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philosophes à la mode. Sa mère, femme remarquable par sa beauté et son esprit, était la reine de cette cour si souvent célébrée par Voltaire. Le jeune de Bouflers fut le protégé de Stanislas, qui lui assura en Lorraine un bénéfice de quarante mille livres, madame de Bouflers ayant destiné, selon l'usage, son fils cadet à l'état ecclésiastique. C'était, de tous les états, celui auquel il était le moins propre. Il le prouva bien en composant, au séminaire Saint-Sulpice, son conte d'Aline ou la reine de Golconde, ouvrage d'un esprit vif et galant, et d'une imagination voluptueuse. Au reste, dans le temps où il vivait, une pareille fantaisie chez un séminariste n'était pas un scandale, et ne l'aurait pas empêché de rester dans l'église et d'y faire son chemin : mais il se dégoûta lui-même de cette profession. Il n'y tenait plus qu'à cause du bénéfice de quarante mille livres. Pour le conserver en quittant la robe, il se fit chevalier de Malte, et ayant endossé l'habit bleu de l'ordre, il alla faire la guerre dans la Hesse, en 1761. Dans la société de gentilshommes qui s'y trouvait réunie, il se distingua par sa helle humeur, ses folles plaisanteries, ses débauches et ses petits vers. Il se mit ensuite à voyager et courut par la Suisse et l'Allemagne, se livrant, à la faveur de l'incognito, à mille folies, courant après les belles et emportant de tous les lieux où il s'arrêtait, des lettres d'amour et des portraits qu'il avait dessinés lui-même. Car, pour parler le langage du temps, il maniait le crayon non moins que la lyre. Dans ses courses en Suisse, il vit Rousseau et s'arrêta quelque temps chez le vieux Voltaire, qui tourna pour lui en vers un de ses plus jolis compliments, et dont il grava le portrait à l'eau forte. En 1771, le chevalier retourna à l'armée: toujours ami du plaisir, toujours étourdi et prodigue, il acheva de dissiper son bien, et plusieurs années après, ses affaires étaient dans le plus mauvais état. Ce fut afin de pouvoir se tirer d'embarras, qu'il accepta la place de gouverneur du Sénégal. Les con

trastes ne manquent pas dans cette vie. Voilà le brillant auteur de tant de madrigaux, le bel esprit fêté des plus élégants salons de l'époque, transporté sur une plage barbare et dirigeant une colonie. Il y avait plus d'une raison pour que Bouflers fut un mauvais gouverneur; mais il montra dans cet emploi beaucoup de zèle et d'intelligence administrative. Il s'honora par son humanité envers les esclaves, dont il délivra un grand nombre, et qu'il défendit contre la cruauté des traitants. Il forma des projets de voyages scientifiques dans l'intérieur de l'Afrique, et envoya au ministère des plans bien conçus dont l'exécution eût été féconde en heureux résultats. Cependant cet exil commençait à être insupportable au chevalier. Il fut rappelé en France et revint à Paris pour être reçu à l'Académie. On était en 1789. En voyant cette date, on s'aperçoit que Bouflers aurait dû naître trente ans plus tôt dans le dix-huitième siècle. N'est-ce pas un contraste choquant de le voir siéger dans l'assemblée constituante et prendre part aux graves débats soulevés par la génération nouvelle? De quelque manière qu'on juge l'émigration on aime mieux le voir s'en aller rejoindre à l'étranger les débris d'une société à laquelle tout le rattachait, et accepter un asile à la cour du roi de Prusse, auquel d'ailleurs il donna de sages conseils sur la politique à suivre à l'égard de la révolution française. Pourquoi Bouflers ne resta-t-il pas dans cette retraite, ou du moins pourquoi, à son retour en France, vint-il solliciter avec un empressement qui allait bien mal à ce spirituel et noble seigneur d'autrefois, les faveurs du premier consul? N'estil pas triste de voir sous l'empire l'ingénieux ami de Voltaire demander une préfecture, et la demander en vain? Au reste, la légèreté de Bouflers, que les années n'avaient pas diminuée, l'empêchait de sentir ce qu'il y avait de malheureux dans ces disparates de sa vie. Il se consola de l'état fort hum

ble où le laissait l'indifférence du pouvoir nouveau, en faisant de petits vers

qui n'excitaient plus les mêmes applaudissements qu'autrefois, mais qu'on écoutait encore avec plaisir, même dans le salon de madame de Staël, où il était reçu, parce que, après tout, l'esprit plaît toujours et n'est jamais dédaigné que par la grossièreté ou la sottise. Un instant, sans doute à cause du retour que les vicissitudes de sa vie devaient lui faire faire sur luimême, Bouflers eut envie d'être grave. Il composa dans sa vieillesse un traité du Libre arbitre, que peu de gens ont lu parce qu'il est fort ennuyeux. Cet effort n'eut pas de suite, et, dans ses derniers jours, Bouflers fut ce qu'il avait toujours été, un esprit frivole, piquant et aimable. Il mourut en 1815. Il y a une foule de vers charmants dans ses poésies, où l'on peut blâmer d'ailleurs trop de jeux de mots, de fleurs, de fadeurs et d'antithèses. Cependant, après tout, il n'y aurait pas tant à rabattre des éloges que lui donnait Voltaire. Outre ses poésies fugitives, on a de lui des lettres à sa mère sur son voyage en Suisse, le Coeur, poëme érotique avec réponse de Voltaire, un éloge de l'abbé Barthélemy et des contes.

BOUFFONS. Voyez Fous.

BOUGAINVILLE (Jean-Pierre de), né à Paris, en 1722, fut admis, en 1745, à l'Académie des inscriptions, dont il devint secrétaire deux ans après, et à l'Académie française, en 1754. Il mourut à Loches, en 1763. On a de lui une Traduction de l'Anti-Lucrèce du cardinal de Polignac, en 2 vol. in-8°, et en 1 vol. in-12; Parallèle de l'expédition de Thamas Koulikhan dans les Indes, avec celle d'Alexandre, 1752, in-8°; Droits des métropoles grecques sur les colonies, et les devoirs des colonies envers leurs métropoles, Paris, 1745, in-12. C'est cet ouvrage qui lui avait ouvert les portes de l'Académie des inscriptions, dont il devint plus tard secrétaire perpétuel. Il a, en cette qualité, publié les Mémoires de cette société savante, depuis le tome XVIIe jusqu'au XXIV. Ces huit volumes contiennent un grand nombre de disser

tations savantes dont il est auteur.

BOUGAINVILLE (Louis-Antoine de), frère du précédent, naquit à Paris, le 11 novembre 1729. Après de brillantes études, il se fit, pour se conformer aux voeux de sa famille, recevoir avocat au parlement. Mais sa vocation pour l'état militaire, vocation qui s'était déjà manifestée par ses succès dans l'étude des sciences ma thématiques, l'emporta bientôt. Peu de temps après, il fut reçu dans les mousquetaires noirs, et entra, en 1753, en qualité d'aide-major, dans le bataillon provincial de Picardie. En 1754, il devint aide de camp de Che vert, et fut la même année envoyé à Londres, avec le titre de secrétaire d'ambassade. Deux ans après, il partit pour le Canada, en qualité d'aide de camp du marquis de Montcalm, qui venait d'être chargé de la défense de cette colonie. Nommé, l'hiver suivant, commandant d'un détachement d'élite, il alla, à la suite d'une marche forcée de près de soixante lieues, brûler au fond du lac du Saint-Sacrement, une flottille anglaise, au pied même du fort qui la protégeait. Le 6 juin 1758, un corps de cinq mille Français se trouvait poursuivi par une armée anglaise de vingt-quatre mille hommes; Bougainville ouvrit et fit adopter l'avis d'at tendre l'ennemi de pied ferme. En moins de vingt-quatre heures un camp retranché fut construit, et l'ennemirenversé fut obligé de se retirer, après avoir perdu six mille hommes. Bougainville avait été blessé à la tête, à la fin de la dernière ac tion. Le gouverneur, ne croyant pas pouvoir défendre plus longtemps la colonie, l'envoya demander des renforts à Paris. Bougainville retourna en Amérique, en 1759, avec le grade de colonel, mais sans avoir obtenu les secours qu'il demandait; et, le 10 septembre de la même année, la mort de Montcalm décida du sort de la colonie. Bougainville revint alors en Europe, et fut employé, en 1761, à l'armée d'Allemagne, en qualité d'aide de camp du général Choiseul-Stainville. Il s'y distingua tellement, que,

pour le récompenser d'une manière toute particulière, le roi lui fit présent de deux canons. La signature de la paix le fit rentrer dans la vie civile; mais son infatigable activité eut bientôt besoin d'un nouvel aliment. Ses voyages d'Amérique l'avaient mis en relation avec des armateurs de SaintMalo; il les engagea à aller fonder un établissement aux îles Malouines. Ses conseils furent suivis; les armateurs firent les frais de l'expédition; il fit ceux de l'établissement, dont le roi lui donna le commandement, avec le grade de capitaine de vaisseau. Bougainville partit de Saint-Malo avec sa petite flotte, en 1763, mais à peine était-il de retour, que les Espagnols réclamèrent la propriété des îles Malouines. Le gouvernement français crut devoir céder à cette réclamation, et Bougainville fut chargé de remettre son établissement aux employés esgagnols, qui devaient lui rembourser les frais qu'il avait faits. Il partit, en 1766, avec la frégate la Boudeuse et la flûte l'Étoile. C'est en revenant de cette expédition qu'il fit ce beau voyage de découvertes qui a immortalisé son nom. De retour en France, en 1769, il publia la relation de son Voyage autour du monde. Ce livre, qui parut en 1771, 1 vol. in-4°, et fut réimprimé l'année suivante, en 2 vol. in-8°, eut un succès immense; mais déjà Bougainville s'était fait connaître comme savant et comme écrivain, par son Traité du calcul intégral, pour servir de suite à l'analyse des infiniment petits, du marquis de l'Hospital, Paris, 1752, 2 vol. in-4o. Il fut promu, en 1779, au grade de chef d'escadre, et l'année suivante, à celui de maréchal de camp des armées de terre. Il fut chargé, en 1790, du commandement de l'armée navale de Brest, et du soin d'y rétablir la discipline. Mais il jugea bientôt cette partie de sa mission au-dessus de ses forces, et il donna sa démission. Il avait servi son pays avec un grand éclat, pendant près de quarante ans; les dernières années de sa vie furent consacrées aux sciences, qu'il avait

toujours cultivées, même pendant ses expéditions militaires. La société royale de Londres l'avait admis au nombre de ses membres, en 1755; il fut appelé, en 1796, dans la section de géographie de l'Institut, et nommé quelque temps après membre du Bureau des longitudes. Il fit partie du sénat, lors de la création de ce corps, et mourut en 1811, dans sa quatre-vingt-neuvième année.

BOUGEANT (Guillaume-Hyacinthe), né à Quimper, en 1690, entra de bonne heure chez les jésuites, et professa successivement les humanités et la rhétorique dans plusieurs de leurs colléges. On lui doit un assez grand nombre d'ouvrages; son Amusement philosophique sur le langage des bétes, Paris, 1739, in-12, fit beaucoup de bruit à l'époque où il parut; il fut plusieurs fois réimprimé et traduit en anglais et en allemand; mais il lui attira de nombreuses vexations de la part de ses supérieurs, qui le punirent par un long exil, de cet agréable badinage. Lors même que le P. Bougeant ne serait auteur que de ce seul ouvrage, on devrait encore le regarder avec raison comme un des plus élégants écrivains du dix-huitième siècle; mais on lui doit en outre des productions d'un ordre plus élevé, et qui sont pour lui des titres plus durables au souvenir et à l'estime de la postérité. Nous voulons parler de l'Histoire du traité de Westphalie, 1744, 2 vol. in-4°, et de l'Histoire des guerres et des négocia tions qui ont précédé ce traité, Paris, 1727, in-4°. Ces deux histoires, quoique l'on puisse encore leur adresser quelques reproches, sont regardées comme les meilleures qui aient été composées par un membre de l'ordre des jésuites. Elles ont été plusieurs fois réimprimées. Le P. Bougeant mourut à Paris, en 1743. On dit que les persécutions dont il fut l'objet, à l'occasion de son Amusement philosophique, abrégèrent ses jours.

BOUGEREL (Joseph), oratorien, né à Aix, en 1680, mort à Paris, en 1753, est auteur des ouvrages suivants : Mémoires pour servir à l'histoire de

plusieurs hommes illustres de Provence, Paris, 1752, in-12; Idée géographique et historique de la France, pour l'instruction de la jeunesse, Paris, 1747, 2 vol. in-12; Vie de Gassendi, Paris, 1737, in-12; Lettre sur Pierre Puget, sculpteur, peintre et architecte, 1752, in-12. Il a laissé en manuscrit une Bibliothèque des écrivains de l'Oratoire, 2 vol. in-4°. Tous ces ouvrages, fort recommandables sous le rapport des recherches et de l'érudition, sont, en général, écrits d'un style lourd et incorrect.

BOUGES (le P. Thomas), religieux augustin de la province de Toulouse, né en 1667, mourut en 1741. On lui doit, outre plusieurs ouvrages de théologie, une Histoire ecclésiastique et civile de la ville et du diocèse de Carcassonne, avec les pièces justificatives et une notice ancienne et moderne de ce diocèse, Paris, 1741, in-4°. Cette histoire, qui est recherchée, s'arrête en 1660.

BOUGIE (Boudjeiah), port de l'Algérie, dans la province de Constantine, à 10 myriamètres E. d'Alger, à l'ouest d'un golfe assez étendu, possédant une rade spacieuse et abritée, et offrant une relâche sûre. Cette place, qui nous assure la possession des côtes orientales de l'Algérie, appartient à la France depuis 1833. Le 22 septembre 1833, une flottille sortit du port de Toulon; elle était commandée par le capitaine Parseval-Deschênes, elle portait dix-huit cents hommes de débarquement, commandés par le général Trézel. Arrivée, le 29, devant la plage de Bougie, elle fut reçue à coups de canon le feu supérieur des bâtiments eut bientôt éteint celui de l'ennemi, et le débarquement s'effectua. Favorisés par un terrain coupé de ravins et couvert de bois, les Arabes résistèrent avec acharnement. Il fallut sept jours de combat pour les chasser de la ville, qu'ils disputèrent maison à maison. Enfin, le 6 octobre, Bougie était purgée de tous les ennemis, et mise sur un bon pied de défense. Cependant, les Arabes, campés sur les montagnes qui dominent la ville, ne cessaient de menacer et d'inquiéter

les Français par leur présence: on résolut de les chasser. Le 12, ces positions inaccessibles, et dans lesquelles l'ennemi se crovait à l'abri de tout danger, furent enlevées à la baïonnette. Le 1er novembre, à la sollicitation du bey de Constantine, les Arabes firent une nouvelle attaque contre Bougie, mais ils furent repoussés. Depuis lors, les Arabes de la plaine se soumirent à la France, et sauf quelques attaques des montagnards, la paix ne fut plus troublée.

BOUGOUINE (Simon), valet de chambre de Louis XII, est auteur de plu sieurs ouvrages qui doivent tout leur prix à la date et à la beauté de leur impression. Le plus rare et le plus recherché est celui qui a pour titre : L'Homme juste et l'homme mondain, avec le jugement de l'âme dévote. På ris, Ant. Vérard, 1508, in-4°.

BOUGUER (Pierre), l'un des géomètres qui se sont le plus distingués dans les applications des sciences du calcul, naquit en 1698, au Croisic (LoireInférieure). Son père, qui était professeur d'hydrographie, perfectionna ses dispositions naissantes pour les sciences exactes; mais Bouguer eut bientôt dépassé son maître, et remporta, en 1727, le prix fondé par l'Académie des sciences pour un Mémoire sur la mature des vaisseaux; cette compagnje se l'associa en 1731, Il fut choisi, en 1736, avec Godin et de la Condamine, pour aller au Pérou déterminer la figure de la terre. A son retour, Bouguer publia les résultats de ses opérations dans un savant ouvrage intitulé: Théorie de la figure de la terre; Paris, 1749, in-4°. Sa Relation du voyage au Pérou se trouve dans les Mémoires de l'Académie des sciences de l'année 1744. Elle est écrite avec moins d'élégance que celle de la Condamine; mais elle est peut-être plus exacte. Bouguer travaillait beau coup et avec peine aussi ses ouvrages lui étaient si chers, qu'il tenait plus à leur réputation qu'à sa propre existence, Cette sensibilité extrême de son amour. propre lui causa une foule de chagrins auxquels il succomba à l'âge de soixan

te-trois ans, en 1758. On a de lui plusieurs ouvrages, outre ceux que nous avons cités. Les principaux sont : la Construction du navire, 1746, in-4°; Traité d'optique sur la gradation de la lumière, 1760, in-4°; la Manœuvre des vaisseaux, 1757, in-4°; Traité de la navigation, 1753, in-4°. De la Caille en a publié, après sa mort, une seconde édition in-8°, etc. Un de ses principaux titres de gloire consiste dans l'invention de l'héliomètre, instrument à l'aide duquel on mesure de petits angles avec une extrême précision. C'est avec un héliomètre que M. Bessel est parvenu à déterminer, pour la première fois, la distance si longtemps inconnue d'une étoile fixe à la terre; nous pouvons donc revendiquer, pour la mémoire de Bouguer, une part dans l'honneur de ce beau résultat scientifique.

BOUHIER, OU LANTENAY, marquisat en Bourgogne, à dix kilomètres ouest de Dijon.

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BOURIER (Jean) président à mortier au parlement de Dijon, membre de l'Académie française, naquit à Dijon le 16 mars 1673. Son père, conseiller au parlement de cette ville, le destina à suivre la même carrière, et dirigea de bonne heure ses études vers ce but. Doué d'heureuses dispositions que soutenait son aptitude au travail, Jean Bouhier à d'excellentes études classiques joignit la connaissance de plusieurs langues étrangères, de l'italien, de l'espagnol, et même de l'hébreu. Après avoir fait son droit à Orléans, il fut, en 1692, à l'âge de dix-neuf ans, reçu conseiller au parlement de Bourgogne; et onze ans après, en 1704, il en devint président à mortier. Il consacra aux lettres tous les loisirs que lui laissaient ses fonctions; et il acquit bientôt une telle réputation de science et d'érudition, que l'Académie l'appela, en 1727, à la place laissée vacante par la mort de Malézieu, et qu'elle dérogea en sa faveur à ses réglements, qui exigeaient la résidence à Paris de tous les membres autres que les évêques. Le président Bouhier fut reçu par un autre,

magistrat, le président Hénault. A sa mort, arrivée en 1746, il eut pour successeur Voltaire, qui, dans son discours de réception, disait de lui, « qu'il « faisait ressouvenir la France de ces

«

à sa

temps où les plus austères magistrats, « consommés comme lui dans l'étude « des lois, se délassaient des fatigues << de leur état dans les travaux de la « littérature; » et l'abbé d'Olivet, répondant à Voltaire, ajoutait encore à cet éloge en disant : « Pendant que je ⚫ parle de talents universels et de con<< naissances sans bornes, il est diffi« cile qu'on ne se rappelle pas l'idée de « votre prédécesseur. Ce fut un savant << du premier ordre, mais un savant poli, modeste, utile à ses amis, patrie, à lui-même. » Et ces louanges sont loin d'être exagérées. On a peine à comprendre aujourd'hui les nobles et laborieux loisirs de tous ces savants magistrats dont la France s'honore à bon droit; et on est surtout frappé d'étonnement à la vue des immenses travaux du président Bouhier. Tout en remplissant avec une grande exactitude les importants devoirs de sa charge, il trouvait le temps d'entretenir avec l'illustre Montfaucon une savante correspondance, de composer ses excellents travaux critiques sur Cicéron, de les défendre contre Fromageot dans la Lettre de maitre ***, bedeau de l'université de ***, à M. *** docteur régent en la même université (1738); il publiait des dissertations critiques et historiques, des recherches sur Hérodote, des traités sur plusieurs points d'antiquités, et des antiquités de la Gaule en particulier; il expliquait des marbres antiques, traduisait en vers français le poëme de Pétrone, un livre de Virgile, des épîtres d'Ovide, des odes d'Horace et d'Anacréon, des épigrammes de Martial, composait des mémoires sur la vie et les ouvrages de Montaigne, éditait le Supplément au journal de l'Étoile, qu'il avait retrouvé dans les manuscrits de sa riche et précieuse bibliothèque. Nous ne parlerons pas d'une foule de traités particuliers de jurisprudence, dont un donna encore

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