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de la justice et du gouvernement de son duché à des mains faibles ou infidèles qui laissèrent tous les désordres s'y introduire. Il mourut l'an 1075.

Hugues Ier, petit-fils du précédent, avait perdu son père en bas âge, dans une guerre faite au comte de Nevers. Son aïeul, Robert, voulut disposer de son héritage en faveur d'un de ses oncles, mais le jeune duc revendiqua ses droits avec tant de noblesse et de fermeté, selon le récit d'Orderic Vital, que l'assemblée des vassaux réunie à Dijon le reconnut pour suzerain avec acclamation. Les chroniqueurs vantent son amour pour la justice, sa fermeté redoutable aux vassaux qui troublaient l'ordre et la paix de son gouvernement. Il mérita l'amour de tous les gens de bien, dit Orderic Vital, et se rendit terrible comme la foudre aux méchants qui ne connaissent point de loi. Son zèle religieux le conduisit en Espagne combattre les infidèles, s'il faut en croire l'opinion de quelques historiens; d'autres révoquent en doute cette expédition qui leur semble inconciliable avec les autres événements du règne de Hugues. La mort de sa femme, dont il n'avait point eu d'enfants, le détacha complétement du monde où il avait toujours vécu dans les pratiques religieuses les plus ferventes. Il abandonna tout pour se retirer au monastère de Cluny. Il passa quinze ans dans sa nouvelle condition, devint aveugle dans les dernières années de sa vie, et mourut en 1093.

Eudes Ier, surnommé Borel, frère du précédent, lui succéda en 1078. Il donna des secours au roi de France contre ses vassaux les plus turbulents, et se mit en route pour l'Espagne à la tête d'une armée grossie d'une multitude de seigneurs. Une nouvelle inva-. sion des populations africaines dans la Péninsule avait déterminé cette expédition. Eudes ne trouva pas l'occasion de rendre de grands services à la cause de la chrétienté, et revint dans ses États après avoir passé quelque temps à la cour de Léon, près de sa tante, la reine Constance. Il se rendit

ensuite en Palestine, et y mourut en 1102. Les chroniqueurs lui donnent un caractère violent et brutal, et des habitudes de rapacité et de pillage qui s'exerçaient sur tous ceux qui passaient dans ses États. Il laissa deux fils et deux filles.

Hugues II le Pacifique, succéda à son père en 1102. Il donna des secours au roi Louis le Gros contre le roi d'Angleterre en 1109, et contre les Impériaux qui envahirent la Champagne en 1124. Il termina sa carrière en 1142, après un règne de quarante ans, dont la tranquillité lui valut le surnom de Pacifique. Il avait épousé une fille du vicomte de Turenne; il en eut six fils, qui se vouèrent presque tous à l'Église. Une de ses filles, du nom de Sybille, épousa Roger II, roi de Sicile.

Eudes II, fils de Hugues II. Un historien moderne fait honneur à ce prince d'une expédition en Portugal qui paraît extrêmement contestable. Les auteurs de l'Art de vérifier les dates font remarquer que la prise de Lisbonne, qui lui est attribuée l'an 1144, eut lieu en 1147, et que le prédicateur Arnauld, témoin oculaire de l'expédition, ne fait aucune mention du duc de Bourgogne. Il avait refusé de se reconnaître le vassal de Louis VIII; mais un jugement sanctionné par Adrien IV lobligea à rendre hommage à ce prince. Il mourut en 1162, laissant de Marie, fille de Thibaut le Grand, comte de Champagne, Hugues, qui lui succéda.

Hugues III. Če prince partit vers 1171 pour la terre sainte; mais il ne put atteindre le but de son voyage; une tempête l'assaillit, et il fit vou, s'il échappait au naufrage, de bâtir une église à la Vierge. Il réalisa son vœu; et telle est l'origine de la Sainte-Chapelle de Dijon. Hugues III trouva l'occasion d'ajouter à son duché des possessions importantes, en secondant le roi Louis le Jeune contre le comte de Châlons. Il obtint en récompense une partie des terres de ce seigneur. Il fit ensuite la guerre au comte de Nevers et au seigneur de Vergy, qui lui refusaient l'hommage. Il aida le jeune Henri, au

Court mantel, fils du roi d'Angleterre, Henri II, dans la rébellion contre son père. Il accorda, l'an 1187, une charte de commune à la ville de Dijon. Le mauvais succès de sa première campagne en terre sainte ne le détourna pas de prendre part à la croisade dont Philippe-Auguste et Richard d'Angleterre furent les chefs. Il s'y comporta vaillamment, et se signala surtout à la prise de Saint-Jean d'Acre. Il commandait l'aile gauche à la bataille d'Ascalon; mais, après le départ de Philippe-Auguste, la basse jalousie qu'il portait à Richard, auquel cependant il avait été redevable de son salut à la bataille d'Ascalon, mit le désordre dans l'armée chrétienne, et fit manquer le but de l'expédition, la reprise de Jérusalem. Joinville porte de lui ce jugement « Hugues fut moult bon chevalier de sa main et chevalereux, << mais il ne fut oncques tenu à saige, << ne à Dieu ne au monde. » Ce prince mourut en Asie en 1193, et laissa deux fils, Eudes et Alexandre.

en 1238, et en revint en 1241, sans y avoir rien fait d'important. Il s'y rendit de nouveau en 1249, et prit part à tous les revers du monarque dont il suivait la fortune. Il tomba comme lui aux mains des infidèles, après le combat de la Massoure; il fut le compagnon de sa captivité, et recouvra la liberté avec lui. Un traité qu'il fit avec l'empereur Baudouin II lui donna le royaume de Thessalonique. Il alla visiter le tombeau de saint Jacques, et mourut au retour, en 1272.

Robert II était le troisième fils de Hugues IV, qui l'institua son successeur, et lui donna l'investiture du duché de Bourgogne. Chargé de diverses missions importantes sous Philippe le Hardi et Philippe le Bel, Robert signala plusieurs fois son zèle pour la défense des droits de la couronne, et surpassa en richesses, en puissance et en crédit, tous les princes de sa race qui l'avaient précédé. Robert assista, l'an 1303, à l'assemblée convoquée par Philippe le Bel, à l'effet de délibérer sur les prétentions des papes au gouvernement temporel des Etats, et y déploya un grand zèle pour la défense du droit des princes. Il mourut en 1305.

Hugues V succéda en 1305 à Robert II, son père, et régna sous la tutelle d'Agnès de France, sa mère. Il avait été fiancé à Catherine de Valois en 1302, et allait épouser Jeanne, fille de Philippe V, roi de France, lorsqu'il

mourut en 1315.

Eudes III, fils de Hugues III, servit avec zèle Philippe-Auguste dans la plupart de ses expéditions, et fut l'un des instruments les plus dévoués de la politique suivie par ce prince dans le but de dépouiller Jean sans Terre de ses États de France. Il se croisa contre les Albigeois; et, comme pour prouver que le zèle religieux lui avait seul mis les armes à la main, il montra un grand désintéressement dans cette lutte, et refusa la part qui lui était offerte dans les dépouilles des excommuniés. Il commandait l'aile droite à la bataille de Bouvines, et faillit y périr. Il avait eu son cheval tué sous lui, et ne s'était relevé qu'à grand' peine sous sa lourde armure. Il mourut en 1218, au moment où il se préparait à passer en Égypte à la tête d'un corps de croisés. Hugues IV succéda à son père en 1218, sous la tutelle de sa mère, Alix de Vergy, à qui Philippe-Auguste avait fait prendre l'engagement de ne point se remarier sans son consentement. Le jeune duc partit pour la terre sainte T. III. 17° Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

Eudes IV, frère du précédent, lui succéda. Il prit en main, contre Philippe le Long, les intérêts de sa nièce, Jeanne, fille et unique héritière de Louis le Hutin. Mais quand Philippe eut été proclamé roi par l'assemblée des grands, il fit sa paix avec lui, et épousa sa fille aînée. Il vendit à Philippe, prince de Tarente, son titre de roi de Thessalonique, et de prince d'Achaïe et de Morée, et hérita des comtés d'Artois et de Bourgogne, à la mort de la reine Jeanne, sa belle-mère. Eudes servit loyalement Philippe de Valois, fit la guerre de Flandre, et se si

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gnala à Cassel, où il fut blessé. En 1340, il conduisit en Flandre un renfort au roi Philippe, attaqué par les Anglais et les Flamands. Il défendit avec courage Saint-Omer contre Robert d'Artois, fit une vigoureuse sortie, et chassa l'ennemi, qu'il contraignit de s'enfermer dans Cassel. Il mourut à Sens en 1350, après un règne long et brillant. L'aîné de ses fils, Philippe, mourut d'une chute de cheval au siége d'Aiguillon, laissant un fils au berceau, qui succéda à son aïeul.

Philippe Ier, comte et duc de Bourgogne, surnommé de Rouvre, du lieu de sa naissance, n'avait que dix-huit mois lorsqu'il succéda à Jeanne, son aïeule, dans les comtés d'Artois et de Bourgogne. Il eut pour tutrice Jeanne de Boulogne, sa mère. Cette princesse ayant donné sa main au roi de France, Jean le Bon, le jeune prince trouva un appui dans le monarque, qui, de son côté, tira de la Bourgogne des secours de tout genre dans la guerre contre les Anglais. La Bourgogne secourut la France d'armes et d'argent, et s'exposa par là aux fureurs des Anglais, dont elle ne se débarrassa qu'au moyen d'une rançon de deux cent mille moutons d'or, et en donnant des otages.

Après le désastre de Poitiers, où le roi tomba aux mains des Anglais, ces derniers portèrent le ravage dans la Bourgogne, et brûlèrent Châtillon, Tonnerre, etc. Le jeune duc, déclaré majeur à la mort de sa mère, prit en main le gouvernement à l'âge de quinze ans. Il tenait d'elle le comté d'Auvergne. Il avait épousé depuis trois ans Marguerite, héritière de Louis, comte de Flandre, et se trouvait ainsi l'un des principaux souverains de l'Europe; mais il mourut d'une chute, dit-on, un an après la déclaration de sa majorité, en 1361. En lui finit la première branche royale des ducs de Bourgogne. Ce duché fut alors réuni, mais pour bien peu de temps, à la couronne.

BOURGOGNE (deuxième maison royale de). Le roi Jean, à son retour d'Angleterre, en 1360, donna le duché de Bourgogne au quatrième de ses fils, Philippe le Hardi, pour le récom

penser de la bravoure dont il avait fait preuve à la bataille de Poitiers. Le jeune prince avait à peine quinze ans lorsqu'il se trouva à cette funeste journée. Il y combattit aux côtés de son père, à qui il signalait les coups dont il était menacé. Il alla partager sa captivité à Londres, où sa fierté et son courage ne se démentirent point. On rapporte que, voyant dans un repas l'échanson servir le roi Édouard avant son père, il lui appliqua un soufflet, l'avertissant ainsi de ne point servir le vassal avant le suzerain.

Tant que vécut son père, Philippe gouvernale duché de Bourgogne comme lieutenant général; mais à la mort du roi Jean, il prit le titre de duc et celui de premier pair de France. A ce brillant apanage vinrent se joindre, en 1384, les comtés de Bourgogne, de Flandre, d'Artois, de Réthel et de Nevers, par la mort du comte de Flandre, dont il avait épousé la fille Marguerite. Charles V ratifia, en 1364, la donation que le roi Jean avait faite à son frère du duché de Bourgogne, et le duc lui rendit hommage la même année. Cependant la guerre se ralluma entre l'Angleterre et la France, et Philippe fut chargé de s'opposer au duc de Lancastre qui venait de descendre en Artois. Les ordres du roi lui prescrivirent une attitude d'observation et de pru dence qui s'accordait peu avec l'impétuosité de son caractère. Il s'y résigna toutefois, et passa la campagne, dit un historien, à solliciter vainement la permission de livrer bataille. Cepen'dant il perdit à la fin patience et se retira. Charles V, en mourant, appela le duc de Bourgogne à partager l'autorité avec le duc de Berri, son frère, pendant la minorité de Charles VI, quoique la régence eût été attribuée au duc d'Anjou. Philippe eut bientôt mécontenté les courtisans, qui persuadèrent au jeune roi de gouverner par lui-même. La maladie de Charles VI lui fournit bientôt une occasion de ressaisir le pouvoir de concert avec le duc de Berri. Mais le duc d'Orléans, frère du roi, parvint à le leur enlever, et la médiation de la reine put seule empêcher la

guerre civile d'éclater entre les Orléanais et les Bourguignons. Les conventions stipulées alors furent favorables à Philippe, qui reprit les rênes du gouvernement, ce qui alimenta cette haine mortelle qui régna entre les maisons de Bourgogne et d'Orléans. Les États de Philippe, devenus si vastes à la mort du dernier comte de Flandre, dont sa femme était l'héritière, s'accrurent encore du comté de Charolais, qu'il acheta du comte d'Armagnac au prix de soixante mille francs d'or.

Le duc de Bourgogne visita l'Espagne en 1375. C'était depuis longtemps un usage traditionnel des ducs de Bourgogne, de payer leur dette aux idées religieuses par un pèlerinage à Saint-Jacques en Gallice. Philippe le Hardi fut reçu en Castille, et comblé d'honneurs par le roi Henri de Transtamarre. Il mourut à Hall en 1404, âgé de soixante-sept ans, laissant pour successeur Jean sans Peur, son fils aîné. Il avait eu de son mariage avec Marguerite de Flandre cinq fils et quatre filles, au nombre desquels nous mentionnerons Antoine, comte de Réthel et duc de Brabant, Philippe, comte de Nevers, qui périrent l'un et l'autre à la bataille d'Azincourt.

Telle était la magnificence et la fastueuse prodigalité de Philippe, que, malgré les immenses revenus de ses riches provinces et les moyens violents dont il usait parfois pour les accroître il mourut accablé de dettes. On eut peine à faire les frais de ses funérailles, qui mirent son successeur dans la nécessité de recourir à un emprunt. Les meubles de son palais furent saisis et vendus à l'enchère, et sa veuve se vit réduite à déposer sur le cercueil du défunt sa bourse, ses clefs et sa ceinture, en signe de renonciation à la communauté des biens.

Jean sans Peur avait 36 ans lorsqu'il succéda à son père. Il devait à la valeur qu'il avait déployée dans sa première campagne, son surnom, assez semblable à ceux des princes de sa maison, qui rappellent, pour la plupart, des qualités guerrières. Si

gismond, roi de Hongrie, menacé par les Turcs, avait fait un appel aux princes de la chrétienté; l'élite de la chevalerie française avait répondu avec enthousiasme à cet appel; le duc de Bourgogne, Philippe, demanda pour son fils, connu alors sous le nom de comte de Nevers, le commandement de cette expédition. Les croisés traversèrent l'Allemagne, scandalisant les peuples par leur faste et leurs débauches, préludant par des pillages et des dévastations dont les chrétiens étaient victimes, aux prouesses qu'ils se promettaient contre les infidèles. Arrivés sur le théâtre de la guerre, ils attaquèrent, contre l'avis prudent du roi de Hongrie, la puissante forteresse de Nicopolis, qui était tombée au pouvoir des Turcs. Bajazet accourut pour la secourir. Les chevaliers français engagèrent l'action par un acte de la plus révoltante barbarie; ils massacrèrent les prisonniers qu'ils avaient faits, pour s'éviter les embarras qu'ils auraient pu leur causer pendant la bataille. La folle présomption qu'ils opposèrent aux avis de Sigismond sur la manière de combattre des Turcs et sur l'ordre qu'il convenait d'observer, rendit leur valeur inutile. L'impétuosité de leur premier choc rompit les lignes des Ottomans; mais ils commirent l'imprudence de s'abandonner à la poursuite de l'ennemi, et le désordre qui se mit dans leurs rangs donna au sultan une victoire complète. Le comte de Nevers et ceux qui échappèrent au carnage mirent bas les armes. Le sultan se les fit amener et les fit presque tous massacrer. Le comte de Nevers et ceux dont on espérait une forte rançon furent seuls épargnés. La rançon de Jean de Bourgogne fut fixée, par le vainqueur, à deux cent mille écus d'or. Les historiens du - temps rapportent qu'il allait subir le sort de la plupart de ses compagnons, quand un astrologue lui sauva la vie en disant à Bajazet qu'il lisait dans les traits du prisonnier qu'il causerait de grands maux aux chrétiens. Peu de temps après sa délivrance, le comte de Nevers devint duc de Bourgogne, et

justifia assez complétement cette douteuse prédiction. L'anarchie dans laquelle la France était plongée depuis la démence du roi, offrait à la turbulente àmbition de Jean sans Peur l'occasion de s'immiscer dans ces désordres avec l'espérance d'en profiter. Il se rendit à Paris, attiré par les ennemis secrets du duc d'Orléans. Il s'était donné le temps de rassembler des troupes. Le duc d'Orléans avait pour lui les classes élégantes. Jean sans Peur trouva tout prêts pour former sa faction, les bourgeois qui voyaient avec jalousie le luxe et l'insolence des hautes classes, le bas peuple et l'université où dominait l'esprit démocratique, et dont l'austérité condamnait avec amertume les mœurs relâchées de la cour.

A l'approche de Jean sans Peur, la reine et le duc d'Orléans s'enfuirent de Paris. Le premier soin du duc fut de convoquer les princes, les prélats qui se trouvaient dans la capitale, le recteur et les professeurs de l'université. Il leur rendit compte de sa conduite, et protesta de l'intérêt qu'il prenait au bien de l'État. Il prit pour organe Jean de Nielle, qui exposa longuement les mesures au moyen desquelles le duc entendait remédier aux calamités publiques. La harangue de l'ora teur bourguignon fut fort applaudie, et la guerre civile devint imminente. Le duc d'Orléans arma de son côté. Les deux adversaires s'attaquèrent d'abord par des manifestes injurieux. Jean sans Peur s'empara d'Argenteuil et y attendit son ennemi. Mais le frère du roi ne put réunir assez de troupes. La plupart des princes étaient demeurés à Paris, sous l'influence du duc de Bourgogne, qui les avait contraints de plier. Des conférences s'ouvrirent et amenèrent un arrangement. Les princes des deux partis s'embrassèrent, et le duc de Bourgogne eut une part dans le gouvernement. Mais cet accommodement n'était pas de nature à durer longtemps. Chacun prétendant attirer tout le pouvoir à soi, les deux adversaires vivaient dans un état d'hostilité qui s'aggravait de plus en plus. Vai

nement le duc de Berri essaya de s'in terposer entre eux comme médiateur. Il crut les avoir réconciliés en les amenant à communier ensemble; mais trois jours après cet acte solennel, où ils s'étaient juré amitié et fraternité, le duc d'Orléans, revenant le soir d'une visite qu'il avait rendue à la reine (voir l'art. ORLÉANS [maison d']), tomba au milieu d'une troupe d'hommes qui le massacrèrent. Aucun des assassins n'avait été reconnu, et on ne sut d'abord où trouver le coupable. On ordonna des recherches jusque dans l'hôtel du duc de Bourgogne, qui, présent au conseil quand cette mesure fut prise, changea de couleur et laissa échapper l'aveu de son crime. Deux des princes l'engagèrent à fuir; il s'élança à cheval presque seul et gagna les États de Flandre. Après son départ, le conseil prit la résolution de s'engager à reconnaître publiquement sa faute, et à donner quelque satisfaction qui permît à la clémence royale d'intervenir. Mais le duc fit distribuer par tous ses États un manifeste où il se déclarait en effet l'auteur du meurtre, mais s'en prenant aux crimes du duc d'Orléans, qui faisaient de lui, disaitil, un monstre indigne de vivre et l'avaient obligé de se défaire de lui. Puis il reprit le chemin de Paris avec mille hommes d'armes. Il fut reçu par le peuple avec enthousiasme, fit entourer son hôtel de retranchements, et demanda au roi une audience qu'on n'osa lui refusér. Il s'y rendit, suivi d'une foule immense, et proposa de donner une justification publique de tout ce qu'il avait fait. Le dauphin et tous les princes, les docteurs de l'université et une foule immense assistèrent à cette cérémonie, où le docteur Jean Petit porta la parole pour le meurtrier, et outragea la mémoire du duc d'Orléans selon toutes les règles de la dialectique.

Cette harangue fut écoutée avec un grand silence et une patience dont l'orateur fut redevable à la terreur qu'inspirait le duc de Bourgogne. Personne n'interrompit et n'osa contredire, et le duc obtint du roi des let

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