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sentant à une mésalliance, cédât aux offres des Visconti de Milan et donnât en mariage une de ses filles, âgée de onze ans, au fils de Galéas qui n'en avait que dix. Ce fut avec les 600,000 florins de Galéas Visconti, 300,000 en pur don et autant pour un comté en Champagne, que Jean le Bon sortit de Calais, ayant vendu sa chair et son sang, comme dit Matteo Villani, et l'on peut ajouter, ayant livré une de ses provinces. A peine arrivé, il fut contraint d'imposer une aide nouvelle, de demander d'autres sacrifices à la nation, d'en revenir à l'altération des monnaies, et de rappeler les juifs, pour faire revenir avec eux les capitaux.

Du reste, aussitôt après la mort de son père, Charles V, qui avait toujours été contraire au traité, chercha les moyens de l'éluder; ce qui n'était pas très-difficile, puisque les nouveaux sujets des Anglais ne voulaient pas les reconnaître pour maîtres. En 1370, accueillant les plaintes des Gascons contre l'administration anglaise, Charles V cita le prince Noir, accusé d'exactions, à comparaître par-devant la cour des pairs, en déclarant que l'Aquitaine était toujours un fief relevant de la couronne, et qu'en sa qualité de suzerain, le roi de France avait le droit de rendre justice aux Gascons qui l'imploraient. La guerre fut la suite de cette violation du traité de Brétigny, et, cette fois, le sort des armes tourna contre les Anglais. Quarante-cinq ans plus tard, pendant la démence de Charles VI, ce fut encore sur le refus du gouvernement français d'exécuter le traité de Brétigny, que Henri V d'Angleterre reprit les hostilités, et qu'eut lieu la déplorable bataille d'Azincourt. Il fallut Jeanne d'Arc pour effacer à tout jamais la honte de ce traité.

Pour les faits qui l'ont précédé et accompagné, on trouve de curieux renseignements dans Froissart, le continuateur de Nangis, Matteo Villani et les Chroniques de SaintDenis.

BRÉTIGNY (affaire de). Au mio

ment où la guerre venait d'être déciarée, en 1792, quatre cents hullans autrichiens attaquèrent à Brétigny, près de Maubeuge, un petit poste de trente hommes, qui se replia sur la ville. Pour suppléer par l'avantage du terrain à la faiblesse du nombre, ils se jettent dans un bois voisin, où ils sont joints par le lieutenant-colonel Peigneux, commandant soixante chas seurs à pied. Les hullans, embarrassés par les broussailles, se défendent avec peine contre cette petite troupe, dont la mousqueterie les atteint de toutes parts. Soixante hullans périssent dans les bois victimes de leur témérité, et les autres cherchent leur salut dans la fuite.

BRÉTIGNY (Charles - Poncet de), gentilhomme normand, fut un de ces aventuriers qui, au dix-septieme siècle, allèrent chercher dans la Guyane les trésors du merveilleux Eldorado, et n'y trouvèrent que les misères et une mort cruelle.

De tous les colons envoyés dans cette île par la Compagnie française des Indes, il n'en restait plus que cinq, quand Brétigny, nommé gouverneur en 1643, partit de Dieppe à la tête d'environ trois cents hommes, femmes et enfants, répartis sur deux bâtiments. Le cérémonial rigoureux qu'il établit autour de lui, dès le commencement de la traversée, la domination tyrannique qu'il s'arrogea après le débarquement, prouvèrent bientôt qu'il cherchait à se rendre indépendant. Ses officiers formèrent un complot contre lui, et le jetèrent dans une prison qu'il avait lui-même fait construire. Ayant réussi, peu de temps après, à rentrer en possession de son autorité, il ne tarda pas à obéir de nouveau aux suggestions de son caractère violent et ambitieux, en promulguant un code sanguinaire, en multipliant autour de lui les supplices, et en substituant partout ses armes à celles du roi. Mais il n'eut pas le temps de consolider son autorité. Ayant voulu poursuivre quelques indigènes fugitifs, il se trouva tout à coup enveloppé de sauvages, qui le

massacrèrent dans les premiers mois de l'année 1645 (*).

BRETON (le club). Voyez CLUBS. BRETON (Luc-François), né à Besançon en 1731, apprit d'abord l'état de menuisier; mais, entraîné vers la sculpture par un goût irrésistible, il quitta bientôt cet état pour entrer en apprentissage chez un sculpteur en bois. Il se rendit ensuite à Rome afin de s'y perfectionner, et fut obligé, pour vivre, d'y travailler à des ornements de sculpture; cependant il trouvait le temps de fréquenter les ateliers des artistes, et il ne tarda pas à faire de grands progrès. Il concourut, en 1758, à l'école de Saint-Luc, et remporta le prix. Le sujet de ce concours était un bas-relief représentant l'Enlèvement du Palladium. Admis alors comme pensionnaire à l'école française, il donna bientôt après le basrelief en marbre de la Mort du général Wolf, puis un saint André de proportions colossales, qui fut placé devant l'église de Saint-Claude des Bourguignons. Revenu à Besançon, il y exécuta divers ouvrages, entre autres deux Anges adorateurs en marbre, qui ornent l'autel de l'église de Saint-Jean; une Descente de Croix, en pierre de Tonnerre, placée dans l'église de Saint-Pierre; un buste de Cicéron, et une statue de saint Jérome; ce dernier ouvrage fut présenté par lui à l'académie de peinture et de Sculpture, où cependant il ne fut pas admis. Nous devons encore citer parmi les ouvrages de Breton, le magnifique tombeau qu'il avait exécuté à Nîmes pour la famille des La Beaume, qui à été détruit pendant la révolution. Cet artiste manquait de génie, mais il avait du goût, et son exécution était parfaite. Il mourut à Besançon, en 1800. Il était membre associé de l'Institut (**).

BRETON (Raymond), né à Beaune,

(*) Pour la suite de l'Histoire de Cayenne, voyez l'art. BIET (Antoine), 2o vol., p. 557. (**) Voyez la biographie de cet artiste, dans le tome II des mémoires de la Société d'agriculture de Besançon.

en 1609, entra dans l'ordre des frères Prêcheurs, à Paris, et partit en 1635, avec quelques-uns de ses confrères pour les missions de l'Amérique. Il fit un assez long séjour à Saint-Domingue, visita la Guadeloupe, les Antilles, et revint en France après une absence de près de vingt ans. Il y passa le reste de sa vie dans divers prieurés, et mourut en 1679. Outre un travail manuscrit sur les missions faites dans les îles françaises de l'Amérique par les frères Prêcheurs, de l'an 1635 à 1643, travail dont profitèrent les PP. Dutertre et Dupuis, il laissa un Petit catéchisme traduit du français en caraïbe, Auxerre, 1664, in-8°, et un Dictionnaire françaiscaraïbe et caraibe-français, mêlé de quantité de remarques historiques pour l'éclaircissement de la langue, Auxerre, 1665-1667, 2 vol. in-8°.

BRETONNIER (Barthélemi-Joseph), né à Montretrès, près de Lyon, en 1656, se livra avec une sorte de prédilection à l'étude du droit romain, qui était celui de son pays, et devint bientôt un des plus célèbres jurisconsultes de la France. Malgré le peu de loisirs que lui laissait la profession d'avocat, il donna, en 1708, une nouvelle édition des OEuvres de Henrys, et, dans une longue et savante dissertation, chercha à prouver, conformément au sentiment de cet auteur, que le droit romain était le droit commun ou fondamental de la France, contre l'opinion, beaucoup plus vraie, qui ne voyait dans le droit romain qu'un droit supplétif auquel on avait recours dans le silence de la coutume. Un ouvrage beaucoup plus utile est celui qu'il composa sur l'invitation de d'Aguesseau, qui cherchait à établir une entière uniformité dans l'exécution des anciennes lois, sans en changer le fond. Cet ouvrage, publié en 1713, sous le titre de Recueil, par ordre alphabétique, des principales questions de droit qui se jugent diversement dans les différents tribunaux du royaume, entrait fort bien dans les vues de d'Aguesseau, et fut très-utile à ce magistrat pour la ré

daction des différentes ordonnances qui préparèrent le lent ouvrage de notre codification. Bretonnier mourut en 1722, à l'âge de 71 ans.

BRETTES. C'étaient de longues épées, ainsi nommées parce que les premières ont été fabriquées en Bretagne. On en a fait le mot bretteur, qui désigne un duelliste de profession.

BRÈVES, ancienne seigneurie du Nivernais (aujourd'hui département de la Nièvre), à huit kilomètres de Clamecy, érigée en comté en 1625, en faveur de François de Savary. (Voyez l'art. suivant.)

BRÈVES (François Savary, comte de), l'un des plus habiles diplomates des règnes de Henri IV et de Louis XIII, naquit en 1560. Il suivit, en 1580, son oncle Jacques de Savary Lancosme, envoyé par Henri III à Constantinople en qualité d'ambassadeur, et à sa mort, arrivée en 1591, il lui succéda. Il occupa ce poste jusqu'en 1606, sous les sultans Amurath III, Mahomet III et Achmet Ir. En 1593, il avait déjà pris sur Amurath III assez d'ascendant pour lui faire écrire une lettre aux Marseillais, dans le but de les détacher du parti de la ligue, pour lequel ils tenaient encore, et de les engager à se soumettre à Henri IV. Cette lettre avait d'autant plus de gravité, que la marine ottomane était alors prépondérante dans la Méditerranée. « Nous vous invitons, y disait « Amurath III, ou plutôt nous vous enjoignons d'incliner vos chefs, et << rendre obéissance au magnanime « entre les grands et très-puissants sei«gneurs, Henri, roi de Navarre, à présent empereur de France. Si vous "persistez dans votre sinistre obstination, nous vous déclarons que vos « vaisseaux et les cargaisons seront confisqués, et les hommes faits es<< claves dans tous nos États et sur mer. C'est à la prière de l'ambassadeur de France, résidant près de nous, que ⚫ nous avons donné à nos capidjis, nos « très-hauts et très-sublimes commandements, etc. » Le sultan Achmet Ier, que de Brèves accompagna trois fois à l'armée, l'honorait d'une confiance

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toute particulière. L'ambassadeur en profita pour faire conclure entre ce prince et Henri IV le fameux traité de 1604, qui rétablit ou confirma tous les avantages que nous avaient assurés les traités obtenus par Jean de Laforest et Gabriel d'Aramont, sous François Ier et Henri II; par Claude de Boury, sous Charles IX, et par M. de Germiny, sous Henri III (*). De Brèves fit toujours un excellent usage de la faveur que lui avaient valu auprès des sultans ses rares talents de négociateur, et la connaissance qu'il avait du turc et des autres langues orientales. Il obtint pour les ambassadeurs de France la préséance sur ceux de l'empereur d'Allemagne, établit la mission française à Constantinople, et fit l'acquisition à Péra, du palais de France dont il ne reste plus aujourd'hui que des ruines. Enfin, avant de quitter Constantinople, en 1605, il obtint du sultan Achmet des ordres qui enjoignaient aux deys d'Alger et de Tunis de délivrer les chrétiens esclaves, surtout les Français, et de restituer les vaisseaux et les effets pris par les corsaires barbaresques. De Brèves n'ignorait pas les difficultés qu'il y aurait à faire exécuter ces ordres; mais il eut le courage d'aller lui-même à Tunis et à Alger, où son habileté généreuse échoua contre la malveillance sauvage des Africains, et où il fut plusieurs fois en danger de perdre la vie. Il visita la terre sainte, l'Égypte, les îles de l'Archipel, une partie des côtes de l'Asie et de l'Afrique, et débarqua à Marseille le 19 novembre 1606, après un séjour de vingt-deux ans en Orient. Aucun ambassadeur n'a été entouré de plus de considération à Constantinople, sans excepter même le marquis de Nointel, qui représenta si dignement Louis XIV, mais dont les manières impérieuses finirent par indisposer la Porte Ottomane.

En 1607, de Brèves fut nommé con(*) Ce fut grâce aux sollicitations de ce dernier que les Anglais obtinrent d'Amurath III la faculté de naviguer dans les mers du Levant; depuis cette époque les choses ont bien changé,

seiller d'État et gentilhomme de la chambre. L'année suivante, il partit pour l'ambassade de Rome. Pendant les six années qu'il résida auprès de la cour pontificale, il s'appliqua à y maintenir l'équilibre entre l'influence française et l'influence espagnole; il s'occupa en outre avec beaucoup d'activité des négociations relatives aux successions de Clèves et de Mantoue. Après la mort de Henri IV, de Brèves fut rappelé en France, et nommé, par la reine mère, gouverneur de Gaston, frère du roi. Son attachement pour Marie de Médicis lui fit du tort auprès du connétable de Luynes, qui ne tarda pas à devenir tout-puissant, et qui fit donner au comte de Lude la charge de gouverneur de Gaston. Lorsque Marie de Médicis eut repris son ascendant sur l'esprit du roi, de Brèves fut nommé écuyer de la reine, sa terre de Brèves fut érigée en comté, et il fut créé chevalier de l'ordre du Saint-Esprit. Il mourut à Paris en 1628, peu de temps après avoir obtenu entrée au conseil des dépêches.

Le comte de Brèves était fort instruit, et il a laissé plusieurs écrits qui ne sont pas sans mérite. On a de lui, à la Bibliothèque royale: 1o des lettres et pièces manuscrites, relatives à ses négociations à Rome, dont il existe d'excellentes notices publiées par Gaillard; 2° une relation de ses voyages, 1628, in-4°; 3° Discours abrégé des asseurez moyens d'anéantir et ruiner la monarchie des princes ottomans: dans cet écrit, il suppose « que les Cosaques, qui sont chrétiens, dit-il, et que nous nommons Russiens, pourraient bien servir, au besoin, à inquiéter les Turks de leur côté; » 4o Discours sur l'alliance qu'a le roi avec le Grand Seigneur. Il montre dans cet écrit combien cette alliance est utile pour toute la chrétienté. Ces deux discours sont imprimés à la suite de ses voyages.

De Brèves rapporta du Levant plus de cent volumes turcs et persans qui sont aujourd'hui à la Bibliothèque royale. Il fit graver à Rome des carac tères orientaux d'une incomparable

beauté, et qui ont été acquis pour le compte du roi de France par l'imprimeur Vitray. (Voyez BIBLIOTHÈQUES.)

BREYE (François-Xavier), jurisconsulte lorrain, né à Pierrefort (Meurthe), en 1694, mort à Nancy en 1736, joignait à une parfaite connaissance du droit et des coutumes une érudi tion littéraire assez distinguée. Sa Dissertation sur le titre X des donations, de la coutume générale de Lorraine, Nancy, 1725, et son Traité du retrait féodal, Nancy, 1733-1736, 2 vol. in-4o, dénotent le penseur profond et le jurisconsulte habile, tandis que les amateurs de documents curieux trouveront à se satisfaire amplement dans les Amusements du sieur Breyé, Nancy, 1733, in-4°, recueil de prose et de vers, où se trouvent entre autres une Traduction de la Guerre des Rustauds de Laurent Pilladius, l'Histoire de la sibylle de Marsal, tirée de Richerius, moine de Senones, etc. Il a encore laissé quelques Odes et Cantates, et enfin l'Index de l'ordonnance de Lorraine, et un Commentaire sur les lois de Beaumont (inachevé), texte fort curieux pour l'histoire des franchises du pays, et dont la perte est fort regrettable.

BRÉZÉ, ancienne seigneurie de l'Anjou (aujourd'hui département de Maine-et-Loire), à quarante-huit kil. de Saumur. Cette seigneurie, après avoir donné son nom à une illustre famille, passa, au commencement du quinzième siècle, à la maison de Maillé, et fut cédée, en 1686, par Clémence de Maillé, femme du grand Condé, à Thomas Dreux, conseiller au parlement de Paris, en faveur de qui elle fut érigée, la même année, en marquisat. (Voyez l'article suivant, les articles consacrés aux familles de DREUX-BRÉZÉ et de MAILLÉ.)

et

BRÉZÉ (famille de), maison considé rable, dont l'origine est fort ancienne, mais qui ne commença à être bien connue que vers la première moitié du quatorzième siècle.

1o En 1323, Jean de Brézé, sei.

gneur de la Varenne, avait un procès avec Payen de Maillé et sa femme, seigneur et dame de Brézé, pour la possession de la terre de ce nom. Ses successeurs furent :

2o Son fils Geoffroi, qui, ayant été fait prisonnier par les Anglais, fut obligé de vendre une partie de ses biens pour payer sa rançon. Charles V, en récompense de ses services, lui donna, en 1369, la terre d Montberard, près de Brézé, ainsi que d'autres biens possédés par les seigneurs qui tenaient pour les Anglais. Il ne vivait plus en 1380.

3° Jean II servit en Flandre. Son fils Jean, seigneur de Broon, fit la guerre contre les Anglais, sous le règne de Charles VII, se signala à la prise d'Évreux, en 1442, mais fut tué dans le combat que les Anglais engagèrent pour reprendre cette place.

4° Pierre Ier, conseiller et chambellan de Charles VII, mourut avant l'année 1427. Son fils Jean, capitaine de Louviers, dirigea l'entreprise sur le Pont-de-l'Arche, et celle de Conches, en 1449; assista au siége de Château-Gaillard, la même année, et suivit, dans l'expédition d'Angleterre qui eut lieu en 1457, le sénéchal de Normandie, son frère, dont il est question dans le paragraphe sui

vant.

5o Pierre II, grand sénéchal d'Anjou, de Poitou et de Normandie, prit une part glorieuse à la guerre contre les Anglais, sous le règne de Charles VII, auprès duquel il était en grande faveur. Il accompagna ce prince en 1440, lorsqu'il alla secourir la ville de Saint-Maixent; se trouva aux siéges du Mans, en 1447, de Conches, du Pont-de-l'Arche, de Verneuil, de Pont-Audemer, de Mantes, de Vernon et de Rouen, dont il fut nommé gouverneur. Il était à la bataille de Formigny, en 1450. Charles VII lui confia le commandement d'une expédition qui avait pour objet de chasser les Anglais de Calais et du comté de Guines qu'ils occupaient encore. Pierre de Brézé partit de Honfleur

avec une flotte, en 1457, à la tête de quatre mille hommes, et débarqua à Sandwich. Il investit cette place par terre et par mer, et s'en rendit maître. Après l'avoir pillée, il se rembarqua sans aucune perte, en dépit des attaques de deux mille Anglais; enfin il ramena à Honfleur trois gros vaisseaux qu'il avait capturés, et sa flotte, chargée de butin et de prisonniers.

la

Après la mort de Charles VII, faveur de Pierre de Brézé déclina considérablement. Louis XI le fit même enfermer au château de Loches, d'où il ne sortit qu'après avoir consenti au mariage de son fils, Jacques de Brézé, avec une sœur naturelle du roi, fille de Charles VII et d'Agnès Sorel. Peu de temps après, Louis XI lui confia le commandement du faible secours qui fut accordé à Marguerite d'Anjou, reine d'Angleterre. Le petit nombre d'hommes qu'il obtint fit croire alors que Louis XI voulait se défaire de lui. Après quelques débuts heureux dans le Northumberland, de Brézé vit assiéger les villes qu'il avait prises, fut contraint de capituler et de fuir avec la reine et ses enfants.

Le mauvais succès de cette expédition ne fit aucun tort à Pierre de Brézé; ce qui porte à croire que Louis XI n'avait pas l'arrière-pensée qu'on lui supposait. Au contraire, il sembla rentrer en grâce, sans néanmoins que Louis XI se dépouillât jamais de tout sentiment de défiance envers lui. Consulté par ce prince, lorsque éclata, en 1465, la guerre du bien public, de Brézé fut d'avis qu'on allât livrer bataille au comte de Charolais; mais Louis XI lui laissa voir qu'il le soupçonnait d'intelligence avec ses ennemis. Quelques mois après, eut lieu la bataille de Montlhéry, le 14 juillet 1465; le sénéchal, qui commandait l'avantgarde de l'armée, désireux sans doute de se justifier dans l'esprit du roi, déploya une bravoure aventureuse, et fut tué des premiers. Pierre de Brézé unissait à beaucoup de bravoure une gaieté piquante, qui ne devait pas toujours plaire au sombre Louis XI. Ce prince, comme on sait, ne prenait ja-`,

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