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me dites pas comment il y est arrivé, comment il y est gardé, et quelle sensation cela a fait sur les meneurs de Madrid. En général, il faut toujours faire une exposition claire et franche des choses.

Il ne faut pas chercher ni espérer d'obtenir un grand succès d'opinion, mais se tenir dans une excellente position militaire. Reiile, qui doit être arrivé depuis longtemps, vous aura dit tout ce que je pense là-dessus. Monthion a dù vous arriver depuis. Je serai demain à Bayonne.

D'après la minute. Archives de l'Empire.

13744. — AU MARECHAL BESSIÈRES,

COMMANDANT LA GARDE IMPÉRIALE, ETC., A BURGOS.

Mont-de-Marsan, 13 avril 1808, 10 heures du soir.

Mon Cousin, j'arriverai demain à Bayonne. Vous aurez dû voir Reille et l'adjudant-commandant Monthion à leur passage; ils vous auront fait connaitre la nécessité de vous tenir en règle, vos troupes bien reposées et en situation d'exécuter, en tout état de choses, ce qu'ils vous auront fait connaître être mon intention.

Le général Savary a dù passer, venant de Madrid, puisqu'il en est parti le 10, et le prince des Asturies avec plusieurs grands d'Espagne a dû dépasser Burgos. Vous devez en instruire le grand-duc de Berg, et vous devez savoir à quoi vous en tenir sur tout, puisque je suis toujours dans la même intention qui vous a été manifestée par le général Reille.

NAPOLEON.

P. S. Écrivez au général Verdier et au général commandant à Pampelune de se tenir en mesure, comme doivent se trouver tous militaires. Prenez vos mesures pour avoir le moins d'hommes isolés et de convois.

D'après l'original comm. par Mme la duchesse d'Istrie.

LA COMMISSION n'a pu avoir la preuve de l'authenticité des pièces suivantes que lorsque le seizième volume était entièrement composé. Ces trois lettres ont paru trop importantes pour que la publication en fût différée et séparée de l'ensemble des documents dont elles font partie.

XVI.

32

A ALEXANDRE Ior, EMPEREUR DE RUSSIE, A SAINT-PÉTERSBOURG.

Paris, 2 février 1808.

Monsieur mon Frère, le général Savary vient d'arriver. J'ai passé des heures entières avec lui pour m'entretenir de Votre Majesté. Tout ce qu'il m'a dit m'a été au cœur, et je ne veux pas perdre un moment pour la remercier de toutes les bontés qu'elle a eues pour lui, et qu'elle a pour mon ambassadeur.

Votre Majesté aura vu les derniers discours du parlement d'Angleterre, et la décision où l'on y est de pousser la guerre à outrance. Dans cet état de choses, j'écris directement à Caulaincourt. Si Votre Majesté daigne l'entretenir, il lui fera connaître mon opinion. Ce n'est plus que par de grandes et vastes mesures que nous pouvons arriver à la paix et consolider notre système. Que Votre Majesté augmente et fortifie son armée. Tous les secours et assistance que je pourrai lui donner, elle les recevra franchement de moi; aucun sentiment de jalousie ne m'anime contre la Russie, mais le désir de sa gloire, de sa prospérité, de son extension. Votre Majesté veut-elle permettre un avis à une personne qui fait profession de lui être tendrement et vraiment dévouée? Votre Majesté a besoin d'éloigner les Suédois de sa capitale; qu'elle étende de ce côté ses frontières aussi loin qu'elle le voudra; je suis prêt à l'y aider de tous mes moyens.

Une armée de 50,000 hommes, russe, française, peut-être même un peu autrichienne, qui se dirigerait par Constantinople sur l'Asie, ne serait pas arrivée sur l'Euphrate, qu'elle ferait trembler l'Angleterre et la mettrait aux genoux du continent. Je suis en mesure en Dalmatie; Votre Majesté l'est sur le Danube. Un mois après que nous en serions convenus, l'armée pourrait être sur le Bosphore. Le coup en retentirait aux Indes, et l'Angleterre serait soumise. Je ne me refuse à aucune des stipulations préalables nécessaires pour arriver à un si grand but. Mais l'intérêt réciproque de nos deux États doit être combiné et balancé. Cela ne peut se faire que dans une entrevue avec Votre Majesté, ou bien après de sincères conférences entre Romanzof et Caulaincourt, et l'envoi ici d'un homme qui fùt bien dans le système. M. de Tolstoï est un brave homme, mais il est rempli de préjugés et de méfiances contre la France, et est bien loin de la hauteur des événements de Tilsit et de la nouvelle position où l'étroite amitié qui règne entre Votre Majesté et moi ont placé l'univers. Tout peut être signé et décidé avant le 15 mars. Au 1er mai nos troupes peuvent être en Asie, et à la même époque les troupes de Votre Majesté à Stockholm. Alors les Anglais, menacés dans les

Indes, chassés du Levant, seront écrasés sous le poids des événements dont l'atmosphère sera chargée. Votre Majesté et moi aurions préféré la douceur de la paix et de passer notre vie au milieu de nos vastes empires, occupés de les vivifier et de les rendre heureux par les arts et les bienfaits de l'administration; les ennemis du monde ne le veulent pas. Il faut être plus grands, malgré nous. Il est de la sagesse et de la politique de faire ce que le destin ordonne et d'aller où la marche irrésistible des événements nous conduit. Alors cette nuée de pygmées, qui ne veulent pas voir que les événements actuels sont tels qu'il faut en chercher la comparaison dans l'histoire et non dans les gazettes du dernier siècle, fléchiront et suivront le mouvement que Votre Majesté et moi aurons ordonné; et les peuples russes seront contents de la gloire, des richesses et de la fortune qui seront le résultat de ces grands événements.

Dans ce peu de lignes, j'exprime à Votre Majesté mon àme tout entière. L'ouvrage de Tilsit réglera les destins du monde. Peut-être, de la part de Votre Majesté et de la mienne, un peu de pusillanimité nous portait à préférer un bien certain et présent à un état meilleur et plus parfait; mais, puisque enfin l'Angleterre ne veut pas, reconnaissons l'époque arrivée des grands changements et des grands événements.

D après la copie comm. par S. M. l'empereur de Russie.

NAPOLÉON.

A ALEXANDRE Ier, EMPEREUR DE RUSSIE, A SAINT-PÉTERSBOURG. Paris, 17 février 1808.

Monsieur mon Frère, je reçois la lettre de Votre Majesté du 16 janvier, que me remet M. le comte de Tolstoï.

Mon escadre de Toulon a mis à la voile le 10 février, se dirigeant sur Corfou pour y surprendre six vaisseaux anglais qui croisent devant ce port, et pour porter des renforts sur ce point important. J'espérais, à la faveur de cette expédition, dégager les quatre vaisseaux que Votre Majesté avait dans ce port: mais j'apprends qu'ils sont à Trieste; je crains qu'ils ne soient pas là en sûreté; j'ai conseillé à M. de Tolstoi d'expédier un courrier pour les faire venir dans un de mes ports de la Dalmatie ou de l'Albanie. Les deux vaisseaux qui sont entrés à Porto-Ferrajo y sont toujours; ils attendent les ordres du ministre de Votre Majesté. S'ils avaient été à Toulon, ils auraient pu partir avec mon escadre, ce qui aurait été d'un bon effet et les aurait exercés à la tactique navale.

Le prince de Ponte-Corvo a dû avoir une entrevue avec le prince royal de Danemark. Son corps d'armée se met en marche par le Seeland; car ce n'est que par là qu'il pourra pénétrer en Suède. Je donne ordre également qu'une expédition se prépare à Rügen et à Stralsund; cela inquiétera les Anglais. Je ne pense pas pouvoir partir de ce point, n'ayant pas de vaisseaux pour protéger mon passage; mais, au reste, mes troupes y sont entièrement aux ordres de Votre Majesté.

Votre Majesté aura vu la communication faite par le gouvernement anglais à M. de Starhemberg', qui n'a point exécuté les ordres qu'il avait reçus de sa cour, et s'est permis de faire des ouvertures. J'attends le retour de M. d'Alopeus d'Angleterre pour savoir ce que fait Votre Majesté; on dit qu'on y murmure la paix; jusqu'à cette heure, rien ne le prouve évidemment.

Dans tous les cas, je ne ferai que ce que désirera Votre Majesté. Je me réjouis fort de savoir qu'elle a conquis la Finlande, et qu'elle a ajouté cette province à ses vastes États.

D'après la copie comm. par S. M. l'empereur de Russie.

NAPOLÉON.

A LOUIS NAPOLÉON, ROI DE HOLLANDE, A LA HAVE.

Saint-Cloud, 27 mars 1808, sept heures du soir.

Mon Frère, le roi d'Espagne vient d'abdiquer; le prince de la Paix a été mis en prison; un commencement d'insurrection a éclaté à Madrid. Dans cette circonstance, mes troupes étaient éloignées de quarante lieues de Madrid. Le grand-duc de Berg a dù y entrer, le 23, avec 40,000 hommes. Jusqu'à cette heure, le peuple m'appelle à grands cris. Certain que je n'aurai de paix solide avec l'Angleterre qu'en donnant un grand mouvement au continent, j'ai résolu de mettre un prince français sur le trône d'Espagne. Le climat de la Hollande ne vous convient pas. D'ailleurs la Hollande ne saurait sortir de ses ruines. Dans ce tourbillon du monde, que la paix ait lieu ou non, il n'y a pas de moyen pour qu'elle se soutienne. Dans cette situation des choses, je pense à vous pour le trône d'Espagne. Vous serez souverain d'une nation généreuse, de onze millions d'hommes, et de colonies importantes. Avec de l'économie et de l'activité, l'Espagne peut avoir 60,000 hommes sous les armes et cinquante vaisseaux dans ses ports. Répondez-moi catégoriquement quelle est votre opinion sur ce projet. Vous sentez que ceci n'est en1 Chargé par la cour de Vienne d'une mission à Londres.

core qu'en projet, et que, quoique j'aie 100,000 hommes en Espagne, il est possible, par les circonstances qui peuvent survenir, ou que je marche directement et que tout soit fait dans quinze jours, ou que je marche plus lentement, et que cela soit le secret de plusieurs mois d'opérations. Répondez-moi catégoriquement. Si je vous nomme roi d'Espagne, l'agréez-vous? Puis-je compter sur vous? Comme il serait possible que votre courrier ne me trouvat plus à Paris, et qu'alors il faudrait qu'il traversàt l'Espagne au milieu de chances qu'on ne peut prévoir, répondez-moi seulement ces deux mots, « J'ai reçu votre lettre de tel jour, je réponds oui, » et alors je compterai que vous ferez ce que je voudrai, ou bien non, ce qui voudra dire que vous n'agréez pas ma proposition. Vous pourrez ensuite écrire une lettre où vous développerez vos idées en détail sur ce que vous voulez, et vous l'adresserez, sous l'enveloppe de votre femme, à Paris; si j'y suis, elle me la remettra, sinon elle vous la renverra. Ne mettez personne dans votre confidence, et ne parlez à qui que ce soit de l'objet de cette lettre; car il faut qu'une chose soit faite pour qu'on avoue y avoir pensé.

D'après l'original comm. par S. M. l'Empereur Napoléon III.

NAPOLÉON.

FIN DU SEIZIÈME VOLUME.

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