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anciennes troupes de Bohémiens; on en rencontre dans les Cévennes; mais c'est dans le Languedoc et dans la Provence qu'ils sont le plus nombreux. « Dans les mois d'août et de septembre, aux fêtes de Saint-Roch et de Saint-Michel, on voit arriver à Nîmes, entassés sur de mauvaises charrettes traînées par des mules, ou chassant devant eux des troupes d'ânes ou de petits mulets qu'ils vont vendre dans les foires, ces demi-sauvages, vrais enfants perdus de la Providence. Ils couchent à la belle étoile, ordinairement sous les ponts; leur quartier général est le Cadreau, petit pont jeté sur un ravin qui descend d'une des collines, et sert de voirie publique. C'est là qu'on peut les voir, demi-nus, sales, accroupis sur de la paille ou de vieilles hardes, et mangeant, avec leurs doigts, les chiens et les chats qu'ils ont tués dans leurs excursions crépusculaires. Dans les jours de foire, ils sont tour à tour marchands, maquignons, mendiants et saltimbanques. Les jeunes filles, aux grands yeux bruns et lascifs, au visage cuivré, pieds nus, la robe coupée ou plutôt déchirée jusqu'aux genoux, dansent devant la foule, en s'accompagnant d'un bruit de castagnettes qu'elles font avec leur menton. Ces filles, dont quelques-unes ont à peine seize ans, n'ont jamais eu d'innocence. Venues au monde dans la corruption, elles sont flétries avant même de s'être données, et prostituées avant la puberté. Ces Bohémiens parlent un espagnol corrompu. L'hiver, on ne les voit pas où vont-ils, d'où viennent-ils ?

« L'hirondelle, d'où vient-elle ? » (*) BOHIER (Nicolas), en latin Boerius, savant jurisconsulte, naquit à Montpellier vers 1470. Il fut successivement avocat à Bourges, où il enseigna le droit, conseiller au grand conseil, et président à mortier au parlement de Bordeaux. Il mourut dans cette ville en 1579. Il a publié en un latin assez barbare plusieurs ouvrages de droit

(*) Nizard, Histoire de Nimes, p. 157.

public et privé, qui prouvent qu'il avait plus d'érudition que de logique.

BOICEAU (Jean), seigneur de la Borderie, gentilhomme poitevin, cultivait les muses latines, françaises et poitevines. La plus remarquable de ses œuvres est le Monologue de Robin, lequel a perdu son procès, traduit de grec en françois, de françois en latin, et enfin de latin en poitevin, imprimé à Poitiers, à l'enseigne de la Fontaine, en 1555. C'est une satire vive et pleine d'esprit contre les plaideurs. Jean Boiceau a aussi publié quelques traités de jurisprudence qui furent bien accueillis, et qui montrent en lui un jurisconsulte d'un esprit solide et méthodique.

BOICHOT (Jean), statuaire du roi, membre de l'ancienne Académie de peinture, correspondant de l'Institut, né à Châlons-sur-Saône en 1738, mort à Paris, en 1814. Parmi les ouvrages remarquables de Boichot, on distingue la statue colossale de l'Hercule assis, qui figurait autrefois sous le portique du Panthéon; le groupe colossal de Saint-Michel; la statue de Saint-Roch; les bas-reliefs des fleuves de l'arc de triomphe du Carrousel. Les connaisseurs attachent également du prix aux dessins des estampes qui ornent plusieurs traductions de M. Gail. Boichot est mort le 9 décembre 1814.

BOIELDIEU (François-Adrien), compositeur, naquit à Rouen, le 16 dé cembre 1775. Son premier maître fut l'organiste de la cathédrale. Il avait à peine vingt ans qu'un opéra de sa composition, joué sur le théâtre de Rouen, eut un succès immense. Il vint à Paris en 1795. Boieldieu ne comprit pas la révolution et ne mit pas son talent au service de la liberté. Toutefois, de charmantes romances le firent bientôt connaître; il fit représenter à Feydeau, en 1797, son premier opéra, la Famille suisse, et deux ans après, en 1799, il se plaça, par son Calife de Bagdad, au niveau des plus grands compositeurs de l'époque. Toutefois, ce succès ne l'empêcha point de travailler à perfectionner encore son talent; et c'est alors qu'il reçut des le

çons de Cherubini. En 1802, il donna ma Tante Aurore, dont l'instrumentation, plus soignée que celle de ses précédents ouvrages, est une preuve des progrès que faisait son talent. On chantera toujours le fameux quatuor du premier acte de cet opéra. En 1803, à la suite de chagrins domestiques, Boieldieu prit la résolution d'aller à Saint-Pétersbourg, où il fut reçu par l'empereur Alexandre de la manière la plus flatteuse. Ce fut pendant son séjour en Russie qu'il composa, entre autres partitions, Aline, reine de Golconde, Télémaque, et la musique des Choeurs d'Athalie; il y fit aussi des marches pour la garde impériale. En 1811, il revint en France. Il y trouva Nicolo en possession de l'Opéra-Comique; mais il partagea bientôt avec lui l'exploitation de ce théâtre, et donna, l'année suivante, Jean de Paris, l'un de ses meilleurs ouvrages. Le Nouveau seigneur de village parut en 1813. En 1814, au moment où les alliés envahissaient la France, Boieldieu s'unit, avec Cherubini, Catel et Nicolo, pour composer Bayard à Mézières, œuvre patriotique que nous aimons à signaler ici, et qui prouve que Boieldieu savait comprendre la plus noble mission de l'art. En 1817, Boieldieu remplaça Méhul à l'Institut. L'année suivante, il produisit son Petit chaperon rouge; en 1820, les Voitures versées, enfin, en 1825, il fit représenter son chef-d'œuvre, la Dame Blanche. Il mourut à la suite d'une longue maladie, le 8 octobre 1834.

Boieldieu, comme compositeur, appartient à l'école mélodique. Pour lui, la musique c'est le chant, c'est la mélodie. L'harmonie n'est qu'un moyen et non un but; aussi ne fait-il pas de bruit. Secondant de tout son pouvoir la réaction opérée par Della Maria, et qui contribua si efficacement au retour de la mélodie, il sut, par ses charmants opéras, prouver qu'on pouvait être à la fois savant, aimable et harmonieux sans vacarme.

BOII, peuple de la Gaule celtique, habitant entre l'Allier et la Loire, vers le confluent de ces deux rivières.

Un grand nombre de Boiens se trouvaient parmi les Gaulois qui envahirent l'Italie à la suite de Bellovèse (voyez ce mot); d'autres, qui tentèrent de pénétrer de nouveau en Italie, quatre cents ans après la fondation de Rome, furent repoussés par les Romains, et allèrent s'établir en Germanie.

BOILEAU (Charles), abbé de Beaulieu, membre de l'Académie française, prédicateur de Louis XIV, né à Beauvais, mort à Paris, en 1704, a publié des Homélies, des Sermons, des Panégyriques et des Pensées extraites de ses sermons. La Champmêlé demandant un jour à Racine pourquoi la Judith de Boyer, qui avait obtenu quelque succès pendant le carême de 1695, n'avait pu se soutenir après la rentrée de Pâques « C'est, répondit Racine, que pendant le carême, les sifflets étaient à Versailles aux sermons de l'abbé Boileau. » Ces sermons n'étaient pourtant point sans mérite, et d'Alembert, dans son Histoire des membres de l'Académie francaise, dit qu'on y trouve, sinon de l'éloquence, au moins de l'esprit.

BOILEAU (Étienne), Stephanus Boileue, Steph. Bibens aquam, Steph. Boitleaue, prévôt de Paris, devenu célèbre pour avoir donné son nom au premier recueil connu des règlements de police de cette ville.

C'est en 1258 qu'Étienne Boileau fut élevé à la charge de prévôt. Voici en quels termes Joinville raconte cet événement : « Sachez que du temps

et

passé l'office de la prévosté de Paris <«< se vendoit au plus offrant. Les pré« vosts étoient alors prévosts-fermiers, << dont il advenoit que plusieurs pille«ries et maléfices s'en faisoient, « étoit totalement justice corrompue << par faveur d'amys et par dons ou << promesses, dont le commun n'osoit << habiter au royaume de France, « étoit lors presque vague, et sou« ventes fois n'y avoit-il aux plaids de « la prévosté de Paris que dix per<«< sonnes pour les injustices et abusions qui s'y faisoient, et fist enquerir le « roi partout ce pays là où il trouve« roit quelque grant sage homme qui

et

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«fust bon justicier, et qui punist étroi«tement les malfaicteurs, sans avoir égard au riche plus que au pauvre, « et lui fut amené ung qu'on appeloit «Estienne Boyleaue, auquel il donna «l'office de prévost de Paris, lequel depuis fit merveilles de soy mainte<< nir audit office. Tellement que désormais n'y avoit larron, meurtrier ni << autre malfaicteur qui osast demeurer « à Paris, que tantost il en avoit connoissance, qui ne fust pendu ou puni à rigueur de justice, selon la qualité «du malfaict, et n'y avoit faveur de parenté, ni d'amys, ni d'or, ni d'argent qui l'en eust pu garantir, et grandement fit bonne justice.

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On ne sait d'ailleurs que peu de détails sur la vie de ce magistrat, « qui justifia la confiance qu'il avait inspirée à son souverain. Louis IX venant quelquefois s'asseoir à ses côtés, quand ce prévôt rendait la justice au Châtelet, prouva combien il honorait les fonctions dont il l'avait revêtu. On lit dans un ouvrage, composé deux siècles après le règne de ce prince, que Boileau maintint une police si sévère, qu'il fit pendre même son filleul coupable de vol, et un de ses compères, convaincu d'avoir nié un dépôt d'argent qui lui avait été confié (*).

« Ce qui est mieux avéré, c'est l'influence qu'Étienne Boileau exerça sur les corporations: c'est du temps de sa prévôté que datent les règlements d'arts: et métiers de la ville de Paris. Il faut détruire d'abord une erreur généralement répandue, et journellement reproduite. On représente ce prévôt comme l'auteur de règlements parfaits, et même comme le fondateur et l'organisateur des communautés d'artisans (**). Ce n'est pas là le mérite qui recommande son nom à la postérité. Les communautés existaient avant Louis IX, et elles avaient des règlements, des us et coutumes auxquels leurs mem

(*) Mer des histoires, édit. de 1501, in-fo., 6e âge, fo. cc, vo.

(**) Voy. Lamare, Traité de police, t. I, liv. 1, tit. ix, et l'art. BOYLEAUX de la Biographie universelle.

bres se conformaient; d'ailleurs la législation du moyen âge consistait moins à prescrire des règles nouvelles qu'à donner une sanction légale aux usages pratiqués depuis longtemps, et éprouvés par l'expérience.

« Voilà ce que fit Etienne Boileau à l'égard des communautés d'arts et métiers de Paris: il établit au Châtelet des registres pour y inscrire les règles pratiquées habituellement pour les maîtrises des artisans, puis les tarifs des droits prélevés, au nom du roi, sur l'entrée des denrées et marchandises; puis les titres sur lesquels les abbés et autres seigneurs fondaient des priviléges dont ils jouissaient dans l'intérieur de Paris. Les corporations d'artisans, représentées par leurs maîtres-jurés ou prud'hommes, comparurent l'une après l'autre devant lui, au Châtelet, pour déclarer les us et coutumes pratiqués depuis un temps immémorial dans leur communauté, et pour les faire enregistrer dans le livre qui désormais devait servir de régulateur, de cartulaire de l'industrie ouvrière. Un clerc tenait la plume, et enregistrait sous les yeux du prévôt les dispositions des traditions et pratiques du métier. Aussi, dans la plupart des règlements, on déclare au début qu'on va exposer les us et coutumes; et plusieurs se terminent par une adresse au prévôt pour lui signaler des abus à redresser ou des vœux à exaucer. Tous ces règlements sont brefs et dégagés du verbiage qui enveloppe et embrouille les règlements des temps postérieurs. A Étienne Boileau est peut-être due la forme de ces règlements; en magistrat habile, il a pu veiller à ce qu'ils fussent rédigés d'une manière claire et précise, et à peu près uniforme. Ce type est si prononcé qu'il n'est pas difficile de distinguer un règlement des registres d'Etienne Boileau de ceux qui ont été faits sous la prévôté de ses successeurs.

<< Boileau a donc le mérite incontestable d'avoir rassemblé les us et coutumes des métiers, tels qu'on les suivait à Paris, et tels qu'ils lui étaient déclarés par les notables de chaque

communauté. Il a donné un corps, une existence matérielle à des règles qui n'avaient jamais été recueillies, et dont plusieurs n'avaient peut-être pas même été écrites. Si dans la suite on a conservé, malgré les progrès de la législation, le fond de plusieurs de ces règlements, c'est qu'ils étaient le fruit d'une longue expérience, et éprouvés par le temps; ils avaient reçu la sanction qui manque à des règlements inventés dans le cabinet d'un législateur qui a dédaigné de consulter la pratique (*).

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Ce recueil de règlements est connu sous le nom de Livre des métiers, d'Étienne Boileau. Le registre original sur lequel ils avaient été inscrits fut longtemps conservé à la cour des comptes, et ne fut détruit qu'en 1737, lors de l'incendie qui consuma les archives de cet établissement. Mais on en possédait plusieurs copies, d'après lesquelles le comité des chartes, chroniques et inscriptions, a pu faire imprimer, en 1837, ce document, l'un des plus curieux, à coup sûr, de la collection publiée par les soins du ministre de l'instruction publique.

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C'est seulement après Étienne Boileau que la charge de prévôt de Paris devint annuelle. Pour lui, il l'exerça au moins pendant dix ans. On ne sait rien de positif sur l'époque de sa mort; suivant l'opinion la plus générale, elle arriva en 1269 ou 1270; cependant on a des motifs de croire qu'il survécut longtemps à ses fonctions de prévôt, et mourut fort vieux.

BOILEAU (Gilles), frère aîné de Nic. Despréaux. Il avajt un esprit satirique et de la facilité pour les vers; mais ses écrits sont négligés. Confiant dans son mérite, il se contentait de la première inspiration, et, malgré l'exemple de son frère, il ne voulait rien corriger. Son orgueil et ses épigrammes lui firent dans les lettres de nombreux ennemis. Scarron, Costar, Ménage, Pélisson, usèrent envers lui de représailles. Une ligue fut formée contre

(*) Depping, Introduction à son édition du livre des métiers d'Étienne Boileau.

lui quand il voulut entrer à l'Académie, et le crédit de Chapelain put seul le faire admettre. De bonne heure Gilles s'était brouillé avec son frère. On ne sait de quel côté furent les véritables torts. Ce qu'il y a de certain, c'est que Gilles chercha constamment à rabaisser le mérite de Despréaux, tandis que celui-ci faisait l'éloge du talent de son frère, en se plaignant seulement de son caractère et de sa conduite. Enfin ils se réconcilièrent peu de temps avant la mort de Gilles, arrivée en 1669. Cet auteur a fait aussi des traductions qui, selon Voltaire, valent mieux que ses vers.

BOILEAU (Gilles de Bullion), écri vain du seizième siècle, fit plus de traductions que d'ouvrages originaux. Il traduisit de l'espagnol les mémoires de don Loys d'Avila et de Cuniga, sur les guerres de Charles-Quint en Allemagne, pendant les années 1545 et 1548, et y joignit des notes historiques et stratégiques. Il mit en français l'ouvrage latin d'Albert Durer sur les fortifications, et celui de Sleidan sur la tactique, et la levée du siége de Metz. Il fut aussi le traducteur du ge livre de l'histoire espagnole d'Amadis. Il est l'auteur d'un ouvrage intitulé: la Sphère des deux mondes, avec un épithalame sur les noces et mariage de très-illustre et très - sérénissime prince don Philippe, roi d'Angleterre, Anvers, 1555.

BOILEAU (Jacques), autre aîné de Despréaux, docteur de Sorbonne, « esprit bizarre, dit Voltaire, qui a fait des livres bizarres écrits dans un latin extraordinaire. » Les sujets de ces livres sont des questions curieuses sur l'histoire ou la discipline de l'Église, ou de minutieuses discussions sur un point de théologie ou de morale. Recherches sur la résidence des chanoines; Traité des attouchements impudiques; Recherches sur les habits des prétres; Histoire des flagellants; Histoire de la confession auriculaire; tels sont les titres des principaux ouvrages de Jacques Boileau. Il y montre une étonnante érudition et une assez grande hardiesse d'esprit. On lui de

mandait pourquoi il écrivait toujours en latin: « C'est, dit-il, de peur que « les évêques ne me lisent; ils me per«sécuteraient. » Il mit à la tête de plusieurs de ses livres des noms supposés, tels que Claudius Fonteius, Jacques Barnabe, Marcellus Ancyranus. Né en 1631, mort en 1716.

BOILEAU (Jacques), né à Auxerre en 1752, fut d'abord juge de paix à Avallon, puis député du département de l'Yonne à la Convention nationale. Il siégea, dans cette assemblée, parmi les membres qui prirent le nom de girondins, vota la mort de Louis XVI, fut ensuite envoyé à l'armée du Nord, et, à peine de retour, dénonça la commune de Paris, Marat surtout, qu'il appela un monstre, et demanda que la tribune nationale fût purifiée chaque fois que ce représentant y serait monté. Il fut un de ceux qui appuyèrent le plus violemment le projet d'une garde départementale pour assurer la liberté de la Convention. Il faisait partie de la commission des douze, qui commit tant de fautes, et fut la cause de l'insurrection du 31 mai 1793. Mis hors la loi avec le parti de la Gironde, et n'ayant pas voulu se soustraire au décret d'accusation lancé contre lui, il fut condamné à mort par le tribuna! révolutionnaire, et exécuté le 31 octobre 1793.

BOILEAU (Jacques - René), né à Amiens en 1715, fut directeur de la manufacture royale de Sèvres sous Louis XV, et contribua beaucoup à la prospérité de cet établissement. Il mourut en 1772.

BOILEAU (Jean-Jacques), né près d'Agen en 1649, chanoine de la collégiale de Saint-Honoré à Paris, a publié un grand nombre d'ouvrages ascétiques. On a encore de lui une vie manuscrite de madame d'Épernon, qui contient, dit-on, des détails curieux. BOILEAU (Nicolas Despréaux) fut le dernier des onze enfants du greffier Gilles Boileau, et celui qui devait faire passer le nom de cette famille à la postérité. Il naquit, selon les uns, à Crône, village près de Villeneuve-SaintGeorge; selon les autres, à Paris; mais

il

d'après tous ses biographes, le 1er novembre 1636. Bien jeune encore, perdit sa mère, et ses premières années ne furent pas très-heureuses dans une famille sans fortune, et qui ne paraît pas avoir pris beaucoup de soin de son enfance. Dans ce grenier aérien où on le logeait, et dont il a souvent parlé dans la suite, il eut à subir plus d'une privation; mais le goût de l'étude qui était déjà en lui un penchant prononcé, le consolait dans ce rude apprentissage de la vie. On l'envoyait aux classes du collége d'Harcourt, et son esprit saisissait avidement tout ce qu'on enseignait dans cette docte maison. Son goût pour la lecture était tel, qu'il veillait souvent des nuits entières avec le livre qu'il avait commencé. Au bout de ses études, étant d'une famille d'avocats et de greffiers, il se vit condamné à travailler pour le barreau. Rien n'était plus contraire à la nature de son esprit; et malgré le titre d'avocat qu'il obtint en 1656, on peut se faire une idée de l'ennui que lui causait ce genre d'occupation quand on le voit s'endormir sur les dossiers en présence même de son patron, M. Dongois, et dans sa première cause ne songer qu'aux moyens de se défaire honnêtement de sa partie. Ne pouvant surmonter sa répugnance pour le barreau, il se tourna du côté de la théologie, et peu de temps apres on le chargea d'un cours en Sorbonne; mais il s'aperçut bientôt qu'il n'avait fait que changer d'ennui en fuyant la chicane, il trouvait la scolastique. Au milieu de ces dégoûts, il sentait croître l'amour qu'il nourrissait depuis longtemps pour la poésie: il sentait s'agiter en lui les idées ingénieuses, les traits piquants et les beaux vers. En 1660, il publia ses premières satires, qui le firent ranger aussitôt parmi les poetes dont le talent donnait les plus belles espérances. Il fut admis à les lire dans le cercle fameux que présidait la marquise de Rambouillet. Mais peu fait pour goûter l'esprit et les manières des précieuses, il les fréquenta peu, et se produisit surtout dans cette société spirituelle, sans être guindée, qui se

T. III. 5 Livraison. (DICT. ENCYCLOP, ETC.)

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