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CHAPITRE XXVIII.

Mort du Dauphin, affaire de Quiberon.

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Fête en l'honneur des amis de la
Proclamation. Les insurgés

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liberté, morts sous le régime décemviral.― Journée du 13 vendémiaire. sont repoussés. Générosité de la convention; le comte de Castellane, contumace. Dernière séance de la convention; un mot sur elle. Conseil des Anciens, Conseil des Cinq-Cents. Directoire. — Le DiMédaille des membres des deux conseils pour leur première Echange de prisonniers; Mademoiselle est mise en liberté. - Revue

rectoire exécutif au peuple français. Emprunt forcé.

législature.

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de l'année 1795.

Deux événements avaient touché de près les royalistes: le dauphin était mort en juin (a), et en juillet s'était passée l'affaire de Quiberon.

Le dauphin avait été enterré a avec le moins de pompe possible. » Des bruits peu fondés d'empoisonnement avaient couru, comme c'est l'habitude. On se rappelait que le député Sévestre avait dit, en parlant de l'enfant-roi: « Cet enfant ne sera jamais majeur.» (b). On se rappelait que la commune . du 31 mai 1793 avait tenté de s'en délivrer.

Le prince de Condé annonça cet événement à son armée par une proclamation qui se terminait par ces mots : « Messieurs, le roi Louis XVII est mort; vive le roi Louis XVIII.

Et les royalistes, forts de ce principe que « le roi ne meurt point en France,>> continuèrent leurs démonstrations anti-révolutionnaires.

L'affaire de Quiberon avait augmenté leur haine pour la république. Soit trahison, soit mauvaise fortune, les troupes royalistes avaient été anéanties par les bleus.

Les émigrés pensèrent alors qu'il valait mieux venir à Paris pour exploiter la réaction, et cela d'autant plus que leurs amis se montraient à découvert dans toute la France. Les choses se trouvaient pour eux dans de meilleures

(a) Le 8.

b) C'est le même député Sévestre qui fit le rapport a la convention sur la mort du dauphin

conditions. A l'enfant-roi avait succédé un prétendant qui pouvait imprimer une direction capable aux mouvements de ses partisans.

Dans quelques villes on avait chanté le Domine salvum fac regem. En Bretagne, dans le Dauphiné, à Lyon, où il circulait une estampe représentant Marie-Antoinette, Louis XVI et ses enfants, des adresses étaient répandues. Les Compagnies du Soleil désolaient le midi, remplaçant l'ancienne faction du Syphon, dont nous avons parlé en 1790. Un écrit intitulé le Spectateur de la révolution exaltait les avantages du gouvernement monarchique.

Le 24 septembre, il y eut des troubles alarmants au Palais-Royal, troubles existants avec moins de force depuis la fin du mois d'août, et qui avaient pour motif la décision prise par la convention d'admettre la réélection des deux tiers des députés pour la nouvelle législature. Le lendemain, la fermentation fut encore plus grande. Insultes à des soldats, coups de feu tirés, cris: A bas les deux tiers! La convention se préoccupa de ces troubles, fomentés, disait-on, par des chouans venus de l'ouest. Le 29, elle refusa d'admettre des citoyens porteurs d'un écrit intitulé : Déclaration à la représentation nationale, au nom de la majorité des assemblées primaires de Paris, signée des commissaires de ces assemblées. Elle ne se croyait pas le moins du monde en danger, et le 2 octobre elle fixa, par un décret, l'ouverture des séances du corps législatif au 22, puis elle adopta un projet de fête funèbre « en l'honneur des amis de la liberté, morts sous le régime décemviral. »

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Cette fête eut lieu le 3 octobre. Tous les députés avaient le crêpe au bras pour la séance. La salle était décorée d'inscriptions et d'attributs. Au bas de la tribune on avait placé une urne funéraire, couverte de crêpe, de couronnes, entourée de chêne, de cyprès; surmontée d'une palme. Sur le socle on lisait:

Ils ont recommandé à la patrie leurs pères, leurs épouses,
et leurs enfants.

Aux magnanimes défenseurs de la liberté, morts dans les prisons ou sur l'échafaud, pendant la tyrannie.

La convention compromettait ici sa dignité, à vrai dire. Au lieu de donner des regrets au passé, n'était-il pas plus convenable de veiller sur le présent?

Au moment où la fête commençait, une députation de la ville de Valenciennes fut introduite, et se plaignit à l'assemblée de ce qu'elle « laissait usurper la souveraineté nationale par trois mille faquins qui agitaient les sections de Paris. >>

Mais les députés voulant pleurer sur les månes des Vergniaud, des Con

dorcet, des Camille Desmoulin, avant de marcher contre ceux qui disputaient de puissance avec la Convention » a), la fête fut continuée.

L'Institut de musique exécuta un chant funèbre, qui sembla produire sur les députés et sur les spectateurs une profonde impression (b).

Les électeurs des sections de Paris devaient se réunir le 3 dans la salle du Théâtre-Français (Odéon). Ils y parvinrent, mais se retirèrent bientôt devant les troupes des comités. Cependant, les sections Lepelletier, de la Butte-desMoulins, du Contrat-Social, du Théâtre-Français, du Luxembourg, Poissonnière, Brutus, du Temple et quelques autres s'étaient déclarées en rébellion contre la convention. Le 4, la générale battit et appela l'insurrection au nom des assemblées primaires. Une commission centrale s'organisa dans la section Lepelletier. Les dépôts des chevaux da gouvernement tombèrent au pouvoir des insurgés, qui interceptèrent des envois d'armes et des subsistances pour les troupes (c).

La convention comprenait que ces troubles étaient dus aux menées des royalistes. Elle rédigea le soir une proclamation affichée dans Paris, et finissant par ces mots : « Non, citoyens, dussions-nous périr sous le fer des assassins ou des bourreaux, jamais nous n'invoquerons le crime pour fonder le règne de la vertu; jamais la convention nationale ne tendra la main au terrorisme; elle l'a détruit pour toujours. Ce n'est qu'une affreuse calomnie pour diviser les citoyens. Les méchants vous ont trompés si souvent! Quelle foi devez-vous à leurs discours? Ne les croyez jamais que lorsqu'ils diront que nous organisons la république au prix de tout notre sang. >>

La convention! accusée de terrorisme! c'était une mauvaise chicane. Elle avait aboli, au contraire, les moindres vestiges du régime décemviral. Elle n'avait seulement plus de principe fixe, et n'avait pu rien faire de mieux que de se dissoudre.

Les troupes de la convention se dirigèrent d'abord sur la section Lepelletier. Plusieurs généraux s'étaient montrés incapables. Barras, muni de pleins pouvoirs, s'adjoignit son protégé le jeune Bonaparte; et la victoire parut aussitôt devoir appartenir aux conventionnels. Des combats furent livrés dans la rue Saint-Honoré, dans la rue de la Convention. Les insurgés furent repoussés sur tous les points.

Voyons les suites de cette journée du 13 vendémiaire.

Les vainqueurs usèrent de générosité. Le tribunal criminel, jugeant les révoltés, les acquitta « parce qu'il n'y avait pas eu de révolte au 13 vendémiaire.»> Le comte de Castellane, condamné à mort par contumace, allait en public. Ren

(a) Discours de Tallien.

b. Moniteur universel.

c) Rapport sur les événements des 3, 4, 5 et 6 octobre (11, 12, 13 et 14 vendémiaire), fait par Merlin (de Donai, au nom des comités de salut public et de sûreté générale.

contré, une nuit, par la patrouille, au cri de qui vive! il répondit: Parbleu! c'est moi, Castellane, contumace! (a) Et on le laissa continuer sa route.

Les sections Lepelletier et du Théâtre-Français déposèrent les armes sans mot dire. On destitua le maire et le procureur de la commune de Choisy-surSeine.

Généreuse à l'égard des vaincus, la convention se montra reconnaissante envers ses défenseurs. Des gratifications, des pensions et places leur furent accordées. Bonaparte, sur la motion de Barras, eut le grade de général en chef de l'armée de l'intérieur.

Les députés étaient encore une fois sauvés des voies de fait de l'émeute. Ils pensèrent à se séparer. Mais avant, ils décrétèrent qu'à «< dater du jour de la publication de la paix générale, la peine de mort serait abolie dans toute la république française; » que « la place de la Révolution porterait désormais le nom de place de la Concorde, et la rue qui conduit du boulevard à cette place le nom de rue de la Révolution.» Ils rendirent la loi d'amnistie, dite loi du 4 brumaire an IV, avec d'assez nombreuses exceptions. Puis, le président « déclara que la séance était levée », et ajouta : « Union, amitié, concorde entre tous les Français; c'est le moyen de sauver la république. »>

La mission de la convention nationale était remplie; sa session était terminée le 26 octobre 1795; à deux heures et demie la séance était levée. Des cris de vive la république se firent entendre de tous côtés.

Et le 29, le Conseil des Anciens et celui des Cinq-Cents se réunissaient; le premier, dans la salle des séances de la convention; le second, dans la salle du manége.

Une récapitulation des travaux de la convention nationale ne laisserait pas que d'être fort curieuse; mais elle nous mènerait trop loin dans cette histoire, dont le côté politique a peu d'importance. Il faudrait indiquer quelle route elle a suivie. L'assemblée nationale avait fait valoir dès l'abord les principes de la souveraineté du peuple; la législative avait porté les coups de bélier à la royauté. En ouvrant ses séances, ainsi que nous l'avons vu, la convention avait réuni en elle le pouvoir délibérant et le pouvoir exécutif.

Elle effaça le nom de roi, jugea Louis XVI, et fut tour à tour sous l'influence de Robespierre et de Tallien. Sa marche avait passablement ressemblé à une campagne, pendant laquelle de nombreuses batailles furent livrées, et bien des combattants mis à mort. Sur sept cent cinquante membres, cent trente manquèrent au dernier appel. Elle était lasse dans ses dernières séances. Haletante, elle aspirait au repos de ses fatigues; aussi fit-elle un peu légèrement ses adieux au peuple Français qui l'avait choisie. Elle avait

(a) Mémoires de Thibaudeau. Cité dans les Esquisses de Dulaure.

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