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introduit un jour chez le cardinal de Richelieu, il se surpassa lui-même en esprit et en bons mots. Le cardinal voulut que Boisrobert fût à lui. Le joyeux bouffon devint de plus en plus nécessaire au ministre pour lui faire oublier, à ses instants de loisir, les fatigues et les soucis de la politique. Richelieu s'habitua tellement à lui, que l'ayant disgracié pour certaines plaisanteries un peu trop fortes, il ne riait plus depuis son départ, et ne put résister à la requête de l'exilé, au bas de laquelle le médecin Citoir avait ajouté, en forme d'ordonnance: Recipe Boisrobert. Citoir, premier médecin du cardinal, reconnaissait que la gaieté de Boisrobert était plus puissante que tous ses remèdes. Boisrobert eut encore d'autres titres à la reconnaissance de Richelieu il travailla beaucoup à ces pièces de théâtre que le cardinal composait en collaboration avec plusieurs hommes de lettres ses favoris, et dont il aimait à être cru l'auteur. Il fut généreusement récompensé : il reçut plusieurs riches bénéfices, entre autres l'abbaye de Châtillon-sur-Seine, et eut en outre une place de conseiller d'État ordinaire. On connaît le joli rondeau où Malleville s'égaya sur la fortune de Boisrobert:

:

Coiffé d'un froc bien raffiné
'Et revêtu d'un doyenné,

Qui lui rapporte de quoi frire,
Frère René, etc.

Après la mort de Richelieu, Boisrobert fut exilé de la cour. Il était grand joueur, et avait le défaut de jurer beaucoup en jouant. On trouva qu'il n'avait pas les mœurs d'un ecclésiastique, et comme son protecteur n'était plus là pour le défendre, on le renvoya dans son abbaye. Il mourut en 1662. Il avait composé dix-huit pièces de théâtre, et un roman intitulé Histoire indienne d'Anaxandre et d'Orasie.

BOISSEAU (François-Gabriel), membre de l'Académie de médecine, né à Brest, le 11 octobre 1791, a publié un grand nombre d'ouvrages fort estimes. Les principaux sont: Considérations générales sur les classifications en médecine, Paris, 1826, in-8°;

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BOISSEL DE MONTVILLE (le baron Thomas - Charles - Gaston), pair de France, ancien conseiller au parlement de Paris, naquit à Paris, en 1763. On lui doit plusieurs ouvrages utiles; nous citerons seulement les deux suivants : Voyage pittoresque de navigation, exécuté sur une partie du Rhône, réputée non navigable, depuis Genève jusqu'à Seyssel, afin de tirer pour la marine des matures que peuvent fournir les mélèzes, Paris, an III, in-4°; De la législation des cours d'eau, Paris, 1818, in-4°. Boissel mourut en 1832. Il avait adopté franchement les principes de la révolution de juillet.

BOISSET (Joseph de), né à Montélimart, en 1750, fut nommé député à la Convention par le département de la Drôme. Il se rangea avec les dépu tés qui formaient le parti de la Montagne, et, dans le procès de Louis XVI, vota la mort sans sursis et sans appel. Envoyé en mission dans le Midi, en 1793, il fit casser le tribunal populaire et le comité central de Marseille qui, sous les influences des girondins, lui avaient signifié de partir sous vingtquatre heures. Revenu à Paris, il attaqua, au club des jacobins, les riches et les muscadins qui pervertissaient l'esprit des sections, et proposa deles en chasser à coups de bâton. Ce fut lui qui au mois d'août suivant, fut chargé de régulariser la levée en masse conformément aux décrets de la Convention. Le 2 octobre, il demanda aux jacobins le jugement de Brissot et de ses coaccusés, et fut envoyé une seconde fois en mission, à la fin de 1793, dans le Midi. En février 1794, il fut accusé, aux jacobins, par la société populaire de Nîmes, d'avoir opprimé les patriotes dans le département du

Gard. Trois jours avant le 9 thermidor, il présenta aux jacobins un projet sur la liberté de la presse et sur les moyens d'en prévenir les abus. Envoyé quelque temps après dans le département de l'Ain, il y mit en liberté quelques nobles, et passa ensuite à Autun et à Moulins. En 1795, il appuya la réclamation des comédiens français qui demandaient la réouverture de leur théâtre. Envoyé une troisième fois dans le Midi et à Lyon, il écrivit que les habitants de Lyon exerçaient de cruelles vengeances contre les terroristes, et qu'ils les massacraient dans les rues et dans les prisons; la Convention, trouvant qu'il ne sévissait pas assez sévèrement contre ces réactionnaires, le rappela à Paris. Après la session conventionnelle, il passa au Conseil des Anciens et s'y fit peu remarquer jusqu'au 18 fructider an v. A cette époque, il se réunit à la minorité qui s'était assemblée à l'Ecole de médecine. En juin 1798, il fut élu secrétaire et demanda un décret d'urgence sur la résolution qui assimilait aux émigrés les individus qui s'étaient soustraits à la déportation. Après le 18 brumaire, il cessa de faire partie de la représentation nationale, et se retira à Montélimart, où il mourut quelque temps avant la chute du gouvernement impérial.

BOISSIER (Pierre - Bruno ) fut nommé député suppléant du département du Finistère à la Convention nationale; il n'y entra qu'après le procès de Louis XVI, et ne monta qu'une fois à la tribune, en 1794, pour faire décréter l'établissement des écoles de navigation et de canonnage, et fixer la solde des marins. Il passa ensuite au Conseil des Cinq-Cents et y fit un ouveau rapport sur l'organisation maritime. En 1797, il fit décréter l'envoi au Directoire d'un message, relaivement à la situation des îles de France et de la Réunion, et provoqua lus tard la création d'une direction les travaux hydrauliques dans les orts. Il sortit du Corps législatif en 798, et fut nommé commissaire de

la marine en 1815. Pendant les cent jours, il présida le collége électoral de Nîmes.

BOISSIEU (Denis Salvaing de) naquit à Vienne, en Dauphiné, le 20 avril 1600. Après avoir obtenu le grade de docteur en droit à l'université de Valence, il quitta la carrière du barreau à laquelle il s'était d'abord destiné, prit le parti des armes, et obtint bientôt un brevet de capitaine. Licencié à la paix, il entra dans la carrière de la magistrature, où, après avoir été chargé de plusieurs emplois subalternes, il obtint enfin la place de lieutenant général du bailliage de Grenoble. Il accompagna à Rome M. de Créqui, et fut chargé de haranguer le pape en 1633. Plus tard, il fut envoyé à Venise, en qualité d'ambassadeur, s'acquitta avec succès des négociations qui lui furent confiées, et fut, à son retour, nommé conseiller d'État. Il succéda ensuite à son père dans la place de président de la chambre des comptes de Dauphiné, et mourut dans son château de Vourcy, le 10 avril 1683. Boissieu a laissé plusieurs ouvrages, dont un, qui a eu plusieurs éditions, a pour titre : De l'usage des fiefs et autres droits seigneuriaux en Dauphiné, Grenoble, 1664.

BOISSIEU (Jean-Jacques de), graveur, naquit à Lyon en 1736, étudia le dessin sous Frontier, et se forma par l'étude des tableaux de l'école hollandaise et flamande. Après avoir étudié dans les forêts de Fontainebleau et Saint-Germain les beaux arbres qui s'y trouvent, il se rendit en Italie, où il s'exerça à reproduire sur ses toiles les chefs-d'œuvre de l'architecture moderne et les ruines des monuments antiques. Il se lia, pendant son séjour à Rome, avec Winckelmann, dont les conseils achevèrent de caractériser son talent. Ami de Vernet et de Soufflot, Boissieu doit, aussi bien que ces deux hommes, être regardé comme l'un des plus grands artistes que la France ait produits, et comme l'un de ceux qui, par leurs talents, préparèrent la révolution artistique opérée par David. La peinture à l'huile l'avait d'abord ex

clusivement occupé, mais l'excès du travail et la préparation des couleurs, dont il se chargeait lui-même, ayant altéré sa santé, il se consacra tout entier à la gravure à l'eau-forte, et travailla avec tant de soin, qu'il peut être regardé comme le plus habile graveur en ce genre. Toutes ses gravures sont des paysages de sa composition, des vues d'Italie, etc., et des copies de tableaux de l'école flamande. Fixé à Lyon, il exerça sur l'école de peinture de cette ville une influence puissante, et inspira aux artistes de cette école le goût du naturel et du fini qui la caractérise. MM. de Forbin, Granet, Richard, Grosbon, Revoil, etc., se sont, en général, formés d'après ses conseils. Boissieu est mort le 1er mars 1810. Le catalogue de son œuvre contient cent sept numéros de gravures, sans compter un nombre infini de dessins au lavis, de paysages au crayon, et de portraits à la sanguine, tous très-recherchés. On estime surtout ses gravures d'après Ruisdaal, sa Porte de Vaise, ses Petits maçons, etc.

BOISSIEU (Pierre-Joseph-Didier), né à Saint-Marcellin, y exerça d'abord la profession d'homme de loi, et devint ensuite administrateur du département. Au mois de septembre 1791, il fut nommé député suppléant du département de l'Isère à l'Assemblée législative, et un an après, député du même département à la Convention nationale. Royaliste au fond du cœur, il vota contre toutes les mesures qui avaient pour but le salut de la république. Dans le procès de Louis XVI, il refusa d'opiner comme juge, et conclut, comme législateur, à la détention et au bannissement, et ne reparut à la tribune qu'après le 9 thermidor. Au mois de janvier 1795, à l'occasion d'insultes faites au buste de Marat, Boissieu demanda la liberté des cultes pour les saints politiques; le 28 juillet, il appuya la demande faite par un pétitionnaire de la suppression du calendrier républicain. Boissieu, enhardi par la tournure contre-révolutionnaire que prenaient les affaires, combattit la proposition qui demandait

qu'aucun émigré ne pût réclamer sa radiation qu'après s'être constitué prisonnier. A la fin de la session conventionnelle, et au moment où les sec tions de Paris, égarées par les roya listes, menaçaient la représentation nationale, il se prononça avec passion contre le réarmement des patriote qui, oubliant leurs ressentiments e leurs griefs, étaient venus défendre l Convention. Entré au Conseil des Cin Cents, il donna sa démission quelque jours après l'ouverture de la session et rentra dans la vie privée.

BOISSONADE (Jean-François), s vant helléniste, membre de l'Institut est né à Paris, le 12 août 1774. Avar de se consacrer exclusivement aux le tres, il exerça sous le gouverneme consulaire, en 1801, les fonctions secrétaire général de la préfecture ‹ département de la Haute-Marne. vint ensuite dans la capitale, et f nommé professeur de littérature gre que à la faculté de Paris, d'abo comme adjoint, en 1809, et ensu comme titulaire, en 1812. L'année s vante, il fut élu membre de la troisiè classe de l'Institut (Académie des i criptions et belles-lettres). Enfin, 1828, il succéda à Gail comme prof seur de littérature grecque au colle de France. Décoré de la Légion d'ho neur en 1814, M. Boissonade a nommé officier de cet ordre en 18 Les ouvrages publiés par M. Bois nade sont: 1° Philostrati Heroica, 8°, Paris, 1806; 2° Notice sur la et les écrits de M. Larcher (publié la tête du catalogue de la bibliothè de ce savant, qu'il remplaça dans chaire et à l'Institut); 3° Marini Procli, grec et latin, in-8°, Leipz 1814; 4° Tiberius rhetor De figu altera parte auctior, una cum l arte rhetorica, in-8°, Londres, 18 5° Lucæ Holstenii Epistolæ ad dir sos, accedit commentatio epigraph in inscriptionem Actiacam, in Paris, 1817; 6° Niceta Eugeni narratio amatoria et Constantini. nassis fragmenta, grec-latin, 2 in-12, Paris, 1819; 7° Ex Procli s liis in Cratylum Platonis excerp

Leipzig, 1820; 8° Eunapii Vitæ sophistarum, Amsterdam, 1822, 2 vol. in-8°; 9o Aristæneti Epistolæ, ad fidem Cod. Vindob., in-8°, grec-latin, Paris, 1822; 10o Publii Ovidii Nasonis Metamorphoseon, libri XV, græce versi a Maximo Planude et nunc primum editi, in-8°, Paris, 1822. Cette version grecque des Métamorphoses d'Ovide fait partie de la collection des classiques latins de N. E. Lemaire, et forme le cinquième volume des œuvres d'Ovide. 11° Novum Testamentum, 2 vol. in-32, 1824; 12° Sylloge poetarum græcorum, 1823-1826, 24 vol. in-32; 13° De Syntipa et Cyri filio Andræopuli narratio e codd. Parisinis, Paris, 1828, in-12; 14° Anecdota græca, 5 vol. in-8°, 1829-1833; 15° Theophylacti Simocatta Quæstiones physicæ et epistolæ, Paris, 1835, in-8°; 16° Michael Psellus De operatione dæmonum, accedunt inedita opuscula Pselli, Norimberg, 1838, in-8°.

M. Boissonade a contribué à l'édition de Grégoire de Corinthe, donnée en 1811 à Leipzig, par M. G. H. Schæfer; à l'Athénée de Schweighæuser, à l'Euripide de M. Matthiæ, au Thesaurus linguæ græcæ, publié à Londres par M. Valpy, et enrichit des fruits de son immense lecture la nouvelle édition du Trésor de la langue grecque de Henri Étienne, entreprise par MM. Didot à Paris.

Les tomes X, XI et XII des Notices et extraits des manuscrits de la bibliothèque du roi contiennent aussi · plusieurs travaux remarquables du savant helléniste: 1° Lettres inédites de Diogène le Cynique, t. X; 2o les Lettres inédites de Cratès le Cynique; 3° Scholies inédites de Basile de Césarée sur saint Grégoire de Nazianze; 4° Traité alimentaire du médecin Hierophile, t. XI; 5o Poëme moral de George Lapithès.

Enfin plusieurs recueils étrangers doivent à M. Boissonade des articles importants. Contentons-nous de citer Son Mémoire sur une inscription d'Elis, insérée dans le tome XX du Classical journal, t. XX, p. 285 et suiv., et les dissertations contenues

dans les t. I et II des Litterarische Analekten de Wolf.

Cet infatigable érudit a été pendant dix années, de 1803 à 1813, l'un des rédacteurs du Journal des Débats, où il signait modestement d'un 2 des articles remarquables par une science étendue et féconde, par un goût épuré, par les plus saines doctrines littéraires. Les mêmes qualités se retrouvent dans les dissertations dont il a enrichi le Mercure de 1803 à 1805; dans celles que lui doit le Magasin encyclopédique de Millin; enfin dans les nombreuses notices qu'il a fournies à la Biographie universelle. On serait porté à croire que tant de travaux, relatifs pour la plupart aux études philologiques, ont dù absorber la vie entière de M. Boissonade. Il n'en est rien. Le savant helléniste a plus d'une fois fait place à l'homme de goût, et notre littérature nationale a souvent aussi occupé ses veilles. C'est ainsi qu'en 1802, il a publié les Lettres inédites de Voltaire à Frédéric le Grand; en 1824, les OEuvres de Bertin, et une édition de Télémaque en 2 vol. in-8°, et en 1827, les OEuvres choisies de Parny. Également versé dans les littératures étrangères, M. Boissonade a donné un élégant spécimen des heureuses excursions qu'il a faites dans ce genre en livrant au public une traduction du Goupillon, poëme héroï-comique, par le Portugais Antonio Dinys, Paris, 1828, in-32.

Cette rare variété de connaissances fait regretter que M. Boissonade n'ait pas pu donner suite à son projet de publication d'un Dictionnaire universel de la langue française, pour lequel il avait rassemblé des matériaux considérables; d'un autre côté, elle explique le charme qu'on éprouve en lisant les commentaires qu'il a joints à ses excellentes éditions d'auteurs grecs. Les travaux de ce genre, ordinairement arides et abstraits, prennent sous sa plume une forme élégante et gracieuse. D'ingénieux rapprochements, que lui fournit sa vaste mémoire, jettent une vive lumière sur les questions les plus difficiles et reposent agréable

ment l'esprit. Mais si dans ses notes, remarquables par une latinité que ne désavoueraient pas les meilleurs modèles, on trouve toute la séduction d'une aimable causerie, on y trouve aussi les idées les plus judicieuses, la critique la plus sûre, l'érudition la plus étendue et la plus solide.

Disons encore qu'un des plus beaux titres de M. Boissonade, c'est d'avoir par son enseignement donné une puissante impulsion aux études philologiques en France; d'y avoir fondé une école où ont figuré tous les hommes qui occupent aujourd'hui les premiers rangs dans l'instruction publique, et à Jaquelle se fait gloire d'appartenir l'auteur de cet article, aujourd'hui le confrère et l'ami du savant professeur.

BOISSONS. Si l'on s'en rapporte au témoignage des anciens auteurs, les premières boissons des Gaulois furent l'hydromel, qu'ils faisaient avec le miel sauvage de leurs forêts, la bière, que Pline appelle cerevisia, dont on a formé le mot cervoise, qui s'est conservé fort longtemps, et le vin, dont l'usage est aujourd'hui si généralement répandu. Plus tard, leurs descendants y joignirent, à différentes époques, le cidre, le poiré, et plusieurs autres produits de la fermentation des racines, des tiges, des feuilles, des fleurs et des fruits.

L'hydromel était, comme son nom l'indique, un mélange d'eau et de miel, dans des proportions qui nous sont inconnues pour les temps anciens, et qui se composait, au treizième siècle, d'une partie de miel sur douze parties d'eau, auxquelles on ajoutait, pour en corriger la fadeur, quelques poudres d'herbes aromatiques, indigènes ou exotiques. Ainsi préparée, cette boisson se nommait borgérase, borgérafre, ou borgéraste. Elle était fort estimée. Dans un festin que l'auteur de Flores et Blanchefleur fait donner à son héros, on sert de la borgérase. Dans les monastères, on en usait comme d'un régal les jours de grandes fêtes. Les coutumes de Cluny l'appellent potus dulcissimus. L'hydromel, ainsi composé, était réservé pour les personnes

riches. On en faisait un autre de qualité inférieure pour les paysans et les domestiques.

La bière était jadis, comme aujourd'hui, le produit de la fermentation de grains convenablement préparés à l'avance. Selon Athénée, celle des gens riches était apprêtée avec du miel; celle que buvait le peuple n'avait point cet assaisonnement, et se nommait coma. On servait à la fois de la bière et du vin sur la table des grands et même sur celle du roi. Parmi les présents que Henri, roi d'Angleterre, venu en France pour épouser la fille de Charles VI, fit à son futur beau-père, était un très-beau vaisseau à boire cervoise. Un concile tenu en 817 à Aix-la-Chapelle règle la quantité de l'une et de l'autre de ces boissons qui pourra être donnée aux religieux et religieuses, en considération de la dignité, de l'âge, du sexe de chacun d'eux, et de la richesse de chaque monastère en terres labourables et en vignobles. A cette occasion, nous remarquerons, comme une singularité, que cette quantité est établie, non en mesures de capacité, mais au poids. Il existait plusieurs qualités de bières. Dans le treizième siècle, on distinguait de la cervoise la godale, qui était une bière forte. Dans les monastères, il y avait la bière de couvent ou covent, de qualité inférieure, pour l'usage des religieux, et celle des pères, préparée avec plus de soin pour les supérieurs et officiers dignitaires de la maison. On faisait pour les gens du commun et les pauvres une petite bière qui revenait à un prix modique. L'usage de la bière s'étant répandu, il fallut des ouvriers et des appareils pour la faire. Charlemagne, dans son capitulaire. De Villis, ordonna que dans chacune de ses métairies il y eût des hommes qui sussent la préparer. Chaque maison religieuse où l'on en buvait possédait les fourneaux, les cuves, les moulins nécessaires pour le grain, et les moines la fabriquaient eux-mêmes. Pour les besoins du peuple, qui ne pou vait pas la faire lui-même, faute de l'ins truction et des ustensiles nécessaires,

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