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religion chrétienne, avec la légende BVRDEGALA; de l'autre, une croix avec ces mots : HLOTARIVS IMP. Une telle disette de monnaie aurait lieu d'étonner, s'il n'était pas évident qu'elle n'est qu'apparente, et que c'est à Bordeaux même que furent frappés les nombreux deniers qui portent pour légende le mot AQVITANIA (Voy. DENIERS D'AQUITAINE).

Le nom de BVRDEGALA reparut sur les deniers des ducs d'Aquitaine; les princes du nom de Guillaume, Éléonore et son mari, Louis VII, en ont frappé qu'ils ont signés CVILLELMO, ALIENOR, etc. Ces deniers sont en billon, mais à un titre assez élevé; ils présentent d'un côté une croix, et de l'autre quatre croisettes dans le champ. On a découvert aussi des oboles frappées à la même empreinte, du temps d'Éléonore. Le nom de son époux s'y trouve quelquefois substitué à celui de la ville, de sorte que sur ces pièces, on lit d'un côté ALIENOR, et de l'autre LODOVICVs. Mais bientôt le nom de la province AQUITANIA remplace de nouveau celui de la ville (voy. GUIENNE monnaie de). Lorsque sur les monnaies de Guienne la légende AQVITANIA eut péri comme celle qu'elle avait remplacée, les rois d'Angleterre désignèrent, par l'initiale B, l'atelier monétaire de Bordeaux. On établit dans cette ville, en 1539, un hôtel des monnaies qui prit pour différent la lettre K. Cet hôtel, fermé en 1794, fut ouvert de nouveau en 1795, et depuis il n'a cessé de fonctionner. On ignore le rapport des anciennes monnaies de Bordeaux avec les espèces tournois.

BORDELON, né à Bourges en 1633, mort à Paris en 1730, docteur en théologie, auteur dramatique, a fait un grand nombre d'ouvrages très-médiocres dont il confessait lui-même la faiblesse, et qu'il appelait plaisamment ses péchés mortels. Ce sont des traités de religion et de morale, comme ceuxci: Sentiments chrétiens sur les honneurs, les richesses et les plaisirs; Sentiments sur les attributs de Dieu; Réflexions critiques et morales sur les

plus belles et les plus agréables pensées des auteurs anciens et modernes. Ce sont aussi des compositions plaisantes ou ayant la prétention de l'être, comme les Scènes du clam et du coram et des grands et des petits, et Gongam ou homme prodigieux transporté sur la terre et sous les eaux. Le mauvais goût de Bordelon perce dans ces titres. Ses comédies ne méritent pas plus d'estime que ses livres. Il disait avec naïveté : « Je sais que je suis un mau<< vais auteur, mais du moins je suis un << honnête homme. »

BORDERIE, né en Normandie en 1507, fut le contemporain et l'élève de Marot, qui lui donne dans quelquesuns de ses vers le titre de mignon. C'est la seule circonstance que l'on connaisse de la vie de Borderie, qui est maintenant tout à fait oublié, malgré son poëme de l'Amye de Court, qui semble cependant avoir fait quelque bruit à l'époque où il parut. Antoine d'Héroët venait de publier La parfaite Amye, quand Borderie lui répondit par l'Amye de Court. Ce poëme, auquel s'attacha aussi l'intérêt de la controverse, était écrit dans des principes tout à fait opposés à ceux d'Héroët : on y trouvait une imagination gracieuse et assez riche, une gaieté franche; et comme c'était l'époque où toutes ces querelles sur le mérite du sexe étaient en grande vogue, l'Amye de Court fut très-bien accueillie. Peut-être pourraiton y comparer Borderie avec Villon, mais avec Villon purifié. L'Amye de Court tient un peu de Dame Sidoine; elle trouve que l'amour platonique est une chimère, et elle a mis dès sa jeunesse tout en usage pour plaire aux galants; mais elle a su préserver son cœur de toute atteinte, parce qu'elle a eu la sage précaution de le loger dans la tour de fermeté, dont la garde est confiée à honneur, crainte et innocence, etc. Une autre production de Borderie est un Voyage à Constantinople, en vers de dix syllabes, où l'on retrouve quelques descriptions intéressantes, la versification heureuse et facile, les tournures aisées et l'expression aimable de l'auteur de l'A

mye de Court. On ignore la date de la mort de Borderie.

BORDEU (Théophile de) naquit à Iseste, en Béarn, le 22 février 1722. A l'âge de vingt ans, il soutint, pour parvenir au grade de bachelier dans l'université de Montpellier, une thèse intitulée de Sensu generice considerato dissertatio, qui renferme le germe de tous les ouvrages qu'il publia depuis. Le mérite de cette these engagea ses professeurs à le dispenser d'une partie des actes ordinairement exigés pour la licence. En 1746, il se rendit à Paris, où il se fit bientôt une grande réputation. Ayant pris ses licences dans cette ville, en 1755, il fut nommé médecin de l'hôpital de la Charité, et mourut subitement la nuit du 23 au 24 novembre 1776. Une mélancolie profonde, produite, à ce que l'on prétend, par une goutte vague, précéda ses derniers jours; on le trouva mort dans son lit. La facilité avec laquelle il exerçait sa profession, son éloignement pour les remèdes, et sa confiance dans la nature, lui ont quelquefois attiré le reproche de ne pas croire beaucoup à la médecine. Mais ses doutes étaient d'autant moins blâmables, qu'il s'occupa sans cesse à rendre les ressources de son art plus certaines. Il était l'adversaire de Boerhaave trop naturaliste, et l'ami personnel, le correspondant de Stahl, l'illustre chef de l'école spiritualiste, qu'on appelle à tort animiste, et dont Hippocrate sera le maître éternel. Ils trouvaient l'esprit, c'est-à-dire le vice, à la source de toutes les maladies. Ses ouvrages sont: Lettres sur les eaux minérales du Béarn, 1746 et 1748, in-12; Recherches anatomiques sur la position des glandes, 1751, in-12; Dissertation sur les écrouelles, 1751, in-12; Dissertation sur les crises, 1755, in-12; Recherches sur le pouls par rapport aux crises, 1772, 4 vol. in-12 : cet ouvrage, où l'auteur fait preuve d'une grande sagacité, a été traduit en anglais; Recherches sur quelques points de l'histoire de la médecine, 1764, 2 vol. in-12; Recherches sur le tissu muqueux ou l'organe cellulaire, et

sur quelques maladies de voitrine, 1766, in-12; Traité des maladies chroniques, tome I, in-8°, 1776.

BOREL (Pierre), né à Castres, en 1620, médecin ordinaire du roi, associé de l'Académie des sciences pour la chimie, mourut en 1689, selon d'autres en 1678. Il a publié plusieurs ouvrages, dont quelques-uns sont encore recherchés des curieux; ce sont: de vero telescopii Inventore, à la Have, 1651, in-4°; Antiquités de Castres, imprimées dans cette ville en 1649, in-8°: ce livre est rare; Trésor des recherches et des antiquités gauloises, Paris, 1655, in-4°.

BORGHETTO (passage du Mincio et combat de). — Le général Beaulieu, vaincu par Bonaparte au pont de Lodi, passa le Mincio, appuya sa droite au lac de Garda, sa gauche sur la ville de Mantoue, et plaça des batteries sur tous les points de cette ligne, afin de défendre le Mincio. Le quartier général français arriva à Brescia le 28 mai 1796. Aussitôt le général Bonaparte ordonna au général Kilmaine de se rendre, avec quinze cents hommes et six bataillons de grenadiers, à Dezinzanno. Le général Rusca se porta vers Salo, avec une demi-brigade d'infanterie légère. L'intention de Bonaparte était de faire croire au général Beaulieu qu'il voulait le tourner par le haut du lac Garda, pour lui couper le chemin du Tyrol, en passant par Riva, et de le tromper sur le point d'attaque du Mincio. Toutes les divisions françaises sur la droite furent tenues à un jour et demi de marche de l'ennemi. Placées sur la Chiusa, elles avaient l'air d'être tout à fait sur la défensive, tandis que le général Kilmaine allait chaque jour aux portes de Peschiera, et chaque jour avait des escarmouches avec l'ennemi, dans l'une desquelles le général autrichien Liptay fut tué. Toute la ligne autrichienne se trouvant menacée par ces dispositions, la défense du général Beaulieu était fort affaiblie par la multitude de postes que son armée avait à garder.

La division Augereau remplaça, le

30 mai, celle du général Kilmaine à Dezinzanno. Cette dernière rétrograda à Lonado, et arriva dans la nuit à Castiglione. Le général Masséna se trouvait à Monte-Chiaro, et le général Serrurier à Montze. Toutes les divisions se mirent en mouvement dès deux heures du matin, dirigeant leur marche sur Borghetto, où Bonaparte avait résolu de passer le Mincio. L'avant-garde autrichienne, forte de trois à quatre mille hommes, et de dix-huit cents chevaux, défendait l'approche de Borghetto. La cavalerie française, flanquée par les carabiniers et les grenadiers, la suivait au petit trot. Elle chargea avec beaucoup de bravoure, mit en déroute la cavalerie ennemie, et lui enleva une pièce de canon. Les Autrichiens s'empressèrent de couper le pont. L'artillerie légère engagea aussitôt une vive canonnade, tandis qu'on le raccommodait avec peine sous le feu de l'ennemi. Tout à coup une cinquantaine de grenadiers, impatients de combattre, se jettent dans le Mincio, tenant leurs fusils sur leurs têtes, et ayant de l'eau jusqu'au menton. Le général Gardanne, grenadier pour la taille comme pour le courage, était à leur tête. Les Autrichiens croient revoir la terrible colonne de Lodi; les plus avancés lâchent pied; le pont est alors facilement raccommodé, et les grenadiers français s'emparent de Vallegio, quartier général de Beaulieu, au moment où il venait d'en partir. Cependant les Autrichiens ébranlés, et presque en déroute, se rangèrent en bataille sur le bord d'un large canal qui communique du Mincio au Tanaro, entre Vallegio et VillaFranca. Bonaparte se garda bien de les y suivre; ils paraissaient s'y rallier et prendre confiance dans leurs positions dont ils garnissaient le front de canons, en s'approchant des Français. C'était précisément le lieu le plus propre au succès d'une manoeuvre qu'exécutait en ce moment le général Augereau. Il avait ordre de se porter, en suivant le Mincio, droit sur Peschiera, d'envelopper cette place et de couper aux ennemis les gorges du Tyrol;

Beaulieu et son armée se seraient alors trouvés sans retraite. Pour empêcher les Autrichiens de s'apercevoir de ce mouvement, Bonaparte, contenant avec peine la fureur des grenadiers français, faisait canonner vivement le village de Vallegio; mais les ennemis furent instruits, par leurs patrouilles de cavalerie, du mouvement d'Augereau. Le général Beaulieu, qui ne cherchait pas à vaincre dans cette journée, mais à sauver son armée, hâta aussitôt sa retraite sur Castel-Novo, et se retira derrière l'Adige, en envoyant ses munitions et son artillerie dans Mantoue. Un corps considérable de cavalerie qui arriva se plaça à l'arrière-garde. Il fut bientôt attaqué par la cavalerie française commandée par le général Murat. L'action fut vive; Murat et le chef de brigade Leclerc y firent des prodiges de valeur, mais la nuit les empêcha de remporter une victoire complète. Tandis que les fuyards repassaient l'Adige, et que Beaulieu jetait une partie de son armée dans Mantoue, Augereau s'emparait de Peschiera. Dès le lendemain les Français se portèrent sur Rivoli; mais l'ennemi avait coupé les ponts sur l'Adige. Les Autrichiens perdirent dans cette journée quinze cents hommes, cinq cents chevaux et cinq canons. Ainsi, en moins de deux mois, les Autrichiens avaient été repoussés des bords de la Méditerranée contre ceux de l'Adige; ils se trouvaient chassés de l'Italie, et voyaient placés sur les montagnes de l'Allemagne les avant-postes français. « Je ne vous citerai point, disait Bo<< naparte dans son rapport, les hom« mes qui se sont distingués par des « traits de bravoure; il faudrait nom<< mer tous les grenadiers et carabi<< niers de l'avant-garde. Ils jouent et << rient avec la mort; ils sont aujour«<d'hui parfaitement accoutumés avec << la cavalerie, dont ils se moquent. « Rien n'égale leur intrépidité, si ce «< n'est la gaieté avec laquelle ils font << les marches les plus forcées. Ils «< chantent tour à tour la patrie et l'a«mour. Vous croiriez qu'arrivés à

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<< leur bivouac ils doivent au moins << dormir? Point du tout, chacun fait << son conte ou son plan de l'opération « du lendemain, et souvent l'on en <«< rencontre qui voient très-juste. Je voyais défiler une demi-brigade; un << chasseur s'approcha de mon cheval : « Général, me dit-il, il faut faire cela. « Malheureux, lui dis-je, veux - tu « bien te taire! Il disparaît à l'ins<< tant. Je l'ai fait en vain chercher : c'était justement ce que j'avais or« donné. »

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BORIES (Jean-François-Louis Leclerc). Ce nom est un de ceux que l'histoire doit enregistrer pour qu'il ne sorte pas de la mémoire des amis de la liberté cependant ce n'est point celui d'un guerrier célèbre, ni d'un orateur éloquent; c'est le nom d'un simple sergent d'infanterie, qui mourut pour avoir conspiré contre le gouvernement des Bourbons. Bories était, en 1821, sergent dans le 45° de ligne; il avait reçu une instruction solide; son patriotisme s'était formé à la lecture des annales de la république francaise. Il se fit recevoir dans une vente de carbonari, avec trois de ses camarades, Raoulx, Goubin et Pommiers, nobles jeunes gens qui prévoyaient l'avenir, et ne se trompaient que sur les dates. Arrêtés tous les quatre en 1822, à la Rochelle, où leur régiment était en garnison, ils furent transférés à Paris, où se fit leur procès. L'accusation fut soutenue avec partialité par le procureur général Marchangy. Les quatre sergents, accusés sans preuve d'avoir voulu renverser le gouvernement, furent condamnés à mort: le jury avait été choisi à l'avance. Bories s'efforça d'attirer sur lui seul toute la sévérité des lois : « MM. les jurés, « s'écria-t-il, M. l'avocat général n'a <«< cessé de me représenter comme le « chef du complot... Eh bien, j'ac<< cepte; heureux si ma tête, en rou«lant sur l'échafaud, peut sauver << celle de mes camarades. >> Tout fut inutile. Les quatre sergents furent exécutés le 20 septembre 1822, à cinq heures du soir, sur la place de Grève. Ils montèrent sur l'échafaud, s'em

brassèrent, et tombèrent en criant : Vive la liberté !

BORJON (Charles - Emmanuel), avocat au parlement de Paris., naquit en 1633, à Pont-de-Vaux, en Bresse. Il avait conçu le projet de réunir en un corps d'ouvrage toutes les décisions de droit sur les matières les plus importantes; plusieurs des traités qui faisaient partie de ce grand travail, ont été publiés séparément. Parmi ses autres ouvrages de droit, on cite son Traité des offices de judicature, Paris, 1682, et l'abrégé qu'il publia en un volume in-4°, des 6 volumes in-fol. du Recueil des actes du clergé de France, par Jean Legentil. Il a joint à cette collection des mémoires historiques trèscurieux sur les édits de pacification et le texte de ces édits. Borjon était bon musicien; on lui doit même un curieux Traité de la musette, avec des planches et des airs composés pour cet instrument, Lyon, 1674, in-fol.

BORMIO (Combat de). Sept mille Autrichiens étaient campés dans la Valteline, derrière des retranchements formidables garnis de dix-huit pièces de canon. Vis-à-vis de ce corps se trouvaient quatre mille cinq cents Français, commandés par le général Dessoles, ayant pour toute artillerie deux pièces de 3. La position de ce corps était telle à Sainte-Marie qu'il ne pouvait y essuyer un demi-revers. Il se trouvait presque sans retraite; les communica tions entre Sainte-Marie et Bormio étaient impraticables, et les défilés si étroits que deux hommes ne pouvaient y passer de front. Une attaque audacieuse était seule capable de soustraire ce corps d'armée au péril qui le menacait. Les Autrichiens appuyaient la gauche de leurs retranchements sur un torrent dont leur ligne suivait la direction. Une reconnaissance exacte prouva au général Dessoles que le meil leur moyen de vaincre c'était de resserrer l'ennemi le plus possible. Il occupa pour cela le village de Munster, puis disposa son attaque de manière à le prendre sur son flanc, le long du torrent, sa droite pénétrant la ligne de l'ennemi, et sa gauche refusée en

avant du village de Munster. L'attaque commença, le 26 mars 1799, avant le jour, par les tirailleurs envoyés sur la droite des Impériaux. Au premier coup de fusil, la première demi-brigade ébranle, culbute les premiers postes autrichiens, se jette dans le torrent, pénètre, à l'abri de l'artillerie impériale, jusqu'à la hauteur de leurs retranchements, et débouchant ensuite elle tourne la première redoute, qui est aussitôt enlevée. La deuxième demibrigade prend la route de Glurentz, et se place sur les derrières de l'ennemi. Dès que cette redoute est enlevée, le général Dessoles ordonne à sa gauche de s'avancer vers la droite des Autrichiens. Elle était disposée sur plusieurs lignes en échelons; un bataillon de réserve la soutenait par une ligne pleine. Cette aile marcha ainsi dans un ordre admirable vers l'ennemi jusque sous les retranchements. Exposée au feu le plus vif, elle se jeta dans les retranchements; l'Autrichien fut partout culbuté. Jamais on ne vit exécuter des manoeuvres avec plus de précision; jamais des troupes ne montrèrent plus de courage; le conscrit disputa de valeur avec le vétéran. Un corps de grenadiers marchait sur la redoute qui vomissait la mort de toutes parts; un conscrit se trouvait dans leurs rangs et se précipitait en avant; un grenadier, dont il gênait sans doute le passage, lui dit: Jeune homme, que fais-tu la? Ce n'est pas ta place. Le conscrit, piqué de ce propos, s'élance dans la redoute avant les grenadiers, et, se tournant vers eux, se mit à crier: A moi les grenadiers et les conscrits! Les Autrichiens comptèrent douze cents morts et quatre mille cinq cents prisonniers; ils perdirent de plus dix-huit pièces de canon. Dès le lendemain les Français arrivèrent à Glurentz, dont ils s'emparèrent. Dans une affaire d'avant - poste, le petit bourg de Glurentz, entièrement construit en bois, fut totalement brûlé en un instant. L'explosion d'un petit magasin à poudre augmenta ce désastre, et enleva tous moyens d'y remédier.

BORN (Bertrand de), troubadour du

douzième siècle, vicomte de Hautefort, dans le diocèse de Périgueux, est auteur d'un grand nombre de pièces de vers, dont cinquante-quatre sont parvenues jusqu'à nous. Il joua un assez grand rôle dans les querelles de Henri II, roi d'Angleterre, et de ses fils, Richard, comte de Poitou, et Henri, duc de Guyenne. Il commença par engager ce dernier dans une guerre contre son frère. Il était parvenu à former contre Richard une ligue redoutable, à la tête de laquelle était le duc de Guyenne; mais au moment d'entrer en campagne, les deux frères se réconcilièrent, et la ligue fut dissoute. Bertrand n'en persista pas moins dans son hostilité contre Richard, qui vint mettre le siége devant son château de Hautefort, le força à se rendre à composition et lui pardonna. Les fils de Henri II s'étant révoltés quelque temps après contre leur père, Bertrand offrit ses services à Henri; mais la mort de ce jeune prince le laissa encore seul exposé à la colère du roi. Henri II vint l'assiéger, et le fit prisonnier avec toute sa garnison, malgré leur vigoureuse résistance. Il était d'autant plus irrité contre lui, qu'il l'accusait, non sans raison, d'être l'instigateur de la révolte de son fils. Mais Bertrand désarma son vainqueur, en lui rappelant l'attachement que lui portait le jeune prince. Le roi lui pardonna, lui rendit son château et toutes ses terres, et poussa même la générosité jusqu'à lui payer le dommage que lui avait causé la guerre. Après la mort de ce prince, Bertrand prit parti dans toutes les querelles de Richard et de PhilippeAuguste. Enfin, usé par les fatigues de la guerre, et peut-être aussi poussé par les remords d'une vie remplie d'intrigues et d'injustices, il prit l'habit de Citeaux, et mourut dans un cloître. Le Dante ne l'en a pas moins placé dans son enfer, où il le peint portant sa tête, séparée de son corps, en guise de lanterne. La plupart des sirventes composés par Bertrand roulent sur des sujets guerriers; ils sont tous l'expression des passions violentes de l'auteur, et l'on voit percer le désir de nuire,

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