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ment donna au général Saint-Cyr un sabre magnifique, en l'invitant de le porter aux jours de bataille.

BOSIO (François-Joseph), sculpteur, est né à Monaco en 1769. Il se livra de bonne heure à la sculpture, et vint à Paris étudier cet art à l'école de Pajou; puis, après avoir suivi pendant quelque temps la carrière des armes, il retourna en Italie, dont il visita les principales villes, étudiant l'art antique et l'art italien, et produisant de nombreux ouvrages. Il revint à Paris en 1808, et s'y fixa. Le sculpteur Bartolini, qu'il avait connu à Florence, le présenta à Denon, qui lui fit d'abord peu d'accueil, mais qui devint son protecteur, lorsque M. Bosio lui eut montré le modèle des vingt basreliefs qu'il avait faits pour la colonne de la place Vendôme. A la même époque M. Bosio exposa son Amour lançant des traits. Il fit ensuite le buste de Joséphine, et devint dès lors le sculpteur favori de la cour. On a en effet de lui quarante bustes des principaux personnages de la cour de l'empereur. En 1810, parut son groupe de l'Amour séduisant l'Innocence, qui fut suivi d'Aristée, et de l'Hercule terrassant Achelous.

Sous la restauration, M. Bosio fut chargé de différents ouvrages; citons, entre autres, le Louis XIV de la place des Victoires, le quadrige de l'arc de triomphe du Carrousel, les statues du duc d'Enghien, de Montyon, de Henri IV enfant.

Les œuvres de M. Bosio sont bien plus nombreuses encore, mais nous avons cité les plus importantes. Pour nous, le beau temps de M. Bosio, c'est l'empire; son chef-d'œuvre, ce sont ses basreliefs de la colonne. Certes, la plus noble application qu'il ait pu faire de son talent, c'était de reproduire, dans toute leur vérité, sur le bronze ennemi, trophée de nos victoires, les immortelles actions de la campagne d'Austerlitz. Mais à côté de cette manière d'entendre l'art dans ses applications à l'histoire nationale, que dire de la statue de Louis XIV? Ce roi de France, vêtu en empereur romain,

et distingué de ceux-ci par une énorme perruque, se tenant roide sur un cheval qui se cabre, le tout posé sur un piédestal, où deux bas-reliefs historiques, dans le style du temps, représentent deux faits de l'histoire du grand roi, est-ce bien là un monument, ou bien n'est-ce pas une caricature? Peut-on imaginer quelque chose de plus malheureux que cette combinaison de perruque, d'empereur romain, et de bas-reliefs du dix-septième siècle? Nous ne saurions trop nous élever contre ce système bâtard, contre cette maladroite imitation de l'antique; et si nous élevons la voix à propos de cette statue, c'est que M. Bosio, l'auteur des bas-reliefs de la colonne, est plus coupable que ne le serait un autre d'avoir commis une pareille erreur. A quoi donc attribuer cette aberration dans cet artiste, comme dans tant d'autres? A l'absence d'études

historiques et philosophiques; à l'absence de convictions politiques et souvent même de sentiments patriotiques. Quand le conventionnel David, exilé à Bruxelles, refusait de peindre Wellington, en lui disant à trois reprises différentes : « Je ne peins que l'histoire;» quand un autre David refusait, quoique pressé par la misère, d'élever à Londres un monument qui aurait fait sa fortune, mais qui eût été injurieux pour la France; quand tant d'autres artistes mettent leur talent au service d'une idée, à laquelle ils se vouent tout entiers, on ne remarque pas ces variations dans leur style, et on ne les voit pas reproduire tour à tour l'histoire des guerres de Napoléon, les hommes de l'empire, Louis XIV, les hommes de la restauration, les martyrs de la révolution, Blücher, la nièce de Wellington, puis les hommes ou les femmes de 1830. Leur vie est une; chez eux, le lendemain n'est jamais une négation de la veille. L'on n'est vraiment artiste qu'à la condition d'avoir une opinion et de lui vouer sa vie.

BOSQUET (François de), l'un des plus savants prélats de l'église de France, naquit à Narbonne en 1605. Il avait d'abord embrassé la carrière

judiciaire, et avait été successivement juge royal à Narbonne, procureur général du parlement de Rouen, intendant de Guyenne, et ensuite de Languedoc, et il venait d'être nommé conseiller d'État, lorsqu'en 1650, il se démit de toutes ses places pour accepter l'évêché de Lodève. L'évêché de Montpellier étant ensuite venu à vaquer, il y fut nommé, et en prit possession en 1657. Dans ses fonctions épiscopales, Bosquet donna constamment l'exemple de toutes les vertus chrétiennes, et mourut vivement regret té, le 24 juin 1676, après avoir administré son diocèse pendant près de vingt ans. Il était âgé de soixante et onze ans. On a de ce savant prélat un assez grand nombre d'ouvrages, parmi lesquels nous citerons: Michaelis Pselli synopsis legum, gr. cum. lat. versione et notis, París, 1632, in-8°; Pontificum romanorum, qui e Gallia oriundi in ea sederunt, historia ab anno 1305, ad annum 1394, cum notis, Paris, 1632, in-8°. Baluze a donné une édition plus correcte de cet ouvrage. Ecclesiæ gallicanx historia rum liber primus, Paris, 1633, in-8°; Specimen iconis historicæ cardinalis Mazarini, Paris, 1660, in-4°.

BOSQUILLON (Edouard-FrançoisMarie), médecin et helléniste, naquit à Montdidier le 30 mars 1744. Il apprit de son père les éléments des langues anciennes, et, à l'âge de onze ans, il fut envoyé à Paris, chez les jésuites, pour y continuer le cours de ses études. Il étudia ensuite la médecine, et fut reçu, à vingt-six ans, docteur-régent de la faculté. En 1774, il fut nommé professeur de langue et de philosophie grecques au collége de France, et devint successivement censeur royal, médecin de l'Hôtel-Dieu de Paris, et membre d'un grand nombre de sociétés savantes. Bosquillon a rendu, comme traducteur, de véritables services aux sciences. Il était grand bibliophile, et possédait la bibliothèque la plus riche qu'un médecin ait jamais rassemblée, si l'on en excepte Falconet (*). Atteint d'une ma(*) Voyez ce mot et l'article BIBLIOTHÈ

ladie lente, il prévit sa mort plusieurs années avant qu'elle arrivât, et n'en conserva pas moins tout le calme de son esprit. Il fit lui-même préparer sa tombe au cimetière du P. Lachaise, et alla l'essayer avec un sang-froid extraordinaire. Il mourut en novembre 1816. Les pauvres ont conservé la mémoire de ce médecin bienfaisant, qui les aidait à la fois de ses ordonnances et de sa bourse. Les principaux ouvrages de Bosquillon sont : Traduction des Aphorismes et Prognostics d'Hippocrate, Paris, 1784, 2 volumes in-18, réimprimés en 1814; Traduction des Eléments de Médecine pratique de Cullen, in-8°, Paris, 1785; Traduction du Traité théorique et pratique des ulcères, par Benjamin Bell, Paris, 1788 - 1803, in-8°, etc. Toutes ces traductions sont enrichies de notes nombreuses.

BOSSE (LA), seigneurie dans le Vexin français, à douze kilomètres sud-ouest de Beauvais, érigée en baronnie l'an 1596.

BOSSE (Abraham), graveur à l'eauforte, né à Tours en 1611, vint étudier son art à Paris, fut reçu en 1651 à l'Académie de peinture, et nommé professeur de perspective. Il a publié un grand nombre d'ouvrages, parmi lesquels nous citerons seulement les plus importants. Ce sont le Moyen universel de pratiquer la perspective sur les tableaux et surfaces irrégulières, Paris, 1653, 2 volumes in-8°; Traité de la manière de dessiner les ordres d'architecture, Paris, 1684, in-folio; et un Traité des diverses manières de graver en taille-douce, Paris, 1645 et 1701, in-8°. Cochin fils a publié en 1758 une 3° édition de cet ouvrage, où l'auteur entre dans de grands détails sur la pratique manuelle

QUE, p. 318. La collection de livres amassée par Bosquillon a été évaluée à plus de trente mille volumes. Elle renfermait tous les écrits des médecins les plus célèbres, grecs, latins, arabes, français, italiens, auglais. Le catalogue de cette bibliothèque, qui a été publié, forme un vol. in-8o de 400 pages.

de son art, ce qu'on n'avait point fait encore avant lui. On doit citer, parmi les gravures qui sont dues au burin d'Abraham Bosse, le Recueil d'estampes pour servir à l'histoire des plantes, exécuté par ordre de Louis XIV (3119 planches en 3 volumes in-folio), d'après les peintures originales de Robert. Bosse, dont le caractère ne pouvait se plier aux exigences de Lebrun, fut exclu de l'Académie par suite de sa mésintelligence avec cet artiste, alors tout-puissant. Il se retira à Tours, où il mourut en 1678.

BOSSE (Simon) donna des preuves de la plus rare intrépidité à la bataille d'Arcole, le 15 novembre 1796. Il était alors lieutenant à la 51° demi-brigade; il fut un des premiers officiers qui, sous le feu de l'ennemi, traversèrent à la nage le canal près de son embouchure dans l'Adige. Pendant la campagne de 1813, il commanda le 85 régiment en qualité de chef de bataillon. Lors de la capitulation de Dresde, il parvint à sauver l'aigle du régiment, la conserva pendant la captivité du corps en Hongrie, et la rapporta en France en 1814. Cet officier est mort major de la légion de Tarn-et-Garonne. Bossu (N.), chef de bataillon à la 38° demi-brigade. Au mois d'août 1799, cet officier, alors sous-lieutenant, rencontra une colonne ennemie qui s'avançait dans le pays des Grisons entre Vasora et le Pont-du-Diable; sans hésiter, il chargea, la baïonnette en avant, à la tête de ses grenadiers, culbuta tout ce qui lui opposait de la résistance, et fit 1200 prisonniers, dont 25 officiers.

Bossu (N.), capitaine de la marine française, né à Baigneux-les-Juifs, au Commencement du dix-huitième siècle, est un des premiers voyageurs qui aient bien fait connaître la Louisiane et les peuples qui l'habitaient. Il fit, par ordre du gouvernement, trois Voyages dans ce pays. L'histoire des découvertes qu'il y a faites se trouve dans deux ouvrages qu'il a publiés, et qui ont pour titre: Nouveaux voyages aux Indes occidentales, etc., Paris, 1768, et Nouveaux voyages dans

l'Amérique septentrionale, Amsterdam, 1777, in-8°.

Bossu (René le), né en 1631, chanoine régulier de Sainte-Geneviève, sous-prieur de l'abbaye de Saint-Jean de Chartres, a fait un traité du poëme épique, où il n'omet aucune des règles, ni aucune des ressources du genre. Mais il n'y a rien de plus inutile que ces ouvrages où l'on enseigne minutieusement au poëte tout ce qu'il lui est nécessaire ou possible de faire, et qui font de l'art un lieu commun. D'ailleurs, le P. le Bossu n'a pas un gout très-sûr; il veut que le poëme épique ait toujours un but moral, ce qui est un principe louable assurément, mais non pas incontestable; et il prétend tirer ce principe d'Homère, qui a voulu, selon lui, montrer dans l'Iliade les inconvénients de la discorde. Le plus souvent, il ne voit Homère qu'à travers Aristote ou la poétique moderne; et il en résulte que les règles qu'il appuie sur le poëte ne sont pas toujours évidentes. Il loue Homère d'avoir compris la durée de l'Iliade en vingt-sept jours, et il invite tout poëte épique qui aura à raconter comme lui des batailles, à se renfermer dans des dimensions semblables; et sa raison, c'est qu'Aristote a dit que ce qui est violent ne peut durer. Ce traité n'a eu de la réputation que parce que la critique n'était pas encore formée du temps de le Bossu. On a encore de cet auteur un parallèle de la philosophie de Descartes. et d'Aristote.

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BOSSUET (Jacques - Bénigne ). L'homme qui devait être, au dix-septième siècle, la lumière de l'Église, par sa science, ses vertus, son zèle, et la gloire des lettres, par la grandeur de son génie et de son éloquence, naquit à Dijon, dans la nuit du 27 au 28 septembre de l'année 1627. Dès son enfance, il fit augurer beaucoup de lui par la promptitude singulièrement heureuse de son intelligence, par la gravité de son esprit, et par son ardent amour de l'étude et du savoir. A une raison prématurée, il joignait une vive chaleur d'imagination. A treize

ans, ayant ouvert une Bible dans la bibliothèque de son père, il se passionna pour cette lecture avec un feu, avec des transports et des ravissements qui étonnaient et charmaient tous ceux qui en étaient témoins; sa vocation se révélait, au plaisir que lui faisaient éprouver ces pieuses leçons, ces images hardies, ce vigoureux langage de l'Écriture. Les jésuites de Dijon, chez lesquels il avait été placé, eussent voulu s'attacher un tel disciple. Dès l'âge de huit ans, Bossuet avait été voué par sa famille au ministère ecclésiastique; et, n'étant encore qu'en seconde, il avait été nommé à un canonicat de la cathédrale de Metz. Mais son père, ambitieux pour lui, ne répondit pas au désir de ses maîtres; et peut-être est-il heureux que Bossuet ne soit point entré dans cette compagnie, où le talent était le bienvenu, mais où il abdiquait son originalité, et s'effaçait en quelque sorte pour travailler à l'intérêt général dans un esprit de corps trop exclusif. Après avoir achevé sa rhétorique chez les jésuites, Bossuet fut conduit à Paris, et vint faire sa philosophie dans ce célèbre collége de Navarre, dont une reine du quatorzième siècle avait été la fondatrice. Il en fut bientôt le premier élève. Dans les exercices intérieurs de cette maison, il se montrait déjà orateur. Interrogé devant tout le collége réuni sur des questions de théologie et de philosophie, il improvisait sur-le-champ un discours avec une solidité, de jugement et un éclat de parole qui remplissaient d'étonnement et d'orgueil les supérieurs de cet établissement, et surtout l'homme vertueux qui en était le chef, Nicolas Cornet. Envoyé un jour comme représentant du collége de Navarre à une espèce d'épreuve publique, où l'Université faisait montre de ses meilleurs élèves, il fut si ferme et si brillant, que la nouvelle de son succès parvint jusqu'à l'hôtel de Rambouillet, cette réunion si curieuse et si avide de tout ce qui était esprit, savoir, éloquence. Il fallut que Nicolas Cornet envoyât le jeune orateur à cette ingénieuse et frivole

assemblée. On sait quels applaudissements accueillirent ce sermon prononcé à onze heures du soir dans un salon, et quelle pointe fit Balzac pour célébrer un mérite si précoce. Plus tard, Bossuet eût regardé comme une vanité répréhensible cet emploi mon dain de la parole sainte. Mais alors, quoique d'une humeur déjà grave et sévère, il partageait entre les lettres et la religion son zèle et son enthousiasme; et il est certain qu'à cette époque il alla plusieurs fois au théâ tre où l'on représentait les chefs-d'œu vre de Corneille, pour y étudier les règles de la déclamation oratoire.

Déjà le jeune ecclésiastique s'était attiré, par ses hautes qualités, la faveur ou l'amitié de personnages éminents dans l'Université, le clergé et la noblesse. L'origine de sa liaison avec le grand Condé mérite d'être rapportée. Il soutenait en Sorbonne sa thèse de bache lier devant la faculté de théologie, lorsque le vainqueur de Rocroy et de Fribourg vint s'asseoir parmi ses auditeurs. Bossuet introduisit dans son discours les éloges les plus flatteurs pour le prince avec tant de naturel et de mesure, puis, revenant à son sujet, et comme excité par la présence d'un tel juge, il soutint ses preuves, et combattit celles de ses adversaires avec tant de précision, de lumière et de chaleur, que Condé, ravi, lui voua dès cet instant une estime et une amitié qui ne firent que s'accroître dans la suite, et qu'il lui conserva jusqu'à la mort.

En 1652, la thèse de licence fut pour Bossuet l'occasion d'un autre triomphe; cependant il ne fut pas reçu i! le premier: ce fut M. de Rancé qui obtint cet honneur. Quelques mois après, Bossuet reçut la prêtrise, et partit pour Metz, où on venait de l'élever au rang d'archidiacre. Six années qu'il passa dans cette ville furent activement employées, soit à remplir les fonctions qui lui avaient été confiées, soit à com pléter, par de fortes études, ses connaissances en théologie, soit à convertir ou à réfuter les protestants qui étaient en assez grand nombre dans cette

province. Plusieurs abjurations montrèrent quel empire il savait prendre sur les âmes. Le ministre des réformés de Metz ayant publié un catéchisme où il entreprenait de démontrer que les fidèles ne pouvaient espérer leur salut dans l'Église romaine, Bossuet lui répliqua d'une manière qui frappa également d'admiration réformés et catholiques. On trouve déjà dans la Réfutation du catéchisme de Paul Ferri ces grands traits d'éloquence qui sont si simples, et dont la beauté tient surtout à la force de la pensée et à l'élévation du sentiment. « Votre nouveauté, dit-il à ses adversaires, s'égalera-t-elle à cette antiquité vénérable, à cette constance de tant de siècles, à cette majesté de l'Église? Qui êtes-vous, et d'où venez-vous? A qui avez-vous succédé ? Où était l'Église de Dieu, lorsque vous êtes parus tout d'un coup dans le monde? Cherchez les antiquités, lisez les historiens et les saints docteurs, etc. » Ace langage, on reconnut un homme fait pour renouveler au dix-septième siècle les prodiges que l'éloquence chrétienne avait opérés dans les premiers temps de l'Eglise. Dans les chaires de Metz où il montait souvent, Bossuet ne portait pas moins d'autorité et d'ardeur. Une mission que la reine mère, de concert avec saint Vincent de Paul, fit prêcher dans cette ville pour la conversion des protestants, l'eut pour principal chef, et fut redevable de ses succès à l'activité de son zèle et à la puissance de sa parole.

Déjà aussi se montre en Bossuet cet esprit d'intolérance qui le fit quelquefois sortir des bornes de son ministère. Le lieutenant général de Metz ayant commencé des poursuites contre un protestant soupçonné d'avoir fait violence à la conscience d'une domestique au lit de mort, tous les coreligionnaires de l'accusé prirent sa défense, et se mirent en devoir de porter plainte à la cour et d'évoquer l'affaire au conseil. Bossuet craignit de les voir réussir par cette voie, et il s'empressa de la leur fermer, en prévenant saint Vincent de Paul, et en le priant d'a

gir et de faire agir la reine, pour que les plaignants fussent renvoyés à la juridiction qui leur offrait le moins de chances favorables. Il faut avouer que cette manœuvre, qui eut un plein succès, était d'un homme plus dévoué à la cause de la religion que scrupuleux sur les moyens de la servir.

En 1658, Bossuet fit un voyage à Paris, pour y traiter quelques affaires qui intéressaient le chapitre de Metz. Il précha dans plusieurs églises pendant son séjour, et avec tant de succès, que la reine mère voulut l'entendre. Toute la cour fut étonnée et séduite par le langage de cet homme qui lui découvrait avec tant de grandeur le néant des plaisirs et de la puissance, et l'humiliait si éloquemment. Ici commence dans la vie de Bossuet une nouvelle période pendant laquelle, prédicateur de la cour à Paris, sans oublier les fonctions qu'il conservait à Metz, il se partage entre ces deux villes, et, dans l'une et l'autre, travaille sans relâche à la conversion des protestants, dont il rêve la réunion générale à l'Église romaine. Il passa dans ces occupations diverses onze années, jusqu'à sa nomination à l'évêché de Condom, arrivée en 1669.

La plupart des sermons que nous avons de lui ont été prononcés dans cet intervalle. Quoiqu'il les préparat rapidement, et les improvisât en quelque sorte la plume à la main, on y trouve des beautés d'autant plus dignes d'admiration, qu'aucun prédicateur avant lui n'avait connu le véritable caractère de l'éloquence chrétienne. Chaque discours, écrit avec une simplicité fière et animée, est semé de traits sublimes qui égalent les passages les plus vantés des oraisons funèbres. Quelquefois on y rencontre des pensées et des mouvements, et même des phrases entières, qu'on avait admirées et relues depuis longtemps dans les oraisons funèbres, sans savoir que c'étaient des emprunts faits par Bossuet à lui-même. C'est ainsi qu'on lit dans un sermon sur la mort ce magnifique et terrible développement de la pensée de Tertullien, si souvent remarqué dans l'oraison fu

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