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de sa ressemblance avec Esope. On attribuait sa fortune politique, aux événements du 18 fructidor, et on l'appelait le pape des citoyens-filoux-entroupe. a L'idée de ce dernier nom est sans doute venue, dit un de leurs ennemis, de ce que le malheur veut que dans les assemblées théophilanthropiques, il y ait toujours des filoux fort adroits à fouiller dans les poches (a . » A chacun ce qui lui est dû: La Réveillère-Lepaux a été le prophète; le citoyen Hauy a été le fondateur. La postérité, capricieuse, a néanmoins particulièrement adopté le premier. Haüy avait fait connaitre la nouvelle secte par les cent bouches des journalistes; Mahomet-théophilanthrope lui donna une forme, des rites, des assemblées.

Au coin de la rue des Lombards, rue Denis, n. 34, se tinrent les séances d'organisation. Dans ce local provisoire, on célébrait deux fêtes religieuses et morales par décadi (b); et déjà, pour être reconnu apte à exercer le culte, le récipiendaire devait nécessairement prêter serment de haine à la royaute et à l'anarchie, de fidélité et d'attachement à la république et à la constitution de l'an 3, ce dont était dressé procès-verbal (c).

Déjà, la liturgie était en vigueur. Dans la salle, sur les murs, étaient des tableaux imprimés en gros caractères. On y lisait le fonds de vertus à l'ordre du jour chez les théophilanthropes :

NOUS CROYONS A L'EXISTENCE de Dieu et a l'IMMORTALITÉ Dde l'ame. ADOREZ DIEU, CHÉRISSEZ VOS SEMBLABLES, RENDEZ-VOUS UTILES A LA

PATRIE.

LE BIEN EST TOUT CE QUI TEND A CONSERVER L'HOMME OU A LE PERFECTIONNER.

LE MAL EST TOUT CE QUI TEND A LE DÉTRUIRE OU A LE DÉTÉRIORER. ENFANTS, HONOREZ VOS PÈRES ET MÈRES, OBÉISSEZ LEUR AVEC AFFEC

TION.

SOULAGEZ LEUR VIEILLESSE. PÈRES ET MÈRES. INSTRUI EZ VOS EN

FANTS.

FEMMES, VOYEZ DANS VOS MARIS LES CHEFS DE VOS MAISONS.

MARIS, AIMEZ VOS FEMMES, ET RENDEZ-VOUS RÉCIPROQUEMENT HEUREUX (d.

Pour temple, les théophilanthropes disaient que Dieu avait la nature entière, mais qu'il ne lui en fallait pas moins des temples en pierre, élevés par la main des hommes. Dans cet édifice religieux, provisoirement une maison de la rue Denis, ils avaient élevé un autel simple, carré, couvert d'une étoffe rouge à fleurs d'or, sur lequel ils plaçaient des corbeilles de fleurs ou

(a) Almanach violet, pour l'an 1798.

(b) Année religieuse des théophilanthropes, par Chemin.

(c) Circulaire envoyée aux aspirants théophilanthropes. (Imprimé du temps)

Manuel des théophilanthropes.

de fruits, selon les saisons. Tout auprès, était une, chaire, ou plutôt une tribune. Aux grandes solennités, les murs étaient tendus de tapisseries.

On officiait On chantait des hymnes d'anciens poëtes, ou composés exprès, soit pour les paroles, soit pour la musique. Tous les décadis, avaient lieu les exercices du jour de repos. Pendant les chants, des enfants, ou un lecteur en tunique bleu céleste, en ceinture rose, et en robe blanche, déposaient

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des fleurs sur l'autel. Les hymnes changeaient selon les saisons. De plus. un hymne était consacré pendant trois mois. Pendant le printemps on entonnait l'ode de J.-B. Rousseau.

Les cieux instruisent la terre

A révérer leur auteur.

Tout ce que leur globe enserre
Célèbre un Dieu créateur.
Quel plus sublime cantique
Que ce concert magnifique
De tous les célestes corps!
Quelle grandeur infinie!
Quelle divine harmonie
Résulte de leurs accords!

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Pendant l'Été, on chantait deux strophes, dont la première :

Suprême auteur de la nature,
Pour t'aimer tu fis les mortels.
En vain l'erreur et l'imposture
Voudraient détruire tes autels :
Dans le cœur de l'ètre qui pense,
Le sentiment de ta présence
Naît et s'accroît par tes bienfaits;
L'athée en vain cherche à l'éteindre ;
Son souffle encor n'a pu l'atteindre

Il vit pour ne mourir jamais, etc., etc.

Pendant l'Automne, trois strophes, dont la première :

Homme, adore un être suprême,

Dit Zoroastre au Bactrien.

Avant d'être, tu n'étais rien :
As-tu su te créer toi-même ?
Homme, adore un être suprême;
Il est ton père et ton soutien ;

Il te nourrit, t'éclaire et t'aime;
Proscris le mal et fais le bien, etc.

Pendant l'Hiver, quatre strophes, dont la première :

De votre Dieu, de vos semblables,

Accourez, sincères amis;

Avec ces titres respectables,

l'armi nous vous serez admis.

Cette enceinte heureuse et sacrée

S'ouvre aux cœurs purs et bienveillants;

Déposez loin de son entrée

Jusqu'aux moindres ressentiments, etc., etc.

Ces hymnes étaient entremêlés d'invocations, en manière d'orémus, faits par un chef de famille. Ils étaient variés. Il y en avait deux pour la Patrie. L'office achevé, le lecteur annonçait la fin de l'exercice par la formule suivante :

La fête religieuse et morale est terminée.

Il faut convenir que tout cela ressemblait beaucoup à la messe, moins la révélation et le sacrifice, c'était le vain effort d'hommes qui cherchaient instinctivement à se rapprocher de la religion sans en comprendre la révélation et le dogme consolant et sacré.

Outre cet exercice général, on célébrait la naissance des enfants, avec un hymne et une invocation du chef de famille; l'enfant était apporté dans l'assemblée à la fin de la fête religieuse; le père, ou un autre parent, donnait ses

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