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pularité. David était chéri de ses élèves. « Bon nombre de comédiens du boulevard, étaient habillés à la grecque avec la plus grande sévérité de costume. Ils portaient la tunique laconienne (au-dessus du genou); ils avaient une légère chlamyde ornée d'une bordure en broderie de laine et qui figurait presque toujours un méandre. Ils avaient la poitrine et la tête nues, les bras nus et les jambes nues (a). » David, le patriote, est devenu le peintre historique de Napoléon.

Aucun ouvrage bien supérieur d'architecture ne peut faire honneur à l'époque. En peinture, quelques tableaux peuvent être cités; mais ils sont peu nombreux. Qu'on visite le musée du Louvre, et l'on verra combien la période révolutionnaire est, sous ce rapport, stérile en chefs-d'œuvre, et combien aussi l'école de l'empire a renchéri sur le mauvais goût qui régnait alors.

On comprend que nous ne pouvons passer sous silence les caricatures qui ont joué un si grand rôle, et dont notre livre s'est si fréquemment emparé pour révéler l'opinion publique. On a dit que la caricature, de 1789 à 1804, avait procédé avec trop de prosaïsme, pardonnez-nous cette expression; on a dit, qu'en général, leur sens n'était saisissable qu'à force d'explications, de textes au-dedans et au-dehors des sujets. C'est un reproche à faire, sans doute, aux caricaturistes de la révolution. Pourtant, il est peu mérité, en ce sens que, dans leurs estampes, le texte a toujours une signification et un sel qui ajoutent souvent beaucoup au sujet. Il est impossible de nier d'autre part, que dans certaines caricatures, on ne devine parfaitement le sens, soit par l'expression des figures, soit par la composition. Voyez à cet égard comme exemples, la Pétr-fication et la Satisfaction (b).

Aussi, le texte étant une partie intégrante des caricatures de l'époque, nous avons rarement omis de le citer, lorsque nous avons reproduit quelquesuns de ces sujets.

La sculpture, comme l'architecture, n'a laissé que fort peu de compositions estimées. Les monuments et les statues du temps portent un cachet particulier : ils sentent le provisoire; il sont en toile et en bois. Les architectes et les sculpteurs ne travaillaient guère que pour les fêtes, et étaient forcés de se conformer en tous points aux goûts et aux passions du moment. Bien des monuments ne sont restés debout qu'une année ou deux; bien d'autres sont demeurés à l'état de projets pendant que l'artiste y songeait, un évé

(a) Souvenirs de la marquise de Créqui, de 1710 à 1803. Tome neuvième, édition Dellove. (b) Tirées de la collection de M. Laterrade. Avant de quitter la plume, nous devons remercier particulièrement M. Laterrade, de l'obligeance avec laquelle il nous a communiqué les pièces les plus curieuses de sa collection. M. Laterrade emploie ses moments de loisir à rassembler des documents qui pourront servir à éclaircir bien des points de notre histoire de France. Cet amateur possède plus de neuf mille estampes, caricatures et autres, sur la révolution de 89.

nement imprévu survenait et rendait bientôt son travail inutile. Quant à la sculpture et à l'architecture de l'Empire, Canova et Chalgrin exceptés, nous avouons qu'elles n'ont pas à nos yeux de biens grands représentants.

La musique, au contraire, est en voie de progression; après la lutte des gluckistes et des piccinistes, après l'apparition de Mozart, on a vu se former la vraie école française, savante et méthodique tout ensemble. Grétry, Berton, Catel, Boïeldieu, Méhul, composent des ouvrages qui, à l'heure qu'il est, n'ont point encore vieilli. Les ariettes plaisent, mais le public sait quelquefois se passionner pour les grands airs bien tendres, et pour les morceaux d'ensemble dramatique. L'étude de la musique n'est pas encore populaire, mais elle tend à le devenir. Chaque régiment a son orchestre. Les marches, les cantates militaires étaient redites dans les rues par les ouvriers et par les enfants. Avec Bonaparte, le grand monde parisien aima la musique italienne, et le peuple aima les airs de Méhul, de Gossec et de Rouget de l'Isle.

L'art dramatique a brillé d'un splendide éclat. De Lekain à Talma, de mademoiselle Raucourt à mademoiselle Georges, de mademoiselle Contat à mademoiselle Mars, de Laïs à Nourrit père, toujours la génération s'est tenue à l'état de triomphe. Le théâtre était plus suivi que de nos jours, surtout la scène française et l'Opéra. On voyait des coins entiers de parterre applaudir frénétiquement tel ou tel acteur qu'ils avaient placé sous leur protection. Vous savez la lutte entre les partisans de mademoiselle Georges et les partisans de mademoiselle Duchesnois. Eh bien, avant qu'elle se déclarât pour les absorber, une foule de petites querelles existaient à l'horizon des théâtres de la capitale. Cependant, on pouvait prévoir ce qui est arrivé à notre époque : les concerts, les établissements publics de fêtes champêtres, de cirques, d'exercices gymnastiques firent grand tort à l'art dramatique. Bientôt le public préféra aller voir des athlètes plutôt que d'habiles comédiens; et le théâtre lyrique aussi, peu à peu, à mesure que le goût musical se développait en France, l'emporta sur le théâtre littéraire.

Nous venons de dire quels hommes signalèrent le mouvement intellectuel; mais que devinrent les mœurs ?

Le langage et les mœurs révolutionnaires se tiennent, ils s'expliquent. Autant le style de la conversation avait été recherché sous Louis XIV, sous Louis XV, et pendant la première moitié du règne de Louis XVI; autant il devint bas et trivial pendant la révolution. L'usage du tutoiement, après tout, pouvait ne rien enlever à l'urbanité des citoyens, mais leur rappeler seulement, à chaque heure du jour, les liens de confraternité qui devaient les unir, d'après les principes de la religion et de la politique. Cependant, on s'en servit comme d'une sorte de défi porté au respect. Sous ce rapport, le tutoiement produisit des effets funestes.

Dans la conversation, en général, les hommes ne se révélaient tels qu'ils étaient, que lorsque la passion politique les tenait sous son empire. Autre

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