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représentant la tyrannie révolutionnaire écrasée par les amis de la constitution de l'an III (a).

Les citoyens paisibles, les rentiers calculaient la hausse ou la baisse sur les victoires, ce qui donna lieu à un quiproquo intitulé rêve d'un rentier. Le rentier voyait les puissances ci-après nommées rassemblées autour d'une table, tenant des cartes à la main, et qui s'exprimaient ainsi :

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La France : J'ai beaucoup de piques; si je ramasse les cœurs, je gagne la partie. L'empereur d'Allemagne : J'ai suivi de mauvais avis; je suis débanqué, je quitte la partie; je ne puis faire une seule levée.

Le roi de Sardaigne : J'ai retiré mon enjeu.

La Hollande: Quelle folie de me faire jouer : je suis à la bête.
L'Espagne Je n'ai qu'un roi de carreau : je renonce à la triomphe.
Le roi de Prusse : Voici de nouveaux paquets; je couvre mon jeu.
L'Italie C'est moi qui mêle.

La Russie: J'attends la retourne.

La Turquie: J'ai la main.

Le Pape: Je passe (a).

Les nouveaux enrichis et les partis multipliés, avaient fait publier l'Evangile du jour, où on lisait : « En ce temps-là ceux qui auront de l'esprit seront des sots; ceux qui auront du bon sens, seront des fous; ceux qui auront de la bonne foi, seront des dupes; ceux qui auront des mœurs seront ridicules; ceux qui suivront la religion de leurs pères, seront baffoués; ceux qui auront des talents mourront de faim; ceux qui auront de l'or, seront volés; ceux qui posséderont, seront dépouillés; ceux qui n'auront rien, auront tout; ceux qui ne seront rien, seront tout; et quand toutes ces choses seront arrivées, l'esprit soufflera de l'Orient, et ceux qui étaient aveugles, (a) Collection de M. Laterrade.

(b) Mémorial, ou Journal historique de la révolution de France, par Lecomte, t. 2.

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verront; ceux qui étaient sourds entendront; ceux qui étaient perclus, marcheront; ceux qui étaient humiliés, seront élevés, etc., etc. »

Et toujours on chansonnait le Directoire. Nous remarquerons cette prière du soir dans la petite poste de Paris, journal : « Je vous rends grâce, ô mon Dieu, de ce que vous avez daigné me préserver pendant cette journée, des mandats d'arrêt et des interrogatoires du bureau central, des visites domiciliaires, du poignard des jacobins, des coups de sabre de la nouvelle légion de police, des embûches de Satan-Merlin, et de l'amitié du directoire, dont je vous prie de me rendre indigne de plus en plus(a). »

La mode avait ses passionnés admirateurs, et le boulevart Italien était le rendez-vous de la belle société. Le divorce, admis pour incompatibilité d'humeur entre les époux, le rétablissement de la loterie, avaient porté atteinte à la sécurité d'un grand nombre de familles. Aussi, certaines gens, affectés du désarroi général dans lequel se trouvaient les esprits, avaient employé tous leurs soins à fonder une nouvelle religion.

L'amour de l'Etre Suprême, combiné avec l'amour du genre humain, Robespierre concilié avec Anacharsis Cloots, - donnèrent naissance à une secte religieuse et morale, célébrant le culte de la Nature.

D'abord, les sectaires avaient voulu s'annoncer sous le nom de Théoanthropophiles. Mais le mot était trop difficile à prononcer : ils s'appelèrent Théophilanthropes ou adorateurs de Dieu et amis des hommes.

D'après son Manuel, le Théophilanthrope croyait à l'existence de Dieu et à l'immortalité de l'âme, ces deux colonnes de feu qui illuminent toute religion, et qui réduisent à néant ceux qui veulent y toucher. Son Credo n'était pas plus long.

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Son Pater, tel qu'il fut proposé par un auteur sectaire, avait proscrit la phrase qui êtes aux cieux, parce que Dieu est partout; la phrase pardonnez-nous nos offenses comme nous les pardonnons à ceux qui nous ont offensés, parce que c'était lui dire stupidement imite-nous; enfin, la phrase et ne nous induisez point en tentation, comme changeant Dieu en diable. Ce projet de Pater, adopté par plusieurs théophilanthropes, comprenait douze vers français, que voici :

Créateur des humains, des mondes et des cieux,

Que ton nom soit béni! qu'il le soit en tous lieux!
Sur terre, au firmament, ta volonté soit faite!

Règne enfin, règne seul... Écarte la disette.

Sous les yeux paternels que le blé, dans nos champs,
Multiplic... et suffise à nos be oins pressants!

Dans nos cœurs ta justice a placé la clémence ;

Nous pardonnons... Grand Dieu! pardonne à qui t'offense
Épargne la faiblesse, et fais grâce à l'erreur.

a) La petite Poste de Paris, ou le prompt avertisseur, par J. J. Lucet.

De nos maux passagers, allége la souffrance,

Et que tout homme juste, après son existence,

Repose dans ton sein... tous ont droit au bonheur (a).

Son dogme puisait à la source de toutes les religions, dans la Bible, dans l'Evangile de Jésus-Christ, dans le Vedam indien, dans le Coran, dans la théogonie grecque, dans les œuvres de Socrate, de Cicéron, de Sénèque, d'Epithète, de Marc-Aurèle, de Zoroastre, d'Aristote, d'Isocrate, de Guillaume Penn, d'Yung et de Fénélon. Quintessence d'éclectisme, de tolérantisme, et aussi de vague croyance (b)!

Catholique, protestant, juif, mahométan, chacun pouvait être théophilanthrope, en gardant son quant à soi de religion. La théophilanthropie se déclarait secte, admettant toutes les autres. Les nouveaux croyants disaient: Nos frères les sectaires catholiques, et ils prêchaient sur toutes choses la concorde et la bonne intelligence.

Ce fut dans les premiers mois de l'année 1797, que la théorie se formula nettement, et commença à être pratiquée.

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Le chef fut Laréveillère-Lepaux, directeur, appelé par les méchantes langues Mahomet-théophilanthrope, ou encore La-Réveillère-laid-peau, à cause

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