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allèrent tour à tour déposer leurs branches de laurier près de l'effigie du héros; et pendant la cérémonie, le canon fut tiré par intervalles, les tambours voilés, et la musique militaire fit entendre des sons lugubres (a).

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Hoche fut regretté. C'était le véritable soldat républicain, de gé nie et de courage précoces, de modestie et de clémence sans exemple. de mœurs simples, de bonne amitié, de patriotisme ardent. Qu'il nous suffise ici de rapporter un fragment des discours prononcés en son honneur. L'historien et le contemporain publient ensemble sa grandeur d'âme. « Ce jeune héros, dit l'orateur, sera le modèle de ceux qui lui survivent ; il sera l'objet constant de la reconnaissance des bons Français, qui ne pourront se dissimuler qu'à l'âge le plus tendre enco e, il avait déjà épuisé tous les genres de gloire. Général, il fut toujours suivi de la victoire; ah s'il m'était possible de parler dignement de ses travaux guerriers, je le peindrais attaquant et enlevant les fameuses lignes de Weissembourg; je le peindrais débloquant Landau, je le peindrais détruisant, sans coup férir, les hordes carnassières que l'infâme Angleterre avait vomies à Quiberon; je le peindrais enfin, battant les Autrichiens, sur les bords du Rhin, leur faisant neuf mille prisonniers, leur tuant cinq mille hommes, et ne s'arrêtant dans ses glorieux exploits que parce qu'on lui apportait les préliminaires de la paix signés par l'empereur; mais un titre à mon gré, plus recommandable aux ȧmes sensibles, le caractérise d'une manière plus particulière HoсHE а pu vaincre les rebelles vendéens; HоCHE a préféré d'en être le pacificateur..... le pacificateur........ que ce titre sublime émeut mon âme ! qu'elle en est sensiblement affectée ! Qu'il fixe un instant votre attention, citoyens, et vous partagerez mon juste attendrissement. Je n'ai pas assez d'éloquence pour vous le peindre, et je suis trop délicieusement touché, pour exprimer ici tout ce que j'éprouve (b). »

Ce peu d'éloquence de l'orateur qui propose Hoche pour modèle aux généraux à venir, est aussi un modèle de style grandiose de l'époque du directoire.

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Soit que Hoche eût effectivement désigné Augereau pour son successeur, soit que le gouvernement s'y trouvât porté de lui-même à cause de la conduite méritoire de ce dernier aux troubles de fructidor, les armées de Rhin-et-Moselle et de Sambre-et-Meuse, ou mieux, l'armee d'Allemagne, fut placée sous les ordres du général Augereau, dès les premiers jours de vendémiaire.

En Italie, Bonaparte achève sa mission guerrière. Le 17 octobre, il signe, de concert avec Louis Cobentzel, à Campo Formio, un traité de paix entre

(a) Cérémonie funèbre en l'honneur du général Hoche, etc. Programme.

b Discours prononcé par le commissaire du directoire exécutif près le canton de Houd in, a la pompe funèbre du général Hoche. (Imprimé du temps.)

la France et l'Autriche. Ainsi, disent les faiseurs de médaillons, la Victoire et la Paix couronnent ce héros (a).

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disaient vrai.

Par extraordinaire, les courtisans, peintres ou poëtes, Le traité de paix de Campo-Formio était un acte à la façon des actes habituels de Bonaparte. Par cette négociation, la Belgique était cédée à la République française, et la Lombardie autrichienne à la République cisalpine. Corfou, Zante, Céphalonie, Sainte-Maure, Cérigo, l'Albanie devenaient possessions de la France; l'Istrie, la Dalmatie, une partie du territoire de Venise étaient cédées à l'Autriche. Mais ce mot de paix était dérisoire. Il s'agissait tout simplement d'un déplacement d'hostilités, si l'on peut dire ainsi. Des tentatives de conciliation avaient eu lieu à Lille, un mois auparavant (c), entre l'Angleterre et la France. Elles n'avaient abouti qu'à une rupture, aigrissant davantage encore une nation contre l'autre. Une armée dite armée

(a) Collection de M. Laterrade.

(b) Première strophe des vers adressés par M. Arnault à Bonaparte, à l'occasion du traité de CampoFormio. Tome IV de ses œuvres.

(c) Le 17 septembre.

d'Angleterre, avait été créée (a), et le roi des îles Britanniques, par un manifeste envoyé aux cours étrangères, avait joué le rôle de victime dans la négociation, et déclaré que les arrangements de paix n'avaient pas eu de suite, à cause des prétentions exagérées de la France. La politique européenne, d'ailleurs, allait prendre une marche certaine au moyen d'un congrès qui devait s'ouvrir à Rastadt entre les plénipotentiaires de tous les souverains.

(a) le 26 octobre.

FIN DU CHAPITRE TRENTE-ET-UNIÈME.

T. II.

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CHAPITRE XXXII.

Refrain du chant du retour.

Le mécanicien Réception de Bonaparte à Paris. Les cinq rois à terme. de la victoire. -La tyrannie révolutionnaire écrasée par les amis de la constitution de l'an III. — Le rêve d'un rentier. - L'Evangile du jour. Fondation de la secte des théophilanthropes. — Leur Mahomet-théophilanthrope. Fêtes morales et religieuses des théophilanthropes. Billet d'enter rement. Jourdan-les-cloches. On abolit

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Décès.

Credo, leur Pater.
Leurs hymnes. Mariages.
Testament et mort du chef des filoux en troupes. Livres de l'année 1797.
la secte.
sur Pichegru. - Le triomphe des armées françaises. Journaux.

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Bonaparte n'était pas homme à s'endormir au milieu de ses triomphes, mais bien à chercher à en recueillir le fruit. Sa campagne d'Italie lui avait exalté l'imagination, et il n'était pas faché de venir à Paris, pour savoir où en étaient les affaires politiques, et pour éprouver le directoire, dont il s'était déclaré le partisan, jusqu'à ce qu'il s'en déclarât le protecteur et le maître. Chacun le jugeait indispensable aux grandes entreprises; il avait été nommé (a) général en chef de l'armée d'Angleterre, et remplacé en Italie par son ami Desaix. Il avait quitté Milan le 15 novembre, avait passé par Rastadt, pour assister personnellement au congrès, et était arrivé incognito, le 5 décembre à Paris. Il descendit rue Chantereine, qui, soudainement, fut appelée rue de la Victoire. L'enthousiasme était universel. Le comité du conseil des cinq-cents voulait lui donner le domaine de Chambord, avec un des plus beaux hôtels de Paris. Les directeurs, que le héros de l'Italie appelait dédaigneusement les cinq rois à terme, jalousèrent son influence et sa popularité. Ils voulurent lui rendre seuls les honneurs, et préparèrent une fête solennelle pour le 10 courant.

Au palais du Luxembourg, en présence de tous les ambassadeurs et ministres plénipotentiaires, eut lieu la réception du général en chef. Au milieu de la cour du palais, on avait élevé un autel à la patrie, surmonté des statues de la Liberté, de l'Egalité, et de la Paix. Dans un vaste amphithéâtre étaient

(a) Le 26 octobre dernier.

placées les autorités constituées. Au-dessus des cinq directeurs flottaient les drapeaux conquis en Italie; partout des faisceaux d'armes et des trophées, et à tout instant les cris de vive la république! Vive Bonaparte! vive la grande nation! Force discours complimenteurs, avec des réserves adroites, des reproches déguisés, des craintes exprimées de part et d'autre.

Le directoire lui donna l'accolade, et le peuple entier l'appela le libérateur de l'Italie, le pacificateur du continent. Le conservatoire exécuta une symphonie, suivie du Chant du Retour, paroles de Chénier, musique de Méhul, et dont voici le refrain:

Tu fus longtemps l'effroi, sois l'amour de la terre,
O république des Français !

Que le chant des plaisirs succède aux cris de guerre :
La victoire a conquis la paix.

Le soir il y eut un diner magnifique en l'honneur de Bonaparte, puis un bal. Dix jours après, le corps-législatif lui donna une fête dans la galerie du Muséum, où avait été dressée une table de huit cents couverts. Les conseils présentèrent deux drapeaux d'honneur à l'armée d'Italie, et bientôt l'Institut admit Bonaparte à la place de Carnot, ce qui lui fit adresser ce quatrain flatteur :

Collègues, amants de la gloire,
Bonaparte en est le soutien;
Pour votre mécanicien,

Prenez celui de la Victoire (a).

Aucun homme n'avait jusqu'alors cumulé tant d'honneurs. Le directoire, par instinct de sa conservation, aspirait à s'en défaire, ou tout au moins à l'éloigner.

La fin du mois de décembre fut remplie par une émeute à Rome, où Joseph Bonaparte, ambassadeur de la république française, fut insulté dans son palais, et par l'organisation constitutionnelle des colonies.

Toute l'année 1797 avait continué l'œuvre de réaction. A peine voulaiton se rappeler les événements du passé pour lesquels on n'avait point de paroles assez flétrissantes. Le passé! Il était si loin déjà! Chacun oubliait la révolution, et était prêt à recommencer tous les actes condamnables qui l'avaient amenée.

Combien de leçons perdues, de celles que la Providence nous donne ! Dans les rues, les yeux des passants ne s'arrêtaient que sur des gravures dans le genre de celle-ci,

(a) OEuvres poétiques de Lebrun、

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