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grâce aux travaux des Didot, des Crapelet, des Cramer, des Egron, des Vatar, etc.

Toutes les caricatures exposées aux regards des passants s'attaquaient généralement à l'Angleterre. Nous en avons déjà donné, indiqué, ou même expliqué quelques-unes. Il nous en reste encore à faire connaître.

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S'il n'était

Dans l'une, intitulée la Tête et la Cervelle, Georges III et Pitt sont accolés, Georges dit : La paix continentale..... ouf! Pitt dit : qu'imbécille...., mais fou..... comment m'en retirerai-je ?

Une autre représente le Vaillant Pitt commandant les ports (porcs) d'Angleterre. Tous les Anglais ont des têtes de pourceaux (a).

Une dernière enfin a pour texte : Mais qui touche, mouille, indiquant par ces mots que Georges, une fois en guerre, doit aller jusqu'au bout. Elle a rapport à la rupture du traité d'Amiens.

On vendait le portrait satirique de Pitt, en béquilles, et tout éclopé.

Sans compter une foule de caricatures et de gravures de mœurs, plaisantant sur la passion gastronomique des Anglais, sur leur mauvais goût, sur la maigreur de leurs femmes, sur leur embonpoint forcé.

Pauvres Anglais! nous employions contre vous l'arme du ridicule, et, pensant à vous terrasser, nous commencions d'abord par nous moquer de vous. Mais vous nous rendiez bien la pareille, et les boutiques des marchands d'estampes, à Londres, étaient la contre-partie de celles de Paris. -On dit pourtant que sur ce point nous étions les plus forts. Le nombre et l'esprit des caricatures alors publiées contre vous sont extraordinaires, et jamais les faiseurs n'eurent plus de verve.

Les pièces de théâtre n'épargnaient pas non plus nos ennemis d'outreManche. On bissait ce couplet dans M. Pistache ou le Jour de l'an (b) : (C'est M. Pistache, pâtissier, qui parle.)

Je vois chez moi, grâce à mon art,
Accourir le riche et le pauvre.
J'ai confit le mont Saint-Bernard,

J'ai glacé la ville d'Hanovre.
Paris en sucre a, de tout lieu,
Attiré mes compatriotes,

Et nous espérons, avant peu,
Mettre Londre en compote.

Les grands et les petits spectacles, spectacles littéraires ou lyriques, tous disaient leur mot, et les pièces les plus suivies étaient généralement celles qui, comme M. Pistache, contenaient quelque allusion directe ou indirecte aux Anglais.

(a) Collection de M. Laterrade.

b) Par Désaugiers et Francis,

Colin d'Harleville, Picard, Dupaty, Andrieux et Népomucène Lemercier, dominaient la tourbe des auteurs dramatiques, et leurs ouvrages pouvaient seuls balancer la vogue des vaudevilles de circonstance.

La foule abondait aux théâtres, qui jouaient très-fréquemment des pièces nouvelles: du 1er germinal au 1er vendémiaire (six mois), on comptait soixantequatorze pièces nouvelles, deux à l'Opéra, deux aux Français, cinq à Feydeau, neuf à Louvois, quinze au Vaudeville, huit à Montansier, deux à Molière, deux à la Cité, cinq à l'Ambigu-Comique, dix à la Gaîté, quatorze aux Jeunes Artistes (a).

A l'Opéra, on admirait Laïs, Nourrit, Éloy, mesdames Branchu, Gardel; Aux Français, Talma, Lafont, Baptiste Cadet, Raucourt, mesdemoiselles Duchesnois et Georges.

A Feydeau, Martin, Elleviou, Gavaudan, mesdames Saint-Aubin, Gavaudan, Dugazon et Scio.

A Louvois, Picard, Clozel, et la charmante Adeline, etc.

Les bals et les cafés de Plaisance étaient presque déserts. Il y avait peu de réunions publiques. On n'allait plus à l'Athénée des étrangers, ni à Frascati, c'est tout dire. On préférait se réunir en famille. Le beau monde fréquentait la terrasse des Feuillants. Les bals de société même étaient peu suivis, à cause des difficultés d'exécution introduites dans les danses. Sur vingt femmes engagées à danser, dix-neuf refusaient avec cette réponse: Je ne suis pas assez forte.

Pour les modes, elles étaient tyranniques et extrêmement capricieuses. Examinons, en premier lieu, les modes des femmes. Les personnes riches portèrent, en grande parure, le bandeau antique et un chou de nattes : la huppe ou coup de vent était passée de modes. On se servait de cache-folies et même de perruques entières. Elles affectionnaient les turbans et les voiles, et revêtaient encore les robes à l'enfant, c'est-à-dire ouvertes par le dos. Quelques jeunes personnes tondues allaient encore tête nue, mais les coiffures à la Ninon l'emportaient. L'ancienne couleur cheveux de la reine était redevenue à la mode sous le nom de couleur pêche. Les nuances vives saisaient fureur pour les étoffes de femmes. Les grisettes portaient un spencer noir; elles avaient, de même que les dames de comptoirs et les petites bourgeoises, adopté une sorte de mise campagnarde, et elles se coiffaient d'une cornette à deux pointes (b).

Aucune femme de bon ton ne devait sortir sans équipage, ou tout au moins sans demi-fortune. Le luxe monarchique réapparaissait.

En second lieu, les modes des hommes ne le cédaient en rien, pour l'inconstance, à celles du beau sexe. Les redingotes n'étaient plus guère portées:

(a) Journal de Paris.

(b) Gravures de modes du temps.

on préférait l'habit à basques, avec des bottes à revers, et la culotte descendant trois doigts plus bas que le genou. Les hommes se coiffaient encore à la Titus, et avaient coupé pour toujours leurs oreilles de chien. Les élégants, affectant les manières aristocratiques, sortaient en négligé le dimanche, et se gardaient bien de paraître au spectacle un jour comme celui-là.

Ainsi agissaient les citoyens et les citoyennes de la république française, pendant la dernière année du consulat.

FIN DU CHAPITRE QUARANTE-TROISIÈME.

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