lorsqu'elle courait des dangers extrêmes en août 1793, lorsque la détresse publique, la pénurie des finances et le discrédit des assignats furent à leur comble, la Vendée devint plus menaçante que jamais. La politique de Robespierre n'avait pu empêcher que Westermann ne fût battu à Chatillon, et le général Labarolière à Vihiers. Tous les décrets lancés contre les Vendéens, n'avaient servi qu'à exaspérer davantage les insurgés.

OC

Le 4 août 1793, ils avaient réuni leurs forces, et quarante mille hommes, commandés par d'Elbée, de Lescure, de Larochejaquelein et Charette, cupèrent les environs de Luçon, et voulurent livrer un combat décisif au général républicain Tuncq, qui était à la tête de la colonne de Luçon. Paysans contre soldats ne purent résister en rase campagne. Les quarante mille Vendéens prirent la fuite. Ce fut un coup terrible pour les royalistes. Alors, le gouvernement arrêta un plan de campagne général contre la Vendée; la guerre civile fut soutenue par les héros avérés de la guerre extérieure, par les soldats de Mayence. Mais les généraux républicains ne s'entendaient pas entre eux; les querelles des clubs se continuaient dans leurs camps. Ils furent défaits à Torfou, et forcés de battre en retraite sur la ville de Nantes.

Le comité de salut public qui avait peut-être un peu causé, par ses instructions maladroites et despotiques, les dernières déroutes des républicains, s'efforça de réparer sa faute, et poursuivit la guerre avec plus d'acharnement. Des hommes remarquables dirigeaient les mouvements. On obéissait aux ordres de Kléber, de Hoche, de Chalbos, d'Haxo, et de Marceau, qui remportèrent la victoire de Cholet, et dispersèrent les Vendéens au-delà de Ja Loire. Les principaux généraux vendéens, étaient tués, blessés à mort, ou

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faits prisonniers. D'Elbée était près d'expirer, Bonchamps était mort, Lescure avait reçu une blessure mortelle. Les bleus se mettent à crier : La Vendée n'est plus!

Pourtant, la Vendée existait encore. Repoussés au-delà de la Loire, les royalistes ne tardèrent pas à faire de fréquentes excursions en deçà. Les combats recommençèrent, à la fin de 1793, plus sanglants que par le passé. Les républicains éprouvèrent plusieurs échecs successifs, mais l'emportèrent sur leursadversaires, au Mans et à Savenay. Aussi, après quelques nouvelles rencontres, la guerre de la Vendée fut à peu près terminée, lorsque la Rochejaquelein et Hoche se trouvaient en présence. Celle des chouans commença en Bretagne.

Telle était la situation de la France, aux derniers jours de la terreur, pendant que de nombreuses charretées de condamnés se dirigeaient vers la place de la Révolution à Paris, et que Lebon, Carrier et Maignet, accomplissaient à leur manière, des missions politiques dans les départements. Carrier, représentant du peuple, à Nantes, se vengeait à la fois des Vendéens et du reste des fédéralistes qui se trouvaient encore en Bretagne. Il faut le dire et le répéter encore, la France gémissait sous un régime aussi dûr que celui qu'avaient établi les jacobins épurés, auxquels on appliquait tout bas la fable des Loups mangeant les brebis. Les jacobins, pensait-on, devaient bientôt avoir une indigestion mortelle de piques et de têtes coupées.

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Partout des plaintes s'élevaient, rendues sourdes par la peur, et cependant tenaces, par la confiance que les mécontents avaient en leur nombre. Vers le milieu du mois de juillet, une révolution semblait imminente, plus encore au sein de la convention que dans les rues. Les citoyens s'interro geaient les uns les autres sur les effets probables du mécontentement gé néral.

Mais, avant de parler de la catastrophe du 9 thermidor, nous essaierons de retracer aussi complétement que possible le tableau de la terreur. Pour que les actes de cette époque soient plus saisissables, nous intercalons dans cette histoire une sorte d'épisode. Nous supposons qu'un jeune provincial fait un voyage à Paris, afin d'en connaître les curiosités, et qu'il lui arrive toutes sortes d'aventures qui l'étonnent singulièrement, lui qui n'est familiarisé, ni avec le langage, ni avec le mouvement révolutionnaire.

C'est un moyen de rapporter les choses de la terreur, avec toute leur crudité, et sans amplification. Pour de pareils événements historiques, la simple narration ne laisse pas que d'être tout à fait suffisante.

FIN DU CHAPITRE VINGT-CINQUIÈME.

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