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de ces partisans il en est un surtout dont le génie, sauvage, si l'on veut, mais puissant, était digne d'un plus vaste théâtre. Cet homme était Waroch, fils de Macliauc, comte de Vannes....

« Ce fut contre Chilpéric qu'il livra sa première bataille. Les Francs étaient venus placer leur camp sur le bord de la Vilaine. Waroch se présente sur la rive opposée, feignant d'en vouloir disputer le passage; mais au milieu de la nuit, il rassemble toutes ses bandes, et, franchissant la Vilaine dans le plus grand silence, il tombe à l'improviste sur l'armée ennemie et la bat complétement. Un autre se fût laissé éblouir par cette victoire; le comte de Vannes se montra plus habile politique convaincu qu'elle allait attirer sur la Vilaine toutes les forces de ses ennemis, il se hâta de demander la paix aux vaincus. Les Francs la lui accordèrent, mais en lui imposant la condition de payer tribut et de fournir des otages. Il promit tout ce qu'on voulut; mais à peine les Francs s'étaient-ils retirés, qu'il oublia tous ses serments......

« L'armée des Francs fut obligée de rentrer en Bretagne pour la réduire; mais il n'en recommença pas moins ses ravages l'année suivante. Allié de Frédégonde, qui suscitait partout des ennemis aux rois de Bourgogne, il attendit de pied ferme Ébrachaire et Beppolen, généraux envoyés par Gontran pour le combattre. Il fut sur le point d'être accablé; mais il eut l'habileté de semer la discorde parmi ses ennemis, et il ne les vit pas plutôt séparés, qu'il tomba sur l'un d'eux avec toutes ses forces et l'écrasa. Ébrachaire cependant était en pleine marche sur Vannes; Waroch lui envoie des ambassadeurs, le comble de présents, et finit par le déterminer à se retirer en Anjou. Les Francs commencent, en effet, leur retraite; mais Waroch, qui se joue des traités, placé une embuscade sur les bords de la Vilaine une partie des ennemis a à peine traversé le fleuve, que les Bretons se jettent sur son arrière-gar-.

a

de, et la taillent en pièces. Depuis cette époque, l'histoire ne fait plus mention du vaillant comte de Vannes (*). »

Les derniers Mérovingiens ne s'occupèrent pas des princes bretons; Judual ou Alain Ier avait été rétabli par Clotaire dans le comté de Cornouaille.

Hoël III, son fils, lui succéda en 594, réunit sous son autorité la plus grande partie de la Bretagne, et prit même le titre de roi; il mourut en 612. Salomon II, son fils, régna jusque vers l'an 632.

Judicael sortit du cloître pour succéder à son frère; mais en 638 il rentra dans son monastère, d'après les conseils de saint Éloi, et y mourut

en 658.

Alain II, encore enfant, succéda à son père; il mourut en 690, laissant plusieurs enfants.

Grallon II, fils du précédent, ne garda de ses États que le comté de Cornouaille, qu'il dut encore partager avec ses cousins.

Depuis cette époque jusqu'à Noménoé, on voit paraître successivement : Daniel, neveu de Grallon.

Budie, son fils, surnommé le Grand. Meliau, qui se donna le titre de roi, et qui fut, ainsi qu'Argaut, soumis par les Francs, en 786.

Rivod, qui, après s'être emparé du comté de Cornouaille, par le meurtre de son frère Meliau, en 792, s'en vit dépouillé par le comte Guy en 799.

Jarnithin, qui régna de 814 à 818. Morvan, qui fut assassiné l'année de son avénement.

Guyomarch de Léon, qui s'étant révolté, en 822, contre Louis le Débonnaire, fut vaincu en 824, et tué en 825.

Noménoé, l'un des plus grands princes qui aient gouverné la Bretagne, fut, en 825, nommé duc de cette contrée par Louis le Debonnaire. Tant que ce prince vécut, il reconnut sa suzerai

(*) Essai sur l'histoire, la langue et les institutions de la Bretagne armoricaine, par M. de Courson. Cet ouvrage, plein de recherches savantes, nous a été très-utile pour la rédaction de cet article.

neté; mais à sa mort, il prit le titre de roi. Attaqué par Charles le Chauve, en 842, il battit les troupes de ce monarque, puis, en 845, Charles luimême. Cependant il fut trois fois défait par les Normands, en 848. Les évêques bretons, gagnés par le roi, s'opposaient aux projets d'indépendance de Noménoé; dans une assemblée tenue à Coetlon, en 848, il les destitua tous, érigea Dol en métropole, et créa deux nouveaux évêchés, ceux de Tréguier et de Saint-Brieux. Il s'empara ensuite d'Angers. Rappelé dans ses États par la présence de Charles, il y revint en toute hâte; mais l'empereur ne l'attendit pas. L'année suivante, il s'empara encore du Mans. Il mourut en 851, à Vendôme.

Erispol, son fils, défit aussi Charles le Chauve, et conclut avec lui une paix avantageuse. Il remporta, en 855, une victoire sur les Normands, et fut assassiné en 857, par son cousin Salomon.

Salomon III, d'abord en hostilité avec le roi de France, lui prêta, en 864, serment de fidélité, se joignit à lui, en 868, pour combattre les Normands, et fit aussi avec lui, en 872, le siége d'Angers. Il fut assassiné en 874, par deux seigneurs, Pasquiten et Gurvand.

Pasquiten et Gurvand, à peine maîtres de la Bretagne, devinrent ennemis; ils prirent les armes l'un contre l'autre en 877. Gurvand, deux fois victorieux, succomba à une maladie, et Pasquiten fut assassiné.

Alain III, frère de Pasquiten, et Judicael, fils de Gurvand, se partagèrent la succession. D'abord divisés, ils se réunirent bientôt contre les Normands, qu'ils battirent en 888. Judicaël mourut dans l'action. Alain défit une seconde fois les Normands, et régna ensuite paisiblement jusqu'en 907, époque de sa mort.

Gurmhaillon, comte de Cornouaille, lui succéda. La Bretagne fut de nouveau ravagée par les Normands, en 908 et 912.

Juhel Bérenger, comte de Rennes, fils de Judicaël, se joignit, en 930, à

Alain Barbetorte pour combattre les Normands. Ils furent vaincus par le duc Guillaume, qui força Alain à se réfugier en Angleterre.

Alain IV revint en Bretagne en 937, chassa les Normands, et joignit à son titre de comte de Vannes celui de comte de Nantes. Il mourut en 952.

Dragon, son fils encore enfant, lui succéda, et mourut l'année suivante.

Hoël IV, bâtard d'Alain, remplaça Dragon en 953; il fit la guerre avec Conan, comte de Rennes, et fut tué en 980.

Guerech, fils légitime d'Alain, évêque de Nantes, succéda à Hoël. Il se battit, en 981, avec Conan, et mourut en 987.

Conan Ier, surnommé le Tort, régna d'abord sans opposition; mais bientôt obligé de défendre sa couronne contre les enfants de Hoël IV, protégés par Foulques Nerra, comte d'Anjou, il fut tué dans la bataille.

Geoffroi Ier, son fils, prit, en 992, le titre de duc de Bretagne, et mourut en 1008, dans un voyage d'Italie.

Alain V, encore enfant, succéda à son père. Il soumit, en 1024, son oncle Judicaël, révolté contre lui; attaqua, en 1027, Foulques Nerra, et le força à rendre justice à Herbert, comte du Maine. A cette même époque, il épousa Berthe, fille d'Eudes, comte de Blois. Chargé par Robert, duc de Normandie, de la tutelle de son fils Guillaume, il prit les armes à la mort de Robert, en 1035, pour rétablir son pupille dans ses droits. Il y réussit après quatre ans de combats, et mourut empoisonné en 1040.

Conan II, fils d'Alain, lui succéda. Il mourut empoisonné en 1066.

Hoël V, comte de Cornouaille, fut nommé duc de Bretagne en 1074. Aidé de Philippe Ier, roi de France, il força Guillaume le Conquérant à lever le siége de Vannes. Fait prisonnier ensuite par Eudon, puis délivré par son fils Alain, il mourut en 1084, laissant cinq enfants.

Alain Fergent lui succéda. Il battit le comte de Rennes et le fit prisonnier; repoussa Guillaume le Conqué

rant, qui avait une seconde fois assiégé Dol, et s'allia ensuite avec lui contre Herbert, vicomte du Maine, qu'il combattit trois ans avec perte. En 1096, il passa en Palestine, y resta cinq ans, et se retira, en 1112, au monastère de Redon, où il mourut en 1119.

Conan III, son fils, eut à résister à un soulèvement de la noblesse de Bretagne, dont il avait voulu réprimer les entreprises violentes; mais l'énergie qu'il déploya en cette occasion comme justicier ne fut pas secondée heureusement par ses armes; les seigneurs révoltés le battirent dans une rencontre. Son dévouement aux intérêts de la France s'était signalé dès l'an 1124, par l'aide qu'il donna au roi Louis le Gros, en marchant sous sa bannière contre l'empereur. Il mourut en 1148, laissant un fils, Hoël, qu'il désavoua, et une fille nommée Berthe, qui épousa en secondes noces Eudes, comte de Porhoet.

Hoël VI et Eudes. La Bretagne se divisa entre les deux prétendants; Nantes et Quimper prirent parti pour Hoël; Rennes et d'autres villes pour son compétiteur. Une bataille décida entre eux en 1154, et fit triompher le parti du comte de Porhoet. Hoël, vaincu, se vit abandonné de ses partisans, qui se soumirent au roi d'Angleterre, Henri II. Celui-ci donna le duché à son frère Geoffroi, qui mourut deux ans après.

Conan IV, surnommé le Petit, fils de Berthe et du comte de Richemont, Alain le Noir, son premier mari, fit prisonnier Eudes, son beau-père, et s'empara de la ville de Rennes. La mort de Geoffroi lui facilita la conquête du reste de la Bretagne; et, pour obtenir l'appui du roi d'Angleterre, il fiança sa fille Constance avec Geoffroi, fils de ce monarque. Les in trigues de Henri II firent ensuite passer l'héritage entre les mains de son fils avant la mort de Conan IV, dont il abreuva d'amertume les derniers jours. Conan IV mourut en 1171.

Geoffroi II succéda au précédent, bien que son mariage avec Constance

ne fût point encore consommé; il n'eut lieu que dix ans après. Il prêta le secours de ses armes à Philippe-Auguste contre divers grands vassaux, et même contre son propre père, Henri II, qui avait pris part à la révolte de ses frères. Après divers combats, le père et le fils se réconcilièrent; mais la discorde éclata entre eux de nouveau à l'occasion de l'Anjou, que Geoffroi convoitait, et qu'il n'avait pu obtenir. Il recourut encore à Philippe-Auguste, se rendit à Paris, et périt sous les pieds des chevaux, dans un tournoi que le roi de France avait donné en son honneur, en 1186.

Arthur, fils de Geoffroi et de Constance, naquit quelques mois après la mort de son père. La Bretagne, pendant la minorité de ce prince, excita la convoitise du roi Richard, qui s'empara de Constance, la retint prisonnière, mais ne put se rendre maître du jeune Arthur, que les seigneurs bretons eurent l'adresse de mettre en sûreté à la cour de Philippe-Auguste. Richard mourut sans enfants. Jean sans Terre, son frère, s'empara de la couronne d'Angleterre, au préjudice de son neveu Arthur, que PhilippeAuguste soutint faiblement en cette occasion. Arthur se rendit en Bretagne, et consentit à faire hommage de son duché à son oncle. Mais quand les hostilités recommencèrent entre les deux rois, Arthur réunit sa bannière à celle de la France et porta la guerre en Poitou. Il fit le siége de Mirebeau, où la vieille reine Éléonore, son aïeule, s'était renfermée, et qu'elle défendit opiniâtrément contre lui. Arrêté longtemps devant le château de cette ville, il se laissa surprendre par Jean sans Terre, qui accourait pour défendre cette place. Arthur, devenu prisonnier de son oncle, fut enfermé au château de Falaise. Jean n'ayant pu obtenir de lui l'abandon de ses droits à la couronne d'Angleterre et aux provinces de France qui en dépendaient, le fit transporter au château de Rouen, sur les bords de la Seine. Les circonstances qui accompagnèrent la fin tragique du jeune prince sont restées fort incer

T. III. 23° Liv. (DICT. ENCYCL., ETC.)

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taines. Les chroniqueurs présentent divers récits de ce fatal dénoûment. Le roi Jean, si l'on en croit Matthieu Paris, égorgea son neveu de ses propres mains, après l'avoir fait descendre sur la Seine dans un bateau. Le corps, abandonné à la rivière, aurait été retrouvé le lendemain, et inhumé secrè tement au prieuré de Notre-Dame du Pré. Arthur laissait une fille du nom d'Éléonore, dont Jean sans Terre s'était emparé, et qui mourut en 1241, dans le château de Brissol, où elle était enfermée.

Alix, soeur d'Arthur, lui succéda sous la tutelle de Philippe-Auguste, et de Gui de Thouars, son père. Par son mariage avec Pierre de Dreux, elle porta le duché de Bretagne dans une branche de la maison royale de France.

DUCS DE BRETAGNE DE LA MAISON DE

FRANCE.

Philippe-Auguste, devenu l'arbitre de la Bretagne, après la triste fin d'Arthur et ses victoires sur Jean sans Terre, fit épouser Alix à un prince de la maison de France, Pierre de Dreux, surnommé Mauclerc, petitfils de Louis le Gros. I imposa à son parent des conditions qui étaient de nature à placer, dans une étroite dépendance vis-à-vis la couronne de France, le duché dont il n'aurait pu s'emparer directement. Il lui fit jurer de le servir fidèlement envers et contre tous, et de recevoir les hommages des Bretons avec cette clause: sauf la fidélité du roi de France, notre sire. Le nouveau duc s'engagea à s'en rapporter, dans ses conflits avec ses propres vassaux aux décisions de la cour du roi; son frère, Robert III, comte de Dreux, se rendit caution de ses engagements, et consentit à ce que le roi saisît ses domaines si le duc de Bretagne manquait à ce qu'il avait promis. Pierre de Dreux avait d'abord étudié pour entrer dans l'Église. Son savoir, sa dextérité lui avaient valu le surnom que l'histoire a consacré. Il était railleur, peu sincère, inconstant dans son amitié. re

muant et n'écoutant que les conseils d'une ambition intéressée et jalouse. Sa vie se passa dans une agitation perpétuelle, en guerre avec Philippe-Auguste, avec ses propres sujets, ou avec les infidèles. D'abord, il eut à repousser les attaques de Jean sans Terre, et contribua au succès que le jeune Louis, fils du roi de France, remporta sur les Anglais, au combat de la Rocheau-Moine (1214). L'esprit entreprenant et inquiet de Pierre Mauclerc se tourna ensuite contre les priviléges ecclésiastiques; la lutte qu'il engagea de ce côté lui valut une excommunication (1217). Cette hostilité intéressée envers l'Église ne l'empêcha pas de prendre part pour elle contre les Albigeois. Cette lutte pouvait offrir à son ambition plus d'un côté favorable. Après avoir réprimé une révolte de quelques seigneurs bretons, il amena au roi Louis VIII un renfort pour assiéger la Rochelle. L'autorité dont jouissait l'Eglise en Bretagne était telle qu'il songea, pour y mettre un frein, à diriger contre elle l'esprit des nobles. Il tint à Nantes, à cet effet, une assemblée générale de la noblesse (1225), et y rendit quelques ordonnances contre le clergé. La croisade contre les Albigeois, ranimée par le zèle emporté de Louis VIII, appela encore une fois le duc de Bretagne, qui suivit le roi au siége d'Avignon. Mais ses intrigues pour supplanter le comte de Flandre, le mirent bientôt en mésintelligence avec Louis, dont la mort suivit de près la prise de cette place. Un nouveau champ s'ouvrit alors aux projets ambitieux du duc. La couronne passait sur la tête d'un enfant, et le pouvoir tombait aux mains d'une femme; c'était une occasion de rejeter les dures conditions de dépendance que Philippe-Auguste lui avait imposées. Il se ligua avec les comtes de la Marche et dé Champagne, et ces trois seigneurs refusèrent d'assister au sacre du jeune roi. Mais la reine Blanche sut détacher de la ligue le comte de Champagne, et Pierre se vit contraint de consentir à un accommodement (1227). L'année

suivante, l'insurrection féodale recommença, et Pierre Mauclerc ne manqua pas d'y figurer; toutefois, la tentative échoua de nouveau, et il en fut quitte pour solliciter un second pardon (1228). Bientôt, pour se venger du comte de Champagne, dont l'attachement pour la régente avait fait avorter ses desseins, Pierre de Dreux se jeta sur les terres du comte; mais le jeune roi accourut en hâte, et le duc fut forcé de se retirer (1229). Après un nouveau traité, Pierre Mauclerc, irrité de tant d'efforts infructueux, se tourna du côté de l'Angleterre, se rendit dans ce pays, et s'engagea en secret à conduire le roi en Bretagne. Mais cette nouvelle trahison fut découverte; le roi fit assigner le coupable, qui, n'ayant osé comparaître, fut condamné à perdre ses terres d'Anjou. Le duc répondit cette sentence en envoyant un chevalier déclarer qu'il ne se tenait plus pour homme du roi et qu'il le défiait. Louis se mit en campagne, et fit, au cœur de l'hiver, le siége de plusieurs places de Bretagne; enfin, un nouveau jugement déclara Pierre déchu de son duché (1230). Mais les secours qu'il avait sollicités de l'Angleterre lui arrivèrent à temps, et le roi Louis, dont l'armée était travaillée par des divisions et des mécontentements, fut contraint de rétrograder. Cependant, après l'expiration d'une trêve à laquelle il avait consenti, il assembla de nouvelles forces, et marcha résolûment contre son vassal. Mais le duc jugea à propos de ne pas l'attendre; il se rendit à Paris, et se soumit haut et bas à tout ce qu'exigea son suzerain. Ce nouvel accord dura jusqu'en 1236; Pierre Mauclerc ayant marié son fils Jean avec l'héritière de Navarre, tenta une nouvelle coalition contre le roi; mais l'ambitieux prince touchait au moment où il devait résigner la puissance dont il n'était que dépositaire durant la minorité de son fils. Le fils d'Alix de Bretagne fut reconnu duc, sous le nom de Jean Ier, et le père fut réduit à se qualifier Pierre de Braine,

chevalier. Dans la nouvelle situation où cet événement le plaça, il tourna toute son activité ailleurs, et se fit nommer chef de la croisade en 1238; mais la discorde se mit dans l'expédition; une partie seulement persista dans l'entreprise et aborda en Palestine. De ce nombre fut Pierre Mauclerc; les croisés sortirent de Ptolémaïs pour faire le siége de Damas. Pierre agit en homme décidé à courir les aventures et à se dédommager de la perte de son duché par la conquête de quelque province sur les ennemis du saint sépulcre. Matthieu Paris rapporte, qu'ayant été averti qu'un émir conduisait un grand convoi de bœufs à Damas, il sortit du camp sans bruit et mit l'émir en fuite, après un choc assez rude; il entra avec les fuyards dans une place où ils se réfugièrent, la pilla, et passa au fil de l'épée toute la garnison. Mais ces prouesses aboutirent à une défaite complète, et à la captivité du plus grand nombre. De retour en France, l'ancien duc de Bretagne exerça son activité en se mêlant à diverses intrigues, s'immisça, autant qu'il put, dans les affaires de la Bretagne, et arma contre les Anglais de nombreux corsaires. Enfin, la croisade, dont le roi de France fut le chef (1249), offrit une nouvelle carrière à son esprit aventureux. L'issue de cette expédition eût été peut-être bien différente si les avis de Mauclere y eussent prévalu. Il avait ouvert le conseil de s'assurer d'abord d'Alexandrie. Son expérience de la guerre, la connaissance qu'il avait acquise précédemment du pays, du genre de guerre qui pouvait y réussir, donnaient de l'autorité à ses avis; mais l'impatiente valeur du comte d'Artois prévalut. Mauclerc, cependant, malgré la prudence de ses vues avant le combat, ne s'épargna pas dans l'attaque. Il suivit le comte d'Artois à la Massoure et exposa courageusement sa vie. Il sortit du combat blessé au visage et perdant le sang par la bouche en abondance; Joinville cependant lui rend ce témoignage qu'il le trouva revenant de la Massoure bien se main

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